Archive for the Vertige Graphic Category

Hector German Oesterheld et Francisco Solano Lopez – L’éternaute

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Trilogies, Vertige Graphic, [Avancé], [DL 2008] with tags , , on 17 novembre 2012 by Yvan

Un ouvrage de SF culte !

Hector German Oesterheld et Francisco Solano Lopez - L'éternauteCette saga d’anticipation de près de 350 pages, réalisée entre 1957 et 1959 par les auteurs argentins Hector German Oesterheld et Francisco Solano Lopez, fut initialement publiée sous forme de feuilletons de seize pages dans la revue Hora Cero Semanal. Devenu un incontournable récit de science-fiction, la popularité de « El Eternauta » était déjà énorme à l’époque. Notons également qu’il existe une seconde version de cette œuvre, créée dix ans plus tard par le scénariste en compagnie de son ami Alberto Breccia. Mais, d’après les commentaires, cette réécriture, traduite en français par les Humanoïdes Associés, est bien inférieure à cette version originale, éditée en trois tomes par Vertige Graphic.

Le récit invite à suivre les aventures de personnages ordinaires qui sont confrontés à une situation extraordinaire, plongeant le lecteur dans un suspense qui tient en haleine de la première à la dernière page. Tout débute par un huis-clos prenant, où une famille, calfeutrée dans sa propre maison, tente de s’organiser pour survivre dans un environnement subitement devenu hostile. Une soudaine chute de neige phosphorescente mortelle a en effet transformé l’Argentine en paysage post-apocalyptique recouvert d’un épais tapis blanc. Dès les premières pages, le récit installe une atmosphère d’angoisse qui se nourrit de l’isolement et des peurs de personnages profondément humains, qui finissent par devoir prendre les armes contre l’envahisseur.

Publiée dans un pays secoué par de nombreuses répressions, cette bande dessinée a profondément marqué le public, devenant même une sorte de hymne à la résistance. L’ancrage de cet ouvrage dans des lieux familiers de Buenos Aires, renforce encore son réalisme, tout en faisant écho aux angoisses de la population de l’époque. L’engagement de ces hommes dans une lutte inégale face à l’oppresseur, leurs sentiments d’insécurité, leurs peurs et leurs espoirs font alors écho à la lutte du peuple contre la dictature argentine, expliquant au passage l’immense popularité de cette saga. La disparition en 1977 du scénariste, enlevé par ses forces armées et présumé mort en 1978, ne fera d’ailleurs qu’augmenter l’importance de cet ouvrage.

Si le contenu est intemporel, la forme date un peu plus. Datant d’une période où l’on prenait plus le temps de s’attarder sur les événements, cet album est donc plutôt lent et assez bavard. Comme elle était à l’origine diffusée sous forme de feuilleton, cette intégrale souffre également de quelques répétitions. D’un autre côté, cette progression des événements en temps réel a tendance à renforcer l’immersion du lecteur. Le dessin noir et blanc de Solano Lopez contribue également à installer une ambiance pesante, avec des planches superbes et des personnages aux visages expressifs et très détaillés.

Un récit culte qui a notamment été sélectionnée pour le Prix du patrimoine par le jury du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2010 !

Eun-yong Chung et Kun-woong Park – Massacre au pont de No Gun Ri

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Coconino Press, Manga / Manhwa, One-shots, Vertige Graphic, [DL 2007] with tags , , on 16 mai 2012 by Yvan

Toute l’horreur de la guerre de Corée !

Eun-yong Chung et Kun-woong Park - Massacre au pont de No Gun RiMassacre au pont de No Gun Ri est un manwha qui témoigne de la tragédie qui s’est déroulée durant la guerre de Corée.

Cette brique démarre pourtant sur un ton paisible et si la guerre est très vite annoncée, l’horreur met cependant du temps à nous atteindre. Il y a d’abord les autorités qui se veulent rassurantes et puis cet exode massif vers le Sud qui se met tout doucement en route. Et alors que les conséquences de l’invasion des troupes nord-coréennes et de l’arrivée des troupes américaines se font progressivement ressentir, Park Kun-Woong vient frapper le lecteur de plein fouet en détaillant mort par mort, ce massacre perpétré sur des civils coréens réfugiés sous l’arche d’un pont. Les témoignages rapportés par les quelques survivants de cette tuerie qui dura plusieurs jours deviennent vite insupportables et le sort de ces familles meurtries dans l’obscurité et confrontés à des choix et des événements indescriptibles est plus qu’inhumain.

Si je ne suis pas trop fan du dessin, en multipliant les tons sombres, celui-ci parvient néanmoins à conserver un peu de pudeur en dissimulant quelque peu l’horreur des scènes derrière des traits aussi sombres que cette page de l’Histoire.

Édifiant !

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Dave Sim – High Society, une aventure de Cerebus

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Séries, Vertige Graphic, [Angoulême 2011], [DL 2010], [En cours], [Sans super-héros] with tags , on 20 avril 2011 by Yvan

Bienvenue dans la haute société !

Dave Sim - High Society, une aventure de CerebusCerebus est un comics hors-norme qui compte 16 volumes avoisinant chacun les 500 pages, soit un total de 300 chapitres (plus de 6000 pages) créés entre 1977 et 2004. Auto-publiée depuis ses débuts (sous le label Aardvark-Vanaheim), cette série se limitait initialement à une parodie de Conan le barbare, mais au fil des épisodes les combats sont passés à l’arrière-plan pour laisser la place à des histoires beaucoup plus fouillées.

