Archive for the Saphia Azzedine Category

Saphia Azzeddine – Mon père en doute encore

Posted in Littérature, Saphia Azzedine with tags , on 9 février 2022 by Yvan

Me voilà également fan du papa !

Saphia Azzeddine - Mon père en doute encoreDepuis « Confidences à Allah » je suis grand fan de Saphia Azzeddine (Mon père est femme de ménage, La Mecque-PhuketCombien veux-tu m’épouser ?, Bilqiss, Sa mère). Pas seulement de l’écrivaine, mais également de la belle personne qu’elle dévoile au fil de ses romans, que ce soit à travers les nombreuses phrases pleines de bon sens qu’elle nous claque au visage ou à travers ces personnages foncièrement attachants qui sentent bon le vécu. Pour ce huitième roman, à forte dimension autobiographique, elle nous ouvre encore un peu plus la fenêtre vers son âme…

En nous livrant l’histoire de son père, immigré marocain de Figuig, dans l’extrême est du Maroc, Saphia Azzeddine livre non seulement un texte personnel, plein d’émotions, de tendresse et d’autodérision, mais surtout un hommage émouvant à ce père, certes protecteur, parfois maladroit et régulièrement intransigeant, mais surtout bienveillant et débordant d’amour pour ses enfants.

En mêlant sa propre enfance au passé de ce père transmettant ses conviction et ses valeurs en roulant les r, Saphia Azzeddine dévoile ses racines et l’immense richesse qu’elle a reçu en héritage, tout en me faisant progressivement réaliser que je suis finalement fan des Azzeddine sur plus d’une génération. Ah, qu’il m’a séduit ce papa dont je distinguais l’écho depuis le tout premier roman, sans savoir d’où il venait !

Chaque mot déposé par Saphia Azzeddine est une preuve supplémentaire qu’il n’y a pas que les étoiles qui continuent de briller lorsqu’elles sont mortes…

Mon père en doute encore, Saphia Azzeddine, Stock, 282 p., 19 €

Ils en parlent également : Baz’Art, NoID

Saphia Azzeddine – Sa mère

Posted in Littérature, Saphia Azzedine with tags on 8 novembre 2017 by Yvan

Quête identitaire et bourgeoisie !

Saphia Azzeddine - Sa mèreCe nouveau roman de Saphia Azzeddine (Mon père est femme de ménage, La Mecque-Phuket) invite à suivre les pas de Marie-Adélaïde, une jeune femme née sous X, qui ne trouve pas sa place au sein de la société. De familles d’accueil à un séjour en prison, en passant par des foyers et quelques petits boulots sans perspectives, elle devient par hasard la nounou d’une famille bourgeoise. Son prénom huppé et la marque du doudou avec lequel elle a été abandonnée semblent indiquer que ce milieu qu’elle déteste tant pourrait bien être le sien. Afin d’en avoir le cœur net et afin d’enfin savoir qui elle est, Marie-Adélaïde décide donc de se lancer à la recherche de sa mère biologique…

Le lecteur assiste donc à la quête identitaire d’une héroïne au caractère bien trempé qui, à défaut d’avoir su se construire à cause de ce X qu’elle trimballe depuis la naissance, s’est amusée à dresser des murs autour d’elle, rejetant ce monde où elle végète sans but et sans origines. Si cette recherche des origines sert de fil rouge au récit, à travers son personnage, l’auteure jette également un regard à nouveau particulièrement critique sur la haute bourgeoisie, tout en soulignant la différence, voire même l’incompatibilité, entre les différentes classes. Si je suis grand fan du style d’écriture incisif et percutant de Saphia Azzeddine, tout comme c’était déjà le cas lors de la lecture de « Combien veux-tu m’épouser ? », je n’accroche pas trop lorsqu’elle s’attaque à l’univers des riches. Je préfère quand elle utilise son franc-parler pour embrasser la cause des « petites gens », bien loin des milieux bourgeois.

Bref, je reste fan de son ton cynique et accrocheur, mais je conseillerais plutôt la lecture de « Confidences à Allah » ou de « Bilqiss », car celui-ci m’a moins emballé.

Eddy Simon, Saphia Azzeddine et Marie Avril – Confidences à Allah

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Futuropolis, One-shots, Saphia Azzedine, [Accessible], [DL 2015] with tags on 25 novembre 2015 by Yvan

Allah est finalement plutôt sympa !

