Archive for the Gallimard Category

Winshluss – Dans la forêt sombre et mystérieuse

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, One-shots, Winshluss, [DL 2016], [Grand public] with tags , on 23 janvier 2017 by Yvan

Winshluss parle également aux enfants…

Winshluss - Dans la forêt sombre et mystérieuseQuand Winshluss (« In God we Trust », « Smart Monkey ») s’attaque aux contes, tous ceux qui ont lu son cultissime « Pinocchio » sont forcément aux anges. Plus surprenant est cependant que son histoire s’adresse cette fois-ci également aux enfants…

Ce lectorat plus large est donc invité à suivre les pas d’Angelo, un gosse passionné d’animaux et d’insectes, qui rêve de devenir explorateur et qui serait incapable de vivre dans un monde sans sa mémé qu’il adore tant. Un jour, la famille apprend cependant que cette dernière ne va pas bien du tout et ils décident donc de se rendre au plus vite au chevet de la grand-mère maternelle. Après un ultime arrêt-pipi en cours de route, la voiture familiale redémarre, mais en oubliant Angelo sur l’aire d’autoroute. Ne voyant pas ses parents revenir, le valeureux petit garçon décide de traverser seul la forêt sombre et mystérieuse qui lui permettra de rejoindre la ferme de sa grand-mère.

Découpé en chapitres de quelques pages, ce conte moderne narre le parcours initiatique d’Angelo au sein de cette forêt peuplée de créatures surprenantes. D’un écureuil rêvant de voler comme un oiseau à une troupe de fourmis rouges kamikazes, en passant par un ogre banquier et un sympathique géant vert, Winshluss multiplie les rencontres insolites, tout en parsemant cette aventure périlleuse d’action et d’humour.

Si le talent de conteur de l’auteur fait à nouveau merveille, il fait cette fois preuve de beaucoup plus de sagesse, rendant l’ensemble également accessible aux plus jeunes. Les références aux contes et mythes sont également nombreuses, allant d’« Alice au pays des merveilles » à « Hansel et Gretel », en passant par l’Ogre ou Mère Nature. Visuellement, son trait vif et expressif donne brillamment vie à cet univers débordant d’imagination et de couleurs.

Ils en parlent également: Caro

Néjib – Stupor Mundi

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, One-shots, [Accessible], [DL 2016] with tags , on 17 juin 2016 by Yvan

Analyse intelligente de l’obscurantisme religieux !

Néjib - Stupor MundiContraint à l’exil par l’imam de Bagdad, Le savant arabe Hannibal Qassim El Battouti trouve refuge en Italie auprès de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen. Surnommé « Stupor Mundi », ce dernier a rassemblé les plus grands scientifiques de son époque dans son château de Castel Del Monte. Accompagné de sa fille handicapée Houdê et de son serviteur masqué El Ghoul, le savant y travaille à sa caméra oscura, une invention révolutionnaire qu’il développe dans le plus grand secret…

Au fil des pages, chaque personnage révèle sa véritable nature et ses secrets. De l’origine du masque d’El Ghoul aux souvenirs enfouis d’Houdê, en passant par une flopée de personnages secondaires tous aussi intéressants les uns que les autres, Néjib soigne avec brio la psychologie de chacun de ses protagonistes.

En faisant évoluer des scientifiques à l’époque de Frédéric II, au début du XIIIe siècle, l’auteur mêle habilement science, art et religion. Entre ce héros qui veut œuvrer « pour la vérité et contre la bêtise du monde » et des religieux prêts à tout pour utiliser son invention au service de leur cause, Néjib pointe intelligemment du doigt l’obscurantisme religieux…

De plus, l’auteur fait preuve d’une narration experte, mêlant plusieurs intrigues en parallèle et délivrant les pièces de son puzzle au compte-goutte. Au fil des révélations, ses personnages prennent de l’ampleur et le suspense monte crescendo. Ajoutez à cela un dessin sobre, dépouillé et ultra-efficace et vous obtenez une petite perle que je vous conseille vivement !

Intelligent, prenant, didactique… un gros coup de cœur !

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top BD de l’année !

