Archive for the Dupuis Category

Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa – L’âge d’or

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, Diptyques, Dupuis, Franco-Belge, [Accessible], [DL 2018] with tags on 12 mai 2019 by Yvan

Une aventure médiévale de toute beauté !

Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa - L’âge d’orLisant moins, voire quasi plus de bandes dessinées, j’aurais peut-être attendu de lire celle-ci si j’avais su que ce n’était pas un one-shot. Il est cependant difficile de résister à la tentation de lire un album de Cyril Pedrosa, qui a décidemment l’art de prendre beaucoup de place dans ma bibliothèque avec des pavés tels que « Les Équinoxes », « Portugal », « Trois ombres » ou ce diptyque qui devrait avoisiner les 500 pages au total.

Cette saga médiévale qui plonge le lecteur au cœur d’un royaume accablé par l’injustice et la disette débute par la mort du roi Rohan. Sa fille aînée Tilda, héritière légitime du trône, semble bien décidée à améliorer le quotidien de son peuple, mais se retrouve cependant victime d’un complot qui la condamne brusquement à l’exil. Accompagnée de deux fidèles compagnons, elle se lance dans un long périple au sein de terres où gronde un vent de révolte…

Le lecteur se laisse immédiatement porter par cette aventure qui met en scène des personnages attachants, dont une princesse en exil, bien décidée à reconquérir son royaume. Au fil des pages, le récit se retrouve également parsemé d’une légende qui semble promettre un monde de liberté et d’égalité pour tous : l’âge d’or !

Mais, ce qui rend ce voyage tout bonnement époustouflant sur plus de 200 pages, c’est à nouveau le graphisme hypnotique de Cyril Pedrosa. L’auteur démontre une nouvelle fois toute sa capacité à jouer avec les transparences, tout en proposant un jeux de lumières splendide et des planches de toute beauté, clairement inspirées de tapisseries médiévales.

Vivement la conclusion !

Thilde Barboni et Olivier Cinna – Hibakusha

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, Guerre, One-shots, [DL 2017], [Grand public] with tags , , on 24 mai 2017 by Yvan

Les traces indélébiles d’Hiroshima…

Thilde Barboni et Olivier Cinna - HibakushaCe one-shot publié dans la collection Aire Libre de chez Dupuis est tiré de la nouvelle « Hiroshima, fin de transmission » de Thilde Barboni. Adaptée sous le titre de « Hibakusha », terme japonais désignant les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, cette histoire narrant une romance au moment où le monde bascule dans l’horreur, m’a renvoyé aux bons souvenirs des romans (« Le poids des secrets ») d’Aki Shimazaki.

Situé en 1945, à l’aube de la date fatidique du 6 août, le récit invite à suivre les pas d’un interprète allemand envoyé en mission au pays du Soleil levant par le régime nazi. Sur place, il tombe éperdument amoureux d’une belle masseuse nippone, qui le soulage de ses douleurs physiques, tout en apaisant son âme et en bouleversant ses convictions. Un amour que la folie humaine scellera à jamais dans la pierre…

Entre fiction et réalité historique, cette bande dessinée nous plonge au cœur de la seconde guerre mondiale, au moment où le Japon s’apprête à vivre l’une des pages les plus sombres de son Histoire. À travers les documents confidentiels qu’il doit traduire, Ludwig comprends progressivement toutes les horreurs qui ont été commises… sans savoir que le pire reste à venir.

Malgré un ancrage historique particulièrement sombre et finalement juste effleuré, le lecteur retiendra surtout une belle histoire d’amour et un hommage vibrant aux victimes de la bombe atomique. La noirceur du fond, se retrouve ainsi balayée par la poésie et la sensibilité qui se dégage de ce récit profondément humain.

Si au niveau du scénario, la scène d’introduction n’apporte pas forcément grand-chose, excepté un brin de confusion, et que certains éléments auraient probablement mérité d’être développés un peu plus, cela ne m’a aucunement empêché d’être entièrement happé par l’ambiance du récit. Une séduction qui s’opère dès la couverture, qui est tout bonnement splendide, et qui se poursuit au fil des pages et de ce dessin sensuel qui distille une ambiance nippone dont je raffole. Particulièrement à l’aise au milieu des kimonos et des cerisiers en fleurs, Olivier Cinna (« Mr Deeds », « Ordures », « Fête des morts ») parvient à saisir la grâce, la sensualité et l’humain au milieu du chaos et de l’horreur.

