Archive for the Marc-Antoine Mathieu Category

Marc-Antoine Mathieu – Otto, l’homme réécrit

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Avancé], [DL 2016] with tags on 25 novembre 2016 by Yvan

La quête identitaire d’un artiste !

Marc-Antoine Mathieu - Otto, l’homme réécritCe nouveau one-shot signé Marc-Antoine Mathieu (Dieu en personne, Julius Corentin Acquefacques,
3 secondes, Sens) invite à suivre la crise existentielle d’Otto, un artiste pourtant arrivé au sommet de son art.

C’est la mort de ses parents qui va précipiter le questionnement existentiel d’Otto. Il reçoit en effet une malle en héritage, contenant l’intégralité des faits et gestes des sept premières années de son existence. Il décide alors de s’isoler du monde et de revivre les sept premières années de sa vie en temps réel. Lui qui n’avait que très peu de souvenirs de son enfance, découvre progressivement que tout ce qu’il est devenu était déjà pré-écrit dès son plus jeune âge. En ayant subitement accès à l’intégralité de son tissu originel, il réalise qu’aucune de ces actions et de ses choix artistiques ne relève du « libre arbitre »… que tout n’est qu’illusion et que son œuvre n’est finalement qu’une énorme imposture!

Adepte de sujets conceptuels, Marc-Antoine Mathieu propose une introspection philosophique qui invite le lecteur à se poser des questions existentielles et à s’interroger sur sa propre identité. Si l’approche est une nouvelle fois brillante, j’ai trouvé le manque d’empathie envers le personnage principal un peu dommage. Le lecteur a en effet beau revivre son enfance en sa compagnie, c’est surtout la démarche intellectuelle et l’observation purement factuelle qui intéresse l’auteur. Ce sentiment de distance envers ce personnage que l’on n’apprend jamais à véritablement connaître se retrouve encore renforcé par une narration en voix-off.

Visuellement, le talent narratif de cet auteur qui recherche constamment les limites de l’art séquentiel n’a plus besoin d’être démontré. Usant d’un trait précis et minimaliste, il propose un dessin noir et blanc d’une sobriété renforcée par l’absence de phylactères et merveilleusement mis en valeur par ce format à l’italienne très élégant. Comme d’habitude, l’auteur tente de repousser les limites du neuvième art en jouant avec les cadrages, avec les concepts et avec la géométrie des formes. Ici, ce sont les reflets et les jeux de miroir qui jouent un rôle prépondérant. Ces miroirs sont comme des fenêtres qui permettent au personnage central de s’observer tout en se redécouvrant au fil des pages.

Marc-Antoine Mathieu – Sens

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Avancé], [DL 2014] with tags on 24 novembre 2014 by Yvan

Suivez les flèches !

Marc-Antoine Mathieu - SensSi j’apprécie beaucoup ce que fait Marc-Antoine Mathieu lorsqu’il met son talent visuel au service d’un bon scénario, comme il le fait si bien dans Julius Corentin Acquefacques, j’ai beaucoup plus de mal lorsqu’il se livre à des exercices purement visuels. Déjà dans « 3 secondes », j’avais trouvé que sa recherche de l’originalité à tout prix, se faisait au détriment du scénario.

Ce nouveau one-shot invite à suivre un homme qui se balade dans un univers désertique en suivant les directions données par des flèches. Ce jeu de piste entièrement muet se déroule sur près de 250 pages et invite le personnage central (et le lecteur) à trouver un sens (à sa vie). Si visuellement l’exercice s’avère extrêmement maîtrisé et qu’il faut probablement chercher un sens philosophique à cette errance, j’ai eu finalement assez de mal à me prêter au jeu et à trouver le bon sens. Cette narration qui s’amuse avec les codes graphiques de manière fort astucieuse démontre une nouvelle fois tout le talent narratif de cet auteur qui recherche constamment les limites de l’art séquentiel, mais n’a pas réussie à me séduire au niveau du scénario.

Bref, un bel objet et un exercice certes original, mais dont je n’ai pas trouvé le sens… alors que c’était probablement le but de l’ouvrage.

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, Le décalage (Tome 6)

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Avancé], [DL 2013] with tags on 15 mars 2013 by Yvan

La virtuosité de Marc-Antoine Mathieu !

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, Le décalage (Tome 6)Après l’étonnant 3 secondes, qui sacrifiait un peu trop le récit au profit du concept, Marc-Antoine Mathieu propose enfin le sixième tome de sa série phare : Julius Corentin Acquefacques !