Ils en parlent également: Lunch

Richard McGuire – Ici

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Gallimard, One-shots, [Angoulême 2016], [DL 2015], [Sans super-héros] with tags , on 5 février 2016 by Yvan

Le temps qui passe…

Richard McGuire - Ici« Ici, maintenant » raconte l’histoire d’une pièce sur des milliers d’années. Richard McGuire nous invite donc à contempler un plan fixe durant 300 pages et s’amuse à nous montrer ce qui se déroule à l’endroit où se situe ce salon à travers le temps, des dinosaures au futur.

Cette aventure temporelle ne se limite néanmoins pas à nous montrer l’évolution du temps d’une case à l’autre comme lors d’une narration linéaire classique, mais mélange des scènes empruntées à différentes époques au sein d’une même case. Ces strates temporelles qui se chevauchent se font parfois écho, mais la plupart du temps, le seul lien qui les unit est le lieu où elles se déroulent.

Si ce récit au décor unique parvient à saisir le temps qui passe et va bien au-delà de l’histoire de ce lieu, je n’ai malheureusement pas accroché aux banalités qui s’y déroulent. Les scènes que l’auteur montre ne semblent mener nulle part et les dialogues n’ont aucune valeur narrative. Arrivé à la fin de cette œuvre, il ne reste donc rien à retenir et pour quelqu’un comme moi, qui se nourrit surtout des histoires qu’il lit et est moins sensible à l’aspect conceptuel, c’est trop peu. Les autres s’enthousiasmeront probablement en soulignant la force de cette œuvre qui démontre qu’au fil du temps tout finit par s’effacer et que nous ne sommes finalement que peu de choses…

Si j’applaudis le concept, je retiendrai malheureusement surtout les longueurs qui ont accompagné la contemplation de cet enchevêtrement de scènes d’une banalité extrême.

Ils en parlent également: Moka, Noukette, Mo’

Cédric Villani et Baudoin – Les Rêveurs Lunaires, Quatre génies qui ont changé l’Histoire

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, Guerre, One-shots, [Avancé], [DL 2015] with tags , on 20 mai 2015 by Yvan

La seconde guerre mondiale, sous un autre angle !

Cédric Villani et Baudoin - Les Rêveurs Lunaires, Quatre génies qui ont changé l'HistoireVisuellement, au premier feuilletage, cette bande dessinée m’a plutôt rebuté, mais, étant moi-même un matheux, le sujet proposé par le mathématicien français Cédric Villani m’a poussé à franchir le pas.

Le directeur de l’Institut Henri Poincaré invite en effet à suivre le parcours de quatre hommes d’exception qui ne sont pas forcément connus du grand public, mais qui ont cependant été des acteurs clés de la Seconde Guerre mondiale. Chacun a ainsi marqué l’Histoire de son empreinte et changé d’une manière ou d’une autre la face du monde.

Le premier, Werner Heisenberg, est le physicien à l’origine du « principe d’incertitude ». Fondateur de la physique quantique et pilier du programme de recherche devant amener la bombe atomique aux nazis, il multiplia les erreurs de calculs au détriment d’un programme allemand qui se fit finalement prendre de vitesse par les américains.

Le second, Alan Turing, est considéré comme le père de l’informatique. Ce mathématicien joua un rôle majeur dans le décryptage des messages codés par « Enigma », la célèbre machine qui codait les communications du IIIe Reich. S’il contribua grandement à la victoire des Alliés, il fut ensuite condamné pour son homosexualité et connu une fin tragique.

Le suivant, Léo Szilard, est l’un des membres du projet Manhattan. Ce juif hongrois à l’origine du principe de précaution est l’un des premiers à avoir compris le rôle important de l’énergie nucléaire et de la réaction en chaîne dans le dénouement de la guerre. Il milita ensuite pour un usage purement dissuasif de la bombe atomique.

Le dernier, Hugh Dowding, n’est pas un scientifique, mais le militaire britannique ayant dirigé la célèbre bataille d’Angleterre. En utilisant les avancées scientifiques au sein de l’aviation anglaise, il empêcha la victoire finale des Allemands et de leur redoutable Luftwaffe.

