Archive for the Vertigo Deluxe Category

Peter Milligan et Duncan Fegredo – Enigma

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2015], [Sans super-héros] with tags on 21 août 2015 by Yvan

Des héros de comics qui prennent vie…

Peter Milligan et Duncan Fegredo - EnigmaAprès avoir réédité « Human Target » du même scénariste, Urban Comics propose l’intégralité de cette mini-série en huit épisodes, initialement parus en 1993, écrits par Peter Milligan, dessinés et encrés par Duncan Fegredo et superbement mis en couleurs par Sherilyn van Valkenburgh.

Enigma invite à suivre les pas de Michael Smith, un personnage insignifiant qui mène une vie terne et sans surprises… jusqu’au jour où les héros de son enfance, issus d’un mauvais comics de super-héros annulé après trois numéros, semblent prendre vie. Tandis que la ville de Pacific City devient le théâtre d’une vague de crimes perpétrés par les personnages dont Michael lisait les aventures quand il était enfant, tout semble également lié à un meurtre vieux de vingt-cinq ans, commis dans un bled perdu de l’Arizona…

À mille lieues du récit classique de super-héros, Peter Milligan embarque le lecteur dans une histoire en apparence chaotique, qui oscille constamment entre réalité et fantastique. S’accrochant au fil rouge de cette enquête surnaturelle, le lecteur tente de ne pas se perdre dans les méandres de l’imagination fertile du personnage… et de l’auteur. Etonnamment, le voyage, aussi décousu soit-il, s’avère surtout initiatique pour le personnage principal et mène finalement à quelque chose de cohérent. En cherchant une explication à la matérialisation de ses héros d’enfance, le jeune homme va en effet comprendre qui il est vraiment. Le lecteur assiste alors avec intérêt à la transformation de ce « nobody » en quelqu’un qui fait ses propres choix et qui finit par façonner son propre monde et sa propre identité. Multipliant les thèmes et saupoudrant le tout d’une touche d’humour acide et cynique, Peter Milligan livre un récit aussi riche que déstabilisant. S’agit-il d’un voyage initiatique intelligent et d’une critique sociale profonde ou juste d’un gros bon délire d’un auteur en plein trip ? En croisant des super-vilains tels que le La Tête ou La Vérité, on serait tenté d’opter pour la deuxième option, mais en y regardant de plus près, on finit par hésiter car l’auteur s’en sert afin de pointer du doigt plusieurs défauts de notre société.

Le dessin tortueux et confus de Duncan Fregedo peut d’ailleurs également rebuter au départ, avant de réaliser que celui-ci s’adapte à merveille à l’étrangeté du scénario.

Une excellente surprise !

Scott Snyder et Sean Murphy – The Wake

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, One-shots, Scott Snyder, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2015], [Sans super-héros] with tags on 6 février 2015 by Yvan

Plongée dans les abysses océaniques !

Scott Snyder et Sean Murphy – The WakeAprès leur collaboration sur American Vampire Legacy, Scott Snyder et Sean Murphy se retrouvent pour un récit qui plonge le lecteur dans les abysses de l’océan.

Ce one-shot récompensé par l’Eisner Award du Meilleur Dessinateur et de la Meilleure Mini-série est découpé en deux parties de cinq épisodes situés à deux époques différentes. Le présent invite à découvrir l’histoire de Lee Archer, une biologiste spécialisée dans l’écoute sonar des mammifères marins, qui se retrouve embarquée dans une expédition gouvernementale top secrète sous la calotte glaciaire. Le futur permet de découvrir une Terre post-apocalyptique presque totalement submergée. Certains passages remontent également à la préhistoire, afin de revenir sur les origines de la mystérieuse créature sous-marine qui se retrouve au centre de l’intrigue.

L’univers aquatique mis en place par les auteurs happe littéralement le lecteur, tout comme cette intrigue mêlant science-fiction et horreur qui offre non seulement une plongée passionnante dans les fonds marins, mais qui s’intéresse également à l’évolution de l’humanité. Si l’ambiance est prenante et que le cocktail fonctionne à merveille, la conclusion du récit m’a par contre un peu moins enthousiasmé. Visuellement, Sean Murphy (Joe l’aventure intérieure, Punk Rock Jesus) prend visiblement plaisir à dessiner ses créatures sanguinaires et ses engins futuristes et nous gratifie de quelques belles doubles pages.