Si le début de chaque aventure est connu d’avance – Julius Corentin Acquefacques qui se réveille au pied du lit, prêt à vivre une nouvelle histoire à dormir debout – l’auteur semble d’emblée avoir un sérieux problème : son héros a loupé le début de son aventure ! La couverture porte d’ailleurs le chiffre sept et la véritable couverture se trouve perdue quelque part en page intérieure. Marc-Antoine Mathieu semble donc prêt pour un nouveau délire, aux frontières des codes de l’art séquentiel.

En ayant passé le mur du temps sur un lit supersonique, Julius Corentin Acquefacques se retrouve perdu dans une histoire de décalage spatio-temporel et le récit se retrouve du coup privé de héros. Ce sont donc les personnages secondaires qui vont mener l’enquête et qui vont essayer de retrouver Julius Corentin Acquefacques. Vous l’aurez compris, cette quête existentielle d’Hilarion Ozéclat, des frères Dalenvert et du professeur Ouffe permet une nouvelle fois d’étaler toute l’ingéniosité et le talent de Marc-Antoine Mathieu. En utilisant des procédés narratifs extrêmement inventifs, l’auteur propose un scénario qui s’avère en effet d’une originalité débordante. Au fil des pages, le lecteur se retrouve totalement conquis par le récit et sous le charme de l’approche astucieuse imaginée par l’auteur. Distillant des dialogues subtils et jouant habilement la carte du burlesque, Marc-Antoine Mathieu joue avec la structure du temps et propose un album mêlant réflexions philosophiques, jeux de mots, ainsi qu’une bonne dose d’absurdité parfaitement contrôlée.

Visuellement, Marc-Antoine Mathieu continue de faire preuve d’une grande inventivité et de jouer habilement avec les codes du neuvième art, malmenant avec grand plaisir ses personnages et démontrant une nouvelle fois sa grande maîtrise du noir et blanc. Après la surprenante théorie de l’anti-case du premier volet ou cette fameuse spirale en 3D dont tout le monde se souvient, il joue une nouvelle fois avec le support même de cette BD en mêlant les planches même de l’album (ou ce qu’il en reste) à son scénario.

Une histoire à ne manquer sous aucun prétexte, mais dépêchez-vous, car vous venez déjà de louper le début…

Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !

Découvrez également la bande annonce :

Marc-Antoine Mathieu – 3 secondes

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Angoulême 2012], [Avancé], [DL 2011] with tags , on 8 novembre 2011 by Yvan

Challenge visuel !

Marc-Antoine Mathieu - 3"Ce one-shot signé Marc-Antoine Mathieu invite à suivre un faisceau lumineux qui parcourt les 66 pages de cet album en 3 secondes. Au fil des ricochets et des changements d’angles, le lecteur découvre certains détails qui lui permettent de reconstituer le puzzle imaginé par l’auteur.

Si visuellement l’exercice s’avère extrêmement maîtrisé et intelligent, il a déjà beaucoup plus de mal à convaincre au niveau du scénario. Dénouer tous les fils de ce crime sur fond de scandale dans le milieu du foot s’avère en effet assez périlleux.

Ce gigantesque zoom est proposé dans un format de 9 cases alignées 3 par 3, mais également en version numérique sur le net. Ce film en noir et blanc qui multiplie les reflets, démontre une nouvelle fois tout le talent narratif de cet auteur qui recherche constamment les limites de l’art séquentiel, mais a ici également tendance à inutilement complexifier l’intrigue de ce polar.

S’il faut donc une nouvelle fois saluer la performance visuelle et même inviter le lecteur à se munir d’un miroir lors de la lecture, pour une fois, je suis cependant un peu plus sceptique au niveau du scénario.

Ils en parlent également : Mo’, Choco, Yaneck, Noukette, Lunch, Lelf, Zorg

Découvrez la bande annonce :

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, La 2,333e dimension

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Avancé], [DL 2000 à 2005] with tags , on 16 juin 2011 by Yvan

Un chef-d’œuvre sans perspectives !

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, La 2,333e dimensionJe pensais que Marc-Antoine Mathieu avait totalement exploité les limites de son univers et ne pourrait plus me surprendre. J’avais tort !

Dans cette nouvelle histoire à dormir debout, Julius Corentin Acquefacques ne se retrouve plus enfermé dans un environnement où l’espace est limité et soigneusement rationné, mais doit se rendre dans l’inframonde, un endroit situé au-delà du rêve et de la réalité, pour y retrouver … un point de fuite. Il faut dire que sans ce point qui sert de repère aux lignes de fuites et permet ainsi de donner du volume à une représentation en 2D, le monde de Julius Corentin Acquefacques manque cruellement de profondeur. Du coup, les personnages se retrouvent dans une dimension située quelque part entre la 2D et la 3D, la 2,333ème dimension pour être précis. Vous imaginez l’horreur pour le dessinateur ?

