Archive for the Rue de Sèvres Category

Neyef – Hoka hey!

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [Accessible] with tags , on 18 janvier 2023 by Yvan

Un western initiatique de toute beauté !

Neyef - Hoka hey!Ne lisant dorénavant plus qu’une bande dessinée par an, je me dois de la choisir avec grand soin. Après l’excellent « Goldorak » de l’année dernière, j’ai cette fois fait confiance à l’excellent Label 619 et à Neyef, auteur qui m’avait déjà séduit lors de deux tomes de la série Doggybags (Tome 3 et Tome 5) et qui était également aux manettes de l’excellent hors-série « South Central Stories ».

En empruntant le cri de guerre des Indiens Lakotas, rendu célèbre par l’emblématique Crazy Horse, le titre de cette bande dessinée nous emmène immédiatement au Far West… de quoi ravir l’amateur de westerns que je suis.

« Hoka hey! » invite à suivre la quête vengeresse de Little Knife et No moon, deux Indiens accompagnés d’un Irlandais nommé Sully. Lorsque le trio infernal croise la route de Georges, un jeune Lakota élevé dans une réserve indienne par le pasteur Clemente, ils sont subitement confronté à un dilemme cornélien: éliminer ce témoin gênant ou l’emmener avec eux… au risque de se voir ralentis alors qu’ils ont un chasseur de primes collé à leurs basques ?

« Hoka hey! » c’est avant tout un superbe objet, un grand format au dos toilé comme « Shangri-La », comprenant plus de 200 pages. Un choix qui permet de proposer un graphisme très aéré, parsemé de grandes cases panoramiques qui restituent à merveille les grands espaces de l’Ouest sauvage et qui permettent une approche visuelle très cinématographique, qui sied particulièrement bien au genre. Alternant des passages plus contemplatifs, de toute beauté, avec des scènes plus dynamiques et violentes, dignes de Tarantino, Neyef allie avec grand brio esthétisme et rythme, invitant le lecteur à admirer les paysages tout en le plongeant dans la violence inévitable du Far West.

« Hoka hey! » c’est également un western initiatique qui permet d’aborder des thèmes qui demeurent malheureusement d’actualité, tels que les origines, la culture, les traditions, le racisme ou notre rapport à la nature. Une quête identitaire emmenée par des personnages hauts en couleur auxquels le lecteur s’attache très vite. En pointant du doigt le sort réservé à ces autochtones parqués dans des réserves et à ce gamin dont on tente d’effacer les origines à coups de citations bibliques, Neyef invite à respecter les racines des gens afin de ne pas nourrir des sentiments de vengeance et de haine qui ne mènent à rien de bon.

Un coup de cœur alliant violence et émotions !

Hoka Hey !, Neyef, Label 619, 226 p., 22,90€

Elles/ils en parlent également : Matatoune, Nico, Nathalie

Tiburce Oger – Ma guerre, De la Rochelle à Dachau

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Guerre, One-shots, Rue de Sèvres, [DL 2017], [Grand public] with tags , , on 1 mai 2017 by Yvan

Hommage à un héros de guerre !

Tiburce Oger - Ma guerre, De la Rochelle à Dachau« Ma guerre » n’est en fait pas celle de Tiburce Oger, mais celle de son grand-père maternel, Guy Pierre Gauthier, résistant, prisonnier sous le régime de Vichy et survivant de l’enfer des camps de Dachau durant la seconde guerre mondiale, dont il nous raconte l’histoire.