Du bon divertissement !

Jeff Lemire – Trillium

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2014], [Sans super-héros] with tags , on 7 décembre 2014 by Yvan

Une lecture renversante !

Jeff Lemire - TrilliumSi Jeff Lemire, dont j’ai adoré les œuvres plus personnelles (Essex County, Monsieur Personne, Jack Joseph soudeur sous-marin), m’avait déjà surpris positivement lors de la reprise de séries super-héroïques (Green Arrow, Animal Man…), il allait devoir sérieusement se retrousser les manches avant de parvenir à me séduire en s’attaquant à un genre dont je ne suis vraiment pas fan : la science-fiction !

Pour ce nouvel album en solo, l’artiste canadien développe deux périodes en parallèle. La première se déroule en 3797, aux confins de l’univers, sur une planète perdue où les derniers humains tentent de trouver un remède contre un virus intelligent qui a déjà détruit le reste de l’Humanité. La seconde invite à suivre un ancien combattant de la première Guerre Mondiale, qui participe à une expédition archéologique dans la jungle péruvienne en 1921.

Si « Trillium » mélange habilement deux lieux et deux périodes éloignées de près de deux milles années, il croise surtout les destinées de William Spike et de Nika Temsmith. L’auteur parvient à fondre les existences de ces deux personnages que tout sépare, livrant ainsi une histoire d’amour impossible de toute beauté. Cette romance qui rompt la solitude des deux protagonistes, balaye le temps et l’espace et propose rien de moins que la dernière histoire d’amour de l’humanité.

Si le scénario effectue de la haute voltige, le graphisme s’installe immédiatement au diapason de cet exercice de style particulièrement convaincant. En invitant le lecteur à retourner l’album et à régulièrement changer de sens de lecture, ou en juxtaposant deux lignes narratives au sein d’une même planche, voire d’une même case, Jeff Lemire exploite entièrement les limites de la mise en page. Cette approche permet de mieux ressentir les changements d’époque, ainsi que les sentiments et la désorientation des personnages lors de rencontres parfois fusionnelles. Si l’effet est parfois surprenant, l’immersion est par contre totale !

Visuellement, j’ai toujours fort apprécié le trait de Jeff Lemire et la colorisation aux tons pastels de José Villarrubia est également de toute beauté. Il faut aussi apprécier le bonus en fin de tome, qui permet de déchiffrer l’alphabet extra-terrestre utilisé au fil des pages et qui revient intelligemment sur les divers échanges avec les Athabitiennes.

Un coup de cœur, que vous retrouverez également dans mon Top de l’année !

Jason Aaron et Cameron Stewart – De l’autre côté

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Guerre, Jason Aaron, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2013], [Sans super-héros] with tags , , on 3 décembre 2013 by Yvan

Good morning Vietnam !

ason Aaron et Cameron Stewart - De l'autre côtéCette mini-série en cinq épisodes dessinée par Cameron Stewart est la première création du scénariste de Scalped pour le label Vertigo de DC. L’origine de ce récit remonte au caporal Gustav Harford, auteur d’une nouvelle qui inspira Stanley Kubrick pour son long métrage Full Metal Jacket, mais qui s’avère également être le cousin de Jason Aaron.

« De l’autre côté » raconte les destinées parallèles de deux jeunes soldats issus de camps opposés pendant la guerre du Vietnam. Le premier est un jeune américain de l’Alabama enrôlé de force dans les Marines, qui n’a pas vraiment envie de combattre pour sa patrie. L’autre est un vietnamien de dix-neuf ans prêt à mourir pour les siens, qui s’engage avec grande fierté dans l’armée populaire. Si leurs motivations divergent, l’auteur montre très vite que la guerre ne fait pas de différence. Tous-deux subissent l’horreur de la guerre de plein fouet et se retrouvent perdus au milieu d’un conflit dont les intérêts finissent par leur échapper.

De l’entraînement inhumain des Marines aux jungles incendiées au napalm, Jason Aaron livre un récit sans concession et ouvre les yeux sur toute l’horreur et l’absurdité du conflit. Si le passage constant d’un personnage à l’autre tout en faisant déborder la voix-off sur les cases suivantes peut déstabiliser, cette narration alternée permet de montrer l’évolution psychologique parallèle des deux protagonistes. En comparant leurs idéaux, leurs craintes, leurs espoirs et leurs peurs, le scénariste parvient à donner beaucoup de profondeur à ses personnages et à son récit.

