Archive for the Ki-oon Category

Yuki Urushibara – Underwater, Le village immergé

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Ki-oon, Manga, Manga / Manhwa, [DL 2016] with tags on 19 février 2016 by Yvan

Une « zenitude » digne de Taniguchi !

Yuki Urushibara - Underwater, Le village immergéCe diptyque imaginé par Yuki Urushibara (Mushishi) invite à suivre les pas de Chimani, une jeune fille qui fait de drôles de rêves. Tout a débuté là fois où elle s’est évanouie en plein cours d’athlétisme. Alors qu’elle venait de perdre connaissance, elle s’était subitement retrouvée sur les berges d’une rivière au bord d’un village immergé. Depuis, chaque fois qu’elle s’endort ou qu’elle somnole, elle retourne toujours dans ce même village, totalement déserté, à l’exception d’un jeune garçon de son âge prénommé Sumio et de son grand-père Tatsumi. Si ces voyages oniriques répétés paraissent initialement étranges, le village et ses deux habitants lui semblent de plus en plus familier…

Au fil des allers-retours entre le monde réel et le monde onirique, le lecteur découvre plusieurs tranches de vie. Il y a d’une part l’histoire de ce vieil homme et de son petit-fils, puis d’autre part, les absences répétées de Chinami qui inquiètent bien entendu sa mère et sa grand-mère, tout en réveillant de douloureux souvenirs chez ces deux dernières. Progressivement, les différents destins finissent pas se croiser, au-delà du songe et des époques, dissipant petit à petit les frontières entre le réel et l’imaginaire. Si l’auteure narre une histoire familiale sur plusieurs générations, elle dévoile également l’histoire de ce petit village, qui fait office de fil rouge à travers le temps.

Mêlant souvenirs, mystères et légendes, Yuki Urushibara livre un récit poétique, émouvant et foncièrement humain. Graphiquement, les dessins dégagent une sorte de « zenitude » qui incite le lecteur à se laisser immerger dans cet univers onirique. L’omniprésence de l’eau apporte beaucoup de quiétude à cette histoire très contemplative, qui prend le temps de développer son intrigue tout en installant une ambiance apaisante. De plus, le grand format de cette collection « Latitudes » permet au lecteur d’encore mieux apprécier ces planches tout à fait somptueuses.

Encore une petite pépite dénichée par les éditions Ki-oon et que vous pouvez retrouver dans mon Top manga de l’année !

Hiroya Oku – Last Hero Inuyashiki (Tome 1)

Posted in BANDES DESSINÉES, Ki-oon, Manga / Manhwa, Séries, [DL 2015], [En cours] with tags on 21 janvier 2016 by Yvan

Un vieux paumé qui se transforme en super-héros !

Hiroya Oku - Last Hero Inuyashiki (Tome 1)« Last Hero Inuyashiki » est la nouvelle saga de l’auteur de « Gantz », proposée par les éditions Ki-oon.

Le récit invite à faire la connaissance d’Ichiro Inuyashiki, un employé de bureau de cinquante-huit ans au quotidien monotone et déprimant. Son job ne lui permet pas de rouler sur l’or et sa famille ne lui permet pas non plus de vivre dans le bonheur. Sa femme et ses enfants ne le respectent pas, voire l’ignorent carrément, et pour couronner le tout, son médecin lui diagnostique un cancer foudroyant qui le condamne à une mort certaine endéans les trois mois. Puis, un soir, alors qu’il promène son chien dans un parc, une lumière vive l’éblouit et le transforme…

Une histoire qui invite à découvrir la genèse d’un héros qui se découvre de nouveaux pouvoirs n’a rien de vraiment neuf, sauf que le personnage principal n’est pas un jeune, mais un vieux. On se retrouve donc avec le même genre de décalage que dans la série télé « Breaking Bad » et cela fonctionne à merveille. Le scénario qui lorgne inévitablement vers la science-fiction lors de la fusion de cet homme avec une machine extra-terrestre, livre également une critique sociale envers une société nippone qui méprise les plus faibles. Heureusement, ces derniers seront dorénavant protégés par ce nouvel héros qui compte bel et bien mettre ses nouvelles capacités au service du bien.

Outre l’empathie que le lecteur finit inévitablement par éprouver pour ce pauvre petit vieux à qui la vie ne sourit vraiment pas et qui utilise cette seconde chance pour servir les autres, il y a également l’intérêt suscité par cet autre personnage, beaucoup plus jeune, qui a également acquis les mêmes pouvoirs lors de l’accident dans le parc, mais dont on ne sait pas encore quel usage il en fera…

Puis, visuellement, le travail d’Hiroya Oku est également remarquable. Les planches qu’il dessine à l’aide d’une modélisation 3D sont d’un grand réalisme et la mécanique des super-héros cyborgs est impressionnante.

