Archive for the Fred Vargas Category

Fred Vargas – Temps glaciaires

Posted in Fred Vargas, Littérature with tags on 26 décembre 2018 by Yvan

L’Islande et la Révolution française !

Fred Vargas - Temps glaciairesAyant déjà lu l’enquête suivante du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, cette lecture m’a donc permis de découvrir quel passif son équipe trimballait à l’entame de « Quand sort la recluse », alors que lui semblait encore perdu dans une brume islandaise bien épaisse.

Ce récit démarre par un double suicide, l’un à Paris et l’autre dans la vallée de Chevreuse. La découverte d’un étrange symbole griffonné près du corps de cette femme retrouvée les veines ouvertes dans sa baignoire et de ce châtelain mort d’une balle de fusil de chasse en plein gosier, marque néanmoins le début d’une vaste enquête qui va s’étendre de l’Islande (nous y sommes !) à la Révolution française (vous avez dit bizarre ?)…

Le premier plaisir de ce roman est de retrouver les policiers de la brigade criminelle du XIIIe arrondissement de Paris. De la force spectaculaire de Violette Retancourt à l’érudition d’un Danglard toujours aussi fan de vin blanc, en passant par les mèches rouges de Veyrenc, les personnages ne manquent pas de charisme, emmenés par un commissaire Adamsberg, dont on prend à nouveau grand plaisir à suivre le fil des pensées qui émergent sans prévenir au fil des pages. Le lecteur se laissera même attendrir par Marc… un sanglier pas comme les autres.

Le second est le style envoûtant, espiègle et élégant de Fred Vargas, cette capacité à envelopper un polar classique dans une ambiance unique. De « l’afturganga » islandais à la Tour hantée du « Creux », en passant par une société secrète qui voue un culte à Robespierre, l’auteure mélange les lieux et les époques, enrichit son récit de références historiques, tout en plongeant le lecteur dans une brume de mystères dont seul Adamsberg pourra le sortir. Ordonnant les pensées de son personnage principal de manière aussi chaotique que poétique, elle joue avec les mots, élevant au passage ce genre souvent décrié vers un niveau que peu d’auteurs parviennent à atteindre, tout en proposant une approche spiralienne vers la résolution de l’énigme… une impression de tourner légèrement en rond, tout en avançant lentement mais sûrement vers le cœur de l’intrigue… pas besoin de se presser… on est bien là, en compagnie de Fred Vargas et de son pelleteur de nuages…

Je reste fan !

Fred Vargas – Quand sort la recluse

Posted in Fred Vargas, Littérature with tags , on 2 août 2017 by Yvan

Sur les traces de Magellan !

Fred Vargas - Quand sort la recluseQuand on aime lire, il y a des auteurs auxquels on ne peut pas éternellement échapper. Je devais donc un jour finir par lire du Fred Vargas et je ne peux que regretter de ne pas l’avoir fait plus tôt.

Par contre, ce n’est visiblement pas la première enquête du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, donc j’aurais peut-être dû commencer par le premier roman car au fil des pages l’on se rend vite compte que l’esprit du commissaire est encore perdu dans la brume islandaise de sa précédente enquête et que son équipe trimballe un certain passif. Après lecture, je peux néanmoins affirmer que ce tome peut se lire indépendamment des précédents, sans avoir l’impression de louper quelque chose d’important.

Le récit débute donc par le retour du commissaire Adamsberg, obligé de quitter la tranquillité de sa petite île islandaise pour enquêter sur le meurtre d’une femme écrasée par le 4×4 de son mari. Tout comme le mystérieux voyeur qui espionne l’une des enquêtrices, cette investigation n’est qu’une mise en bouche vite expédiée, le menu principal étant constitué d’araignées peureuses, visiblement transformées en tueuses de petits vieux. La recluse, également appelée « Loxosceles rufescens » par les spécialistes, serait en effet à l’origine du décès de deux vieux du côté de Nîmes… ce qui a tendance à éveiller tous les sens du commissaire.

Si l’intrigue s’avère légèrement capillo-tractée et que l’identité du coupable n’est pas forcément imprévisible, l’intérêt de ce roman se situe au niveau des personnages et du style de l’auteure. De la solide Retancourt à Danglard qui fait le con, en passant par les mèches rouges de Veyrenc, les personnages ne manquent pas de charisme, emmenés par un commissaire Adamsberg, dont on prend grand plaisir à suivre le fil des (proto-)pensées. Le lecteur se laisse en effet volontiers balader au gré des micro-bulles d’air qui traversent l’esprit de notre héros et qui lui permettent de voir se que les autres ne voient pas lorsqu’elles explosent.

Si sa manière d’ordonner ses pensées m’a énormément plu, je suis encore plus admiratif vis-à-vis de l’art de Fred Vargas de jouer avec les mots. De cette recluse qui, dès le titre, invite à se poser la question « La femme ou l’araignée ? », à la galère de Magellan qui permet à l’équipe de traverser les pires tempêtes, en passant par la chèvre de Monsieur Seguin, l’auteure tisse une toile emplie de poésie, dont on prend grand plaisir à démêler les fils. Il y a comme de la musique qui sort de ses phrases et quelques notes continuent d’ailleurs de résonner au-delà de la ponctuation finale…

Me voilà donc fan !