Archive for the [DL 2006] Category

Terry Moore – Strangers in Paradise, Je rêve que tu m’aimes

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Kyméra, Séries, [DL 2006], [Sans super-héros], [Terminées] with tags on 1 novembre 2015 by Yvan

Histoires de gonzesses et aventures rocambolesques !

Terry Moore - Strangers in Paradise, Je rêve que tu m'aimesBon, comme cette série cultissime aux States n’est pas souvent mise en avant de ce côté de l’Atlantique, je vais essayer de vous en parler de temps en temps.

Strangers in Paradise (SiP) invite à suivre les péripéties de deux colocataires qui sont les meilleures amies du monde. Il y a d’une part Francine Peters, une jeune femme légèrement boulimique qui accumule les déboires affectifs. Le dernier loser en date, avec qui elle vient de rompre après un an de vie commune, s’appelle Freddie Femurs. Puis il y a Katina Choovanski, alias Katchoo, une blonde particulièrement explosive, qui ne supporte pas de voir son amie se coltiner à des blaireaux et qui dissimule non seulement des sentiments envers Francine, mais également un bien sombre passé. Il ne faudrait pas non plus oublier David Qin, un jeune homme secrètement amoureux de Katchoo, qui se lie d’amitié avec les deux femmes.

Bon, je sais, ce pitch ne donne pas forcément envie de lire cette saga, surtout si l’on est un homme. Et c’est vrai qu’au début, on a un peu l’impression de suivre une histoire de filles en suivant les tribulations amoureuses des deux colocataires. Néanmoins, au fil des pages, le passé sombre de Katchoo remonte progressivement à la surface et contribue à véritablement lancer cette saga. Alors certes, c’est parfois un peu rocambolesque et capillo-tracté, voire burlesque, mais ce mélange d’humour, d’amour et d’action finit par faire mouche, tout comme l’équilibre entre l’apparence légère et comique et le fond plus sombre et tragique de la saga. Il faut également souligner la liberté de ton de cette saga qui n’hésite pas à parler ouvertement d’homosexualité et applaudir le sens du dialogue et du rythme imposé par Terry Moore. Puis, il y a ce dessin noir et blanc qui contribue à donner vie à des personnages aussi attachants qu’expressifs et qui se passe volontiers de couleurs.

Bref, un premier tome qui présente les principaux acteurs et qui offre déjà un excellent moment de lecture. La fin de ce premier volet abandonne d’ailleurs le lecteur en plein suspense et laisse entrevoir la direction que prendra cette série par la suite… et c’est du bon !

Jason – J’ai tué Adolf Hitler

Posted in BANDES DESSINÉES, Carabas, Franco-Belge, One-shots, [Avancé], [DL 2006] with tags on 10 octobre 2015 by Yvan

Histoire d’amour à travers le temps !

Jason - J’ai tué Adolf HitlerCela faisait déjà un moment que j’étais attiré par les œuvres de cet artiste norvégien, mais, malgré les critiques élogieuses et les nombreux prix (nominations à Angoulême pour le meilleur premier album en 2003 et le meilleur scénario en 2005, Eisner Award en 2008), il y avait toujours quelque chose qui me rebutait lorsque je feuilletais ses albums. J’ai finalement craqué et comme c’est cet album qui m’intriguait le plus, j’ai commencé par celui-ci.

Déjà, la couverture et le titre prennent le lecteur solidement à contre-pied car le thème principal de l’album est une histoire d’amour. Pourtant, à la base, on est invité à suivre un tueur à gages qui accepte n’importe quel contrat sans trop se poser de questions. Si les demandes qu’il reçoit vont dans tous les sens, la dernière en date décroche tout de même le bouquet : remonter le temps pour tuer Adolf Hitler !

