Archive for the Sarbacane Category

Pierre-Henry Gomont – Pereira prétend

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Sarbacane, [Accessible], [DL 2016] with tags , on 27 mars 2017 by Yvan

Vive la révolution !

Pierre-Henry Gomont - Pereira prétendCe one-shot signé Pierre-Henry Gomont est une adaptation du roman éponyme d’Antonio Tabucchi, sorti en Italie en 1994.

Le récit se déroule au Portugal en 1938, à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, et invite à suivre les pas de Doutor Pereira. Journaliste culturel d’un grand quotidien, ce dernier mène une vie monotone et solitaire, tout en fermant les yeux sur les dérives du régime dictatorial instauré par Antonio de Oliveira Salazar. Cette petite vie rangée se retrouve cependant bouleversée par la rencontre d’un jeune révolutionnaire antifasciste à la plume acerbe : Francesco Monteiro Rossi !

Le lecteur suit donc la lente prise de conscience de ce personnage veuf et obèse, qui converse avec le portrait de sa femme décédée et se goinfre de sucreries et de littérature française afin de combler le vide de son existence. Le développement psychologique de cet homme dont la routine se retrouve balayée par le souffle de la révolution est d’une grande justesse. À travers les questionnements de ce personnage finalement très touchant, l’auteur dresse également le portrait d’un pays victime d’un régime totalitaire adepte de la censure et des passages à tabac.

La mise en images de Pierre-Henry Gomont s’installe immédiatement au diapason de la justesse du scénario. Il faut d’une part saluer la merveilleuse restitution de cette ville de Lisbonne aux ruelles étroites et à la chaleur étouffante. Mais il faut surtout applaudir les trouvailles graphiques qui permettent de visualiser les doutes et les réflexions d’un homme torturé par la solitude, qui hésite à se laisser emporter par ce vent de révolte.

Vive la révolution et vive cet album coup de cœur que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !

Ils en parlent également : Mo’, Noukette, Moka, Jérôme

Nicolas Wouters et Mikaël Ross – Les Pieds dans le béton

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Sarbacane, [Avancé], [DL 2013] with tags on 27 mars 2013 by Yvan

Une soif de liberté à déguster sans modération !

Nicolas Wouters et Mikaël Ross - Les Pieds dans le béton« Les Pieds dans le béton » démarre par les retrouvailles fortuites de deux amis d’enfance qui ont emprunté des trajectoires bien différentes. Martin, le punk rebelle a foncé tête baissée dans cette voie rageuse et parsemée de liberté qu’il s’était tracée depuis le plus jeune âge afin de fuir une vie familiale douloureuse, marquée par l’handicap de son frère aîné. Thomas est un quadragénaire qui a choisi pour l’option boulot-maison-famille et c’est justement au moment où il hésite à tourner le dos à cette vie sans sel qu’il tombe sur ce copain avec qui il a fait les quatre cents coups et qui a toujours exercé sur lui un mélange de fascination et de crainte.

Le passé vient donc frapper à la porte des deux hommes, l’un fuyant son quotidien tout tracé et l’autre vivant en marge de la société. À coups de flashbacks, Nicolas Wouters revient intelligemment sur cette période qui a lié (et éloigné) ces deux personnages que tout semble pourtant opposer. Le lecteur est alors pris dans un tourbillon d’insouciance et de liberté, fait de blousons en cuir, de concerts punks, de bastons gratuites et de sexe dans des sous-sols délabrés. Il découvre alors la vie que l’un a choisie et que l’autre a toujours envié, avec au milieu une amitié de longue date… et finit par se poser la question : lequel des deux a réussi sa vie ?

Visuellement, le trait nerveux de Mikaël Ross fait des merveilles. Alternant des aquarelles plus calmes et des cases qui laissent éclater une violence rageuse le temps d’un pogo ou d’une bagarre, il accompagne brillamment le mal-être de l’un et l’énergie punk de l’autre. Alliant beauté et dynamisme, il installe une atmosphère envoûtante et se place au diapason de cette histoire qui se passe du coup volontiers de textes.

Servie par les éditions Sarbacane, cette première BD des auteurs est une bien belle réussite que vous pouvez d’ailleurs retrouver dans mon Top de l’année.
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Takashi Murakami – Le chien gardien d’étoiles

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, DIVERS, Manga / Manhwa, One-shots, Sarbacane, [DL 2011] with tags on 23 novembre 2011 by Yvan

Une histoire simple et touchante !

Takashi Murakami - Le chien gardien d'étoilesCe one-shot des éditions Sarbacane comprend deux histoires qui se complètent et se font écho.