Eddy Simon, Saphia Azzeddine et Marie Avril - Confidences à AllahEtant bédéphile et de surcroît grand fan de Saphia Azzeddine, dont j’ai lu tous les romans (Confidences à AllahMon père est femme de ménage, La Mecque-Phuket, Combien veux-tu m’épouser ?, Bilqiss), je pouvais difficile passer à côté de l’adaptation de son premier livre par Eddy Simon (Violette Nozière, vilaine chérie) et Marie Avril. Après une adaptation couronnée de succès au théâtre, le premier ouvrage de l’écrivaine franco-marocaine trouve donc également le chemin du neuvième art.

« Confidences à Allah » retrace l’itinéraire de Jbara, une jeune bergère marocaine qui habite avec sa famille dans un bled paumé au milieu des montagnes. Malgré son éducation stricte, la jeune fille refuse le destin servile qui lui est réservé et se rebelle contre les règles imposées par la religion et par une société dirigée par les hommes. Afin d’échapper à la pauvreté et à sa condition de femme soumise, elle s’enfuit et finit même par vendre son corps avant de devenir …et c’est bien là toute l’ironie du sort … femme d’imam.

L’histoire de cette fille qui cherche à s’émanciper et à fuir un quotidien dénué de toutes perspectives d’avenir, est servie sous forme de long monologue coup-de-poing. Quand on habite dans ‘le trou du cul du monde’, le nez bien enfoncé dans la merde de la pauvreté, soumise à des lois d’hommes et contrainte de baiser pour un yaourt à la grenadine … les personnes à qui se confier se font rares. C’est donc à travers le Prophète, son seul et unique confident, que Jbara s’adresse à nous. Malgré sa recherche de liberté au sein d’un islam qui s’y oppose et son attitude rebelle envers des lois dégradantes, elle va parvenir à conserver sa foi en Allah et vivre sa croyance tout en dénonçant l’oppression des femmes et l’hypocrisie religieuse. Dans le contexte actuel, l’image de ce Dieu tolérant et bienveillant, qui l’accompagne tout au long de son chemin et lui donne la force de poursuivre, est plutôt salutaire.

Si cet album restitue avec brio le ton percutant de l’œuvre originale, ainsi que l’esprit de Jbara, j’ai cependant eu l’impression de survoler le texte de Saphia Azzeddine de façon trop fugace. Visuellement, pour une première réalisation, Marie Avril livre également de l’excellent travail, même si j’aurais opté pour une approche plus sombre au niveau de l’ambiance.

Lire cette bande dessinée est probablement un Haram, mais qu’il est parfois bon de vivre dans le péché !

Saphia Azzeddine – Bilqiss

Posted in Littérature, Saphia Azzedine with tags on 14 avril 2015 by Yvan

Pour la liberté des femmes !

Saphia Azzeddine - BilqissAprès Confidences à AllahMon père est femme de ménage, La Mecque-Phuket et Combien veux-tu m’épouser ?, je n’ai pas longtemps hésité à me procurer le dernier roman en date de Saphia Azzeddine. Avec « Bilqiss » l’auteure continue de se battre pour toutes les femmes opprimées par la religion et/ou par les hommes… une bien noble cause !

C’est l’histoire inimaginable de cette jeune indienne violée par six hommes dans un bus de New Delhi en 2012, puis transpercée par une barre de fer, qui a poussé Saphia Azzeddine à imaginer Bilqiss : une femme forte et libre dans un pays musulman non identifié où l’on lapide les femmes pour un rien.

Ce roman invite à suivre le long procès de cette héroïne condamnée à la lapidation pour avoir osé faire l’appel à la prière à la place d’un muezzin qui n’était pas en état de se réveiller ce matin-là. À ce crime impardonnable s’ajoute le fait qu’elle soit instruite, qu’elle laisse souvent dépasser une mèche de son voile, qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche et qu’elle possède des légumes de forme phallique non découpés dans son frigo… de quoi lui mettre à dos tout le village !