En racontant la Seconde Guerre mondiale à travers le destin de ces quatre personnages, Cédric Villani propose un regard différent sur cette époque aux enjeux historiques immenses. Cette approche originale permet de se concentrer sur quelques avancés scientifiques qui ont permis de modifier le cours de l’Histoire. L’auteur invite à croiser de nombreux scientifiques de renom, tels qu’Einstein, Oppenheimer, Niels Bohr ou Fermi, et se concentre bien évidemment sur les avancées scientifiques autour de l’atome, mais également sur les doutes et sur les états d’âme de ces grands scientifiques qui contribuent à construire l’arme la plus destructrice jamais imaginée.

Si, au niveau du sujet, cette bande dessinée vaut indéniablement le détour, je suis par contre plus critique concernant l’aspect visuel de la chose. Les nombreux textes de ce one-shot particulièrement bavard ont en effet tendance à surcharger les planches et ce déséquilibre m’a fortement refroidi au premier feuilletage. De plus, le trait charbonneux d’Edmond Baudoin (qui est d’ailleurs né durant cette Seconde Guerre mondiale) n’est pas franchement beau au premier coup d’œil. Pourtant, à y regarder de plus près, le dessin du septuagénaire est entièrement au service du sujet et contribue à la vulgarisation scientifique d’une matière parfois assez abstraite. L’auteur doit non seulement mettre en images le questionnement intérieur des scientifiques, mais également des explications scientifiques assez ardues. J’ai donc finalement plutôt envie de tirer sur le cahier de charges et de saluer le travail des deux auteurs…

Frederik Peeters – Aâma, Tu seras merveilleuse, ma fille (Tome 4)

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, Séries, [Accessible], [DL 2014], [Terminées] with tags on 17 novembre 2014 by Yvan

Dernier volet d’une excellente saga !

Frederik Peeters - Aâma, Tu seras merveilleuse, ma fille (Tome 4)Le quatrième tome de cette saga auréolée du prix de la meilleure série au dernier Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême permet de découvrir la fin des déboires de Verloc Nim, un héros devenu amnésique, qui s’était retrouvé perdu sur la planète Ona(ji) en compagnie d’un robot gorille prénommé Churchill. Le dernier volet de cette série de SF imaginée par Frederik Peeters (Château de sable, Koma, Les Pilules bleues, R.G., Lupus, Pachyderme) marque le retour du héros sur sa planète d’origine pour y retrouver sa fille.

Si la fin plutôt ouverte de cette saga ne ravira pas tout le monde, certains auront également du mal à digérer l’approche métaphysique de cette conclusion qui réduit l’intrigue au strict minimum. Verloc n’est en effet plus amnésique et il est également doté de pouvoirs ahurissants depuis sa fusion avec Aâma, mais cet album a uniquement pour but de le réunir avec sa fille. Excepté un affrontement avec Churchill et un faux suspense qui consiste à savoir s’il saura reprendre le contrôle d’Aâma, il n’y a donc pas grand-chose à se mettre sous la dent au niveau du scénario. Le héros bondit donc inéluctablement vers son destin, sans véritable surprise, afin de donner naissance à une nouvelle humanité.

Visuellement, l’immersion est par contre totale. Peeters continue non seulement de distiller une ambiance envoûtante, mais restitue également avec brio l’explosion des sensations qui accompagnent le dernier voyage du héros. Au niveau de la lisibilité, du rythme, du mouvement et du découpage, l’auteur livre donc à nouveau un sans faute.

Notons également l’existence d’un blog, sorte de carnet de bord de l’auteur, qui permet de visiter les coulisses de fabrication de cette saga de science-fiction.

Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !

David Petersen – Légendes de la Garde, La Hache Noire (Tome 3)

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Gallimard, Séries, [DL 2014], [En cours], [Sans super-héros] with tags , , on 24 février 2014 by Yvan

Retour sur la légende de la Hache Noire !

David Petersen – Légendes de la Garde, La Hache Noire (Tome 3)Après avoir combattu le traître Minuit lors de l’Automne 1152 et affronté le froid et les prédateurs affamés lors de l’Hiver 1152, les héros de la Garde sont relégués au second plan de ce troisième volet, qui revient sur la légende de la Hache Noire.