La première (Le chien gardien d’étoiles) invite à suivre un père de famille japonais qui renonce à la société suite au départ de sa femme. L’histoire de cet homme qui quitte tout en compagnie de son chien, pour un long voyage sur les routes en direction du Sud, n’a rien de franchement originale, mais n’est cependant pas dénué d’intérêt. Se basant sur la fidélité légendaire du chien envers son maître, Takashi Murakami livre un récit touchant sur la complicité entre l’homme et son plus fidèle compagnon. C’est la présence de deux narrateurs qui insuffle beaucoup d’originalité à ce road-trip dont l’issue est (malheureusement) connue d’avance. Il y a d’un côté le chien Happy qui, à l’inverse du chat dans le « Chat du rabbin » n’est pas vraiment doté d’intelligence, mais qui parvient à insuffler un ton faussement naïf au récit en partageant ses bonheurs les plus simples. Et de l’autre, il y a les réflexions de cet homme anonyme, baptisé « Papa » par son chien, qui perd tout, sauf l’amitié de son animal. L’équilibre entre la tragédie de cette destinée et la naïveté des pensées du chien fonctionne à merveille.

La deuxième partie (Tournesols) est une sorte d’épilogue qui permet de donner de l’épaisseur à l’ensemble. L’histoire de cet assistant social, d’ordinaire assez distant, qui veut à tout prix découvrir l’identité de cet homme retrouvé mort en compagnie de son chien est également touchante et fait admirablement écho à la première histoire. En remontant la piste de ce mort inconnu, Okutsu se remémore son enfance et l’amitié de ce chien que son grand-père lui avait offert.

Visuellement, le dessin sans fioriture de Takashi Murakami n’est pas extraordinaire, mais suffisamment expressif pour transmettre les émotions qui accompagnent ce récit et d’une lisibilité exemplaire malgré la double narration.

Un bon one-shot !

Ils en parlent également : Jérôme, Mo’

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Jérôme Ruillier – Les Mohamed

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Sarbacane, [Avancé], [DL 2011] with tags on 19 mai 2011 by Yvan

Liberté, égalité & fraternité ?

Jérôme Ruillier - Les MohamedCe roman graphique, publié avec le soutien d’Amnesty International, adapte l’œuvre de Yamina Benguigui : Mémoires d’immigrés ! À travers les témoignages recueillis par Yamina Benguigui, Jérôme Ruillier apporte un éclairage bienvenu sur l’histoire de l’immigration maghrébine. Divisés en trois parties (les pères, les mères, les enfants), ces témoignages se complètent au fil des pages et offrent une vue d’ensemble sur le ressenti et le vécu de ces gens mal accueillis dans un pays auquel ils se sont finalement attachés.

Les pères, ce sont Khémaïs, Abdel, Ahmed et les autres. Une main-d’œuvre bon marché, appelée en renfort par une France qui accepte volontiers ces bras supplémentaires qui viennent faire tourner ses usines, mais qui n’acceptera leurs différences qu’en de trop rares occasions, tel que la Coupe du Monde 1998. Des gens qui choisissent l’exil dans l’espoir d’une vie meilleure et qui se retrouvent souvent condamnés à exécuter des basses besognes dans des conditions de vie déplorables. Liberté, égalité, fraternité ???

Les mères, ce sont Zorah, Fatma, Yamina, Djamila…et les autres. Des femmes qui « profitent » du regroupement familial autorisé par Valéry Giscard d’Estaing pour rejoindre leurs hommes … dans la misère et l’isolement. Des femmes qui traversent la méditerranée en quelques heures, mais qui ont besoin de beaucoup plus de temps pour franchir le fossé culturel qui sépare les deux pays.

Les enfants, ce sont Farid, Myriem, Naïma… et les autres. Des gosses qui ont vu leurs parents courber l’échine pendant des années, qui veulent relever la tête et affirmer leur identité. Certains ont été élevés dans l’espoir d’un retour au pays, alors que d’autres ont été encouragés à s’intégrer, mais quasi tous se retrouvent le cul entre deux chaises, balancés entre leurs origines et ce pays qui a imposé un parcours du combattant à leurs parents et où « intégration » est un joli mot, mais rarement un fait.

Au niveau du graphisme, Jérôme Ruillier (« Le cœur-enclume »)utilise des formes universelles pour donner corps à ces immigrés, soulignant ainsi que ces récits ne sont pas ceux d’une personne, mais de tout une communauté, celle des Mohamed. Ce dessin d’une grande sobriété, voire même un peu enfantin, permet de ne pas faire d’ombre à ce texte écrit à la main. L’auteur profite également de moments de respiration entre les différentes histoires pour se mettre en scène et partager ses propres pensées. Ces propos tombent malheureusement comme un cheveu dans la soupe et n’apportent absolument rien au récit.

Lisez également « Là où vont nos pères », témoignage muet, mais poignant du parcours des émigrants !

