Archive for the Chabouté Category

Christophe Chabouté – Moby Dick, Livre premier

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Chabouté, Diptyques, Franco-Belge, Vents d'Ouest, [Accessible], [DL 2014] with tags on 5 février 2014 by Yvan

Les aplats noirs de Chabouté s’attaquent à la baleine blanche de Melville !

Christophe Chabouté - Moby Dick, Livre premierAprès avoir démontré son pied marin dans « Terre-Neuvas » et sa capacité à adapter des récits d’aventure en s’attaquant à une nouvelle de Jack London (« Construire un feu »), Christophe Chabouté vient gonfler la légende du capitaine Achab, dont la quête vengeresse envers Moby Dick est gravée à jamais dans l’imaginaire collectif.

Fidèle au récit original d’Herman Melville, l’auteur débute chaque chapitre par des extraits du roman. Cette première partie de diptyque se contente d’installer les différents personnages clés de l’histoire, tout en partageant progressivement la folie qui anime le capitaine du Pequod, seul maître à bord et obnubilé par une vengeance aveugle envers ce cachalot blanc qui lui a autrefois arraché la jambe. Si ce premier tome retranscrit également à merveille l’ambiance à bord de ce navire baleinier de la fin du XIXe siècle, le lecteur regrettera néanmoins de ne pas encore apercevoir Moby Dick. Réservant la véritable confrontation pour le second volet, Chabouté ne fait en effet qu’évoquer le célèbre monstre marin.

Le scénario ne réservant que peu de surprises, cette longue mise en place vaut surtout le détour au niveau du graphisme. Dans son style typique, Chabouté s’approprie le récit de Melville dès les premières pages. Multipliant les planches muettes, il utilise les non-dits pour installer une atmosphère dont il a le secret. En quelques cases, il parvient à brosser des personnages hauts en couleurs, tels que le capitaine Achab, dont les pas sur le pont du navire semblent hanter le sommeil des marins, ou le harponneur cannibale Queequeg, dont les tatouages et les têtes humaines momifiées s’installent immédiatement au diapason de la personnalité du personnage. À l’aide de grands aplats noirs, il parvient à faire planer l’ombre du célèbre cachalot blanc sur cette histoire qui attend le prochain tome pour prendre son envol.

Un bon tome d’introduction… en attendant un second volet que l’on espère grandiose !

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Chabouté – Un peu de bois et d’acier

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Chabouté, Franco-Belge, One-shots, Vents d'Ouest, [Avancé], [DL 2012] with tags on 26 décembre 2012 by Yvan

L’histoire d’un banc public… tout simplement !

Chabouté – Un peu de bois et d'acierDans ce nouveau one-shot totalement muet, Christophe Chabouté raconte la vie d’un banc public. Passé la surprise de voir un tel objet devenir le personnage principal d’une bande dessinée, le lecteur découvre de bien belles histoires en voyant les passants, les jours et les saisons défiler. À travers le quotidien de ce bout de bois et d’acier, l’auteur raconte l’histoire de la vie qui défile, partageant ces petits instants anodins qui passent souvent inaperçu, mais qui s’avèrent finalement d’une grande richesse. Un sourire, un regard, quelques larmes, une engueulade, une rencontre, une romance ou un moment de solitude ou de repos… le tout partagé au détour d’un banc public qui demeure immuable quoi qu’il arrive.

Le pitch peut paraître monotone, mais Chabouté a l’intelligence de faire revenir les mêmes personnages sur ce lieu, permettant ainsi au lecteur d’assister à leur évolution au fil des passages. Malgré leur simplicité apparente, ces instants de vie sont emplis d’humanité, de poésie et de sensibilité. L’humour est également au rendez-vous, comme en témoigne cette extraordinaire scène avec le ballon. Plaçant le lecteur dans une position de voyeurisme envoûtant, celui-ci s’attache également inévitablement aux personnages et à ce banc.

Avec l’excellent Tout Seul, Chabouté a déjà prouvé que son dessin noir et blanc pouvait facilement se passer de dialogues et de textes. S’il livre à nouveau une œuvre totalement silencieuse, il réalise également l’exploit de conserver le même décor (un simple banc) durant la quasi entièreté de l’album, sans jamais lasser le lecteur. Malheureusement, et c’est probablement là son seul (gros) défaut, cet album se lit très vite, ce qui rend ce moment de lecture probablement plus onéreux qu’agréable.

Néanmoins, si vous en avez les moyens, installez-vous sur un banc et prenez le temps de lire cet album…

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Chabouté – Tout Seul

Posted in BANDES DESSINÉES, Chabouté, Franco-Belge, One-shots, Vents d'Ouest, [Angoulême 2009], [Avancé], [DL 2008] with tags , on 14 avril 2010 by Yvan

Chabouté tout seulCertains poètes ont besoin d’une avalanche de mots pour faire passer des sentiments. Dans Tout Seul, Chabouté se la joue à l’économie, son graphisme sombre et efficace rendant tout texte superflu. Au milieu de jeux d’ombres splendides, les non-dits et les longs moments de silence, font lentement leur devoir. Le lecteur se laisse envelopper par l’ambiance, par la solitude, par les sentiments de cet homme reclus. Les mots se font rares, mais chacun d’entre eux percute le lecteur tel un coup de massue : BOUM !!!

