Archive for the [Terminées] Category

Scott Snyder et Greg Capullo – Batman, La relève – 2ème partie (Tome 9)

Posted in BANDES DESSINÉES, Batman, Comics, DC Renaissance, Séries, Scott Snyder, Urban Comics, [Avec super-héros], [DL 2016], [Terminées] with tags on 7 avril 2017 by Yvan

La fin du relaunch New 52 !

Scott Snyder et Greg Capullo – Batman, La relève – 2ème partie (Tome 9)Ce tome qui reprend les épisodes #46 à #52 propose non seulement la conclusion du diptyque intitulé « La Relève », mais conclut également le run de Scott Snyder et Greg Capullo sur le cycle New 52… en attendant le prochain relaunch : Rebirth !

Pour rappel, Scott Snyder avait fait très fort lors du tome précédent en proposant un Bruce Wayne amnésique et un James Gordon au look surprenant en tant que nouveau Batman, dans une armure qui ressemblait plus à un grand lapin qu’à une chauve-souris. Malgré ce postulat de départ totalement casse-gueule, Snyder parvenait à s’en sortir grâce à une bonne dose d’autodérision et d’autocritique concernant ses choix. Il abandonnait ensuite Gotham City et son nouveau Batman face à une nouvelle menace nommée Mr Bloom en fin de tome précédent.

Lors de cette conclusion, la menace de Mr Bloom et de ses mystérieuses graines s’accentue encore un peu plus, plongeant Gotham City une nouvelle fois dans le chaos le plus total. Alors que je suis plutôt fan de récits réalistes où Batman se « cantonne » à un travail de détective, Snyder se dirige vers un affrontement (exagéré) entre les créatures de plus en plus gigantesques de Mr Bloom et une armée de Bat-Robots qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Puis, comme il doit revenir à la case départ avant le prochain relaunch, il utilise une machine à cloner, inventée par Bruce Wayne, pour effectuer une sorte de reboot de son Bruce Wayne amnésique qui redevient forcément Batman avant la fin. Bon, malgré des pirouettes scénaristiques un peu capillo-tractées et un récit qui manque de réalisme, Snyder ne s’en sort finalement pas trop mal et livre quelques bonnes surprises (notamment la découverte du jeune Duke devenu Robin), ainsi qu’une conclusion qui se dévore avec grand plaisir. Puis, visuellement, il y a toujours la joie de retrouver Greg Capullo au graphisme, même si ce dernier est secondé par Yannick Paquette lors de quelques planches et remplacé par Riley Rossmo lors de l’épisode #52, d’ailleurs scénarisé par James Tynion IV, lors duquel Batman affronte Trompe-l’œil dans le but de récupérer un cahier qu’il avait rédigé étant enfant.

Bref, un très bon run signé Scott Snyder et Greg Capullo qui mérite d’être lu et dont on retiendra surtout les débuts et la fameuse Cour des Hiboux.

Ils en parlent également : Yaneck

 

 

Taiyou Matsumoto – Sunny (Tome 6)

Posted in BANDES DESSINÉES, Kana, Manga / Manhwa, Séries, Taiyou Matsumoto, [DL 2016], [Terminées] with tags on 27 février 2017 by Yvan

Un dernier voyage à bord de la Sunny !

Taiyou Matsumoto - Sunny (Tome 6)Voici malheureusement le dernier tome de cette saga où Taiyou Matsumoto puise dans ses souvenirs d’enfance, en orphelinat, afin de relater le quotidien d’un centre pour enfants forcés de grandir sans parents. L’auteur d’Amer béton et de Ping Pong emmène le lecteur dans les années 1970 afin d’y faire la connaissance des membres de ce foyer situé en pleine campagne, qui accueille des jeunes qui ne peuvent plus être élevés par leur famille. Si Haruo, Sei, Junsuke, Shôsuke, Kenji, Kiiko, Taro, Megumu et les autres ont des raisons diverses pour expliquer leur présence à l’orphelinat – une mère malade, un père alcoolique, des problèmes financiers, … – ils partagent cependant tous le sentiment d’avoir été abandonnés. Heureusement, perdue au fond d’un terrain vague, l’épave d’une vieille voiture permet aux jeunes de s’évader de cette réalité pesante. Une fois installés à bord de la vieille « Sunny », ils peuvent laisser libre cours à leur imagination et aller là où leurs rêves décident de les emmener… pourquoi pas à la maison…

