Archive for the Actes Sud Category

Matthias Lehmann – La favorite

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, [Angoulême 2016], [Avancé], [DL 2015] with tags , on 16 septembre 2015 by Yvan

Une enfance kidnappée !

Matthias Lehmann - La favoriteDans les années 70, la petite Constance vit avec ses grands-parents, enfermée dans un manoir qui a connu des temps meilleurs. La grand-mère, qui lui dispense non seulement les cours à domicile, mais également les coups de martinet, est paranoïaque, aigrie et violente. Le grand-père, lâche et alcoolique, ne lui est pas non plus d’un grand secours. Et pour couronner le tout, la pauvre Constance doit également vivre dans l’ombre d’Eléonore, la fille que le couple a jadis perdue et dont ils tentent désespérément de combler le vide…

C’est un récit particulièrement sombre et cruel que propose Matthias Lehmann. Néanmoins, en situant la narration au niveau de cet enfant maltraité, le lecteur met du temps à découvrir toute l’horreur de ce fait divers. Au fil des pages, des découvertes et des réactions de l’enfant, le récit livre progressivement toutes les pièces du puzzle, pour ne livrer le fin mot de cette captivité qu’en toute fin d’album.

Le dessin noir et blanc en style gravure/carte à gratter contribue également à installer une ambiance sombre et lugubre à ce récit qui fait froid dans le dos.

Une excellente surprise !

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Brecht Evens – Les Noceurs

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, One-shots, [Angoulême 2011], [Avancé], [DL 2010] with tags , on 26 novembre 2011 by Yvan

Entrez dans la danse !

Brecht Evens - Les NoceursPour une fois qu’une bande dessinée louangée de tous sort dans la langue que je maîtrise le plus, je me devais donc de lire ce récit du néerlandais Brecht Evens, intitulé « Ergens waar je niet wil zijn » (« Les Noceurs » en français).

Les trois parties de cet album s’articulent autour de Robbie, véritable icône de la nuit, qui illumine chaque soirée de sa présence. Le lecteur, lui, sera surtout illuminé par le graphisme particulièrement original de cette œuvre. Dépourvu de cases et de bulles, le graphisme fourmille de détails et mélange les couleurs de manière aussi éblouissante que surprenante. Un dessin fait de couleurs directes et d’aquarelles qui plonge le lecteur dans une atmosphère nocturne envoûtante, à la rencontre de personnages très humains, dont le virevoltant Robbie et son opposé grisâtre Gert, qui semble inodore, incolore et presque transparent au milieu de cette profusion de couleurs.

Visuellement, ce graphisme novateur peut rebuter et faire croire à une œuvre extrêmement complexe et difficilement abordable. Rien n’est pourtant moins vrai car ce récit s’avère finalement très facile à lire et invite le lecteur à plonger dans l’univers de la fête, la où Robbie s’est forgé une solide réputation. Mais ce côté festif n’est finalement qu’un leurre, qui permet à l’auteur de dresser un portrait peu réjouissant d’une génération de trentenaires désabusés. De l’attente absurde de Robbie à la solitude de personnages qui se noient dans la foule d’une boîte de nuit, le bonheur semble aussi éphémère qu’artificiel et la boisson finalement incapable de combler tous les vides et l’ennui de cette immersion éthylique.

Si le graphisme a tout pour séduire, ce n’est pas forcément le cas de ces tranches de vie assez banales, rythmées par des discussions futiles qui accentuent certes le vide existentiel des protagonistes, mais ont eu plus de mal à m’emballer.

Quoi qu’il en soit, le « prix de l’audace » qu’a reçu cet album au dernier Festival d’Angoulême est entièrement mérité sur base de cette approche graphique novatrice et envoûtante.

Camille Jourdy – Rosalie Blum, Au hasard Balthazar !

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Trilogies, [Accessible], [Angoulême 2010], [DL 2009] with tags , on 7 janvier 2011 by Yvan

Camille Jourdy - Rosalie Blum, Au hasard Balthazar !Suite et fin de cette merveilleuse trilogie signée Camille Jourdy, qui dépeint le quotidien morne de Vincent, trentenaire solitaire, étouffé par une mère omniprésente et possessive, jusqu’au jour où il croise une femme dont la vie semble tout aussi monotone : Rosalie Blum !

Alors que les deux premiers volets invitaient à suivre une même trame chronologique, mais en changeant de point de vue, celui-ci propose enfin la première confrontation entre Vincent Machot et Rosalie Blum. Alors que le premier opus montrait Vincent en train de suivre Rosalie afin d’en apprendre plus sur elle et que lors du deuxième volet le suiveur se retrouvait suivi, cette fin permet enfin de découvrir les raisons qui sont à la base de cette filature à deux points de vue et de lever le voile sur les mystères que l’auteure entretenait savamment depuis le début de cette saga. Cette conclusion permet également de recentrer les débats sur Rosalie Blum, qui se laissait encore voler la vedette par Vincent et Aude lors des deux tomes précédents.

