Archive for the Cornélius Category

Daniel Clowes – Patience

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Cornélius, One-shots, [DL 2016], [Sans super-héros] with tags , on 14 décembre 2016 by Yvan

Amour, science-fiction et polar !

Daniel Clowes - PatienceEntre les albums de Daniel Clowes et moi, ça se termine soit en coup de cœur (lisez « David Boring » !), soit en grosse déception, au point de ne parfois pas terminer l’album. Comme j’ai non seulement terminé celui-ci, mais également bien aimé, vous avez droit à une petite chronique…

Dans ce nouveau one-shot, Daniel Clowes (Wilson, Mr Wonderful, Ice Heaven, David Boring, Le Rayon de la mort, Ghost World) invite à suivre les pas de Jack Barlow et Patience, qui attendent un heureux événement. Malgré leur manque d’argent et un petit mensonge, le couple semble néanmoins filer l’amour parfait. Cependant, un soir, en rentrant du boulot, Jack découvre le corps inanimé de Patience sur le sol du salon. Dix-sept ans après l’assassinat de sa femme enceinte, Jack n’a pas abandonné l’espoir de trouver le coupable et, lorsqu’il découvre un moyen de remonter le temps, il est bien déterminé à changer le cours des événements en empêchant le meurtre de celle qu’il n’a jamais cessé d’aimer.

Daniel Clowes livre donc une histoire d’amour mêlant polar et science-fiction. Lors de ses nombreux voyages dans le temps, Jack doit non seulement faire attention de ne pas provoquer de paradoxes temporels, mais il se retrouve surtout confronté au passé trouble de sa bien aimée. En nous présentant alternativement les points de vue de Jack et de Patience, Clowes permet d’assister à la construction du couple sous deux angles différents (voire même trois puisqu’il y a deux Jack). Comme d’habitude, l’auteur dresse également un portrait peu reluisant du genre humain en général et de l’Amérique en particulier. Patience n’a en effet pas été gâtée par la vie et les personnages croisés dans l’album constituent une belle brochette de « losers ».

Visuellement, le trait immédiatement identifiable de l’auteur saute instantanément aux yeux, ainsi que cette colorisation atypique qui vire dans les tons flashy lors des scènes du futur. Le dessin simple, réaliste et légèrement rigide de Clowes contribue à insuffler une ambiance particulière à l’ensemble. Les codes graphiques utilisés par Clowes et cette ambiance seventies prolongée au niveau des couleurs, des personnages et du découpage donnent un côté rétro/vieux comics plutôt sympathique à l’album.

Tout bon !

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top comics de l’année !

Ludovic Debeurme – Un Père Vertueux

Posted in BANDES DESSINÉES, Cornélius, Diptyques, Ludovic Debeurme, [Angoulême 2016], [DL 2015], [Sélectif] with tags , on 9 décembre 2015 by Yvan

La genèse des trois fils !

Ludovic Debeurme - Un Père VertueuxEn 2013, Ludovic Debeurme proposait un ouvrage intitulé « Trois fils », qui devait devenir le premier volet d’une trilogie narrant l’histoire de trois fils qui cherchent à se débarrasser de leur père. Puis, en 2015, surprise, car les Editions Cornélius publient un album deux fois plus épais, qui ne propose pas seulement la suite du récit, mais également le début et la fin. Si je n’étais à la base pas très fan de ce découpage en plusieurs tomes, qui forçait le lecteur à abandonner les trois adolescents en plein milieu de leur quête vengeresse sans en connaître toutes les raisons, l’auteur réussit néanmoins un beau tour de force en livrant un deuxième volet qui comble non seulement tous les vides du premier tome, mais qui peut en plus se lire indépendamment.