Bref, un début de série particulièrement prometteur et un manga que vous pouvez retrouver dans mon Top manga de l’année !

Takashi Murakami – L’oiseau bleu

Posted in BANDES DESSINÉES, Ki-oon, Maladie, Manga / Manhwa, One-shots, [DL 2015] with tags , on 11 janvier 2016 by Yvan

Lorsque le destin nous arrache des proches !

Takashi Murakami - L’oiseau bleuAprès « Le chien gardien d’étoiles » aux éditions Sarbacane, Takashi Murakami revient avec un nouveau one-shot riche en émotions, proposé au sein de la collection Latitudes des éditions Ki-oon.

Le récit débute par un pique-nique en famille qui vire au drame lors du voyage retour. La voiture sort en effet de la route, abandonnant la maman avec un mari plongé dans le coma et un fils décédé. Le grand-père paternel vit également très mal la perte de son petit-fils et s’enfonce de plus en plus dans sa maladie d’Alzheimer…

Tout en douceur, Takashi Murakami livre trois tranches de vie bouleversantes, marquées par le deuil. Il y a tout d’abord Yuki, qui a non seulement perdu son fils, mais qui doit aussi s’occuper d’un mari prisonnier d’un coma. Il y a ensuite ce grand-père qui, face à la mort de son petit-fils, préfère s’enfoncer dans le brouillard de sa maladie, imposant ainsi à sa femme la lourde tâche de s’occuper de lui. Puis il y a ce plongeon dans le temps, qui remonte à l’époque où le grand-père travaillait en tant que jeune ouvrier dans une aciérie, et où un terrible accident avait abandonné un enfant orphelin…

Au fil des chapitres, les différents récits se rejoignent et l’histoire gagne en profondeur et en intensité dramatique. L’auteur invite à réfléchir sur la difficulté de se séparer d’un être cher, que ce soit à cause d’un décès ou à cause d’une maladie dégénérative. Abordant des thèmes difficiles tels que le deuil, la maladie et la vieillesse, l’auteur livre un récit plein d’humanité et porteur d’une lueur d’espoir malgré des sujets pourtant très tristes. Il profite également de l’occasion pour pointer du doigt le système médical nippon, qui ne sait pas quoi faire des patients plongés dans un état végétatif et qui n’offre pas le soutient nécessaire aux proches de personnes atteintes de maladies dégénératives.

Visuellement, le dessin sert parfaitement ce scénario riche en émotions et le lecteur à même droit à plusieurs pages en couleurs.

Un one-shot poignant qui aborde des sujets difficiles.

Eiji Otsuka et Kamui Fujiwara – Unlucky Young Men

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Ki-oon, Manga / Manhwa, [Angoulême 2016], [DL 2015] with tags , on 13 novembre 2015 by Yvan

La révolution nippone de 68 !

Eiji Otsuka et Kamui Fujiwara - Unlucky Young MenEtant assez fan des séries courtes éditées par les éditions Ki-oon (Prophecy, Duds Hunt, Goggles, Green Blood, Manhole) et ayant apprécié le travail d’ Eiji Otsuka sur « M.P.D. Psycho », je n’ai pas longtemps hésité à me procurer cette saga imaginée par Eiji Otsuka et dessinée par Kamui Fujiwara.

« Unlucky Young Men » plonge le lecteur dans le Japon de la fin des années 60 et invite à suivre une jeunesse désabusée, qui a de plus en plus souvent recours à la violence pour marquer son désaccord. Dans le Tokyo de 1968, les révoltes estudiantines et les actes terroristes ont en effet tendance à se multiplier et c’est dans cette société en pleine mutation, qui se remet à peine de la Seconde Guerre Mondiale, que les jeunes rêvent de liberté, de richesse et des États-Unis… comme N., le personnage principal.

C’est dans cette ambiance tendue que les auteurs déroulent des tranches de vie qui s’entremêlent au fil des pages. Eiji Otsuka s’est d’ailleurs inspiré de personnes réelles pour ses personnages principaux. T. n’est autre que Takeshi Kitano, le célèbre cinéaste, N. est le tueur en série Norio Nagayama, Yoko est la révolutionnaire communiste et présidente de l’Armée Rouge Unie Hiroko Nagata, tandis que M. n’est autre que l’écrivain Yukio Mishima. Eiji Otsuka se sert habilement de ses personnages afin de livrer une chronique sociale sur fond historique. En intégrant un vol de 330 millions de yens, commis le 10 décembre 1968, à son intrigue, l’auteur flirte également avec le polar et livre un premier volet surprenant et d’une grande richesse.