Cette biographie débute le 8 mai 2015 à La Roche-Sur-Yon, où Guy-Pierre Gautier reçoit la Légion d’Honneur. Lors de cette cérémonie pluvieuse, l’homme se souvient de ses cinq années passées sous l’occupation allemande, 70 ans plus tôt. Il y a d’abord la Résistance, allant de la distribution de tracts jusqu’au sabotage de voies ferrées et la destruction de stocks de munitions. Il y a ensuite son arrestation, les séances de torture, l’emprisonnement et la mutinerie au sein de la prison d’Eysses, où la plupart des résistants capturés sont détenus. Lorsqu’il est embarqué dans des wagons à bestiaux pour un voyage vers le camp de concentration de Dachau le pire reste cependant à venir…

La première partie, narrant les années avant Dachau, est malheureusement un peu brouillonne et survolée un peu trop rapidement sans donner l’occasion au lecteur de s’attacher aux personnages ou de s’installer dans l’histoire. Après son arrestation, le récit gagne en clarté et même si les horreurs des camps ont déjà souvent été relatées et sont donc bien connues, elles ne peuvent laisser indifférent et se doivent d’être régulièrement rappelées. La partie la plus intéressante (et originale) du récit est que l’auteur ne se contente pas de décrire les passages les plus douloureux, mais également les petites lueurs d’espoir et d’humanité, allant du courage à la solidarité, en passant par un groupe de déportés slovènes qui viennent chanter pour célébrer Noël.

Visuellement, le talent de Tiburce Oger (« Canoë Bay », « Buffalo Runner », « Gorn », « La Piste des Ombres ») n’est plus à démontrer. Mettre les terribles épreuves vécues par son aïeul ne doit pas être évident, mais il s’en sort avec brio en dressant le portrait d’hommes aux corps décharnés et meurtris par les privations, le froid et les maltraitances, le tout dans un décor crasseux et humide qu’il restitue avec maîtrise, notamment grâce à une colorisation adéquate.

À l’instar des incontournables « Maus », « Yossel » et « Moi, René Tardi, prisonnier de guerre, stalag II B », « Ma guerre » ajoute un témoignage à ce devoir de mémoire indispensable… afin de ne jamais oublier les horreurs de la seconde guerre mondiale.

Ils en parlent également : Yaneck

Zep – Un bruit étrange et beau

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [Accessible], [DL 2016] with tags on 4 janvier 2017 by Yvan

Quête existentielle et réflexion philosophique !

Zep - Un bruit étrange et beau« Un bruit étrange et beau » invite à suivre les pas de Don Marcus, alias William, un moine chartreux qui vit reclus dans un monastère depuis vingt-cinq ans. Alors qu’il mène une vie d’ascète, de solitude, d’obéissance, de chasteté et de silence, il se voit subitement contraint de quitter le monastère afin d’être physiquement présent lors de la lecture du testament de sa tante. Afin de respecter ses dernières volontés, il prend le train et se prépare à affronter ce monde extérieur qu’il a pourtant fui depuis si longtemps…

Dans la même veine réaliste qu’ « Une Histoire d’Hommes », mais beaucoup plus abouti, ce nouveau one-shot édité par « Rue de Sèvres » propose une quête existentielle sur fond de réflexion philosophique. Ce retour à la vraie vie est non seulement l’occasion pour William de faire de nouvelles rencontres, dont celle de Méry, une jeune femme condamnée par la maladie, mais fait également remonter à la surface des souvenirs dont il s’était débarrassé en devenant Don Marcus.

Le rythme de ce récit qui invite à la réflexion est assez lent et dépourvu de tout texte superflu. Le voyage de William se veut en effet très contemplatif et la narration en voix-off semble vouloir respecter au maximum le vœu de silence de Marcus. L’élégance et la sobriété du dessin de Zep, conjugué à la douceur de cette bichromie aux tons pastels, épouse à merveille la zénitude du scénario, tout en brossant plusieurs portraits foncièrement attachants.

Un très bon one-shot que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !

Matz et Léonard Chemineau – Julio Popper

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [Accessible], [DL 2015] with tags , , on 18 juillet 2016 by Yvan

La conquête de la Patagonie par un aventurier méconnu !

Matz et Léonard Chemineau - Julio PopperCe one-shot signé Matz (Balles Perdues, Du plomb dans la tête, Le Tueur) et Léonard Chemineau (Les Amis de Pancho Villa) s’attaque à la biographie d’un authentique aventurier qui s’est emparé de la pointe sud de l’Argentine après avoir parcouru le monde de long en large.

