Archive pour février, 2023

Freida McFadden – La femme de ménage

Posted in Littérature with tags , on 22 février 2023 by Yvan

Un thriller psychologique addictif !

Freida McFadden - La femme de ménageLa femme de ménage dont il est question dans le titre de ce thriller psychologique particulièrement addictif et machiavélique se nomme Millie. Obligée de vivre dans sa voiture suite à la perte de son travail et de son logement, Millie est de surcroît en liberté conditionnelle et donc obligée de retrouver un emploi au plus vite sous peine de retourner derrière les barreaux. Lorsqu’elle décroche un poste de gouvernante au sein une famille de riches new-yorkais, elle pense avoir décroché le gros lot…sauf qu’elle va très vite déchanter !

Le premier point fort de ce roman est sa construction qui débute par un prologue qui fait immédiatement comprendre qu’un drame terrible vient de se produire. Une fois hameçonné, le lecteur est ramené trois mois en arrière, au moment où Millie se fait embaucher comme femme de ménage. Puis, en changeant de narratrice en seconde partie de roman, Freida McFadden parvient à nous prendre complètement à contrepied, offrant un nouveau point de vue aussi surprenant qu’intéressant.

Outre cette construction parfaitement orchestrée, il faut également saluer l’ambiance oppressante qui s’installe dès les premières pages du récit. Du comportement étrange de la maîtresse de maison à ce petit logement sous les toits qui ne se ferme que de l’extérieur, le lecteur sent immédiatement que quelque chose ne tourne pas rond. Un sentiment de malaise qui s’accentue au fil des pages de ce huis-clos qui tient en haleine de la première à la dernière page.

Bref, un excellent thriller psychologique… qui se transformera même en coup de cœur si vous parvenez à passer outre ces quelques passages un peu trop capillo-tractés qui ont tendance à faire tanguer la crédibilité de l’ensemble.

La femme de ménage, Freida McFadden, City Edition, 304 p., 19,95€

Elles/ils en parlent également : Mélie, Hedwige, Audrey, Sandrine, Orlane, Lily, L’heure de lire, Bookinette

Michaël Mention – Les Gentils

Posted in Littérature with tags , on 18 février 2023 by Yvan

Le chemin de la vengeance !

Michaël Mention - Les Gentils« Les Gentils », c’est l’histoire de Franck Lombard, un disquaire passionné dont la vie s’est écroulée le jour où sa gamine s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Incapable de vivre avec l’idée que le coupable de la mort de sa fille puisse échapper à la justice, il part lui-même à sa recherche. Même si son seul indice est un logo Anarchie tatoué sur l’épaule du fautif, il est bien décidé à le retrouver…où qu’il aille !

« Les Gentils » c’est Michaël Mention, un auteur dont j’ai refermé le dernier roman, « Power », le poing tendu vers le ciel après 450 pages d’immersion en compagnie des Black Panthers dans le contexte politique et social particulièrement tendu des sixties. Changement de décor dans ce nouveau roman qui nous plonge en 1978, accompagné d’une playlist qu’un code QR permet de retrouver facilement sur Deezer. Une bande-son particulièrement rock, qui contribue à nous installer dans la bonne ambiance pour ce road-trip qui nous emmène sur le chemin de la vengeance.

« Les Gentils » est l’histoire d’une souffrance incommensurable, celle d’un père qui perd totalement pied, incapable de faire le deuil de sa fille tant que l’assassin ne sera pas puni. Partageant les pensées de cet homme débordant de haine et de vengeance, l’auteur invite à suivre sa descente aux enfers sur le rythme effréné d’une écriture dont il a le secret. Des chapitres très courts et des mots qui claquent sur une musique endiablée, pour un récit particulièrement immersif, impossible à lâcher.

« Les Gentils » est également une aventure rocambolesque qui est parvenue à mettre à mal mon esprit cartésien, qui affectionne surtout les intrigues plus structurées. En suivant les déboires de cet électron libre guidé par une vengeance de surcroît aveugle, j’ai donc régulièrement été confronté à des rebondissements parfois très/trop invraisemblables. M’accrochant au souffle de cet auteur dont j’affectionne particulièrement le style, de Paris à Marseille, en passant par la jungle amazonienne, j’ai finalement repris pied (et mon souffle) au cœur de la communauté agraire de Jonestown, où Michaël Mention conclut brillamment la destinée de son personnage, en rejoignant les faits historiques terribles qui ont frappé cette secte créée en 1974 par le révérend Jim Jones dans la région de Barima-Waini au Guyana.