Le grand nombre de pages et le mutisme du récit permettent à l’auteur de placer méticuleusement son décor et ses quelques personnages. Les attributs qui accompagnent cet homme dans son isolement ne sont pas nombreux, mais sont utilisés avec maestria par un Chabouté en grande forme. Des attributs qui vont graduellement contribuer à comprendre et à développer la psychologie de cet habitant solitaire du phare, à l’image de ce poisson rouge, que l’auteur utilisera par deux fois avec brio.

Il faut aussi souligner la justesse des deux personnages secondaires, l’un entretenant le mythe de ce personnage que personne n’a jamais vu et l’autre partageant l’envie du lecteur d’en apprendre plus. Un second marin qui, de par son passé, partage les sentiments d’isolement et de solitude de celui que tout le monde surnomme Tout Seul.

Du grand art !

Chabouté – Pleine Lune

Posted in BANDES DESSINÉES, Chabouté, Franco-Belge, One-shots, Vents d'Ouest, [Accessible], [DL 2000 à 2005] with tags on 5 avril 2010 by Yvan

Pleine LuneUn album que tous les fonctionnaires qui m’ont un jour emmerdé derrière leur guichet à la con devraient lire au lieu d’apprendre par cœur ces petits détails du règlement qui ont l’art de faire chier un client rarement roi. Grâce à Chabouté vous pouvez vous venger de tous ces fonctionnaires bornés, stupides, racistes, intransigeants et à cheval sur le règlement, particulièrement quand il leur est favorable. Un vrai moment de bonheur !

Cet excellent album commence de façon très réaliste avec des fonctionnaires qui ont une prolificité amplement digne de leur réputation et avec cette frustration de se retrouver devant une administration aussi lente et bornée qu’incompétente.

Ensuite l’histoire bascule vers une aventure nocturne peu agréable d’Edouard Tolweck. Lentement mais sûrement, le sort va s’acharner sur ce fonctionnaire pour lequel on va presque finir par éprouver de la pitié, mais que finalement on aimerait bien achever tellement il reste con dans son malheur. Petit à petit la probabilité des événements que va vivre Edouard va diminuer, le récit va quasiment virer vers l’absurde pour magistralement retomber sur ses pattes en fin d’album.

J’avais déjà su apprécier « Purgatoire » de Chabouté et avec cette nouvelle lecture plus qu’agréable l’envie de lire d’autres albums de Chabouté est devenue encore plus grande. Surtout que son dessin noir et blanc est encore mieux que son dessin en couleur dans « Purgatoire » et que ses autres albums que j’ai en ligne de mire sont également en noir et blanc.

Chabouté – Construire un feu

Posted in BANDES DESSINÉES, Chabouté, Franco-Belge, One-shots, Vents d'Ouest, [Accessible], [Angoulême 2008], [DL 2007] with tags , on 25 février 2010 by Yvan

Chabouté - Construire un feuTout comme Jirô Taniguchi, qui rendit hommage au célèbre écrivain Jack London dans « L’homme de la Toundra » avec une histoire de chercheurs d’or affrontant le blizzard du grand nord, Christophe Chabouté s’attaque ici à l’un des classiques de la littérature américaine en adaptant la célèbre nouvelle de l’auteur de «Croc Blanc».

Démarrant sur une préface nécessaire à l’installation du contexte, le scénario, comme gelé par le froid environnant, avance lentement, rythmé par une voix-off exprimant les pensées de plus en plus pessimistes et emplies d’angoisse de cet homme prisonnier d’un enfer glacé. L’histoire se résume en deux mots, l’issue est connue d’avance et pourtant, Christophe Chabouté parvient à accrocher le lecteur.

L’ambiance de cette bande dessinée, qui en incitera beaucoup à relancer leur feu ouvert d’une bonne buche, n’y est sûrement pas étrangère. Alors qu’on était surtout habitué aux décors sombres de Chabouté, c’est d’un manteau de neige d’une blancheur extrême qu’il recouvre ici chacune de ses planches. Un découpage à l’aide de grandes cases d’une grande lisibilité et qui met l’accent sur chacun des petits gestes de cet homme qui tente de survivre face aux forces de la nature. Une impression de ralenti qui accentue encore ce silence funèbre que le lecteur n’interrompt que pour tourner les pages de ce splendide album.

Le seul défaut de ce one-shot étant probablement qu’il se lit aussi vite que les allumettes de cet homme en proie au froid du Grand Nord canadien se consomment.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2008 !

Christophe Chabouté – Henri Désiré Landru

Posted in Chabouté, DIVERS, K.BD on 14 février 2010 by Yvan

Christophe Chabouté - Henri Désiré LandruDans ce one-shot Christophe Chabouté transforme Henri Désiré Landru, tueur en série qui défraya la chronique à la fin de la première guerre mondiale, en victime d’une machination machiavélique. L’auteur revisite ainsi l’histoire de ce monstre qui fut condamné à mort en décembre 1921 et propose une hypothèse osée et intéressante, même si la naïveté de Landru peut laisser perplexe.

Le récit débute dans le contexte historique d’une France affrontant l’ennemi dans des tranchées boueuses et pleines de cadavres, pour ensuite plonger le lecteur dans une ambiance d’après-guerre très réaliste, tout en livrant des bribes du procès. Chaque passage étant porté par la virtuosité du graphisme noir et blanc de l’auteur. Un style qui procure une ambiance sombre et prenante au récit.

Très bien !

Christophe Chabouté - Henri Désiré LandruLisez également l’avis de Zorg sur K.BD !