Servi sous forme de long flashback, « Un Père Vertueux » revient sur le passé des trois garçons avant qu’ils ne décident d’abandonner leur père sur une île déserte et permet donc de découvrir ce qui les poussent à vouloir se libérer à tout prix de leur géniteur. Ludovic Debeurme dresse d’une part le portrait d’un père autoritaire qui n’hésite pas à mutiler ses enfants pour les garder dans le droit chemin et qui trouve finalement son salut dans la religion après avoir survécu en effectuant d’étranges livraisons pour le compte de mystérieux hommes en noir. Mais il brosse surtout le portrait de trois adolescents en pleine quête identitaire, qui doivent non seulement s’intégrer dans un pays qui n’est pas le leur, malgré leur différence, mais qui connaissent également leurs premiers émois sexuels. Cette deuxième partie de diptyque permet également au lecteur de découvrir l’origine de l’aspect hybride de ces personnages dont les noms font références à des personnalités appréciées par Ludovic Debeurme. Le nom de Bird, le fils aux yeux noirs d’un oiseau, vient bien sûr du saxophoniste Charlie Parker. Celui de Twombly, le garçon aux longs bâtons de bois en guise de bras, fait référence au peintre-sculpteur américain Cy Twombly, tandis que le nom de Horn, le troisième luron qui dissimule son visage recouvert de poils sous une capuche rouge, vient de l’artiste Rebecca Horn.

Ce conte cruel qui évoque le destin de migrants fait non seulement écho à notre actualité, mais aborde également de nombreux thèmes intéressants, tels que le fanatisme religieux, l’identité, la sexualité et l’adolescence. Si l’auteur continue de réduire le texte au minimum et ne s’embarrasse toujours pas de cases afin de laisser libre cours à ses personnages et à son dessin, il ne réalise cependant plus ses planches à la gouache comme lors du tome précédent, mais opte pour des crayons de couleurs qui évoquent inévitablement le monde de l’enfance. Debeurme parvient comme d’habitude à installer une ambiance étrangement onirique dont il a le secret et qui s’avère idéale pour aborder les tourments psychologiques des différents personnages. Du grand art !

N’hésitez pas à lire du Debeurme (Le Grand Autre, Lucille et Renée) et retrouvez cet album dans mon Top BD de l’année.

 

Charles Burns – Fleur de peau

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Intégrales, [DL 2005], [Sans super-héros] with tags on 9 février 2015 by Yvan

Trois récits de Charles Burns, écrits juste avant son chef-d’œuvre !

Charles Burns - Fleur de peauCe tome regroupe trois histoires indépendantes écrites juste avant Black Hole, mais qui sont néanmoins toutes reliées. Chaque récit débute en effet là où le précédent s’est arrêté.

C’est d’ailleurs Tony, le héros de Big Baby, qui nous présente le personnage principal de la première histoire, intitulée « Une vie de chien ». Le lecteur fait ainsi la connaissance de Dog Boy, un jeune homme aimable à la recherche de l’âme sœur. Sa quête n’est cependant pas très aisée car, suite à une transplantation cardiaque, il a tendance à se comporter comme un chien. Au fil des pages, cet homme-chien qui cherche à s’intégrer malgré ses différences et à trouver l’amour, s’avère de plus en plus attachant.

« Brûle encore », la seconde histoire, s’intéresse à Bliss Blister, jeune rescapé d’un terrible incendie qui a ravagé sa demeure familiale. Suite à ce « miracle », il devient prédicateur et leader de nombreux fidèles qu’il finit par préparer à la fin du monde. Cette histoire qui m’a fait penser à l’un des rôles interprété par Christopher Chance dans le deuxième tome de « Human Target », montre les dangers d’une foi aveugle et pointe du doigt le puritanisme américain et la mercantilisassions de la religion. Notons également l’allusion faite à Black Hole, lorsque l’un des personnages évoque la peste jeune.

Une fois le plat de résistance de cet album digéré, Charles Burns s’intéresse à un couple qui bat de l’aile. « Un mariage en enfer » raconte en effet l’histoire d’une jeune épouse modèle fort attachante, qui ne parvient cependant pas à consommer son mariage et qui s’inquiète également des absences répétées de son époux.