« Je savais aussi que s’épiler les sourcils était interdit puisque ça altérait la création de Dieu. Il ne fallait rien dénaturer et revenir à Lui comme II nous avait créés. Bien entendu, cette règle ne s’appliquait pas aux femmes dont les visages, après la lapidation, parvenaient en lambeaux à Sa porte. Elles, on avait le droit de les défigurer à souhait, pourvu que l’on ne redessine pas la courbe de nos sourcils. »

Dès les premières pages, on s’attache à cette jeune condamnée qui refuse de se soumettre aux règles stupides de quelques imbéciles qui estiment détenir le savoir universel et l’unique interprétation du Coran. À travers cette héroïne insolente et indomptable c’est l’auteure qui s’exprime, refusant que l’on bafoue plus longtemps sa religion et invitant les femmes soumises à se révolter. Ce roman n’est pas une attaque contre l’Islam, mais un hommage à cette religion à laquelle l’héroïne reste fidèle jusqu’au bout. L’auteure s’y insurge contre la domination des hommes et contre les abus perpétrés au nom d’Allah, au profit de pratiques barbares et moyenâgeuses.

« Mon Coran n’ordonne rien, aucune loi ne peut s’en dégager parce qu’il y a autant de lectures qu’il y a de musulmans, et ce n’est certainement pas une bande de fripons en robe blanche, rases de frais et le front souillé qui réduira mon saint Coran à un vulgaire mode d’emploi pour décérébrés. »

Si les paroles de Bilqiss sont criantes de vérité, d’autres voix se mêlent également au récit. Il y a tout d’abord les pensées de ce juge en charge de l’affaire, torturé entre cette Foi qu’on lui a enseignée et la sincérité des paroles qui émanent de cette femme insoumise. Ce double point de vue permet de comprendre la relativité entre ce qui est considéré comme bien ou comme mal. Il y a ensuite la voix de cette journaliste américaine qui ajoute un regard plus occidental à l’ensemble et qui invite également à réfléchir à la frontière entre une compassion qui sert souvent à donner bonne conscience et un voyeurisme malsain qui sert malheureusement à faire grimper la vente de journaux.

Ces trois visions différentes forment un tout, qui correspond à la vision que l’auteure tente de partager avec nous, toujours en usant de cette narration qui vient des tripes sans pour autant être dénuée d’intelligence. Quand Saphia Azzeddine nous parle, ses mots claquent, percutent et ne laissent pas indifférent. Perso, je reste fan !

Saphia Azzeddine – Combien veux-tu m’épouser ?

Posted in Littérature, Saphia Azzedine with tags on 1 septembre 2013 by Yvan

Saphia Azzeddine s’attaque aux riches !

Saphia Azzedine - Combien veux-tu m'épouser ?Après Confidences à AllahMon père est femme de ménage et La Mecque-Phuket, Saphia Azzeddine délaisse l’univers des pauvres pour s’attaquer à celui des ultra-riches.

« Les pauvres doivent s’habiller pour ne pas avoir froid tandis que les riches doivent s’habiller pour être élégants. »

Tout débute sur une île privée des Seychelles, où Tatiana tombe amoureuse de Philip. Ils sont beaux, riches, s’aiment et décident de se marier… Un vrai conte de fées, …sauf que la narratrice s’appelle Saphia Azzeddine et qu’elle va très vite s’empresser de détruire le mythe de la princesse qui épouse le prince charmant.

« Je suis un père aimant mais je n’aime pas qu’on paonne quand on est une poule. J’ai épousé une femme pauvre et vulnérable pour me prémunir de toute revendication, je l’ai traitée comme une princesse pour anesthésier sa réflexion et j’ai laissé les scintillements de ses diamants irradier le reste. »

De la meilleure copine à la femme de ménage, en passant par tous les membres de la famille de Tatiana, chaque personnage prend la parole au fil des chapitres. Accompagnant le parcours tout tracé de ce couple vers l’autel, l’auteure s’intéresse aux coulisses de ce mariage hors-prix, démontrant au passage que le bonheur n’en n’a pas.

« On peut tenter l’aventure et construire quelque chose ensemble en se disant la vérité dès qu’on pourra éviter de se mentir. »

Dans un style toujours aussi franc, Saphia Azzeddine dirige cette fois ses flèches et ses répliques qui font mouche vers la haute bourgeoisie. J’ai malheureusement moins accroché au sujet et je n’ai pas réussi à m’identifier/m’attacher à ces personnages qui dépensent sans compter.

Malgré quelques bons passages et une fin qui m’a plu, l’ensemble ne m’a donc pas convaincu.