Visuellement, Cameron Stewart livre également de l’excellent boulot. Le dessinateur s’est même rendu sur place pour s’imprégner des décors, comme en témoigne le carnet de son voyage au Vietnam en 2005 qui accompagne cette édition.

Si le nombre de récits dédiés à la guerre sont nombreux, j’en retiens deux incontournables pour cette année : « la Grande guerre de Charlie » et « De l’autre côté ».

Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !

Sean Murphy – Punk Rock Jesus

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, K.BD, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2013], [Sans super-héros] with tags , on 4 octobre 2013 by Yvan

Pogo irrévérencieux dans l’Amérique puritaine !

Sean Murphy - Punk Rock JesusVous connaissez sans doute Sean Murphy en tant qu’illustrateur d’excellentes séries telles que American Vampire Legacy de Scott Snyder ou Joe l’aventure Intérieure de Grant Morrison, mais vous vous souviendrez dorénavant de lui en tant que l’auteur de la mini-série en six épisodes Punk Rock Jesus !

Le récit se déroule dans un futur proche, où une émission de télé-réalité pour le moins controversée fait la une des médias. Le show télévisé veut en effet mettre en scène la vie d’un clone de Jésus Christ, recréé génétiquement à partir de l’ADN prélevé sur le Suaire du Turin. En s’attaquant aux dérives des médias et de la religion, l’auteur américain livre une critique acerbe de ce cette société américaine surmédiatisée, qui imprime « In God we trust » sur ses billets de banque.

Cette remise en question s’effectue à travers des personnages complexes et particulièrement attachants. Il y a tout d’abord Chris, le nouveau Messie, qui prend conscience de son rôle au fil du récit et finit par se rebeller contre l’ordre établi, crachant son dégoût et sa rage à travers une musique punk qui a ici droit à un revival jubilatoire. Il ne faudrait pas non plus oublier Thomas McKeal, le chef de la sécurité. Via des flashbacks distillés avec intelligence, le lecteur découvre progressivement l’histoire de cet irlandais charismatique à souhait, que l’auteur utilise afin d’aborder le thème de l’IRA (l’Armée Républicaine Irlandaise). Les autres personnages ne sont pas en reste, avec Gwen, la mère porteuse qui sombre dans la dépression, l’alcoolisme et la folie, ou le docteur Sarah Epstein, célèbre généticienne qui permet d’intégrer un soupçon d’écologie à l’aventure, sans oublier Rick Slate, le producteur cupide et sans scrupule, qui incarne toute la bêtise de ses émissions à grand audimat.

Si les rebondissements sont nombreux et qu’il est impossible de se détacher du sort des protagonistes, le lecteur prendra tout de même le temps de contempler les superbes planches en noir et blanc de Sean Murphy. Son trait nerveux et précis insuffle une énergie incroyable à ce récit qui secoue de la première à la dernière page.

Un one-shot déjà culte que vous pouvez retrouver dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !

Sean Murphy - Punk Rock JesusIls en parlent également : Yaneck, Zaelle

Lisez également l’avis à plusieurs mains de K.BD !

Grant Morrison et Sean Murphy – Joe, l’aventure intérieure

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2012], [Sans super-héros] with tags on 23 octobre 2012 by Yvan

Un jeune Américain à la recherche de sa bouteille de Coca-Cola !

Grant Morrison et Sean Murphy - Joe, l'aventure intérieureGrant Morrison (Superman: Genèse, Batman: R.I.P, NOU3, All Star Superman, Batman: L’asile d’Arkham) est un auteur dont je reconnais volontiers le talent, même si j’ai souvent plus de mal à l’apprécier. L’inventivité de ses récits a souvent tendance à m’abandonner sur le bord de la route, légèrement médusé quant à l’utilité d’une inventivité qui a régulièrement tendance à inutilement complexifier le récit. Mais, étant donné, qu’il distille de temps en temps des pépites, il serait évidemment dommage de laisser systématiquement ses ouvres de côté.