Si j’aurais aimé quelques explications supplémentaires (sous forme de bonus) concernant le contexte historique et les personnages dont les auteurs s’inspirent, afin de mieux apprécier la richesse du scénario, j’ai par contre été totalement séduit par le graphisme de Kamui Fujiwara. À l’aide d’un style très réaliste, le mangaka distille une ambiance sombre et pessimiste qui colle à merveille au scénario.

Une belle surprise !

Tetsuya Tsutsui – Poison City

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Ki-oon, Manga / Manhwa, Tetsuya Tsutsui, [DL 2015] with tags on 2 avril 2015 by Yvan

Un pamphlet contre la censure !

Tetsuya Tsutsui - Poison CityLorsque Tetsuya Tsutsui publie une nouvelle saga, il est difficile de résister car ses séries sont toujours excellentes et se terminent généralement en quelques tomes. Après Manhole, Duds Hunt, Reset et Prophecy, je me suis donc attaqué au premier volet de ce diptyque qui permet surtout à l’auteur de régler ses comptes avec la censure. Le premier tome de Manhole a en effet été censuré dans le département de Nagasaki sous prétexte qu’il est susceptible d’inciter des pulsions meurtrières chez les jeunes.

Poison City se déroule à Tokyo en 2019, à un moment où le Pays du Soleil Levant fait tout pour donner une bonne image du pays à l’aube des Jeux Olympiques de 2020. Une commission gouvernementale chargée d’évaluer les ouvrages au contenu inapproprié a ainsi été mise sur place. C’est dans ce contexte de puritanisme extrême que l’auteur invite à suivre les pas d’un jeune mangaka qui se bat pour faire publier un manga horrifique intitulé « Dark Walker ».

Tetsuya Tsutsui invite non seulement à suivre le quotidien de ce garçon qui doit constamment dénaturer son histoire afin de survivre à la censure, mais il nous impose également (dès la couverture !) l’histoire sans véritable intérêt imaginée par le jeune homme. On a donc d’une part la découverte des coulisses du monde de l’édition, mais là, je conseillerais plutôt la lecture de la saga Bakuman, et de l’autre des planches d’une histoire inintéressante au possible, intercalées au quotidien de Mikio Hibino. Au final, il ne reste donc la position de Tetsuya Tsutsui sur la liberté d’expression.

Le mangaka se base donc sur son expérience personnelle pour partager son point de vue et sa colère sur ce thème central. Du point de vue des auteurs à celui des éditeurs, en passant par le fameux code qui a jadis réglementé le contenu des comics aux États-Unis suite à un ouvrage publié par le psychiatre Frederic Wertham, Tetsuya Tsutsui tente certes de livrer un tour d’horizon complet, mais cela reste surtout un pamphlet destiné à régler ses comptes vis-à-vis de la censure dont il fût lui-même victime.

Un avis très mitigé donc !

Masasumi Kakizaki – Green blood (Tome 3)

Posted in BANDES DESSINÉES, Ki-oon, Manga / Manhwa, Séries, [DL 2014], [En cours] with tags on 23 janvier 2014 by Yvan

Les origines de la vengeance !

Masasumi Kakizaki - Green blood (Tome 3)Cette saga prévue en cinq tomes invite à suivre les pas de deux frères que tout oppose. Brad est un assassin à la solde du gang des Grave Diggers, qui tue des gens pour seulement 10 dollar. Luke est un bon samaritain qui gagne sa croûte en travaillant et qui ignorait tout des activités de son frère aîné jusqu’à présent. À travers la quête vengeresse de ces deux frères, Masasumi Kakizaki (Hideout, « Rainbow ») plonge le lecteur dans un univers qui mêle les codes du western avec une histoire de guerre de gangs dans le New York de 1865.

L’histoire se déroule dans le bidonville de Five Points juste après la guerre civile. Dans cette zone de non-droit où de nombreux immigrants venus chercher prospérité aux Etats-Unis tentent de survivre au milieu de gangs qui y font régner la terreur, la tension est à son comble. Suite aux actions de Brad, alias le Grim Reaper, un combat jusqu’à la mort s’est engagé entre Les Grave Diggers et les Iron Butterflies, les deux gangs qui se disputent le contrôle de ce quartier de l’île de Manhattan à New York. L’arrivée d’Edward King et de sa machine de guerre infernale en fin de tome précédent ne fait que jeter de l’huile sur le feu.