Saphia Azzeddine – La Mecque-Phuket

Posted in DIVERS, Littérature, Saphia Azzedine with tags on 7 novembre 2010 by Yvan

Dernier round de Saphia !

Saphia Azzeddine - La Mecque-Phuket Après « Confidences à Allah » et « Mon père est femme de ménage« , « La Mecque-Phuket » est le dernier volet de cette trilogie coup-de-poing de Saphia Azzedine.

Si j’avais particulièrement apprécié le premier (qui a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation théâtrale saluée par la critique) et un peu moins accroché au second, j’ai à nouveau dévoré ce troisième roman, toujours aussi juste, mais beaucoup plus drôle que les deux précédents.

L’auteure décrit intelligemment le quotidien de jeunes français issus de l’immigration, qui sont partagés entre le respect des traditions familiales ancestrales et les tentations qu’offre la vie occidentale moderne. Partagée entre la réalisation des souhaits des anciens et ses propres aspirations, l’héroïne de ce récit est placée devant un choix très simple, mais qui résume parfaitement la complexité de cette existence à cheval entre des racines profondes et les envies de toute une génération de jeunes Français : La Mecque et ce fameux pèlerinage que tout bon musulman se doit de faire ou Phuket et ses plages exotiques ? Le Paradis Divin ou le Paradis Terrestre et immédiat, bien loin des HLM de banlieue ?

La question peut paraître simple, mais l’image est judicieusement choisie et permet à Saphia Azzeddine de partager sa vision sur l’islam et sur les jeunes Français d’origine maghrébine en général et sur la place de la jeune fille fière et musulmane en particulier. L’écriture se veut moderne, souvent drôle et jamais moralisatrice. Le style direct, conservé tout au long de cette trilogie, allie finesse et rudesse et me plaît énormément !

Un petit extrait:

– On dirait que tu t’en fous de la meuf qui s’est fait asperger avec de l’acide.
– Je ne m’en fous pas mais elle a assez de ses deux yeux pour pleurer. Pourquoi tu veux que j’aille l’inonder avec mes larmes?
– Pfff n’importe quoi… C’est bien d’être solidaire aussi.
– Je serai plus utile à cette fille avec une tête bien remplie qu’avec des yeux embués crois-moi…

Il y a de quoi chialer, hurler ou aboyer si on s’en tenait aux histoires de ces filles violées, lapidées ou brûlées par de misérables pleutres. De la vermine, des couards, des lâches, des pétochards qui ne tolèrent la femme qu’une fois dedans et la contestent une fois dehors. Mais je me suis toujours méfiée de mes larmes quand elles coulent trop facilement, de celles que je verse devant la télévision et qui assèchent ma réflexion. Il ne fallait plus pleurer. Il était temps de panser et de penser.

Saphia Azzeddine – Mon père est femme de ménage

Posted in DIVERS, Littérature, Saphia Azzedine with tags on 30 août 2010 by Yvan

Saphia Azzedine Mon père est femme de ménageAyant particulièrement apprécié « Confidences à Allah », le précédent roman coup de poing de Saphia Azzeddine (qui a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation théâtrale saluée par la critique), je me suis logiquement jeté sur cette autre chronique d’une vie familiale perturbée.

Le héros est cette fois un adolescent de treize ans pas vraiment gâté par son environnement social, mais bien décidé de s’en sortir en utilisant la force des mots qu’il apprend en nettoyant la bibliothèque. Seuls points de lumière au sein de cette existence sans véritables perspectives, une jeune fille issue d’un autre milieu, plus aisé, et un père dont il a malheureusement honte …

Si certains passages font rire et que la justesse des mots de Polo fait souvent mouche, j’ai trouvé ce livre moins réussi que le précédent. Je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage principal et ce n’est qu’en deuxième moitié de lecture que je suis véritablement rentré dans le livre. Donc, excepté la fin qui est parvenue à me toucher et le style direct de Saphia Azzedine qui me plaît toujours autant, je suis sorti légèrement déçu de ce deuxième roman.

Un petit extrait :

– T’es pas un crétin toi ! Tu veux pas finir comme moi, alors tu déconnes pas …
– Ca veut dire quoi finir comme toi papa ?
– Ca veut dire que tu regardes plus souvent le sol que le ciel, mais que ça t’empêche pas d’marcher dans la merde quand même …