Shigeru Mizuki – Opération Mort
Pour la patrie !
Opération Mort est un manga signé Shigeru Mizuki (Hitler). Ce mangaka qui perdit le bras gauche durant la Seconde Guerre mondiale et qui apprît ensuite à dessiner de la main droite, a déjà accumulé de nombreuses récompenses, dont un prix du meilleur album pour NonNonBâ en 2007, et le prix patrimoine pour cet ouvrage en 2009 au festival d’Angoulême. En relatant un épisode méconnu de la Guerre du Pacifique, l’auteur aborde donc un sujet qui l’a touché personnellement.
Se nourrissant de ses propres souvenirs de guerre, le mangaka invite à suivre l’histoire d’un régiment envoyé en mission sur une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée pendant la Seconde Guerre mondiale. Si la menace d’une offensive américaine n’est jamais loin, ce n’est pourtant pas l’ennemi qui est à l’origine du taux de mortalité élevé sur cette île paradisiaque. Le quotidien de ces soldats condamnés à tout sauf au combat lors de travaux de construction éprouvants effectués dans des conditions déplorables, n’a rien de vraiment réjouissant et, à défaut de succomber sous les balles ennemies, ce sont donc la faim, la maladresse, les crocodiles et la maladie qui déciment les vaillantes troupes nippones. Et ceux qui parviennent à survivre à la vie du camp peuvent compter sur la bêtise d’une hiérarchie bien décidée à sauvegarder l’honneur des troupes de l’Empereur, quoi qu’il arrive. Isolés sur île perdue au milieu de l’océan, le destin de ces hommes semble donc inéluctable : mourir d’une mort inutile et stupide, mais…pour la patrie !
Mizuki décrit la réalité des soldats japonais avec beaucoup de brio. Mêlant horreur et humour, il souligne l’absurdité de la situation dans laquelle se trouvent ces hommes conditionnés par les traditions du pays et par une hiérarchie qui incarne la mentalité japonaise de l’époque. Si le sens de l’honneur a souvent raison de l’envie de vivre de ces jeunes soldats, l’auteur dresse néanmoins le portrait de soldats qui n’ont rien de kamikazes fanatiques, mais qui ressemblent plutôt à des victimes d’une idéologie absurde.
Visuellement, Mizuki combine des décors photo-réalistes splendides à des personnages caricaturaux expressifs. Si le mélange peut surprendre, il contribue néanmoins à souligner l’absurdité de la situation dans laquelle se trouvent ces personnes condamnées à mourir pour le bien collectif. Heureusement que ce mangaka n’est pas mort au nom de la patrie…
Retrouvez cet album dans mon Best of du Festival d’Angoûleme 2009 !
Allez découvrir les autres BDs du mercredi sur le blog de Mango !
11 janvier 2012 à 9 h 45 min
le sujet me plait beaucoup…mais je ne suis pas très Manga.
11 janvier 2012 à 21 h 29 min
Les expressions des personnages sont assez manga, donc ce n’est peut-être pas l’idéal pour te lancer….
11 janvier 2012 à 9 h 52 min
Tentée par ce titre… tentée par toute la biblio de Mizuki en fait. Je n’ai lu que NonNonBâ et Kitaro…
11 janvier 2012 à 9 h 53 min
Le « Hitler » est excellent !!!
11 janvier 2012 à 9 h 54 min
j’ai cru comprendre en effet ^^ En tout cas, tu as été très convaincant sur ce point 😉
11 janvier 2012 à 14 h 09 min
ça à l’air assez particulier mais pourquoi pas. Je pourrais tenter le coup.
11 janvier 2012 à 16 h 00 min
Rhaaa, tu as toujours une longueur d’avance sur tes lectures publiées, mais comment fais tu !!!
11 janvier 2012 à 21 h 28 min
Je vais chez le Dr. Fuentes 🙂
11 janvier 2012 à 16 h 37 min
Là j’avoue que je suis plutôt perplexe… Il faudrait que j’ai une idée du dessin pour me décider en fait…
11 janvier 2012 à 20 h 29 min
Les épisodes de guerre en BD ne m’ont pas vraiment convaincue jusqu’ici. Ce n’est pas ce que je préfère sauf si je réussis à m’identifier assez fortement au héros ; Ici cependant tu signales la présence d’un peu d’humour et surtout d’un graphisme bien particulier. A voir par conséquent.
11 janvier 2012 à 21 h 29 min
Je note: pas d’article sur la guerre mercredi prochain 🙂