Les Gentils, Michaël Mention, Belfond, 352 p., 20,50€

Elles/iels/ils en parlent également : Yvan, Aude, Collectif Polar, Mag, Nadia, Ma voix au chapitre

Emma Green – La vie en vrai

Posted in Littérature with tags , , on 15 février 2023 by Yvan

Non au harcèlement scolaire !

Emma Green - La vie en vraiCe roman du duo d’autrices Emma Green invite à suivre les déboires de Louve Larsson, une jeune parisienne dont la famille a déménagé aux Etats-Unis et qui débarque dans un lycée américain où elle n’est visiblement pas vraiment la bienvenue. Immédiatement persécutée par un groupe d’élèves surnommés les « Royals » et emmenés par un certain Lazare Nightingale, insultée sur les réseaux sociaux et malmenée dans l’établissement même, l’adolescente choisit finalement de mettre fin à ses jours en avalant des comprimés…

« La vie en vrai » n’est donc pas forcément rose à la base, mais les personnages s’avèrent heureusement très vite attachants, en particulier la famille Larsson, dont j’ai adoré la tante Willa. Si le but des auteurs est clairement d’aborder des thèmes d’actualités particulièrement durs, tels que le harcèlement scolaire, le bodyshaming, le cyber-harcèlement, la transidentité, l’acceptation de soi ou la différence, elles le font néanmoins sur fond de romance, en parsemant le tout d’une bonne dose d’humour. Du coup, « La vie en vrai » n’est donc pas dénuée d’espoir et les messages délivrés par les autrices se veulent finalement assez positifs…

En proposant une narration qui passe constamment de Louve Larsson à Lazare Nightingale, Emma Green livre non seulement des chapitres qui se font intelligemment écho, mais invite surtout les lecteurs à se mettre alternativement dans la peau de la victime et de son bourreau (…des cœurs). Un procédé qui permet de mieux comprendre cet harceleur qui se dévoile progressivement au fil des pages.

Une lecture particulièrement addictive qui m’aura permis de croiser mon premier « iel » en roman et qui me donne envie de découvrir les deux autres tomes indépendants de cette trilogie.

Dans le même genre, je vous conseille vivement les romans « Eleanor & Grey » et « Landon & Shay » de Brittainy C Cherry, qui proposent également des romances « Young Adult » tout en abordant des thématiques assez identiques (surtout le deuxième).

La vie en vrai, Emma Green, Addictives, 472 p., 17,90€

Elles/ils (et iels éventuellement) en parlent également : Jennifer, Luciole, Lisa, Maria, Elsa, Sophie, Minouche, Elyosa, I need more books

Marie-Hélène Lafon – Les Sources

Posted in Littérature, Maladie with tags on 11 février 2023 by Yvan

Violences conjugales de terroir !

Marie-Hélène Lafon - Les SourcesCe court roman d’une petite centaine de pages plonge le lecteur dans le décor champêtre du Cantal, au début des années 60. C’est là, dans une belle ferme, moderne pour l’époque, que vivent une mère, son mari et leurs trois enfants. Au fil des pages, Marie-Hélène Lafon dresse le portrait d’une famille d’agriculteurs en trois actes, où chacun va recevoir la parole sur une période allant de 1963 à 2021.

Une chronique familiale narrée à trois voix qui débute pourtant dans le silence. Sieste du mari oblige, tout le monde se tient à carreaux, surtout la mère, qui profite de ce petit moment de répit, avant que reprennent les brimades et les coups. C’est elle qui reçoit en premier la parole, elle qui subit quotidiennement la violence du mari, elle qui s’est retrouvée piégée dès son premier jour de mariage.

Lors du second chapitre, plus court, Marie-Hélène Lafon nous plonge en 1974, au cœur des pensées de ce mari qui fait vivre sa ferme tout en détruisant sa famille. Un point de vue qui n’excusera rien, mais qui contribue également à dresser le portrait de cette France rurale de l’époque.     

Le roman se termine en 2021, en compagnie de l’une des filles, devenue adulte, qui vient refermer les grilles de cette bâtisse que la fratrie s’apprête à vendre. Une dernière page qui se tourne sur tant de souvenirs et sur cette histoire familiale qu’il est grand temps de laisser derrière soi.