Chaque chapitre se concentre sur l’un des gamins, sur leur tristesse et sur ce besoin d’amour que le lecteur voudrait tant combler au fur et à mesure qu’il s’attache à ces rejetons. Délicatement, par petites touches, l’auteur brosse le portrait d’une galerie de personnages marqués par ce délaissement. Un pot de Nivea qui fait penser à l’odeur maternelle, une visite chez le médecin qui fait penser à cette mère hospitalisée, un coup de téléphone qui redonne espoir… tant de petits détails parsemés au fil des chapitres, qui permettent de saisir les sentiments de ces gosses en manque d’affection. Empli de tristesse et de mélancolie, le récit se veut également positif. Ne cherchant pas à uniquement dépeindre la noirceur, Taiyou Matsumoto laisse suffisamment de place à la lumière et à l’espoir. Même dans un orphelinat, la vie réserve de beaux moments et vaut la peine d’être vécue…

Ce dernier volet se veut d’ailleurs plus positif que les autres et se concentre d’ailleurs sur ceux qui quittent le centre, que ce soit la fugue d’Haruo et Sei ou l’une des filles qui retourne chez une tante et un oncle. Après avoir narré les premiers instants d’Haruo au centre lors du volet précédent, celui-ci s’attarde sur les derniers instants de plusieurs enfants… Arrivé à la fin, il est temps pour certains de quitter l’orphelinat et d’effectuer un dernier voyage à bord de la vieille « Sunny » qu’ils vont d’ailleurs bientôt venir enlever.

Outre le savoir-faire au niveau de la caractérisation des protagonistes, il faut également souligner le style personnel et immédiatement identifiable du dessin du mangaka, qui croque une nouvelle fois ses différents personnages avec grande affection. La mise en images experte de Taiyou Matsumoto (Printemps bleu, Amer béton, Frères du Japon, Ping Pong, Number 5, Gogo Monster) parvient à capturer le chaos et l’instabilité du quotidien des enfants, tout en accentuant le réalisme de cette chronique douce-amère profondément humaine et touchante de sincérité et d’authenticité.

Une page se tourne donc pour nos amis, permettant à Taiyo Matsumoto de signer un dernier volet qui est peut-être légèrement moins bon, mais qui se veut plus positif que les précédents… de quoi terminer cette série incontournable sur une note un peu plus légère.

Scott Snyder et Greg Capullo – Batman, La relève – 1ère partie (Tome 8)

Posted in BANDES DESSINÉES, Batman, Comics, DC Renaissance, Séries, Scott Snyder, Urban Comics, [Avec super-héros], [DL 2016], [Terminées] with tags on 2 décembre 2016 by Yvan

Un Batman sans Bat-Mobile et un Jim Gordon sans moustache ?

Scott Snyder et Greg Capullo – Batman, La relève – 1ère partie (Tome 8)L’avant-dernier tome de cette saga scénarisée par Scott Snyder propose la première partie d’un diptyque intitulée « La Relève ».

L’album s’ouvre sur l’épisode #44, écrit par Scott Snyder et Brian Azzarello et dessiné par Jock. Ce flash-back de quelques années s’intéresse à l’enquête d’un Batman toujours « alive and kicking » qui désire retrouver le meurtrier d’un gamin dont le corps est retrouvé dans les marécages. Cette histoire courte fait office d’introduction à ce qui suit car elle permet de faire la connaissance de Mr Bloom et de sa mystérieuse drogue.

Les épisodes suivants (#41 à #43 et #45) sont à nouveau du tandem Scott Snyder et Greg Capullo et se déroulent dans une ville de Gotham City qui pleure son Chevalier Noir depuis sa dernière confrontation avec le Joker. Scott Snyder va donc faire ce que d’autres scénaristes ont déjà fait avant lui lorsque Batman n’est plus là pour défendre Gotham City : il va lui trouver un remplaçant… mais le garçon va faire (un peu trop) fort !