« – Mon boss m’avait promis une augmentation et le bureau du fond. Et qui l’a eue cette promotion !? Wagner du département ventes. Je le hais !
– Qui voulez vous supprimer, votre boss ou Wagner ?
– Les deux, c’est possible ? »

C’est au moment où notre tueur s’apprête à éliminer le Führer avant qu’il ne déclenche la seconde guerre mondiale que l’auteur nous prend à contre-pied. Il aurait pu s’attarder sur les conséquences d’un monde sans Hitler ou démarrer une course-poursuite haletante entre Adolf et notre assassin, mais non, il délaisse ces nombreuses possibilités alléchantes pour nous servir une « banale » histoire d’amour. Notre tueur va certes jusqu’au bout de sa mission, mais l’on comprend bien vite que ceci n’est plus qu’un prétexte pour nous servir une belle histoire d’amour qui traverse les époques. Arrivé à la conclusion émouvante de ce récit pourtant empli de noirceur, force est de constater que l’auteur nous a bien eu et que son approche s’avère brillante !

Visuellement, le trait épuré proche de la ligne claire de l’auteur sert admirablement le récit, tout comme la superbe colorisation de Hubert. Jason propose des personnages anthropomorphiques qui se ressemblent fortement et qui sont peu expressifs, mais cela confère un certain stoïcisme et une nonchalance à ces protagonistes qui semblent constamment détachés face à la gravité des différentes situations. Cette approche graphique minimaliste et cette déshumanisation se poursuivent au niveau des décors, des nombreux passages muets riche en non-dits et du formatage en cases identiques servies sous forme de gaufrier. Derrière la solitude des personnages, le vide apparent de leurs existences et la noirceur du monde qui les entoure, Jason parvient néanmoins à dégager des sentiments profonds, une petite lueur d’espoir et de nombreux regrets, comme souvent à la fin d’une vie… Brillant !

Ils en parlent également : Mo’

Algésiras – Candélabres, L’homme avec les oiseaux (Tome 4)

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Séries, [DL 2006], [En cours], [Grand public] with tags on 3 janvier 2015 by Yvan

Le feu des sentiments !

Algésiras - Candélabres,  L'homme avec les oiseaux (Tome 4)Voilà une saga qui m’a longtemps fait de l’œil et à laquelle je savais que je n’allais pas pouvoir résister au long terme, même si le cinquième tome ne verra probablement jamais la lumière du jour… La narration sous la forme d’un long flash-back n’est pas des plus originales, mais permet à Paul Klarheit de nous conter son incroyable histoire en alliant simplicité et efficacité. C’est lors d’une promenade à cheval que le jeune paraplégique rencontra pour la première fois un « Candélabre » et que son destin bascula. Cette rencontre avec Julien Solédango lui permis en effet de retrouver l’usage de ses jambes et de devenir un danseur étoile. Cet univers peuplé de créatures fantastiques capables de maîtriser le feu me séduit depuis le premier tome. Le mystère qui entoure ces êtres étranges, cette source et ce tableau fonctionne à merveille et contribue à tenir le lecteur en haleine. Si le mystère s’éclaircit au fil des tomes, toute la lumière n’est cependant pas faite et beaucoup de questions demeurent donc encore en suspens à la fin de ce quatrième volet. Depuis le tome précédent, le scénario semble vouloir plus se concentrer sur la relation entre Paul et David/Solédango et sur les sentiments qui le consument les personnages de l’intérieur. Si cette mise à nu des sentiments insuffle beaucoup de sensibilité à l’ensemble, le « coming-out » de Paul prend trop de temps. Je comprends qu’il mette effectivement du temps à comprendre ses désirs parfois contradictoires, mais l’auteure s’attarde un peu trop sur cette partie du scénario, au détriment du rythme. Le récit s’enlise donc quelque peu et les nombreuses scènes de bavardages contiennent malheureusement quelques longueurs. Les thèmes abordés, tels que le handicap, la danse et l’homosexualité, demeurent néanmoins intéressants, surtout lorsqu’il sont abordés avec la délicatesse et la sensibilité d’un auteur féminin. Visuellement, le graphisme, qui me rebutait un peu au départ, s’améliore au fil des tomes. Le trait fin d’Algésiras accompagne avec brio l’atmosphère poétique et sensuelle du récit. L’aspect figé et le manque d’expressivité des personnages me dérange moins qu’au début, mais quand je vois ce qu’un Bastien Vivès parvient à faire avec sa « Polina » au niveau de la danse, je me dis qu’une chorégraphie plus virevoltante et plus expressive aurait pu emmener cette saga vers un niveau supérieur. L’absence de décors et le choix des tons au niveau de la colorisation rendent également le graphisme un peu trop froid par rapport à la chaleur dégagée par le scénario. Suite aux louanges de lecteurs enflammés, je m’attendais à ce que cette série puisse mettre le feu à ma passion de bédéphile, mais il s’agit finalement plus d’une très belle étincelle qui a su me garder au chaud le temps d’une lecture et de braises qui resteront moins longtemps rougeoyantes que prévu. Une bien belle série, qui mérite d’être découverte, et un quatrième tome qu’il faudra malheureusement qualifier de dernier…