Derrière ce titre qui évoque les racines tout en y insufflant immédiatement une promesse de liberté, se dissimule le journal d’une femme battue, prisonnière d’un contexte social, menottée par l’orgueil et la nécessité de sauver les apparences. Un texte (trop) court, finement ciselé, qui dépeint avec grande justesse la dureté de ce monde agricole, ainsi que la condition féminine dans cette France rurale de l’époque.

Les Sources, Marie-Hélène Lafon, Buchet Chastel, 117 p., 16,50€

Elles/ils en parlent également : Matatoune, Céline, Joëlle, Sandrion, Roz, Bénédicte, Domi, Droopy

R.J. Ellory – Une saison pour les ombres

Posted in Littérature, R.J. Ellory with tags , on 8 février 2023 by Yvan

De la noirceur dans l’enfer blanc du Canada !

Une saison pour les ombresPour son dernier roman en date publié chez Sonatine, l’écrivain britannique R.J. Ellory nous emmène à Jasperville, un bled perdu dans le Nord-Est du Canada où personne n’aurait l’idée de vivre s’il n’y avait pas de minerai de fer à exploiter.

En 1984, Jack Devereaux a d’ailleurs fui cette région hostile pour refaire sa vie à Montréal. Mais, vingt-six ans après avoir quitté l’enfer blanc québécois, il reçoit un appel de la police locale qui va malheureusement l’obliger à retourner au bercail. Son jeune frère Calvis vient en effet d’être arrêté pour tentative de meurtre et, ce qui étonne le plus Jack, ce n’est pas que son petit frère ait disjoncté… mais que cela ait mis si longtemps à arriver !

C’est donc sur fond blanc que R. J. Ellory déroule sa plume foncièrement noire. Un endroit éloigné de tout où les hivers sont rudes et les étés humides et peuplés de moustiques. Un environnement propice aux dépressions et aux suicides… si vous n’y mourrez pas avant, de froid ou dévoré par des animaux affamés, allant d’une meute de loups à un ours. Et pour couronner le tout, selon les autochtones algonquiens, la région serait également peuplée de wendigos, des créatures surnaturelles, maléfiques et anthropophages que vous n’avez pas vraiment envie de croiser. Bref, l’environnement idéal pour y planter l’intrigue d’un roman noir !

« Une saison pour les ombres » n’est pas seulement un cadre hostile limitant fortement l’espérance de vie, mais également l’histoire d’un retour aux sources forcé. En cherchant à comprendre pourquoi son frère a voulu tuer cet homme, Jack Devereaux se voit en effet obligé de lever le voile sur un passé qu’il avait pourtant enfoui au plus profond. Au-delà de ce frère qu’il a lâchement abandonné à l’aube de ses douze ans et des mauvais souvenirs qu’il a choisi de laisser derrière lui, Jack avait également tourné le dos à son premier amour… et à ces nombreux corps retrouvés éventrés au fil des ans. Welcome back à Jasperville !

« – Tu penses que Dieu nous punit tous ?

– Non, répondit Henri. Les hommes se punissent tout seuls. Dieu n’est là que pour porter le chapeau. »

« Une saison pour les ombres » est donc un roman foncièrement noir, livré par un maître du genre, ainsi qu’une recherche de vérité au cœur d’un passé pas toujours bon à remuer. Un roman d’ambiance qui dresse progressivement le portrait d’une communauté isolée essayant de survivre tant bien que mal là où personne ne veut demeurer. Une intrigue qui s’immisce au sein d’une famille et d’une fratrie détruite par les drames. Un endroit où vous ne voulez absolument pas aller…sauf qu’en compagnie d’Ellory, j’y serais volontiers resté encore un peu !

Je ne sais donc pas si je dois remercier Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS de m’avoir aidé à résoudre cette enquête 😊

Une saison pour les ombres, R. J. Ellory, Sonatine, 396 p., 25€

Elles/ils étaient également à Jasperville : Yvan, Kitty, Stelphique, Aude, Anthony, Nadia, Aurélie, La page qui marque, Evasion polar, Ma voix au chapitre, Encore un livre

René Manzor – Du fond des âges

Posted in Littérature with tags on 4 février 2023 by Yvan

De l’excellent divertissement !

René Manzor - Du fond des âgesAprès son excellent thriller biblique « Apocryphe » et le tout aussi bon « À vif », un polar plus classique qui nous emmenait dans les tréfonds de la folie, je n’ai pas hésité un seul instant à me lancer dans ce thriller scientifique teinté de surnaturel. Je ne suis pourtant pas friand du genre, mais sachant que René Manzor aime se renouveler tout en demeurant un excellent conteur d’histoires, j’étais confiant de passer un excellent moment de lecture…et c’était bel et bien le cas !    