Si l’ancrage historique, marqué ici par l’émergence des chemins de fer, continue de séduire, le récit repose cependant un peu trop sur les poncifs du genre, avec un héros légèrement trop résistant aux balles. Néanmoins, malgré un scénario un peu simpliste et parfois trop prévisible, l’auteur parvient à dépeindre un environnement d’une noirceur addictive et livre des personnages aussi charismatiques qu’attachants, qui contribuent à plonger cette série dans une ambiance sombre et malsaine.. Il y a bien évidemment Luke, qui découvre toute la vérité sur les activités de son frère, voit du coup son monde s’effondrer et finit même par embrasser la quête vengeresse de son frère. Mais il y a aussi Gene McDowell, le boss des Grave Diggers, qui laisse entrevoir un aspect assez inattendu de sa personnalité.

Si l’auteur relance l’intrigue familiale développée en toile de fond depuis le début de cette saga en levant le voile sur le passé d’Edward King, l’attrait principal de Green Blood demeure l’ambiance immersive installée par l’auteur. À l’aide d’un trait réaliste, Masasumi Kakizaki propose des décors très fouillés et des personnages aux trognes effrayantes, tout en retranscrivant avec brio l’ambiance de l’époque. L’auteur restitue à merveille l’ambiance malsaine, glauque et violente de ce quartier de Manhattan et distille ses doubles planches cinématographiques avec grande efficacité.

Un bon tome qui invite à poursuivre la quête vengeresse des deux frères en dehors de Five Points.

Un manga que vous retrouverez dans mon Top de l’année !

Masasumi Kakizaki – Green blood (Tome 2)

Posted in BANDES DESSINÉES, Ki-oon, Manga / Manhwa, Séries, [DL 2013], [En cours] with tags on 9 janvier 2014 by Yvan

Duel à Five Points !

Masasumi Kakizaki - Green blood (Tome 2)Après un premier tome très prometteur, Masasumi Kakizaki (Hideout, Rainbow) propose la suite de cette saga prévue en cinq tomes.

Le premier volet invitait à suivre les pas de deux frères que tout oppose. Brad est un assassin à la solde du gang des Grave Diggers, qui tue des gens pour seulement 10 dollar. Luke est un bon samaritain qui gagne sa croûte en travaillant et qui ignore tout des activités de son frère aîné. Plongé dans un univers qui mêle les codes du western avec une histoire de guerre de gangs dans le New York de 1865, le lecteur retrouve donc avec grand plaisir le bidonville de Five Points juste après la guerre civile. Dans cette zone de non-droit où de nombreux immigrants venus chercher prospérité aux Etats-Unis tentent de survivre au milieu de gangs qui y font régner la terreur, la tension est à son comble. Le tome précédent avait en effet abandonné Brad, alias le Grim Reaper, dans une position qui lui permettait de mettre fin aux jours de Kip McDowell, le fils de son patron. Un choix cornélien qui risque d’influencer l’avenir de sa famille et de mettre à mal l’équilibre fragile entre Les Grave Diggers et les Iron Butterflies, les deux gangs qui se disputent le contrôle de ce quartier de l’île de Manhattan à New York.

Si l’auteur dépeint un environnement violent et sans espoir, où vols, prostitutions et meurtres fleurissent, il livre également des personnages aussi charismatiques qu’amoraux. Du héros violent aux flics corrompus, en passant par le fils psychopathe d’un chef mafieux, les personnages contribuent à plonger cette série dans une ambiance sombre et malsaine. En proposant un duel sanglant entre le Grim Reaper et Raymond Filztgerald, le numéro deux des Iron Butterflies, ce deuxième tome joue pleinement la carte de l’action. Si cet affrontement entre les deux redoutables tueurs renforce encore l’ambiance western de l’ensemble, l’histoire semble par contre un peu stagner. L’arrivée d’un nouveau protagoniste en fin de tome promet cependant de relancer l’intrigue familiale développée en toile de fond depuis le début de cette saga.

Visuellement, le travail de Masasumi Kakizaki est impressionnant. À l’aide d’un trait réaliste, il propose des décors très fouillés et des personnages aux trognes effrayantes, tout en retranscrivant avec brio l’ambiance de l’époque. L’auteur restitue à merveille l’ambiance malsaine, glauque et violente de ce quartier de Manhattan et distille ses doubles planches cinématographiques avec grande efficacité.

Un manga que vous retrouverez dans mon Top de l’année !