C’est en 1886, au milieu de nombreux chercheurs d’or venu faire fortune en Patagonie que l’auteur choisit de nous raconter l’histoire de cet homme pas comme les autres qui, malgré son jeune âge, va faire de la Terre de Feu son royaume. Matz revient également, mais peut-être un peu trop brièvement, sur le parcours antérieur de cet ingénieur diplômé à l’École nationale des Ponts et Chaussées, né à Bucarest sous le nom de Iuliu et ayant roulé sa bosse aux quatre coins de la planète avant de s’installer en Patagonie.

Je ne connaissais pas l’histoire de cet homme dont Matz dévoile progressivement la personnalité. Si Julio Popper est charismatique et ambitieux, le lecteur a néanmoins du mal à s’attacher à cet explorateur qui est prêt à tout pour réaliser ses idées et qui finit par battre sa propre monnaie et créer des timbres à son effigie, avant de mourir très jeune dans des circonstances encore inexpliquées.

Graphiquement, Léonard Chemineau livre une nouvelle fois de l’excellent boulot, que ce soit au niveau des personnages ou au niveau des paysages sauvages, mais de toute beauté. Et je suis à nouveau assez fan de la colorisation.

Walter Hill, Matz et Jef – Corps et âme

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [DL 2016], [Grand public] with tags , on 1 avril 2016 by Yvan

Polar classique au twist déstabilisant !

Walter Hill, Matz et Jef - Corps et âmeAprès « Balles perdues », un polar qui emmenait le lecteur dans une chasse à l’homme de Chicago à Los Angeles, Walter Hill (réalisateur de 48 heures, producteur d’Alien, …), Matz et Jef proposent un nouveau one-shot édité par les Editions Rue de Sèvres.

Ce thriller invite à suivre les pas de Frank Kitchen, un redoutable tueur à gages. L’homme, froid et sans états d’âme, mène ses missions à bien avec un professionnalisme extrême. Pourtant, lors de son dernier contrat, Frank tombe dans un traquenard dont il ressortira certes vivant, mais totalement transformé… corps et âme !

Le trio de « Balles perdues » plonge à nouveau le lecteur dans un polar sombre à l’atmosphère poisseuse et glauque à souhait. Cette histoire de vengeance qui se déroule dans les bas fonds de la ville (hôtels miteux, bars mal famés, …) est narrée en voix-off afin de pénétrer au plus profond de la psychologie de ce personnage qui perd subitement tous ses repères, mais pas son art d’ôter la vie à autrui…

Visuellement, le dessin réaliste et très photographique de Jef livre une galerie de personnages aux visages expressifs, tout en plantant un décor qui installe immédiatement l’ambiance de ce polar oppressant. Dès cette première page qui propose un plan serré sur une paire d’yeux à la force incroyable, le lecteur comprend qu’il aura droit à un polar au découpage très cinématographique, brillamment mis en images.

Notons d’ailleurs qu’une adaptation cinématographique est prévue pour 2017 avec Sigourney Weaver et Michelle Rodriguez au générique et Walter Hill aux commandes…

Un one-shot que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !

Alex Alice – Le Château des étoiles, 1869 : La conquête de l’espace (Tome 2)

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Franco-Belge, Rue de Sèvres, Séries, [DL 2015], [En cours], [Grand public] with tags , , on 16 octobre 2015 by Yvan

La face cachée de la lune !

Alex Alice - Le Château des étoiles, 1869 : La conquête de l'espace (Tome 2)Ce second volet propose la suite et fin de cette première aventure en deux tomes, qui invite à suivre le jeune Séraphin, qui rêve de voyager dans l’espace après que sa mère ait prouvé l’existence de l’éther. La version cartonnée de ce récit feuilletonesque reprend les épisodes #4 à #6 de la pré-publication en grand format, sous forme de journal. Dès la couverture, ce nouveau volet sent à nouveau bon les aventures de Jules Verne…