En attendant de livrer la suite des aventures de Lieam, Kenzie et autres membres du corps d’élite du royaume des souris, David Petersen a la bonne idée de faire un bond de quarante ans en arrière en nous narrant la quête de Celanawe. Au printemps 1115, ce dernier est envoyé par delà l’infranchissable Mer du Nord pour y récupérer cette arme mythique, dont le porteur à la lourde tâche de veiller sur la sauvegarde du peuple des souris. L’auteur propose donc une nouvelle aventure parsemée d’embûches, qui lève le voile sur l’origine de cette légende dont le nom désigne aussi bien son porteur que l’arme elle-même.

Même s’il tombe à point nommé, ce retour en arrière peut éventuellement se lire indépendamment des deux tomes précédent et est de toute façon l’occasion rêvée de replonger dans cet univers d’heroic-fantasy médiéval transposé dans un monde animal d’une grande rudesse. Au fil des tomes l’auteur prend plaisir à enrichir ce royaume original et envoûtant, où il excelle à mettre en avant la bravoure des Gardes.

Si les deux tomes précédents avaient permis de faire la connaissance des différents membres de la Garde, tout en peaufinant progressivement la personnalité de ces souris aux caractères bien distincts, celui-ci se concentre sur les exploits de Celanawe, tout en livrant des personnages secondaires d’une épaisseur touchante. L’héroïsme est certes à nouveau au rendez-vous, mais le soin apporté à la construction des personnages insuffle beaucoup d’humanité à cette fantasy animalière.

Outre la qualité des personnages et de cet univers accrocheur, il faut également souligner ce graphisme somptueux qui distille une ambiance « coin du feu » propice à cette épopée médiévale. Un style à grandes cases proche du conte pour enfants et un découpage aéré d’une efficacité extrême. Mais malgré cet aspect ‘jeunesse’, la rudesse de l’environnement et les destins parfois tragiques des protagonistes, ne font pas vraiment de cette série une saga pour enfants. La narration experte de David Petersen repose d’ailleurs volontiers sur la puissance évocatrice de son dessin, qui se place au diapason de ces superbes contes pour grands enfants.

Une saga indispensable pour petits et grands !

Retrouvez d’’ailleurs cet album dans mon Top de l’année !

Jacques Ferrandez – L’étranger (d’Albert Camus)

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, One-shots, [Accessible], [Angoulême 2014], [DL 2013] with tags , on 13 décembre 2013 by Yvan

L’insensibilité est un crime…

Jacques Ferrandez - L'étrangerAprès avoir adapté l’Hôte, une nouvelle tirée de L’Exil et le Royaume, Jacques Ferrandez s’attaque à une œuvre encore plus célèbre d’Albert Camus : L’Etranger.

Le récit tourne autour d’un personnage pour le moins singulier, auquel il est initialement difficile de s’attacher. Meursault est en effet un jeune homme assez déroutant, qui aborde les évènement de manière trop distante et sans aucune émotion. L’histoire débute lorsqu’il apprend le décès de sa mère, mais il ne pleure pas à l’enterrement et au lieu de porter le deuil, il va se baigner à la plage, rencontre une femme et l’emmène voir un film de Fernandel au cinéma. Plus tard, lorsqu’il est arrêté pour avoir commis un meurtre, la société le jugera surtout pour ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère et non pour son véritable crime. L’insensibilité de cet « étranger par rapport à la société où il vit » ne facilite certes pas l’empathie envers le personnage, mais permet à l’auteur de mettre brillamment en scène l’absurde.

Visuellement, les aquarelles restituent à merveille cette Algérie de l’entre-deux-guerres que l’auteur affectionne tant. En dessinant le magasin de chaussures Roig de ses grands-parents, Jacques Ferrandez glisse même un clin d’œil familial au sein de cette Algérie natale dont il retranscrit parfaitement l’ambiance caniculaire. Des paysages ensoleillés à l’atmosphère plus sombre, mais toujours aussi étouffante, de cette cellule de prison, il livre donc également un sans faute au niveau visuel.

Retrouvez cet album dans mon Top du Festival d’Angoulême 2014.

Ils en parlent également : Noukette, Jérôme