Jeph Loeb et Tim Sale – Catwoman à Rome

Posted in BANDES DESSINÉES, Catwoman, Comics, One-shots, Panini, [Avec super-héros], [DL 2006] with tags on 27 août 2012 by Yvan

Spin-off de « Batman – Dark Victory » !

Jeph Loeb et Tim Sale - Catwoman, à Rome « Catwoman – À Rome » est une sorte de spin-off, comblant les 6 mois d’absence de Catwoman pendant l’histoire de Batman – Dark Victory, lorsque celle-ci disparaît de Gotham à la St. Valentin, pour ne réapparaitre que vers Thanksgiving, après un mystérieux voyage en Italie.

Le duo inédit formé avec Edward Nygma (l’homme mystère) afin de l’aider dans sa quête sur ses origines, est surprenant, mais plutôt réussi. L’assurance et la féminité merveilleusement exploitée de Catwoman contraste de façon amusante avec la maladresse de ce vilain personnage, dont la fixation sur le costume de Catwoman finit par faire bien rire.

Jeph Loeb va néanmoins remettre en question cette assurance apparente de Catwoman grâce à une série de cauchemars qui viennent hanter ses nuits et qui confirment sa relation ambiguë avec Batman.

Mais, malgré l’introduction réussie de quelques ennemis récurrents de Batman qui contribuent à recréer l’univers Batman sur le continent européen, ce récit manque tout de même un peu de profondeur et ne marquera pas vraiment l’histoire de Catwoman.

Si l’intérêt au niveau du scénario est mitigé, la contribution de Tim Sale au niveau du dessin est d’autant plus estimable. L’ambiance mafieuse, dans laquelle se faufile la silhouette insaisissable et gracieuse de cette féline en tenue moulante, est mise en valeur par la colorisation très inspirée de Dave Stewart.

Cette nouvelle histoire des deux auteurs s’avère donc surtout intéressante pour les lecteurs de Batman – Dark Victory.

Osamu Yamamoto – L’Orchestre des Doigts

Posted in BANDES DESSINÉES, K.BD, Manga / Manhwa, Milan, Séries, [DL 2006], [Terminées] with tags , on 11 mars 2012 by Yvan

Les signes qui brisent le silence !

Osamu Yamamoto - L’Orchestre des DoigtsL’Orchestre des doigts n’est pas un ouvrage sur la musique, mais sur la surdité. Osamu Yamamoto avait déjà abordé ce thème dans Harukanaru Kôshien et l’aborde à nouveau dans ce récit en quatre tomes qui s’inspire du parcours de Kiyoshi Takahashi, grand défenseur de la langue des signes, décédé en 1958.

Ce premier volet invite à suivre les pas de Kiyoshi Takahashi lorsqu’il accepte un poste d’enseignant dans l’école d’Ôsaka en 1914. Lui qui rêvait de devenir musicien, va se trouver une véritable vocation en s’investissant de plus en plus dans cet établissement pour enfants sourds ou aveugles. L’intrigue se concentre sur la destinée d’un petit garçon sourd et violent, qui est rejeté par sa famille.

Outre le lien d’amitié grandissant entre le petit Issaku et Takahashi, le lecteur découvre progressivement l’univers des sourds et le langage des signes. En marge de l’histoire de Kiyoshi Takahashi, l’auteur décrit également la situation socio-politique du Japon au début du XXème siècle et l’évolution progressive des mentalités à l’égard des enfants sourds. Considérés comme des déficients mentaux et discriminés dès le plus jeune âge, ces enfants sourds ont du mal à trouver leur place dans la société japonaise. Au fil des pages de ce premier volet, le lecteur découvre que la prise en charge et la scolarisation de ces enfants est tout sauf évidente.

