Archive for the Christophe Dabitch Category

Christophe Dabitch – Abdallahi

Posted in BANDES DESSINÉES, Christophe Dabitch, Diptyques, Franco-Belge, Futuropolis, K.BD, [Avancé], [DL 2006] with tags , , on 1 avril 2010 by Yvan

En se basant sur les carnets de voyage de René Caillié, alias Abdallahi, Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx nous livrent une adaptation romancée du périple de cet homme qui a risqué sa vie afin de réaliser son rêve.

Nous sommes au début du XIXème siècle, l’Europe a pris pied sur les côtes africaines et les différents pays européens se lancent à la conquête de l’intérieur des terres du continent noir. Au milieu de ces assauts militaires peu fructueux, un français débute un pèlerinage esseulé de 4500 kilomètres à pied en 2 ans, des côtes du Sénégal à Tanger, sans aucun soutien de la nation et en se faisant passer pour un Egyptien musulman.

Cet album commence avec la naissance d’Abdallahi, le serviteur de Dieu. Fraîchement converti à l’Islam, René Caillié, Charentais fils de bagnard, va initialement surtout vouloir servir sa gloire personnelle en devenant le premier Européen à revenir vivant de Tombouctou, ville interdite aux Blancs.

C’est une aventure périlleuse que l’on suit au sein d’un continent africain encore vierge de colonisation. Une aventure qui va confronter Abdallahi et le lecteur aux beautés non souillées de l’Afrique, une quête qui ouvre les yeux sur l’Islam, les coutumes de tribus locales et la colonisation meurtrière. Un choc de cultures dans un passé qui paraît bien lointain, mais qui résonne encore aujourd’hui tout en incitant le lecteur à la réflexion tout au long de ce voyage passionnant.

Une première partie de ce diptyque biographique qui est de toute beauté, avec 88 pages peintes avec des couleurs directes. Des vignettes qui respirent l’atmosphère d’une Afrique poussiéreuse à la chaleur palpable. Une colorisation magnifique, brûlante et brillante. Des peintures dignes de peintres impressionnistes et que l’on aimerait bien accrocher à ses murs.

Tout comme le « Le photographe », on vit un magnifique voyage au milieu d’un continent, dont on prend plaisir à découvrir la culture et la religion sous un angle différent, sous l’angle de personnes qui ont repoussé leurs propres limites et nous ramènent la pureté, la richesse culturelle et la chaleur humaine des pays qu’ils ont croisés, mais qui nous ramènent également une réflexion qu’il est bon de tenir. Une compréhension de l’autre qu’il est toujours bon d’avoir et qui incite au respect, qu’il s’agisse d’une autre culture, d’une autre période, d’une autre religion ou d’une autre personne.

Lisez également l’avis de Lunch sur K-BD !

Dabitch & Pendanx – Jeronimus

Posted in BANDES DESSINÉES, Christophe Dabitch, Futuropolis, Trilogies, [Avancé], [DL 2009] with tags , on 9 février 2010 by Yvan

Jeronimus dabitchAmsterdam, octobre 1628. Une nouvelle vie commence pour Jeronimus Cornelisz. Embarqué à bord d’un navire commercial à destination de l’île de Java, l’apothicaire d’Haarlem espère laisser tous ses problèmes derrière lui. Chaque souffle dans les voiles du superbe trois-mâts l’éloigne un peu plus de ce cercle d’amis soupçonné d’hérésie et de cette pharmacie désertée par les clients depuis que son fils unique est décédé de la syphilis. Les intempéries, la gangrène, le scorbut et autres maux ont cependant vite fait de miner le moral des marins à bord du Batavia. La révolte gronde et chaque incident fait un peu plus de vagues … jusqu’à cette fameuse nuit du 4 juin 1629 !

Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx poursuivent la triste biographie de Jéronimus, ce hollandais qui, frappé par le malheur et au bord de la ruine, tente de refaire sa vie à bord du Batavia, le navire de la célèbre VOC : La Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Après avoir goûté à l’ambiance de l’Amsterdam du XVIIe siècle lors du précédent volet de cette trilogie, le lecteur retrouve le huis clos prenant qui s’installe à bord de ce navire batave ayant appartenu à l’une des entreprises capitalistes les plus puissantes qui ait jamais existé. Au fil des regards et des échanges verbaux qui nourrissent les complots, le récit va basculer et approcher très lentement ce point de non-retour nommé mutinerie. Alors qu’un ballet sournois à la fin inéluctable s’installe entre le Capitaine Ariaen, le Commandeur Pelsaert, Creesje et Jeronimus Cornelisz, le gouffre qui sépare les officiers des classes sociales moins privilégiées ne fait qu’augmenter les tensions au sein de l’équipage. Si la maladie, les intempéries et les morts contribuent à saper l’ambiance de cette expédition maritime sans retour, ce sont surtout la transformation psychologique et le nouvel état d’esprit de Jeronimus qui préfigurent le drame qui se profile au fil des pages. Petit à petit, le père de famille s’efface au détriment d’un psychopathe visionnaire, sournois et calculateur.

Après avoir étalé son talent dans les déserts d’Abdallahi, Jean-Denis Pendanx démontre qu’il a également le pied marin et livre à nouveau un graphisme de toute beauté. Les splendides peintures plongent le lecteur dans l’ambiance d’époque et rendent souvent tout texte superflu. La mise en images du naufrage du Batavia sur les récifs des îles Albrohos au large de l’Australie est à ce titre tout bonnement époustouflant.

Du grand art !