A l’aide de personnages secondaires extrêmement attachants et de dialogues remplis d’humour, Camille Jourdy parvient à rendre les existences de Vincent et Rosalie intéressantes à suivre. L’histoire avance lentement, laissant au temps l’occasion de peser sur les personnages, accentuant ainsi leur mal-être et leur solitude. Et même s’il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose, l’auteure parvient à entretenir le mystère jusqu’à la fin de cette saga. Malgré des existences peu reluisantes, le ton demeure très léger et le mélange subtil de sensibilité et d’humour continue de faire mouche.

Le dessin se met entièrement au service du scénario, tandis que la colorisation aux tons pastels installe une ambiance bucolique apaisante, parfaitement adaptée à ce récit extrêmement attachant et rafraîchissant.

Indispensable !

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2010 !

Anthony Pastor – Las Rosas

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, [Angoulême 2011], [Avancé], [DL 2010] with tags , on 30 décembre 2010 by Yvan

Western tortilla à l’eau de rose !

Anthony Pastor - Las RosasRepris dans la sélection officielle du festival d’Angoulême 2011, ce one-shot signé Anthony Pastor a un petit côté soporifique qui risque de ne pas plaire à tout le monde.

Il faut dire que le récit se déroule à Las Rosas, un petit village de caravanes perdu au fond des Etats-Unis et rythmé par l’ennui. Regroupant les laissés-pour-compte de la société au sein d’un paysage aride et désolé, ce bled est de surcroît exclusivement réservé aux femmes. La principale distraction consiste à suivre les épisodes d’un feuilleton télévisé à l’eau de rose dans la station-service qui «anime» ce trou perdu.

A ces nombreuses vies brisées vient s’ajouter celle de Rosa, un jeune femme enceinte, complètement paumée. Une femme dont la vie se dévoile lentement au fil des pages et qui contribue à exhumer les secrets enfouis du village et de ses habitants. Au-delà de l’ennui et la marginalité, le lecteur découvre dès lors des personnages intéressants et parfaitement développés et se laisse emporter par une intrigue, certes lente, mais parfaitement construite.

Laissant beaucoup de place aux non-dits et à la suggestion, le dessin va également à l’essentiel et contribue à rendre ce ballet de relations humaines très intéressant.

Très justement qualifié de « western tortilla à l’eau de rose », ce roman graphique issu de la collection Actes Sud a vraiment tout pour séduire les amateurs du genre.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2011 !

Gipi – Notes pour une histoire de guerre

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gipi, Guerre, One-shots, [Angoulême 2006], [Avancé], [DL 2005] with tags , , on 18 janvier 2010 by Yvan

Gipi est incontestablement une des révélations de 2005. Un auteur italien qui entre par la grande porte dans la BD franco-belge avec la traduction de quatre bijoux : Notes pour une histoire de guerre, Baci dalla provincia, Le local et Extérieur Nuit et qui rafle d’entrée le prix du meilleur album à Angoulême et le prix René Gosciny en prime pour ce one-shot Notes pour une histoire de guerre« .

Pour moi, dans cet album de Gipi, il y a un peu de Davodeau avec le côté humain de l’histoire et de la narration et également un peu du style de Baru et en particulier de L’autoroute du soleil, qui ajoute au côté contemporain du récit une touche d’adolescence défavorisée et caïd.

Dans cet album divisé en trois chapitres on va suivre trois adolescents dans un pays (que l’on situe dans les Balkans) en guerre. Julien, fils à papa et narrateur de l’histoire, et deux jeunes issus d’un milieu défavorisé : Stéphane alias P’tit Kalibre qui n’a pas peur de flirter avec la mort et Christian, son fidèle compagnon.

Ce que j’ai fortement apprécié dans cet album c’est que contrairement à d’autres récits relatant le destin d’adolescents dans un pays en guerre (comme Deogratias), ici on ne retrouve pas ce côté victime de la guerre. On va suivre trois adolescents qui vont se frayer une voie au milieu de cette galère et consciemment choisir le côté des profiteurs de la guerre plutôt que celui des victimes.

Tout au long des différents chapitres on va s’attacher à ces trois personnages, les voir s’affranchir, se frayer un chemin dans la guerre, mais également dans la vie. La narration est exemplaire, parsemée de rêves brouillons de Julien, pour brillamment se conclure à la fin du troisième chapitre.

Bref, une belle découverte cet auteur italien, dont le dessin nous plonge immédiatement dans la bonne ambiance et dont la narration juste nous accroche au destin de trois adolescents qui doivent tracer leur vie au milieu d’une guerre civile.

Un album que beaucoup refermeront avec un sentiment de contentement, que d’autres rouvriront afin d’essayer de déchiffrer les textes en italien dissimulés dans le dessin (entre autre dans les flammes de la maison qui brûle), mais que peu iront revendre.