Takashi Fukutani – Le Vagabond de Tokyo


Une critique sociale pour lecteurs avertis

Takashi Fukutani - Le Vagabond de TokyoCe premier tome est une sélection des meilleures histoires parmi les 663 épisodes que compte cette saga parue au Japon de 1979 à 1993.

Takashi Fukutani y narre les aventures de Yoshio Hori, un personnage réel qu’il a rencontré durant ses années de galère, et y intègre également plusieurs passages autobiographiques. Yoshio est un looser qui vit dans une piaule misérable de la Résidence Dokudami dans des conditions d’hygiène déplorables et qui s’accommode de petits jobs payés à la journée pour pouvoir ingurgiter une quantité quotidienne suffisante de nouilles lyophilisées et d’alcool. Mais ce marginal au grand cœur est également un véritable obsédé sexuel aux fantasmes débordants. Tout comme son anti-héros, l’auteur a également connu une existence en marge de la société lors de certaines périodes de sa vie, ce qui explique que les passages auto-biographiques s’intègrent parfaitement dans l’ensemble.

Abordé au premier degré, « Le Vagabond de Tokyo » s’apparente à un récit vulgaire à l’humour lourd, grossier et parfois scatologique. Mais derrière ce ton résolument comique et léger se dissimule une critique de la société japonaise des années 80. Derrière cet humour assez gras, l’on découvre alors une certaine sensibilité et une envie profonde de donner la parole aux laissés pour compte d’une société qui se contrefiche de ceux qui n’arrivent pas à se fondre dans la machine économique et qui errent le ventre creux entre deux jobs de fortune. Les témoignages issus de la propre vie de l’auteur ne font d’ailleurs qu’amplifier le réalisme de ce quotidien en marge de la société.

Les personnages hauts en couleurs et la crudité de certaines scènes réservent cette saga aux lecteurs avertis. Au milieu des travestis, des fétichistes pervers qui reniflent des petites culottes usagées, des provinciales qui cherchent un avenir dans la prostitution et d’un héros qui claque sa paie dans les bars à hôtesses, le lecteur baigne dans le vulgaire, le scabreux et l’érotisme chaud. Le dessin accompagne d’ailleurs ostentatoirement les nombreuses scènes salaces et n’hésite pas à jouer la carte du théâtral en multipliant les attitudes expressives à outrance de personnages déjà très caricaturaux.

Derrière une lourdeur apparente, les éditions Le Lézard Noir proposent donc un album intéressant, mais particulièrement onéreux.

Takashi Fukutani - Le Vagabond de TokyoLisez également l’avis de Champi sur K.BD !

3 Réponses to “Takashi Fukutani – Le Vagabond de Tokyo”

  1. OUi, un sacré album ! J’en avais parlé aussi : http://legrenierdechoco.over-blog.com/article-le-vagabond-de-tokyo-42263615.html
    Bon, après, je n’ai pas été assez fan pour aller lire la suite 🙂

  2. […] l’auteur le mieux placé pour parler des laissés pour compte du système japonais. Comme Yvan le remarque, ils sont nombreux les oubliés (plus ou moins volontaires) de l’implacable et […]

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