Afin de réparer ce monde sans perspectives, notre fonctionnaire au Ministère de l’Humour se rend donc dans un univers riche en surprises. De cases qui s’envolent à un passage en 3D pourvu de lunettes adaptées, en passant par des brouillons crayonnés et des univers parallèles dessinés (« La Mouche » de Trondheim et « La fièvre d’Urbicande » de Schuiten et Peeters), l’aventure proposée par l’auteur déborde une nouvelle fois d’intelligence et de créativité. Marc-Antoine Mathieu continue de jouer avec les codes graphiques, sort ses personnages des cases et repousse une nouvelle fois les limites du support.

Si les jeux de mots sont une nouvelle fois jubilatoires, il faut également applaudir ce passage où la 3D est parfaitement exploité. Il suffit de jeter un œil au hors-série de l’excellente série « Mutafukaz » (It came from the moon !) pour constater que ces lunettes 3D n’apportent pas toujours un plus au récit.

Une série coup de cœur et des tomes 1, 3 et 5 qui sont exceptionnels !

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, Le Processus

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Angoulême < 2000], [Avancé], [DL 1900 à 2000] with tags , , on 2 juin 2011 by Yvan

Prisonnier des rêves !

Marc-Antoine Mathieu - Julius Corentin Acquefacques, Le ProcessusDès les premières planches de ce troisième tome, le lecteur retrouve cet univers envoûtant où l’espace est limité et soigneusement rationné. C’est d’ailleurs d’un air amusé que j’ai découvert les mesures prises par les autorités afin de faire face à la crise du logement et aux problèmes de circulation dans cette ville surpeuplée.

Comme d’habitude, cette nouvelle histoire à dormir debout démarre au pied du lit de Julius Corentin Acquefacques. Après la recherche de l’origine du premier tome et l’étrange mission qui consistait à découvrir la Qu… lors du volet précédent, notre fonctionnaire au Ministère de l’Humour se retrouve pris dans un engrenage infernal suite à un léger décalage de temps. Cet enrayement infime du processus va totalement chambouler la vie et le rêve d’un Julius Corentin Acquefacques qui, faisant honneur au titre complet de la série, se retrouve prisonnier des rêves. Distillant des dialogues subtils et jouant habilement la carte du burlesque, Marc-Antoine Mathieu joue avec la structure du temps et propose un récit beaucoup plus fluide que le précédent.

Visuellement, Marc-Antoine Mathieu continue de faire preuve d’une grande inventivité et de jouer habilement avec les codes du neuvième art, malmenant avec grand plaisir son personnage principal et démontrant une nouvelle fois sa grande maîtrise du Noir et Blanc. Après la surprenante théorie de l’anti-case du premier volet, il joue une nouvelle fois avec le support même de cette BD en proposant cette fois une spirale en 3D. À l’instar de « L’origine », l’auteur mêle également une nouvelle fois les planches même de l’album à son histoire. J’adore !

Et comme « Le Processus » a reçu un Alph-Art au Festival d’Angoulême de 1994, vous pouvez retrouver cet album dans mon Best of du Festival d’Angoulême.

Marc-Antoine Mathieu – Julius Corentin Acquefacques, l’Origine

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, Marc-Antoine Mathieu, One-shots, [Avancé], [DL 1900 à 2000] with tags , , on 24 mai 2011 by Yvan

Démonstration aux confins du neuvième art !

Marc-Antoine Mathieu - Julius Corentin Acquefacques, l'Origine Mais comment ai-je pu passer à côté d’un tel chef-d’œuvre ! Heureusement que cette réédition, proposée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de Delcourt, m’a permis de combler cette lacune.

Julius Corentin Acquefacques est un fonctionnaire du Ministère de l’Humour chargé de statuer sur le potentiel comique de nouvelles histoires supposées être drôles. Sa vie n’a rien d’extraordinaire, jusqu’au jour où il commence à recevoir des pages de BD qui mettent en scène sa propre vie. D’où viennent ces pages, à quel point sont elle liées à son destin ? L’enquête menée par le principal intéressé se révèle très vite prenante et permet d’étaler l’ingéniosité et le talent de Marc-Antoine Mathieu.

En utilisant des procédés narratifs extrêmement inventifs, l’auteur propose un scénario qui s’avère en effet d’une originalité débordante. Au fil des pages, le lecteur se retrouve totalement conquis par le récit et sous le charme de l’approche astucieuse imaginée par l’auteur. Le graphisme, tout en contraste de noir et de blanc, est parfaitement maîtrisé et invite le lecteur à aller de surprise en surprise, sans oublier de passer par ce fabuleux concept de l’anti-case que je vous laisse découvrir.

Magistral !