Frantz Duchazeau – Le rêve de Meteor Slim

Posted in BANDES DESSINÉES, DIVERS, Franco-Belge, K.BD, One-shots, Sarbacane, [Avancé], [DL 2008] with tags on 14 avril 2010 by Yvan

Frantz Duchazeau Meteor Slim Notons d’abord qu’il n’est pas nécessaire de connaître quoi que ce soit au blues avant d’entamer cette lecture. Evidemment si, comme moi, vous avez trouvé le remplacement du Blues Corner près de la Grand Place de Bruxelles par un bar à pitta affligeant, cela peut aider. Lire ce one-shot avec quelques notes de blues en fond musical peut également favoriser l’immersion. Vous pouvez pour cela attendre la publication prévue au mois d’octobre de l’édition collector de cet album qui sera accompagnée d’un disque vinyle. Personnellement j’ai opté pour un fond de Screaming J. Hawkins : exquis !

Après « Les cinq conteurs de Bagdad » et « Dieu qui pue Dieu qui pète » avec Fabien Vehlmann, « La nuit de l’Inca », « Gilgamesh » et un premier album en solo avec « Les vaincus », Frantz Duchazeau livre ce petit chef-d’œuvre chez Sarbacane. Même si le bluesman Robert Johnson, l’icône blues de cette époque, apparaît dans ce récit, c’est le destin d’un ‘nobody’ du genre que l’auteur invite ici à suivre. L’histoire d’un petit black qui Lire la suite

Sébastien Chrisostome – Nage Libre

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Sarbacane, [Accessible], [Angoulême 2009], [DL 2008] with tags , on 5 mars 2010 by Yvan

Sébastien Chrisostome - Nage Libre« Nage Libre » est la première bande dessinée de Sébastien Chrisostome. C’est au sein des éditions Sarbacane que l’auteur d’origine québécoise nous offre ce one-shot aquatique des plus rafraichissants.

Si la couverture fait plutôt penser à un récit pour enfants, le contenu ne l’est pas vraiment. Tout comme ses trois saumons qui remontent la rivière, c’est à contre-courant que l’auteur entre dans la marée du neuvième art. Un album amusant et original qui relate l’histoire de trois héros, Josi, Marsha et monsieur Nale, qui, dès la première page, remontent la rivière au péril de leur vie afin de rejoindre des bancs de saumonettes en pleine période d’ovulation et qui les attendent les nageoires écartées. Tout un programme !

Découpé en sept chapitres, ce river-movie est rythmé par les aventures périlleuses de ces trois poissons qui doivent affronter ours et brochets sanguinaires afin d’assouvir leur besoin d’aventures et ….de sexe. Le rythme est soutenu et l’humour décalé et les dialogues savoureux qui accompagnent leurs péripéties sont très efficaces.

Pour accompagner la quête spirituelle de nos trois amis au fil des pages, l’auteur a opté pour un dessin assez simpliste. Les personnages sont cependant très expressifs et rafraichissants, tout comme l’univers créé par Sébastien Chrisostome.

Tanquerelle & de Bonneval – La vierge froide et autres racontars

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Sarbacane, [Angoulême 2010], [Avancé], [DL 2009] with tags , on 30 décembre 2009 by Yvan

Tanquerelle & de Bonneval - La vierge froide et autres racontarsC’est par le biais de cette belle brique publiée chez Sarbacane qu’Hervé Tanquerelle et Gwen de Bonneval adaptent les célèbres racontars de Jorn Riel, ethnologue et aventurier danois ayant passé seize ans au Groenland durant les années 1950.

Plus de 150 pages rythmées par des nuits polaires interminables, en compagnie de trappeurs plongés dans la solitude, voilà de quoi endormir ours polaires et bédéphiles assidus pourrait-on croire. Et bien, il n’en est rien car les sept anecdotes contenues dans cet album sont truculentes, souvent drôles et parfois touchantes.

Au centre de ces contes arctiques, des personnages plus vrais que nature, des chasseurs isolés dans leurs petites cabanes de bois pendant de longues semaines et cherchant à combler cette solitude dépourvue de lumière. Des hommes aussi rudes que le climat ambiant, mais qui, au fil des pages, dévoilent un côté très attachant en partageant faiblesses et rêves. Mélangeant le burlesque et l’absurde à des passages plus émouvant, voire, par moments, philosophiques, ces racontars permettent de partager les aventures et le quotidien des chasseurs du Grand Nord autour d’une bonne gorgée de tord-boyaux.

La mise en images en bichromie contribue à faire ressortir toute la rudesse de ce désert de glace et les personnages sont truculents. Si l’édition est de qualité, le prix est par contre un peu too much.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2010 !