« Quelque chose sous nos pieds » propose donc la suite de ce scénario catastrophe signé Luc Brunschwig, Aurelien Ducoudray et Florent Bossard. Après un tome de mise en place assez dense, qui installait de nombreux personnages au sein d’une cité phocéenne ravagée par un séisme de grande ampleur, et dont la fin apportait un éclairage bienvenu concernant l’origine du drame et du titre de la saga, ce second volet constitue le véritable envol de cette série au niveau du scénario.
Les tremblements de terre, qui poussent l’armée à boucler la ville de Marseille et à rassembler les nombreuses victimes dans le Stade Vélodrome, sont donc causés par un gigantesque monstre marin et non par un impact de météorite, comme le laissaient entendre les autorités. Après avoir semé plusieurs intrigues lors du volet précédent, Luc Brunschwig, Aurelien Ducoudray s’amusent à les emboîter, tout en dévoilant déjà plusieurs zones d’ombre. Si la mort suspecte de Mademoiselle Guidoli leur permet d’ajouter une intrigue policière au scénario catastrophe, ils n’oublient pas non plus de d’insuffler une dimension sociale, humaine et politique importante à ce thriller prenant.
Les deux scénaristes prennent en effet le temps de mettre en avant plusieurs personnages touchés par cette catastrophe. Ceux qui s’attendent à voir surgir un héros genre Bruce Willis ou Will Smith, capable de sauver tout le monde, tout en renvoyant le monstre marin ad patres, ressortiront néanmoins déçu de cette lecture car cette catastrophe fait surtout ressortir toute la noirceur du genre humain. Entre une femme qui se fait violer dans les décombres, une villa pillée par des fuyards, une infirmière sous influence, des autorités qui cachent la vérité, une mamie blogueuse et un politicien en manque d’audimat, il ne ressort en effet pas grand-chose de bon de ce chaos.
Visuellement, Florent Brossard propose un graphisme réaliste qui colle parfaitement à ce scénario catastrophe.
Avec trois albums simultanés dans les vitrines de toutes les bonnes librairies, Lucky Luc dégaine les bandes dessinées plus vite que son ombre pour l’instant. Si la conclusion de « La Mémoire dans les Poches » est un véritable petit bijou et que le « XIII Mystery » consacré à Jonathan Fly est probablement le meilleur de la série, il ne fallait pas s’appeler Nostradamus pour savoir que ce quatrième tome d’ « Urban » allait être une véritable tuerie !
Suite à l’attaque terroriste qui a plongé le parc d’attraction de Monplaisir dans un chaos total et à son refus d’abattre un homme, Zacchary Buzz se retrouve confiné dans son appartement. Le jeune Interceptor ayant toujours un accès illimité aux archives de Monplaisir, cette immobilisation ne l’empêche cependant pas de faire avancer son enquête et de se rapprocher de la vérité…
Si le début de cette saga absolument incontournable laissait déjà entrevoir toute la noirceur des coulisses peu glamour de ce paradis artificiel dorénavant privé de paillettes, Luc Brunschwig lève désormais progressivement le voile sur la genèse du « dernier endroit où ça rigole dans la galaxie » et sur son créateur et dirigeant mégalo, Springy Fool. Distillant ses flash-backs avec toujours autant de précision, il poursuit la mise à nu de toute la superficialité de cette société accro à la téléréalité, construite sur des inégalités sociales et donnant à l’argent le pouvoir de l’illusion du bonheur. Après avoir livré les regards innocents de Zach et du jeune Niels sur ce gigantesque parc d’attractions, l’auteur fait maintenant tomber le masque de l’homme déguisé en lapin blanc qui anime cette cité à l’apparence idyllique.
Faisant preuve d’une narration toujours aussi experte, l’auteur montre le vrai visage de Springy Fool, démontrant à nouveau sa capacité à construire des personnages complexes. Si les portraits d’Ishrat, la splendide jeune fille couverte de tatouages, et de Zach, le héros délicieusement naïf de cette saga, révélaient des individus foncièrement attachants, l’éclairage apporté aux personnages de Springy Fool et de son homme de main Membertou, s’avère beaucoup plus sombre. La noirceur de ces portraits n’est cependant jamais totale, à l’image de cette incapacité touchante du fondateur de la mégapole à séduire les femmes qui lui plaisent…
Dénouant les fils de son intrigue et apportant un nouvel éclairage aux événements des tomes précédents, Luc Brunschwig place progressivement les dernières pièces de ce puzzle qui nous tient en haleine depuis quatre tomes et dont on attend déjà la conclusion avec grande impatience.