Le lecteur retrouve immédiatement les personnages qu’il avait abandonnés sur le Rocher du Cygne en Bavière. Nos amis y avaient en effet embarqué à bord de l’éthernef afin d’échapper au chambellan Hagen von Gudden, l’espion à la solde de la Prusse du redoutable Bismarck. Le voyage n’est cependant pas de tout repos pour Séraphin, son père le professeur Dulac, le Roi Ludwig, Hans et Sophie, car quelqu’un a subtilisé le variateur électro-éthérique… provoquant ainsi une réaction en chaîne qui propulse l’engin dans l’espace…

En partant de l’hypothèse de l’existence de l’éther et en ancrant son récit en 1869 dans une Prusse Bismarck qui cherche bien évidemment à exploiter cette précieuse énergie, Alex Alice livre un album à l’ambiance légèrement steampunk, qui mêle aventure, espionnage, conspiration, avancée technologique et suspense. Si le premier volet présentait les différents personnages et se déroulait dans la Bavière du XIXe siècle, l’histoire décolle dans tous les sens du terme lors de cette conclusion. Action et mystères sont en effet au rendez-vous de cette suite qui emmène nos héros dans les confins de l’espace, jusque sur la face cachée de la Lune. Des amusants Hans et Sophie au jeune héros sympathique et immédiatement attachant, qui accentue encore l’aspect tout public de cette aventure prenante et légère, les personnages sont toujours aussi attachants. Si Séraphin est toujours sur les traces de sa mère, le lecteur en apprend par contre plus sur les véritables intentions du roi Ludwig…

Visuellement, les crayonnés mis en couleur directement, les tons pastels et le design des personnages renvoient également à une œuvre orientée jeunesse. Dans un style qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le travail de Hayao Miyazaki, Alex Alice livre un récit incroyablement rythmé, qui multiplie les paysages sublimes.

Et finissons sur une bonne nouvelle car la saga ne s’arrête apparemment pas là : un second cycle intitulé « Les chevaliers de Mars » est en effet d’ores et déjà annoncé.

Retrouvez ce diptyque dans mon Top BD de l’année !

Walter Hill, Matz et Jef – Balles perdues

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [DL 2015], [Grand public] with tags on 10 avril 2015 by Yvan

Chasse à l’homme et histoire d’amour !

Walter Hill, Matz et Jef - Balles perduesLes Editions Rue de Sèvres proposent la première BD imaginée par Walter Hill (réalisateur de 48 heures, producteur d’Alien, …). C’est Matz qui s’occupe d’adapter cette histoire qui traînait dans un des tiroirs du réalisateur hollywoodien, le tout efficacement mis en scène par Jef.

Le récit se déroule en 1931, en pleine prohibition, et emmène le lecteur dans une chasse à l’homme qui va de Chicago à Los Angeles. La trame de ce polar à l’ambiance western est assez classique. Les auteurs proposent en effet l’histoire d’un gangster fraîchement évadé de prison par le parrain de Chicago afin d’effectuer un contrat sur trois malfrats qui ont oublié de partager leur magot avec la mafia. S’il y a trois types à refroidir et un pactole de cinq cents mille dollars à récupérer, il y a surtout la présence d’une femme fatale dont notre fine gâchette s’est entiché et que les trois lascars ont eu la mauvaise idée d’emporter avec le magot.

Au menu de ce one-shot à l’ambiance crépusculaire, il y a donc un contrat sanglant, une bonne dose de vengeance et un brin d’amour, le tout jonché de nombreux cadavres et ponctué d’un final qui donne tout son sens au titre de l’album. Le récit est porté par ce personnage central particulièrement charismatique dont on apprend finalement peu de choses, sauf qu’il a un sérieux point faible nommé Lena. Visuellement, le dessin réaliste de Jef livre une galerie de personnages aux visages burinés, tout en plantant un décor qui installe immédiatement l’ambiance de ce polar parsemé de balles et de whisky prohibé. Ajoutez à cela un découpage très cinématographique et une colorisation aux tons sépias qui joue admirablement avec la lumière et vous obtenez un polar efficace et brillamment mis en images.

Ils en parlent également : Mo’