Un excellent premier tome, touchant et particulièrement instructif !

Osamu Yamamoto - L’Orchestre des DoigtsLisez également l’avis de Mo’ sur K.BD !

Benoît Rivière & Hallain Paluku – Missy

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, DIVERS, Franco-Belge, La boîte à bulles, One-shots, [Avancé], [DL 2006] with tags on 20 juillet 2011 by Yvan

Un récit sensuel tout en rondeurs !

Benoît Rivière & Hallain Paluku - MissyMissy a beau ne pas avoir de visage, son corps tout en rondeurs sait faire vibrer les hommes la nuit. L’histoire, basée sur la quête amoureuse de cette danseuse de charme, a beau être simple, son originalité attachante réside principalement dans une représentation graphique osée.

L’équilibre psychologique de Missy est fragile et balance entre ses succès nocturnes où ses admirateurs scandent son nom à haute voix, et ses déceptions matinales où ses amants l’abandonnent sans souffler le moindre mot. Un contraste douloureux qui poussera Missy du régime au désespoir.

Le dessin de Hallain Paluku et les couleurs de Svart ne lâchent jamais les courbes généreuses de Missy, sans jamais lui donner de visage. L’expression non-verbale de ces corps aux formes généreuses vole ainsi la vedette à des visages qui se voient reléguer aux oubliettes. Une absence qui ne constituera jamais un manque au fil de la lecture tellement ce graphisme audacieux parvient à exprimer tout ce qui a besoin de l’être.

Bref, Missy est l’histoire charnelle d’une danseuse de cabaret dans un monde de fantasmes, pour un récit sensuel et plein d’émotions qui ne dérape jamais dans la vulgarité. Missy est peut-être un pari osé à la base, mais il s’avère finalement être une vraie réussite.

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Fabien Vehlmann & Franz Duchazeau – Les cinq conteurs de Bagdad

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Dargaud, DIVERS, Fabien Vehlmann, Franco-Belge, Long Courrier, One-shots, [Accessible], [DL 2006] with tags on 15 juin 2011 by Yvan

Un bel éloge aux auteurs de bandes dessinées !

Fabien Vehlmann & Franz Duchazeau - Les cinq conteurs de BagdadAprès leurs deux œuvres communes précédentes (« La nuit de l’Inca » et « Dieu qui pue, Dieu qui pète »), Vehlmann et Duchazeau récidivent au sein de la collection Long Courrier avec cette ode subtile à la narration.

Le scénario toute en finesse de Vehlmann commence par une introduction interactive avec le lecteur et qui incite ce dernier à se préparer à entendre une histoire fabuleuse. Ensuite, avant de nous emmener en voyage autour du monde à la découverte d’histoires extraordinaires, Vehlmann aura le culot de nous dévoiler l’essentiel de l’histoire avant même son commencement.

L’histoire est celle de cinq conteurs perses qui vont parcourir le monde à la recherche d’histoires pour fabriquer le plus beau conte imaginable, et ainsi remporter le grand concours de contes organisé par le calife de Bagdad. Son développement intelligent va inciter le lecteur à réfléchir sur l’art de raconter des histoires et sur le pouvoir des mots.

Les cinq personnages sont très bien choisis et d’une extraordinaire complémentarité, avec Anouar l’antisocial rebelle, Ahmed le fils du calife aux remarques qui font mouche, Nazim la brute au cœur en or, Tarek le charmeur et Wahida la féministe. Leurs relations et leurs péripéties vont nous emmener dans un récit puissant, mélangeant humour, poésie, philosophie et aventure.

Même si toutes les histoires ne se valent pas forcément et qu’il manque un petit quelque chose à la fin du récit (la cerise sur le gâteau) pour le rendre culte, le mélange de légèreté et de profondeur offert tout au long du récit est à applaudir.

Le dessin typé et légèrement hachuré de Franz Duchazeau fait un peu penser à celui de Sfar dans « Le chat du rabbin » et contribue parfaitement à l’ambiance de ce conte des mille et une nuits.

Bref, un bel éloge aux conteurs d’histoires que sont les auteurs de bandes dessinées et qui explique peut-être même pourquoi il faut parfois attendre trois ans après une histoire.

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