Visuellement, il faut bien avouer que les italiens ne font pas que parler avec leurs mains, ils savent également dessiner. L’artiste transalpin, qui avait déjà eu la gentillesse de dessiner mes enfants déguisés en Mega Mindy et Mega Toby lors de la page 53 du précédent album, fait une nouvelle fois parler tout son talent. En véritable architecte de ce lieu de plaisir et de débauche, il parvient à plonger ce monde fait de néons, de paillettes et de couleurs dans une ambiance oppressante, distillant progressivement la noirceur qui anime les coulisses de cet univers enjôleur. J’ai beau finir dernier à chaque partie de Pictionary et accorder plus d’importance au scénario d’une bande dessinée qu’à son graphisme, cela ne m’empêche pas de me sentir privilégié quand un dessinateur prend soin de peaufiner ses planches avec tant d’attention. Forza Italia !
Il ne me reste plus qu’à terminer par un avis aux quelques Robinsons qui n’ont pas encore entamé cette série, en leur signalant la parution d’un pack à prix réduit, comprenant les deux premiers tomes de la saga. Franchement les gars, il est temps de quitter votre île car le voyage en vaut la peine !
Je ne surprendrai probablement personne en mentionnant finalement que vous pouvez également retrouver cet album dans mon Top BD de l’année !
J’attendais le onzième tome de ce spin-off visant à approfondir l’univers de XIII en se concentrant à chaque fois sur l’un des personnages de la saga, avec grande impatience. Comme chaque tome de cette saga est attribué à un duo inédit d’auteurs (tandis que Jean Van Hamme garde un œil sur l’ensemble afin d’éviter au maximum les incohérences scénaristiques) et qu’il y avait un certain Luc Brunschwig annoncé au scénario, vous comprendrez aisément pourquoi. Outre la joie de voir mon auteur fétiche sur une saga dont la taille du lectorat est à la hauteur de son talent, j’étais également curieux de découvrir ce que donnerait son association avec Olivier TaDuc (« Chinaman », « Griffe blanche »).
Si certains tomes de ce spin-off avaient la lourde tâche de s’intéresser à des personnages secondaires, Luc Brunschwig et Olivier TaDuc ont la chance (et la grande responsabilité) de pouvoir s’attaquer à l’un des personnages-phare de la saga. Jonathan Fly n’est en effet pas uniquement un journaliste engagé du « Mountain News », vivant caché dans un bled perdu nommé Greenfalls, c’est surtout le père adoptif de Jason Fly, alias Jason Mac Lane. Etant donné que XIII aura tenu tout le monde en haleine sous ce nom, je n’étais probablement pas le seul à attendre ce spin-off avec grand intérêt.
Ce one-shot plonge donc dans le passé du journaliste, levant ainsi le voile sur la période qui précède les événements tragiques de « La nuit du 3 août ». En se basant sur les informations contenues dans les tomes 6 et 7 de la série mère, Luc Brunschwig imagine une intrigue qui débute par l’étrange disparition du pasteur noir Isayah Caton-Wood, grand défenseur des droits de la population noire des Etats-Unis et homme qui dérange donc l’establishment. Au fil des pages, l’auteur va forcément également s’intéresser au sort de Jonathan Fly, mettant d’une part la (non-)relation qu’il entretient avec son fils en avant, mais dévoilant surtout pourquoi il a choisi de se terrer dans un bled paumé, ainsi que les faits qui ont précédé de son assassinat.
Luc Brunschwig a cette capacité de vous dresser le portrait de personnages forts, qui ne vous quittent pas une fois l’album refermé, mais j’étais cependant persuadé qu’il avait pour cela besoin de place et de temps… alors qu’il se retrouvait ici dans l’obligation de livrer un one-shot. Et bien, Houston n’a eu aucun problème et je me suis donc royalement planté, car le garçon nous livre à nouveau des personnages fouillés, qu’il nous croque en seulement quelques cases. Deux truites jetées à la poubelle par le petit Jason, un regard que le scénariste connaît visiblement trop bien à en croire la préface touchante dédiée à ses enfants, et hop, le tour est joué, on s’attache au gamin et à ses aventures. De même pour Jasper Konrad Glover, le grand patron du FBI, que l’on ne met que quelques cases à détester.