Le choix du commissaire Gordon pour endosser le rôle du Dark Knight est déjà assez surprenant en soi, mais en lui rasant le crâne et la moustache et en le transformant en non-fumeur, l’auteur va probablement un peu trop loin, dénaturant trop le personnage. Puis, il y a l’idée de faire revêtir une armure au nouveau Batman, qui n’est pas neuve non plus, mais franchement, la aussi, au niveau du look, il y avait probablement moyen de faire moins ridicule. Et comme si ce look qui ressemble plus à un grand lapin qu’à une chauve-souris ne suffisait pas, il remplace également la Bat-Mobile par un Bat-Camion totalement risible. Et pour couronner le tout, il va également dénaturer le personnage de Bruce Wayne en le rendant amnésique et dénué de tout sentiment de vengeance. Snyder pousse donc le bouchon trop loin et n’aurait probablement aucune chance de s’en sortir haut la main après un postulat de base pareil… sauf qu’il va lui-même se moquer du look de l’armure et également remettre en question le choix de Gordon… et c’est bien là ce qui le sauve au niveau du scénario.

Bref, on finit donc par avaler la pilule du nouveau Batman et de son armure, mais pour avoir une intrigue il faut également un beau gros vilain. Et là, Snyder va également innover car au lieu de renouveler d’anciens ennemis comme il l’avait fait dans les tomes précédents, il va en imaginer un nouveau : Mr Bloom ! Bon, personnellement, je pense que Poison Ivy aurait parfaitement pu remplir le rôle du super-vilain dans cette histoire, même si la créature végétale de Snyder ne démérite pas.

Si Scott Snyder ose au niveau du scénario et qu’il faudra attendre la conclusion du récit pour se faire une opinion définitive, c’est tout de même toujours un véritable plaisir de retrouver Greg Capullo au graphisme. Notons également la présence du Batman Annual #4 en fin de tome, écrit par James Tynion IV et mis en images par Roge Antonio, qui confronte Batman et ses amis à l’Homme-Mystère, Mister Freeze et Gueule d’Argile, dans un récit sympathique, mais sans plus.

Ils en parlent également : Yaneck

 

 

Bill Watterson – Calvin et Hobbes, La flemme du dimanche soir (Tome 17)

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Dargaud, Séries, [DL 1900 à 2000], [Sans super-héros], [Terminées] with tags , on 10 octobre 2016 by Yvan

Double dose en couleurs !

Bill Watterson - Calvin et Hobbes, La flemme du dimanche soir (Tome 17)Ceux qui connaissent Calvin, savent qu’il a souvent la flemme le dimanche soir, pour la simple et bonne raison que le lendemain il doit aller à l’école.

« Comment vraiment apprécier les dimanches, quand on sait qu’il faut aller à l’école le lendemain ? »

Pourtant, ce dix-septième volume, beaucoup plus volumineux que les précédents, ne démarre pas à l’école, mais en compagnie de Spiff le Spationaute, mon personnage préféré de Bill Watterson. Je suis en effet grand fan des passages où l’imagination débordante du petit Calvin lui permet de se transformer en plein de choses. Le lecteur a même droit à plusieurs transformations en Spiff le Spationaute, que ce soit lorsque la prof l’interroge, à l’heure du bain, à table ou afin d’agresser son père qui dort. Hyperman est également de la partie lorsqu’il est temps d’aller dormir ou de faire ses devoirs de math. Calvin s’imagine également en fourmi quand il doit ranger sa chambre, en mouche lors d’un pique-nique, en tyrannosaure lors du repas familial et même en Dieu Suprême…

« Dans son cachot pourri puant, Spiff le spationaute prépare un piège sournois pour le roi Naggon qui approche ! Bientôt notre héros sans peur sera à nouveau libre ! »

Si la baby-sitter Rosaline est la grande absente de cet album, Calvin peut néanmoins compter sur la présence de Susie Derkins, sa petite voisine et souffre-douleur attitrée. Entre les ballons d’eau en été et les boules de neige en hiver, voire même en plein mois de juin car notre ami en a conservé une belle au freezer (excellent), la pauvre continue d’en voir de toutes les couleurs.