Ils en parlent également : Mo’

Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti – Seuls, La Machine à Démourir (Tome 10)

Posted in BANDES DESSINÉES, Dupuis, Fabien Vehlmann, Franco-Belge, Séries, [DL 2016], [En cours], [Grand public] with tags , on 27 janvier 2017 by Yvan

Massacre à la tronçonneuse au 5ème Salon du Jouet !

Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti - Seuls, La Machine à Démourir (Tome 10)En attendant la sortie de l’adaptation cinématographique du premier cycle en février 2017, je me suis attaqué à ce dixième tome qui ouvre le troisième cycle de cette saga.

Au fil des tomes du cycle précédent, le duo Vehlmann/Gazzotti (« Des Lendemains sans Nuage ») avait dispersé les cinq héros (Camille, Leïla, Terry, Yvan et Dodji) qui errent dans les limbes en compagnie d’autres enfants décédés, développant ainsi plusieurs trames en parallèle. Ce dixième volet se concentre néanmoins surtout sur Terry, qui a trouvé refuge au sein d’un grand hangar qui abritait le 5ème Salon du Jouet. Accompagné du Maître des Couteaux, le plus jeune de la bande des cinq va tenter de construire une « machine à démourir » qui lui permettra de quitter ce Monde des Limbes et de retourner chez les vivants. L’apparition soudaine de Camille va cependant perturber son plan et plonger son compagnon dans une folie meurtrière…

En parallèle, Fabien Vehlmann laisse également entrevoir ce qu’il advient des autres enfants de la bande suite à la conclusion assez mortelle du tome précédent. Si Camille a droit à une étrange apparition aux yeux rouges, Leïla se retrouve plongée dans un sommeil sans rêve suite au coup d’arbalète du tome neuf, tandis qu’Yvan se retrouve en bord de mer dans la maison de vacances familiale suite à sa noyade. Dodji n’est pas beaucoup mieux loti puisqu’il se retrouve prisonnier du Maître Fou à Fortville.

À l’aide d’une narration impeccable, Fabien Vehlmann installe non seulement une ambiance d’angoisse et de mystère, mais il propose surtout une aventure prenante. S’il enveloppe l’ensemble d’une bonne dose d’angoisse, il parsème également son suspens de fraîcheur et d’humour… mélange qui fonctionne à merveille.

Si le cycle précédent invitait à découvrir l’organisation sociale et politique de la citée de Néo-Salem, tout en distillant quelques informations sur les « 7 familles », Fabien Vehlmann avait gardé suffisamment de matière sous la main pour nous tenir en haleine lors de ce nouveau cycle. Cette suite n’apporte à ce titre pas beaucoup de réponses, mais ne manque pas de nous tenir en haleine.

Visuellement, le dessin assez rond et légèrement caricatural de Bruno Gazzotti est d’une grande lisibilité et donc très adapté à un public plus jeune. La mise en couleur sied également très bien à ce monde peuplé d’enfants attachants à la bouille bien sympathique. Mais attention, cette série n’est pas aussi gentillette qu’elle n’en à l’air, comme en témoignent les nombreux morts, la torture infligée à Dodji ou la course poursuite à la tronçonneuse dont est victime Terry, sans même parler du fait que ces enfants errent dans les limbes.

Bon, il ne me reste plus qu’à aller voir le film avec mes enfants en attendant la sortie du onzième volet !

Frank Pé et Zidrou – Spirou vu par…, La lumière de Bornéo (Tome 10)

Posted in BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, One-shots, Zidrou, [DL 2016], [Grand public] with tags , , on 7 décembre 2016 by Yvan

Un magnifique one-shot !

Frank Pé et Zidrou - Spirou vu par…, La lumière de Bornéo (Tome 10)« La lumière de Bornéo » est déjà le dixième volet de cette série « Spirou et Fantasio – Une aventure par… », qui permet à différents dessinateurs et scénaristes de s’approprier le personnage mythique de Spirou le temps d’un album. Avec Frank Pé et Zidrou aux manettes, cette nouvelle parution s’avère donc particulièrement alléchante.