« Joe, l’Aventure intérieure » reprend les huit épisodes de la saga US « Joe The Barbarian », édité au sein de l’incontournable catalogue Vertigo. Grant Morrisson y raconte la crise d’hypoglycémie d’un jeune adolescent. En manque de sucre, il est victime d’hallucinations et devient le héros d’une aventure imaginaire où le délire est roi. Rapidement, ses jouets prennent vie, son rat se transforme en guerrier et la réalité s’intègre progressivement à ce monde fictif qui se nourrit de ses peurs.

Si le lecteur partage initialement le désarroi de l’enfant, perdu entre la réalité et l’imaginaire, il comprend bien vite que ce qu’il lit ne se déroule pas vraiment. Comprenant assez vite que sur 220 pages, la mission de l’enfant consiste juste à aller chercher une bouteille de Coca-Cola dans la cuisine afin de mettre fin à sa crise, il a finalement un peu de mal à accrocher à cette parallèle imaginaire, parfois assez décousue et pas toujours intéressante à suivre. Malgré quelques longueurs, il se laisse cependant volontiers prendre à ce jeu qui consiste à établir le lien avec la réalité et appréciera sans aucun doute la fin particulièrement réussie de l’histoire.

Mais, la qualité de ce voyage est indéniablement visuelle. Les dessins de Sean Murphy (American Vampire Legacy) fourmillent de détails et la manière dont il donne vie à l’entièreté de la maison de Joe est remarquable. Quand on sait que c’est Dave Stewart qui assure la colorisation, on peut affirmer que le graphisme de ce mélange d’aventure fantastique, d’heroic fantasy et de quête initiatique vaut assurément le détour.

Grant Morrison et Frank Quitely – NOU3 (WE3)

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Guerre, One-shots, Urban Comics, Vertigo Deluxe, [DL 2012], [Sans super-héros] with tags , on 29 juin 2012 by Yvan

Non aux expérimentations sur animaux !

Grant Morrison et Frank Quitely - NOU3 (WE3)Malgré ses nombreux gardes du corps, l’homme n’a aucune chance face au commando qui vient de s’introduire dans sa demeure. Après le passage d’un lapin, d’un chien et d’un chat transformés en cyborg dans le cadre d’un programme militaire visant à diminuer les pertes humaines, la maison est effectivement jonchée de cadavres. Ce test concluant ne changera cependant rien au sort réservé à ces trois soldats d’un nouveau type : ils vont être euthanasiés et le programme sera abandonné. C’est évidemment sans compter sur les états d’âme de la chercheuse qui les as mis au point et qui décide les libérer. Ils ont dorénavant une nouvelle mission : Retrouver cette maison dont ils n’ont plus qu’un vague souvenir…

Après une première publication en 2007 par Panini Comics, Urban Comics propose une nouvelle édition enrichie de cette saga en trois épisodes imaginée par Grant Morrison et dessinée par son compère habituel Frank Quitely. L’album raconte l’histoire de trois animaux domestiques, kidnappés et transformés en bêtes de combats cybernétiques pour le compte de l’armée. Si la scène d’introduction, particulièrement violente et sanglante, donne immédiatement le ton, la suite se transforme très vite en une course-poursuite parsemée de balles et de corps, qui s’amuse à placer ces trois tueurs dotés d’exosquelettes mécaniques face à leurs créateurs. Si l’intrigue ne déborde pas d’originalité, Grant Morrison invite néanmoins à réfléchir sur les travers de la nature humaine et dénonce les expérimentations et les abus qui sont commis sur les animaux au nom du progrès.

La bestialité des humains se trouve renforcée par l’humanité de ces boules de poils auxquelles le lecteur ne manque pas de s’attacher au fil des pages. L’injustice dont ils sont victimes se voit encore accentuée par les avis de recherche de leurs anciens maîtres au début de chaque épisode. En leur donnant un langage limité, l’auteur renforce encore l’empathie, même si ces dialogues phonétiques peuvent rebuter à la longue et contribuent à la lecture (trop) rapide de ce récit porté par l’action.

Visuellement, Frank Quitely propose un graphisme assez épuré, mais fait preuve d’une mise en images cinématographique plutôt originale, comme en témoignent ces nombreuses scènes où il découpe l’action en plusieurs cases filmées par des caméras de surveillance. Son style réaliste accompagne brillamment ce scénario débordant de violence.

Un récit de science-fiction efficace et dynamique, qui ravira les amateurs du genre.

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