Le lecteur retrouve donc la noirceur et l’ambiance glauque des autres œuvres de l’auteur, mais également un brin d’humour délicieusement décalé et une touche de fantastique qui contribue à la bizarrerie des récits. Puis, il y a le plaisir de retrouver ce dessin noir et blanc somptueux, qui s’installe à chaque fois immédiatement au diapason de l’atmosphère étrange qui enveloppe chaque récit imaginé par le maître.

Un album qui n’a certes pas la puissance narrative de Black Hole ou ToXic, mais que tout amateur de Charles Burns se doit de lire.

Charles Burns – Calavera

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Festival BD Angoulême, Trilogies, [Angoulême 2015], [DL 2014], [Sans super-héros] with tags , , on 25 novembre 2014 by Yvan

La conclusion du nouveau chef-d’œuvre de Burns !

Charles Burns - Calavera« Calavera » propose la conclusion de cette trilogie imaginée par l’auteur du cultissime Black Hole.

Cette nouvelle pépite signée Charles Burns est clairement influencée par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs. De la couverture du premier tome, ouvertement inspirée de « L’Étoile mystérieuse », à cette première scène de l’autre côté du miroir, visiblement tirée de l’album « Le Trésor de Rackham le rouge », en passant par ce personnage à la silhouette caractéristique, flanqué d’une houppette qui l’est tout autant et au nom d’artiste éloquent (Nit Nit, Tintin à l’envers), les références au petit protégé de Moulinsart sont légion. Pour son premier livre en couleurs, l’auteur s’approprie d’ailleurs également ce style ligne clair familier des tintinophiles, mais ne manquera pas de prendre le lecteur à contre-pied par la suite. Car, si aventure de Tintin il y a, ce sera dans la Quatrième Dimension ! Il devient en effet vite évident qu’en suivant les pas de Doug, Burns a bel et bien l’intention de nous emmener dans son monde à lui, d’évoluer vers un style visuel plus sombre et d’user de la puissance évocatrice de son dessin pour livrer des personnages plus inquiétants et d’ainsi dégager un sentiment de malaise profond au fil des planches.

« Calavera » met donc fin au trip halluciné de ce personnage qui a fini par trouver un semblant d’équilibre dans sa vie, mais qui se retrouve toujours hanté par des images du passé et par cette relation inachevée avec Sarah. Doug est donc plus âgé que lors des tomes précédents mais, malgré sa relation avec Sally, il semble tout de même avoir beaucoup de mal à passer à autre chose et à oublier certaines images traumatisantes du passé, qui viennent régulièrement perturber son sommeil. Le lecteur retrouve donc également Johnny, le double imaginaire tintinesque de Doug, qui poursuit son périple dans un univers onirique suffocant. Errant dans ce monde très étrange, il retrouve Suzy, l’une des femmes gestatrices de la Ruche qui était sur le point d’accoucher lors du volet précédent. Si les deux fils narratifs se font écho au fil des pages, ils abordent également les mêmes thèmes, dont l’angoisse de la paternité, l’avortement ou la fuite des responsabilités. Si cet univers fantasmé sert visiblement de refuge au personnage, il s’y retrouve néanmoins hanté par les mêmes images.

Construisant son récit sous forme d’ellipses, multipliant les allers-retours et proposant une narration très fragmentée, l’auteur s’amuse certes à brouiller les pistes, mais livre progressivement les clés de compréhension du récit. Passant d’un personnage alité et drogué aux souvenirs enfumés d’une relation avec une fille aux goûts artistiques glauques, sans oublier les flashs psychédéliques au sein d’un monde peuplé de créatures étranges, l’album entremêle habilement le quotidien, les rêves, les cauchemars, les fantasmes et les hallucinations de Doug. Burns prend un malin plaisir à faire disparaître les frontières entre fiction, réalité, passé et présent, comme en témoigne cette scène où Doug se voit lui-même en train d’observer une photo de Sarah ou lorsqu’il feuillette une bande dessinée des aventures de Nitnit, son alter ego tintinesque. Le lecteur appréciera également cette référence aux vieux romance comics des années 50/60, que l’auteur s’amuse à mettre en images dans le style de l’époque, et qui propose un nouvel écho à la vie de Doug. Ces différentes versions de Doug se superposent avec brio, proposant ainsi différents niveaux de lecture, tout en conservant une fluidité déconcertante.