Une fois les personnages en place, l’auteur déroule le reste de ses capacités, c’est-à-dire une narration impeccable et cette aptitude à imbriquer toutes les pièces de son puzzle quand il faut et comme il faut. Force est également de constater que Brunschwig à beau faire une saga grand public, cela ne l’empêche pas de mettre en avant certaines pages peu glorieuses de l’histoire des Etats-Unis. Puis, il y a forcément cette relation père-fils, qui ne pouvait évidemment pas manquer et l’appel, thème qui tient l’auteur particulièrement à cœur. Bref, du Brunschwig en one-shot, j’en redemande !
Luc Brunschwig sait également s’entourer de personnages particulièrement talentueux pour la partie graphique de ses albums et c’est une nouvelle fois le cas avec Olivier TaDuc au dessin et Bérengère Marquebreucq à la colorisation. D’un trait réaliste, précis et parfaitement adapté au style de la saga originelle, le premier offre une mise en scène parfaitement rythmée et de toute beauté, tandis que la seconde semble aussi à l’aise en forêt qu’en pleine nuit, distillant à chaque fois la bonne ambiance.
Bref, le meilleur tome de la série et un one-shot qui place la barre très haute pour les deux tomes qui restent à venir : Daniel Pecqueur et Philippe Buchet pour le suivant, consacré à Alan Smith, et Jean Van Hamme himself et Olivier Grenson pour le treizième volet.
Ceux qui n’ont pas la mémoire en poche, se souviendront probablement du premier volet de cette saga, datant déjà de 2006. Le chemin parcouru fut donc presque aussi long que celui de ce papy qui doit user de copions pour rafraîchir ses souvenirs… mais l’attente valait certainement le coup.
N’ayant pas d’aide-mémoires planqués dans mes vêtements, j’ai commencé par relire les deux premiers volets avant de plonger dans la conclusion de cette chronique sociale qui devait encore révéler la plupart de ses secrets. Si le premier volet suivait principalement les pas de ce mystérieux papy souffrant de troubles de la mémoire et trimballant un nourrisson affamé au milieu d’une banlieue populaire, le lecteur suit dorénavant d’un Laurent Létignal, bien décidé à retrouver la trace de son père, disparu depuis plusieurs années. Accompagné de Marion, filmant chaque étape des éventuelles retrouvailles pour une émission télévisée, Laurent remonte donc la piste des indices abandonnés par son père en cours de route. Au fil des rencontres, il découvre les secrets et les véritables origines de son géniteur.
A l’aide de flashbacks habilement distillés et d’une narration exemplaire, qui soigne particulièrement les transitions entre les différentes époques, Brunschwig dévoile les mensonges qui fissurent progressivement cette famille en apparence tellement heureuse. Entre une mère devenue dépressive, un fils qui voit son père se transformer en véritable inconnu et le passé traumatisant du septuagénaire, Brunschwig libère progressivement toutes les souffrances de ses personnages. Si cette conclusion est une nouvelle fois d’une grande justesse et débordante d’humanité, elle s’avère surtout riche en émotions. Puisant dans son propre patrimoine familial, on sent que l’auteur a mis tout son cœur dans cette relation père-fils qui atteint son apogée sentimentale lors d’une scène finale particulièrement bouleversante.
Si la vie du septuagénaire est chargée en émotions, la découverte de son passé à travers le regard de ses proches permet également d’apporter une réponse à toutes les questions laissées en suspens lors des tomes précédents. Cet ultime volet est donc également celui des révélations, qui ne manqueront pas de surprendre le lecteur, tout comme elles abandonnent régulièrement Laurent sur le cul.
La première et la dernière case de cette conclusion ont beau être similaires, ce qui se déroule entre les deux est d’une grande densité. Pourtant, malgré la complexité et la richesse de l’existence de ce septuagénaire marqué par l’occupation allemande, Luc Brunschwig parvient à livrer un récit d’une fluidité exemplaire, qui ne perd jamais son lecteur.
Au niveau du graphisme, j’ai toujours été fan du graphisme d’Etienne Le Roux et, malgré le très bon travail de Jérôme Brizard sur la colorisation du tome précédent, je suis tout de même ravi de retrouver le dessinateur aux manettes de la colorisation. Outre sa capacité à donner vie aux petites gens, j’ai donc également pris grand plaisir à replonger dans l’ambiance unique, pleine de douceur, qu’il parvient à insuffler à ses planches à l’aide de tons savamment choisis.