« Si tu veux MON avis, un jeu sans pompes, ni coups, ni brûlures, ni pinçons, c’est pour les filles. »

Au menu de ce dix-septième volet, il y a bien évidemment aussi les gags récurrents concernant les monstres sous le lit, les histoires qui font peur, le bond de Hobbes en rentrant de l’école, les descentes vertigineuses à la recherche d’une poussée d’adrénaline et les jeux (croquet, base-ball, Monopoly) qui terminent inévitablement en disputes. C’est vraiment marrant de voir comme l’auteur parvient à se renouveler tout en continuant d’aborder les mêmes sujets !

« Attendre quelque chose est plus amusant que de l’avoir… »

À l’instar des tomes précédents, celui-ci reprend des histoires de différentes longueurs. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général. Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques. Notre ami se livre ainsi à quelques réflexions sur l’environnement, pointant notamment du doigt cette vilaine tendance qu’ont les humains à jeter leurs déchets n’importe où et à ainsi détruire la planète.

« Sapristi, quand les gens n’enterrent pas leurs déchets toxiques ou n’essayent pas leurs armes nucléaires, ils jettent leurs ordures n’importe où ! »

Parlons finalement de l’empathie inévitable envers ce duo éminemment sympathique. Ce gamin doté d’un sens de la répartie incroyable est particulièrement attachant et l’idée de donner vie à une peluche dans son imaginaire est tout bonnement brillante. Cela résulte non seulement en une complicité incroyable entre les deux, mais permet surtout de donner vie à l’imaginaire de l’enfant. Ensemble, ils vivent des aventures mêlant absurdité, tendresse, drôlerie, nostalgie et justesse. Le lecteur a également droit à quelques récits centrés sur la famille, qui donnent parfois lieu à des scènes attendrissantes comme lorsque sa maman lui prépare du chocolat chaud et des tartines. Calvin ne manquera pas non plus de juger le travail de son père dans son rôle de « Papa », notamment à travers cette histoire qu’il a écrite sur un méchant papa qui obligea son fils à manger des petits pois.

« Sans petit bisou les rêves sont flous ! »
« Les plus beaux cadeaux ne sont pas dans les boîtes ! »

Visuellement, le dessin de Bill Watterson est d’une grande simplicité, mais ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions. La grosse surprise de ce tome vient également du fait que le lecteur a droit à une version colorisée. L’auteur se permet également quelques « folies » artistiques, notamment lors de ce récit où les lois de la perspective ont été abolies où lorsque Calvin a été transféré sur un négatif couleur le temps d’une photo.

Une double dose de gags déjà parus et d’histoires inédites, le tout dans une version en couleurs !

Bill Watterson – Calvin et Hobbes, Faites place à Hyperman ! (Tome 16)

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Dargaud, Séries, [DL 1900 à 2000], [Sans super-héros], [Terminées] with tags , on 29 août 2016 by Yvan

Pas de place pour Hyperman ?

Bill Watterson - Calvin et Hobbes, Faites place à Hyperman ! (Tome 16)Etant grand fan des passages où l’imagination débordante du petit Calvin lui permet de se transformer en plein de choses, dont Hyperman, le titre de ce seizième volet me paraissant particulièrement alléchant. Malheureusement, ce ne sont pas ces passages-là qui sont le plus nombreux dans ce tome… où Hyperman ne fait d’ailleurs qu’une apparition hyper-brève. Le lecteur a certes droit à une transformation en Spiff le Spationaute, le temps d’étudier une créature bizarre. Calvin s’imagine également en fourmi rebelle, bien décidé à ne pas aider sa mère dans les tâches ménagères. Il va même se croire pilote de ligne volant à toute allure dans le Grand Canyon… alors qu’il se trouve sur le siège arrière de la voiture familiale, sur le chemin de l’épicerie… mais je ressors tout de même de ce tome avec un petit goût de trop peu !

Sa créativité ne s’arrête heureusement pas là. Le petit chenapan va en effet jouer au chef d’entreprise, vendant de supers idées pour seulement un euro et proposant même à ceux qui n’ont pas assez d’argent de payer en dix mensualités avec 100% d’intérêt. Son intelligence illimitée va aussi s’attaquer aux termes scientifiques, qu’il ne trouve pas suffisamment évocateurs… proposant ainsi de changer le terme « Big Bang » en « l’atroçorrible ka-boooum de l’espace » ! Voilà qui en jette un peu plus !