Dans cet album, le lecteur retrouve donc forcément Spirou, même si ce dernier n’est plus journaliste. N’ayant pas trop apprécié la censure de l’un de ses articles (qui critiquait certes un gros annonceur du journal), notre ami vient en effet de claquer la porte du Moustique. S’il comptait initialement se la couler douce en se mettant notamment à la peinture, quelques évènements vont néanmoins venir chambouler ses plans et sa quiétude. Il y a tout d’abord cet étrange champignon noir qui menace de devenir un fléau mondial. Il y a ensuite ces mystérieuses toiles révolutionnaires d’un peintre anonyme qui arrivent à la galerie Bernard, provocant l’admiration des foules et la convoitise des collectionneurs. Puis il y a les retrouvailles avec le dompteur Noé, qui débarque en ville avec une adolescente en pleine crise hormonale, qui s’avère être sa propre fille, mais qu’il décide de confier à Spirou afin de pouvoir se concentrer sur son nouveau spectacle.

Ce qui saute aux yeux dès les premières pages, c’est que le Spirou proposé par Frank Pé et Zidrou est beaucoup plus moderne et que l’environnement dans lequel il évolue est plus contemporain. De plus, les auteurs ont la bonne idée de ressusciter plusieurs personnages cultes, tels que le dompteur Noé ou le cheik Ibn-Mah-Zout. Sans oublier les incontournables Fantasio et Champignac ou cette petite nouvelle au caractère bien détrempé. Tous ces personnages particulièrement humains, prennent vie au sein de plusieurs intrigues parallèles, dont la principale ne manque pas de mettre en valeur la création artistique et le monde animal, le tout sublimé par la beauté du dessin de Frank Pé. Le dessinateur de « Zoo » n’a en effet plus à prouver sa capacité à donner vie aux animaux comme nul autre. Il livre donc une nouvelle fois des planches pleine d’émotion et de magie, qui en mettent plein la vue.

Le meilleur album de la série depuis l’incontournable « Le Journal d’un ingénu » d’Émile Bravo !

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top BD de l’année !

Stéphan Colman et Eric Maltaite – Choc, Les fantômes de Knightgrave (deuxième partie)

Posted in BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, Trilogies, [DL 2016], [Grand public] with tags on 1 juillet 2016 by Yvan

La genèse du pire ennemi de Tif et Tondu !

Stéphan Colman et Eric Maltaite - Choc, Les fantômes de Knightgrave (deuxième partie)Le personnage de Choc n’est pas un inconnu pour les bédéphiles de longue date. Apparu pour la première fois en 1955 dans les pages du Journal de Spirou, ce redoutable chevalier du crime qui dissimule son visage derrière un heaume est en effet le plus grand adversaire du célèbre duo Tif et Tondu. Ce mystérieux personnage créé par Will (Willy Maltaite) et Maurice Rosy a donc droit à un spin-off scénarisé par Stephan Colman et dessiné par Eric Maltaite, qui n’est autre que le fils du regretté Will.

Cette mini-série, qui a pour but de révéler les origines du chef de l’organisation criminelle « la Main Blanche », invite à côtoyer un Choc qui se remémore constamment certains passages de son enfance. Si ce jeu d’allers-retours se révélait encore très habile lors du premier volet, la surenchère de sauts temporels a plutôt tendance à perdre le lecteur lors de cette suite. Stephan Colman continue certes de relater le parcours difficile du personnage et l’origine de sa haine, mais les nombreux allers-retours entre passé (1926 et 1934-1935) et présent (1955) sont plus difficile à suivre, rendant la lecture moins agréable. De son entrée dans une bande de voyous à sa rencontre avec le Duke, en passant par l’origine du symbole de « la Main Blanche », l’auteur dresse un parcours rempli de malheurs et d’injustices et dévoile progressivement la psychologie d’un personnage finalement assez attachant malgré de nombreux actes répréhensibles.