Lors de cette conclusion, Charles Burns livre les pièces manquantes de ce puzzle narratif étonnant. D’abord déroutant, avant de devenir prenant, le récit se joue des repères spatio-temporels et permet à Burns d’aborder des thèmes qui lui sont chers, tels que l’enfantement, la prise de drogues, la filiation, le désir, les névroses , les relations amoureuses, le traumatisme de l’adolescence ou l’avortement. Arrivé au bout de cette quête identitaire de Doug, le lecteur ne peut que saluer le nouveau chef-d’œuvre de ce génie graphiste au style souvent imité mais jamais égalé.

Retrouvez d’ailleurs cet immense coup de cœur dans mon Top de l’année, ainsi que dans mon Top du mois.

Ludovic Debeurme – Trois fils

Posted in BANDES DESSINÉES, Cornélius, Ludovic Debeurme, Trilogies, [DL 2013], [Sélectif] with tags on 14 novembre 2013 by Yvan

Pourquoi vouloir tuer le père ?

Ludovic Debeurme - Trois filsGrand habitué des Editions Cornélius, Ludovic Debeurme récidive cette fois avec une histoire en trois tomes. Ce récit aux allures de conte narre la rancune de trois fils qui cherchent à se débarrasser de leur père. Pour arriver à leur fin, les trois adolescents aux airs étranges (Bird, aux yeux noirs, Twombly, aux longs bâtons de bois lui servant de bras et Horn, au visage recouvert de poils) enchaînent leur père sur une île déserte.

Au fil des pages, le lecteur va découvrir ce qui les poussent à vouloir se libérer à tout prix de leur géniteur. Pour l’occasion, Ludovic Debeurme délaisse son trait noir et blanc épuré pour baigner ce récit délicieusement sombre dans une avalanche de couleurs chatoyantes. Délaissant sa technique habituelle au profit de planches réalisées à la gouache et réduisant comme d’habitude le texte au minimum, Debeurme parvient de nouveau à installer une ambiance étrangement onirique dont il a le secret. Si le plaisir de perdre ses repères est à nouveau au rendez-vous, le rêve est malheureusement interrompu par ce découpage en trois tomes finalement assez regrettable. L’abandon abrupte de ce voyage plein de promesses vengeresses résulte donc en beaucoup de frustration… sans parler de ce supplément de seize pages que j’ai loupé étant donné qu’il est uniquement réservé aux lecteurs achetant l’ouvrage dans une librairie membre du réseau Canal BD.

À défaut de pouvoir apprécier l’ensemble de la nouvelle œuvre de cet auteur dont je suis grand fan, je me contenterai donc de cette première tranche servie sous cellophane, qui met en appétit, mais ne coupe absolument pas la faim.

Shigeru Mizuki – La vie de Mizuki

Posted in BANDES DESSINÉES, Cornélius, Manga / Manhwa, Trilogies, [DL 2012] with tags , on 9 avril 2013 by Yvan

La biographie complète de Shigeru Mizuki !

Shigeru Mizuki - La vie de MizukiComme le titre laisse présager, « La vie de Mizuki » est une oeuvre autobiographique. Si Shigeru Mizuki (Opération mort) s’est souvent mis en scène lors de ses précédents ouvrages, ceux-ci étaient chaque fois en partie romancés. A travers cette saga prévue en trois volumes le nonagénaire décide de nous raconter toute sa vie. Ce premier volet, sous-titré L’enfant, démarre à la naissance du mangaka en 1922 dans la préfecture de Tottori et se termine sur le front alors qu’il vient d’être appelé pour participer à la Seconde Guerre Mondiale.