Après plusieurs tomes qui permettaient à Calvin de profiter des plaisirs de l’hiver, celui-ci se déroule en plein été. Pour Susie Derkins, sa petite voisine et souffre-douleur attitrée, cela ne change pas grand-chose car au lieu de se prendre des boules de neige dans la tronche, ce sont maintenant des ballons d’eau. Si les tomes précédents proposaient également des récits s’étalant sur plusieurs pages, celui-ci livre surtout des histoires plus courtes, se limitant à seulement quelques cases. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général. Au menu de ce seizième volet, il y a bien évidemment aussi les gags récurrents concernant les monstres sous le lit, qui attendent qu’il se lève pour aller faire pipi ou qui imitent sa mère pour le faire sortir du lit. Le lecteur a également droit à quelques récits prouvant l’adoration que Calvin voue à sa télévision ou son horreur du bain et de l’école.

Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques. Notre ami se livre ainsi à quelques réflexions amusantes sur l’art, même si ses œuvres en pâte à modeler démontrent qu’il ne déborde pas vraiment de talent…

« Calvin : Je suis un homme simple, Hobbes.
Hobbes : Toi ? Hier tu voulais une voiture transformable en jet armé de missiles laser thermoguidés !
Calvin : Je suis un homme simple avec des goûts complexes ! »

Parlons finalement de l’empathie inévitable envers ce duo éminemment sympathique. Ce gamin doté d’un sens de la répartie incroyable est particulièrement attachant et l’idée de donner vie à une peluche dans son imaginaire est tout bonnement brillante. Cela résulte non seulement en une complicité incroyable entre les deux, mais permet surtout de donner vie à l’imaginaire de l’enfant. Ensemble, ils vivent des aventures mêlant absurdité, tendresse, drôlerie, nostalgie et justesse.

« Calvin : Je voudrais que ce soit l’hiver.
Papa : Il faudra attendre encore un peu.
Calvin : Alors, je voudrais que ce soit le printemps ou l’été.
Papa : Tu n’aimes pas l’automne ?
Calvin : Oh si, c’est bien l’automne. C’est le présent que je n’aime pas. »

Visuellement, le dessin de Bill Watterson est d’une grande simplicité, mais ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions.

Probablement pas le meilleur tome, surtout que je m’attendais à une beaucoup plus grande dose d’Hyperman, mais cela demeure tout de même très bon !

Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat – Les gens honnêtes (Tome 4)

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, Séries, [DL 2016], [Terminées] with tags on 13 avril 2016 by Yvan

Une chronique villageoise débordante d’humanité!

Christian Durieux et Jean-Pierre Gibrat - Les gens honnêtes (Tome 4)Philippe Manche tient toujours sa librairie dans un petit village cerné de vignes au cœur du Bordelais. Après l’enterrement du père Ducousso, il invite tout le monde à boire un verre dans son commerce et propose au fils du défunt de l’accompagner à Paris afin de rencontrer un photographe qui pourrait être intéressé par d’anciennes photos de Nadar héritées de son aïeul.

Même si le nom de Jean-Pierre Gibrat apparaît encore sur la couverture de ce quatrième volet, c’est bel et bien Christian Durieux qui s’est chargé tout seul de la conclusion de cette saga. Le lecteur y suit la fin du parcours mouvementé de ce quinquagénaire divorcé qui s’était tout d’abord reconverti en coiffeur à bord du TGV suite à un licenciement douloureux, avant d’entamer une ultime reconversion professionnelle, entouré de bons livres et d’excellent pinard. Malgré un début d’album qui semble initier un nouveau voyage plein de surprises, l’auteur installe définitivement son héros dans ce petit bled tranquille, où il devient propriétaire de l’unique commerce de la commune. À l’instar de Magasin Général, il invite à suivre une chronique villageoise débordante d’humanité, où il ne faut pas s’attendre à une avalanche de rebondissements, mais tout simplement à une accumulation de petits bonheurs et de désillusions.