Le ton de cette genèse sombre et violente demeure assez adulte et pourra donc surprendre les lecteurs de Tif et Tondu. Visuellement, le dessin parfaitement maîtrisé d’Eric Maltaite accompagne avec brio ce scénario qui multiplie les époques et les endroits.

Vivement le troisième volet de cette excellente saga… initialement prévue en deux tomes.

Vincent Zabus et Thomas Campi – Macaroni !

Posted in BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, One-shots, [DL 2016], [Grand public] with tags , on 1 juin 2016 by Yvan

Les racines d’un Macaroni !

Vincent Zabus et Thomas Campi - Macaroni !Ce one-shot signé Vincent Zabus et Thomas Campi invite à suivre les pas de Roméo, un jeune garçon obligé d’aller passer une semaine chez son grand-père Ottavio, à Charleroi. Etant donné qu’il connaît à peine « ce vieux chiant qui pue et qui n’a même pas la télé », ces quelques jours en compagnie de son aïeul risquent d’être particulièrement longs…

« Macaroni ! » ne fait donc pas référence aux célèbres pâtes, mais bien au surnom donné aux immigrés italiens venus travailler dans les mines belges. C’est à travers la relation, souvent silencieuse, entre ce grand-père et son petit-fils que Vincent Zabus nous raconte l’histoire de ces immigrés économiques qui rêvaient d’argent plein les poches, mais qui se sont surtout retrouvés avec du charbon plein les poumons. Si les rapports entre les deux protagonistes sont assez froids au début du récit, l’ambiance se réchauffe au fil des pages. L’auteur donne ainsi progressivement un sens aux non-dits familiaux, dévoilant au passage les racines enfouies de cet homme bougon et taiseux. Alliant sensibilité et intelligence, Vincent Zabus (Les Ombres, Les petites gens) nous parle de déracinement, de regrets, de désillusions, de renoncement, de liens familiaux et de transmission…

Visuellement, le travail de Thomas Campi (Les petites gens) est également remarquable. En utilisant une palette de tons ocres et chauds, le dessinateur d’origine italienne insuffle un bout d’Italie au sein de cette cité minière grisâtre. D’un trait fin et délicat, il croque des personnages particulièrement expressifs, dont ce grand-père au visage qui transpire le vécu et aux yeux qui débordent de regrets. En donnant vie aux fantômes du passé qui hantent le quotidien d’Ottavio, il parvient également à donner corps aux silences et au passé de ce « Nonno » terriblement attachant…

Un coup de cœur que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !

Ils en parlent également: Moka, Caro

Kris, Bertrand Galic et Javi Rey – Un Maillot pour l’Algérie

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, Kris, One-shots, [Accessible], [DL 2016] with tags , on 27 avril 2016 by Yvan

Sport et Histoire !

Kris, Bertrand Galic et Javi Rey - Un Maillot pour l'Algérie« Un Maillot pour l’Algérie » raconte l’histoire de footballeurs d’origine algérienne qui jouent pour de grandes équipes françaises, mais qui décident de fuir la France pour constituer la première équipe nationale algérienne de football.

Le récit débute par leur évasion rocambolesque du sol français la nuit du 13 au 14 avril 1958 et invite ensuite à suivre les pérégrinations de ces sportifs qui multiplient les matchs amicaux à travers le monde afin de militer pour l’indépendance de l’Algérie. En narrant l’histoire de ces hommes qui abandonnent une carrière professionnelle prometteuse par amour pour leur pays, les auteurs lèvent le voile sur cet aspect méconnu de l’Histoire. En transformant le ballon rond en outil de propagande politique, la petite histoire se met progressivement au service de la grande, faisant de ces sportifs des héros qui participent à la quête d’Independence de l’Algérie.

En s’inspirant de faits historiques et en partageant leur passion du foot, les auteurs parviennent à livrer un one-shot prenant, qui mêle habilement politique et rebondissements sportifs. L’aspect didactique se retrouve d’ailleurs renforcé par le copieux dossier qui ponctue cet album. Visuellement, le style réaliste de Javi Rey contribue à restituer les ambiances de ce long périple sportif et politique.

Un superbe album de la collection Aire Libre, qui devrait également ravir ceux qui n’aiment pas forcément le foot ou la politique…

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top BD de l’année !