L’auteur revient avec beaucoup d’humour et de réalisme sur son enfance passée dans la petite ville côtière de Sakaiminato avant de partager ses déboires sur le marché de l’emploi. Outre sa vie personnelle et ses relations familiales, cet album témoigne également de l’une des périodes les plus intéressantes de l’histoire du Japon. Véritable témoignage de l’histoire de l’Ère Showa (1926-1989), ce récit dépeint avec brio la société japonaise de l’époque. L’auteur, qui a perdu le bras gauche durant la Seconde Guerre mondiale et a dû apprendre à dessiner de la main droite pour pouvoir témoigner de son histoire personnelle et de celle de son pays, propose donc une oeuvre à la fois personnelle et didactique.

Cet album permet également au lecteur de retrouver la vieille NonNonbâ (découverte dans le récit éponyme, qui a d’ailleurs reçu le prix du meilleur album à Angoulême en 2007) et ses histoires de Yokaï. L’auteur recycle d’ailleurs plusieurs pages de ses œuvres précédentes, faisant ainsi le lien avec ces ouvrages romancés. Visuellement le lecteur retrouve le dessin typique de l’auteur, avec un dessin plus réaliste lors des scènes de combats.

Indispensable si vous aimez Mizuki ou si vous avez apprécié Une vie dans les marges.

Retrouvez ce manga dans mon Top de l’année !

Chester Brown – Vingt-Trois Prostituées

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Cornélius, Festival BD Angoulême, One-shots, [Angoulême 2013], [DL 2012], [Sans super-héros] with tags , , on 3 janvier 2013 by Yvan

Allez aux putes avec Chester Brown !

Chester Brown - Vingt-Trois ProstituéesRécit autobiographique de Chester Brown, « Vingt-Trois Prostituées » permet à l’auteur canadien de partager son expérience personnelle concernant le sexe tarifié, tout en livrant une sorte de pamphlet en faveur de la légalisation de la prostitution.

« Vingt-Trois Prostituées » est donc l’histoire d’un auteur de comics qui, suite à une rupture avec sa compagne, rejette toute possibilité d’amour romantique et a recours à une forme de relation plus pratique et moins compliquée pour lui. Cet album résume cette décennie de rencontres éphémères et tarifiées.

Chester Brown y relate donc son expérience personnelle en tant que client régulier en décrivant ses actes sexuels de façon crue et presque clinique, mais sans jamais devenir vulgaire. Afin de préserver l’anonymat des différentes femmes qu’il rencontre, l’auteur élimine toutes les informations qui pourraient compromettre leur identité. Ne vous attendez donc pas à retrouver la même empathie qu’envers la Jeanine de Matthias Picard, car Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolene, Yvette, Gwendolyn, Alexis, Hillary, Béatrice, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Denise, Nancy, Millie ne sont que les noms d’emprunt de ces corps sans véritable personnalité.

L’intérêt principal de cet album est le questionnement de l’auteur tout au long de ces vingt-trois rencontres payées, ainsi que l’interprétation honnête et distanciée qu’il en donne par après. De ses états d’âmes aux réactions d’amis à qui il ne cache rien, en passant par ses interrogations concernant la sécurité, les maladies, le proxénétisme, la peur d’être arrêté ou la nécessité de laisser un pourboire, ce journal propose un témoignage intéressant sur le plus vieux métier du monde, mais également un éclairage sur la vie personnelle de l’auteur.

Ce récit est non seulement drôle et cynique, mais également particulièrement sincère et courageux. Si l’honnêteté de l’auteur n’est pas à remettre en cause, ses thèses concernant le sexe tarifié ne feront par contre pas l’unanimité. Il poursuit d’ailleurs son plaidoyer pour la libéralisation de la prostitution lors d’une longue postface de près de cinquante pages. Je ne partage absolument pas son pessimisme envers le couple et l’amour, ni sa vision ultralibérale de la prostitution, où le corps se résume à un objet commercial dont chacun est libre de disposer comme bon lui semble, mais j’ai malgré tout bien aimé cet album.

Visuellement, on retrouve cette même froideur dans ce dessin noir et blanc épuré, dénué de toute émotion, ainsi que dans ce découpage simple en gaufrier de huit cases par planche.

Une album que vous retrouverez également dans mon Top du Festival d’Angoulême 2013 et que j’ajoute également dans mon bilan de 2012.

Ils en parlent également : OliV’