S’il ne se passe rien d’extraordinaire, le plaisir de retrouver ces gens honnêtes augmente au fil des tomes. Que ce soit Philippe, qui doit encore résoudre ses problèmes sentimentaux après avoir trouvé racine au sein de cette communauté qui semble l’avoir définitivement adopté. Ou ses proches, qui vont et viennent au gré des aléas de la vie et dévoilent progressivement leurs petits secrets, tous sont d’une authenticité rare. Malgré quelques nouveaux revers, qui confirment que la vie de Philippe est tout sauf un long fleuve tranquille, l’ambiance du récit demeure toujours optimiste, notamment grâce aux petites touches d’humour qui viennent pimenter des dialogues d’une grande justesse. Graphiquement, le dessin demeure d’ailleurs parfaitement adapté au ton de cette chronique sociale et retranscrit à merveille les émotions des personnages.

Il serait donc dommage de passer à côté de cette série en quatre tomes qui, au passage, est l’une des plus longues proposée au sein de la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

Bill Watterson – Calvin et Hobbes, Complètement surbookés (Tome 15)

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Dargaud, Séries, [DL 1900 à 2000], [Sans super-héros], [Terminées] with tags , on 3 avril 2016 by Yvan

Un tome plus philosophique !

Bill Watterson - Calvin et Hobbes, Complètement surbookés (Tome 15)À l’instar des tomes précédents, celui-ci reprend des histoires de différentes longueurs, allant de trois cases à quelques pages. Chacune offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général. Au menu de ce quinzième volet, il y a bien évidemment les gags récurrents concernant le bond de Hobbes lorsque Calvin rentre à la maison. Le lecteur a également droit à quelques récits centrés sur la famille, ou Calvin ne manque pas d’une nouvelle fois juger et évaluer le travail de son père dans son rôle de « Papa ». Cette fois, c’est la moralité du paternel qui fait chuter sa cote de popularité dans les sondages.

Si la puissance comique de ces strips est toujours au rendez-vous, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de voir que l’auteur multiplie les considérations philosophiques dans ce tome. Malgré ses six ans, Calvin va en effet se poser des questions existentielles sur la reproduction, sur le temps qui passe, sur l’univers, sur le but de notre vie, sur l’amour, sur la finalité de l’existence humaine, sur l’éducation et même sur les citations de Théodore Roosevelt et de Paul Gauguin… c’est tout dire !

« Comment les horreurs comme les pieuvres et les cafards poilus font-ils pour se reproduire ? Ils arrivent à se trouver séduisants ? »

Notre petit chenapan va même s’intéresser de plus près à l’astrologie, surtout que la position de la lune lui semble favorable. Mais bon, il est tout de même loin d’être certain que les planètes puissent avoir une influence sur lui. Ensuite, comme lors du tome précédent, dès qu’il y a un peu de neige, Calvin dévoile tout son talent artistique en sculptant des bonhommes de neige d’une originalité souvent amusante. Et malgré le fait que notre ami soit complètement surbooké, il a encore le temps d’assister aux réunions du club top secret du D.E.F.I. (Dégagez Enormes Filles Informes.), créé lors du sixième tome par nos deux amis. Il aura cependant du fil à retordre car le dictateur à vie est victime d’insubordination et un club ennemi lui déclare même la guerre… Heureusement, il suffit que Susie Derkins, sa petite voisine et souffre-douleur attitrée, passe par là pour que tout s’arrange.

Si les considérations philosophiques prennent souvent le pas sur l’humour dans cet album, il reste tout de même encore un peu de place pour les transformations créatives de notre ami, notamment en Spiff le Spationaute afin de pouvoir s’évader de l’école. Il faut dire qu’il n’est pas vraiment fan de cette institution, surtout qu’il croit dur comme fer que l’ignorance est le bonheur absolu. D’ailleurs, plutôt que de faire ses devoirs, il préfère voyager dans le temps en espérant que son futur lui aura fait le travail à sa place. Et il faut bien avouer que cette partie dédiée aux voyages dans le temps, où il rencontre ses homologues du passé et du futur, est très réussie et particulièrement drôle !

Bref, un tome plus philosophique… mais qui fait toujours rire !