« Du fond des âges » invite à suivre le calvaire du célèbre glaciologue Marcus Taylor, dont le fils a disparu depuis trois ans et qui doit de surcroît se remettre d’une mission scientifique en Antarctique qui a très mal tournée l’année précédente. Envoyé au pôle Sud en compagnie d’une équipe de chercheurs afin d’y étudier une bactérie ensevelie depuis des siècles au plus profond de la glace, il sera en effet l’unique survivant de cette expédition. Lorsque tout d’un coup, son fils de huit ans réapparaît dans les rues de Christchurch, poursuivi par un russe qui cherche à l’abattre, le mystère devient total !   

René Manzor propose donc un récit à double temporalité, qui se déroule d’une part en Nouvelle-Zélande, où le lecteur cherche à comprendre d’où vient ce gamin réapparu après trois ans, et d’autre part sur une base russe perdue au beau milieu de l’Antarctique, revenant sur cette expédition mortelle qui a confronté des chercheurs à une bactérie revenue du fond des âges…

Dès la scène d’ouverture, décrivant une course poursuite effrénée dans les rues de Christchurch, entre un tueur russe et un pauvre gamin de huit ans, René Manzor cueille le lecteur avec ce récit au rythme endiablé qui se transforme très vite en véritable page-turner. Les passages au cœur de l’Antarctique raviront les amateurs de « survival » qui viennent de lire « The White Darkness » de David Grann et s’avèrent également prenants au possible, les protagonistes étant confrontés à des ennemis invisibles, allant du froid extrême à cette mystérieuse bactérie. Au fil des pages et de ces allers-retours entre la Nouvelle-Zélande et le pôle Sud, passé et présent finissent par se rejoindre, au cœur d’un récit particulièrement addictif.

Malgré un sentiment de « déjà-vu » inévitable, surtout pour ceux qui ont vu « The Thing » de John Carpenter, ce nouveau roman de René Manzor ne manquera pas de séduire et de divertir de la première à la dernière page. N’hésitez donc pas à lire du René Manzor !     

Du fond des âges, René Manzor, Calmann-Lévy, 414 p., 20,90€

Elles/ils en parlent également : Yvan, Nath, Anthony, Aude, Karine, Julie, Belette, Lilou, Laurence, Jean-Paul, Nadia, Lire et courir

 

Franck Ollivier – L’Ombre

Posted in Littérature with tags on 1 février 2023 by Yvan

Dans le cerveau d’un tueur en série !

Franck Ollivier – L’OmbreÀ San Bernardino, en Californie, le FBI est alerté par la découverte du corps supplicié d’une femme retrouvé dans le désert. Nicholas Foster, le célèbre écrivain devenu consultant pour le FBI, et l’agent spécial Michelle Ventura y voient immédiatement la signature d’un tueur en série nommé Patrick Hollmann. Ce prêtre qui a tué de nombreuses femmes dans divers pays a cependant un alibi en béton armé car il a été exécuté par l’état d’Illinois il y a plusieurs années. Tout porte donc à croire que ce crime immonde est un message destiné à Nicholas Foster… qui doit sa notoriété à plusieurs livres consacrés à ce serial killer qu’il a accompagné jusque dans le couloir de la mort.

En alternant le présent, principalement dédié à l’évolution de l’enquête, et le passé, qui permet de découvrir les liens qui se sont tissés entre les différents personnages tout en se glissant dans le cerveau du tueur en série, Franck Ollivier construit une intrigue pour le moins machiavélique qui multiplie les lieux et les personnages, sans pour autant perdre le lecteur, certes un minimum attentif. Entre ces deux temporalités qui se font constamment écho, l’auteur s’intéresse énormément à la psychologie de ses personnages, cherchant constamment l’ombre qui se dissimule entre le bien et le mal.

Malgré quelques longueurs et une fin que les plus perspicaces parviendront malgré tout à prévoir, « L’ombre » est un excellent polar que j’ai dévoré en seulement deux jours.

Vivement conseillé aux amateurs de thrillers mettant en scène des tueurs en série !

L’Ombre, Franck Ollivier, Albin Michel, 480 p., 22,90€

Elles/ils en parlent également : Fabienne, Caro, Willy, Valmyvoyou, Julie