A l’origine, jugeant les premiers épisodes moins aboutis, Dave Sim, avait d’ailleurs commencé la publication de sa série par ce deuxième volume, intitulé High Society et reprenant les épisodes #26 à #50 de la saga. Pour entamer ce vaste projet éditorial, Vertige Graphic a également choisi de faire l’impasse sur le premier volume, tout en prenant soin de résumer brièvement les 25 premiers épisodes. Le lecteur peut ainsi prendre connaissance des événements passés et découvrir certains personnages importants avant d’entrer dans le vif du sujet et de ce qui peut être considéré comme le véritable début de la saga.

Le récit débute par l’arrivée de Cerebus dans la ville de Iest. Dès les premières pages, profitant de ses relations avec Lord Julius, l’oryctérope barbare va multiplier les tentatives pour faire fortune et pour se hisser au sommet de la haute société. Délaissant les combats pour un monde dit plus civilisé, notre héros atypique va s’ouvrir à un nouveau monde fait de politique, de lobbying et de dialogues futiles. Exquis !

S’il faut quelques chapitres avant de se sentir à l’aise dans l’univers imaginé par l’auteur canadien, le personnage principal devient vite très attachant. Doté d’un humour corrosif, d’un caractère de cochon et d’une bravoure sans égal, Cerebus est prêt à tout, même à perdre un bout de son identité, tant que la richesse et la reconnaissance sont au bout de l’effort. Les personnages secondaires (Elrod l’albinos, Lord Julius, les frères McGrew), emmenés par le désopilant Cafard de lune (super-héros schizophrène, sorte de pastiche de Moon Knight), ne sont d’ailleurs pas en reste et apportent beaucoup de saveur au récit.

Mais, le véritable attrait de cette saga est la narration aux petits oignons de Dave Sim. Les dialogues, pleins de sous-entendus, d’humour, de double-sens et de cynisme, sont d’une finesse rare et permettent à l’auteur de critiquer, avec une intelligence souvent déconcertante, la politique, la religion et le surendettement de cette société axée sur l’enrichissement personnel. Une inventivité qui se retrouve également au niveau du découpage et des changements de format. Si le trait fin et le graphisme noir et blanc collent parfaitement au récit, c’est surtout la couverture de Gerhard qui attire le regard. Notons au passage que cet architecte de métier participe activement à la confection des décors à partir de l’épisode #65 des aventures de l’oryctérope.

Un chef-d’œuvre venu d’Outre-Atlantique !

Retrouvez cet album dans MON TOP 2010 !

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2011 !

Keiji Nakazawa – Gen d’Hiroshima (Tome 5)

Posted in BANDES DESSINÉES, Guerre, K.BD, Manga / Manhwa, Séries, Vertige Graphic, [Angoulême 2000-2005], [DL 2000 à 2005], [Terminées] with tags , on 30 novembre 2007 by Yvan

Keiji Nakazawa - Gen d'Hiroshima (Tome 5)Il y a plusieurs manières de décrire un génocide. Il y a la manière Deogratias, où en juxtaposant l’avant et l’après du génocide on laisse imaginer le génocide même. Il y a la manière Maus: Un survivant raconte, où l’histoire d’un survivant est retracée via un dessin très simpliste qui sait rester en arrière plan tout en se prêtant admirablement bien à l’histoire !

Si Gen d’Hiroshima, en grande partie autobiographique, suit plus la manière de Maus (dont l’auteur fait d’ailleurs la préface du premier tome), il faut commencer par déplorer les dessins caricaturaux et expressifs qui ont tendance à pousser l’histoire en arrière plan, voir même de lui enlever de sa crédibilité. Comment ne pas regretter que les coups de poing du petit frère de Gen donnent l’impression de faire plus mal que les séquelles de l’irradiation, comment ne pas s’agacer de la surabondance de coups de poing que se donnent la plupart des personnages de tome en tome, comment ne pas douter de la droiture et de la bonté exagérée du petit Gen qui offre sa nourriture difficilement obtenue aux inconnus alors que sa petite soeur va mourir de faim … ?

En faisant abstraction de l’insuffisance du dessin manga des années 70 à se prêter à se type d’histoire, on ne peut néanmoins s’empêcher de reconnaître le côté poignant de l’histoire et l’honnêteté de l’auteur vis-à-vis du militarisme, de la politique et de la société japonaise.

Ce 5ième tome, qui montre la lutte de Gen et de sa famille (ce qu’il en reste) au milieu d’un pays livré à la mafia et au chaos, se déroule néanmoins déjà plus de 2 ans après l’explosion de la bombe d’Hiroshima, et c’est pourquoi je conseillerais à tout le monde de lire surtout les 2-3 premiers tomes pour la qualité du récit de cette page dramatique de l’histoire et que ceux qui parviennent à assimiler le dessin aillent au bout des 2700 pages …

Personnellement, c’est à la lecture de ce 5ième tome que je m’arrête !

Keiji Nakazawa - Gen d'HiroshimaLisez également l’article sur le blog de K.BD !