Une saga qui restera dans les mémoires et un coup de cœur qui mérite une petite place dans mon Top BD de l’année !
Etant donné le cliff-hanger du premier volet de ce reboot signé Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray au scénario et Dimitri Armand au dessin, le titre de cette suite n’est pas vraiment une surprise. Le premier volet se terminait en effet par un Bob Morane en fuite dans la jungle du nord Nigéria, découvrant par hasard un village n’apparaissant sur aucune carte. L’homme qui règne en maître sur cette cité futuriste n’étant autre que l’énigmatique Mr Ming, la rencontre entre Bob Morane et celui qui orne la couverture de cet album semble donc inévitable.
Si les personnages emblématiques de la saga sont bien évidemment au rendez-vous de cette remise à jour, c’est néanmoins Tania Orloff, la nièce et protégée de Mr. Ming, qui joue un rôle clef dans ce tome. C’est à travers elle que le lecteur va découvrir un Mr. Ming moins caricatural que dans l’œuvre originelle et aux intentions finalement assez louables. Certes, les deux personnages deviendront inévitablement ennemis, mais le nemesis de Bob Morane n’est finalement peut-être pas un si mauvais bougre. Force est d’ailleurs de constater que le célèbre aventurier d’Henri Vernes se retrouve également abusé par ce monde futuriste où même les projets humanitaires cachent de sombres vérités économiques.
Et oui, Luc Brunschwig et Aurélien Ducoudray livrent non seulement des personnages plus travaillés, mais également une réflexion engagée sur le rôle et l’exploitation de l’Afrique dans notre monde actuel. L’aventure ne se limite donc pas à des actes héroïques, mais implique aussi une dimension humaine et une critique acerbe des dirigeants de ce monde qui asservissent les populations et manipulent les gens… dont notre héros. Certains regretteront cette naïveté de leur héros, tout comme le rôle secondaire d’un Bill Ballantine envoyé sur une mission parallèle en compagnie d’une Miss Ylang-Ylang pas beaucoup plus fiable, mais nul doute que les deux se retrouveront par la suite, lors d’un second cycle que j’attends déjà avec grande impatience.
Visuellement, Dimitri Armand participe également à la réussite de cette remise à neuf. En proposant un découpage dynamique et des cadrages très cinématographiques, il contribue à l’apparence plus moderne de ce reboot. De plus, d’un trait réaliste, il livre des personnages qui ont beaucoup de charisme et s’amuse même à mettre les auteurs de la saga en scène en tant que figurants.
Bob Morane n’est plus uniquement un héros d’hier, mais un « Héros de tous les temps » !
« Deux visions pour un pays » est le quatrième volet tant attendu du second cycle du cultissime polar « Le Pouvoir des innocents« .
À la fin du tome précédent, Luc Brunschwig abandonnait mon personnage préféré pour morte, dans les bras d’un Domenico Coracci, chargé de se débarrasser du corps de la jeune punkette démocrate. N’ayant pas vraiment apprécié la victoire surprenante de Lou Mac Arthur à l’élection du nouveau gouverneur de l’État, Angelo Frazzier, le parrain de la maffia locale, venait en effet de passer ses nerfs sur la pauvre petite. La victoire du démocrate soutenu par Jessica Ruppert et sa prise de position contre la peine de mort provoquent d’ailleurs également une émeute à la prison de Rickers Island, où les détenus ne partagent visiblement pas l’idée d’épargner la vie de Joshua Logan, l’auteur présumé de l’attentat qui coûta la vie aux 508 partisans de la démocrate Jessica Ruppert.
« Deux visions pour un pays » plonge le lecteur au sein d’une Amérique partagée entre deux visions antagonistes : l’une particulièrement radicale, en faveur de la peine de mort et basée sur la répression, puis l’autre, celle de Lou Mac Arthur, de Jessica Ruppert… et de Luc Brunschwig, plus sociale, plus humaine et donnant sa chance à la rédemption. Des politiciens qui s’impliquent sur le terrain, la création d’une police de proximité, un système carcéral plus participatif basé sur la réinsertion, offrant une seconde chance aux brebis égarées… Yep, moi je vote Brunschwig !
