Loo Hui Phang et Michaël Sterckeman – Cent mille journées de prières, Tome 2
Du rêve à la réalité !
Le premier volet de ce diptyque imaginé par Loo Hui Phang et dessiné par Michaël Sterckeman invitait à suivre le malaise d’un enfant aux origines eurasiennes, quotidiennement victime d’une différence que sa mère refusait d’expliquer. Se heurtant constamment au silence qui entourait ce lourd secret familial, il laissait libre cours à son imagination pour s’inventer des racines et pour trouver lui-même réponse à ses nombreuses interrogations. Cette conclusion va non seulement lever le voile sur la destinée du père de Louis, mais également dévoiler un pan douloureux de l’Histoire du Cambodge.
Indirectement touchée par la guerre civile déclenchée par les Khmers rouges fin des années soixante, Loo Hui Phang s’inspire donc de l’histoire de sa propre famille pour livrer un diptyque qui aborde cette page sombre de son pays. La quête familiale du petit Louis débouche donc inévitablement sur le régime dictatorial des Khmers Rouges et propose des passages aussi didactiques qu’intéressants.
L’album débute néanmoins dans le monde onirique que le petit Louis s’est inventé pour combler le vide laissé par le mystère qui entoure son père. Cette approche qui conduit le jeune garçon à partager ses angoisses et ses peines avec un canari mort peut s’avérer surprenante, mais permet à l’auteur de décrire la souffrance de l’enfant avec énormément de justesse. Au fil des explications, ce voile onirique s’estompe et laisse place à une réalité qui n’a rien de réjouissante, mais qui à le mérite de sortir l’enfant de son cauchemar, abandonnant son mal-être au profit d’une vérité apaisante.
La mise en images très sobre de Michaël Sterckeman conforte le ton intimiste du récit. Un dessin noir et blanc assez minimaliste qui s’inscrit totalement au service du scénario.
Un ancrage historique cambodgien intéressant et une quête identitaire difficile d’accès, mais d’une grande justesse émotionnelle.
7 août 2012 à 9 h 03 min
Difficile d’accès ? Je n’avais pas eu ce ressenti. Surprenant du fait qu’il est assez différent du premier tome
7 août 2012 à 19 h 27 min
Un garçon qui se balade dans un monde onirique en parlant à un canari mort, ce n’est quand même pas du grand public… en tout cas, j’ai dû m’accrocher 🙂
7 août 2012 à 20 h 08 min
😀
Certes… mais bon, d’un autre côté, il avait déjà commencé à parler à son canari dans le tome 1 et à moins d’être complètement farfelu, je vois mal quelqu’un commencer une série par un tome 2… ^^ Donc ok, pas totalement évident mais on pouvait s’y attendre un peu. On a tout de même réponses aux questions qu’on se posait dans le tome 1 ^^