« On peut tuer légalement une personne et s’imaginer avoir réglé le problème qu’elle représentait. On peut aussi la laisser en vie… Recueillir sa parole… Savoir ce qui l’a poussé à ce geste fou… Comprendre quels mouvements haineux couvent au sein de notre ville et peut-être trouver comment apaiser durablement cette fureur. »
Si le fond de l’intrigue est clairement politique et sociétal, Luc Brunschwig vous sert néanmoins sa vision des choses avec grande maestria, en basant l’ensemble sur une intrigue en béton armée et des personnages profondément humains et attachants. Procès médiatique, enquête policière et histoire d’amour sont donc au rendez-vous de ce tome qui se déroule entre le mercredi 10 novembre 1999 et le mardi 27 février 2001 et fait évoluer les différents protagonistes au fil de chapitres de quelques pages, au rythme soutenu, qui s’intègrent avec brio dans l’ensemble, tout en multipliant les rebondissements. Du grand art !
Et comment parler d’art sans évoquer le travail à quatre mains absolument remarquable de Laurent Hirn et de David Nouhaud. Si le dessinateur originel de la série s’occupe avec brio du story-board et de la colorisation de la saga et que David Nouhaud (« Maxime Murène ») propose un dessin réaliste, détaillé et expressif, il faut également noter la contribution pour le moins surprenante de Thomas Priou, qui signe deux pages en forme de dessin animé satyrique, parodiant le quotidien de Wyatt Whitaker, un candidat à la présidence fortement inspiré de Georges W. Bush.
Après avoir ressuscité Bob Morane (Bob Morane – Renaissance), Luc Brunschwig et Aurelien Ducoudray s’associent à Florent Bossard pour détruire la ville de Marseille. Si le pitch a de quoi allécher tout supporter du PSG qui se respecte, ceux qui me connaissent savent que c’est plutôt le nom de Brunschwig, véritable Zlatan du neuvième art, qui m’a incité à attaquer cette nouvelle saga.
Le récit débute donc comme un scénario catastrophe, montrant la cité phocéenne ravagée par un séisme de grande ampleur. Le lecteur a donc droit aux scènes classiques de dévastation, suivi de l’évacuation et du rassemblement des victimes au stade Vélodrome. Cependant, concernant la cause du séisme, Luc Brunschwig et Aurelien Ducoudray s’amusent à multiplier les fausses pistes, ne dévoilant la véritable origine du drame que lors de la toute dernière page de ce premier volet… arrrrgggg, les fourbes ! De plus, ils ont la bonne idée d’ajouter une petite intrigue policière à ce scénario catastrophe, ce qui incite encore plus à vouloir découvrir la suite au plus vite.
Puis, forcément, Brunschwig ne serait plus Brunschwig s’il n’intégrait pas une dimension sociale, humaine et politique importante à ce thriller prenant. Les deux scénaristes prennent en effet le temps de mettre en avant plusieurs personnages touchés par cette catastrophe. Au fil des pages et de quelques flash-backs bien placés qui permettent d’en apprendre plus sur leurs passés respectifs, le lecteur fait ainsi la connaissance de Léa, une pédopsychiatre qui a perdu son mari lors de l’effondrement d’un parking souterrain, de Rédouane, un inspecteur de la police scientifique qui enquête sur une victime tuée par balle, d’Edwige, une infirmière qui s’occupe tant bien que mal des enfants traumatisés par le cataclysme, mais également d’Antoine, un père de famille habitué à côtoyer la mort…
Si les auteurs s’intéressent à l’aspect humain, le réalisme du contexte politico-social m’a frappé au lendemain de l’attentat terroriste qui vient de secouer ma ville, plongeant la capitale de l’Europe dans un état de siège et de panique qui n’a finalement pas grand-chose à envier aux scènes décrites dans cet album. Visuellement, je dois donner raison à mon libraire concernant cette couverture vieillotte qui n’incite pas vraiment à se jeter sur l’album. À l’intérieur, le dessin de Florent Brossard manque certes encore un peu de maîtrise, surtout au niveau des expressions, mais le jeune artiste parvient déjà à étaler son talent au niveau du découpage et de la colorisation et propose un graphisme réaliste qui colle finalement très bien à ce scénario catastrophe.
Une excellente mise en place et un album que vous pouvez retrouver dans mon Top BD de l’année !