Archive for the Virginie Grimaldi Category

Laurine Roux – Sur l’épaule des géants

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 24 mai 2023 by Yvan

Une saga familiale sur deux siècles !

Laurine Roux - Sur l'épaule des géants« Sur l’épaule des géants » est une saga familiale, celle des Aghulon, où les femmes portent des noms de fleurs, de Violette à Iris en passant par Églantine, Marguerite, Rose et Camélia, et où les chats sont philosophes et bavards.

C’est à travers l’arbre généalogique de la famille Aghulon que Laurine Roux invite les lecteurs à traverser le XIXe et le XXe siècle. Une revisite plutôt rocambolesque qui permet de croiser une belle brochette de personnages historiques, dont Pasteur et Picasso, mais qui passe également inévitablement par les deux guerres mondiales. Un enchaînement de péripéties qui se déroule sur un rythme effréné de la moitié du XIXe siècle à nos jours.

En livrant son récit sous forme de chapitres courts qui donnent à l’ensemble un air de feuilleton ancien, Laurine Roux a cependant eu du mal à me garder accroché à l’histoire. Ces immersions trop courtes, séparées par trop de petits sauts temporels, m’ont également empêché de m’attacher pleinement aux personnages, même si la répartie des chats philosophes m’a souvent fait sourire. Le langage volontairement désuet et les tournures de phrases trop recherchées, ont également contribué à accroître ce sentiment de distance et cette impression de me retrouver plutôt dans un rôle de spectateur. Du coup, même si j’ai passé un bon moment de lecture, je ne suis jamais totalement parvenu à rentrer dans l’histoire, me contentant de suivre les péripéties des protagonistes tout en admirant les gravures en noir et blanc d’Hélène Bautista qui viennent agrémenter le texte.

Sur l’épaule des géants, Laurine Roux. Editions du Sonneur, 384 p., 24 €

Elles/ils en parlent également : Joëlle, Aurélie, Julien, Geneviève, Jean-Paul, Zazy, Mots pour mots, Ce que j’en dis

Virginie Grimaldi – Une belle vie

Posted in Littérature, Maladie, Virginie Grimaldi with tags , on 13 mai 2023 by Yvan

Une belle vie…pas si facile !

Virginie Grimaldi - Une belle viePour son dernier roman, l’autrice la plus lue en France, même par des hommes virils amateurs de polars sombres comme moi, nous emmène au Pays basque afin d’y assister aux retrouvailles d’Emma et Agathe Delrome, deux sœurs qui ne s’étaient plus vues depuis cinq ans et qui se retrouvent le temps d’une semaine de vacances dans la maison de leur grand-mère.

« Une belle vie » est un roman à deux temporalités, alternant un présent qui se déroule sur une semaine et un passé qui remonte jusqu’à la naissance de la cadette des deux sœurs. Un passé qui vient nourrir et éclairer les non-dits du présent et un présent qui sert à rattraper le temps perdu, tout en faisant brillamment écho à ce passé qui est à l’origine du lien tellement fort qui les lie, mais également des tensions qui les ont éloignées. Au fil des chapitres, Virginie Grimaldi déroule certes une belle vie, mais également parsemée d’obstacles et de moments douloureux.

Comme d’habitude, il est impossible de ne pas s’attacher aux personnages mis en scène par l’autrice. Les deux sœurs bien évidemment : l’aînée, prudente et protectrice, et Agathe, plus libre, mais également plus sensible. Mais il ne faudrait pas oublier la grand-mère, adorable, ou les personnages secondaires emmenés par ce vieux nourrissant les goélands sur la plage. S’asseoir en compagnie des personnages de Virginie Grimaldi, c’est la garantie de passer un bon moment !

Puis il y a cette plume « feel-good » de Virginie Grimaldi, accessible et drôle, qui achève de vous mettre de bonne humeur. Ceux qui la suivent sur les réseaux sociaux retrouvent le même boute-en-train à l’écriture, avec un sens de la répartie qui fait mouche et une autodérision à toute épreuve. Mais ne vous détrompez pas, malgré la légèreté du ton, Virginie Grimaldi ne manque pas d’aborder des thèmes plus sérieux, tels que la dépression, la bipolarité, le deuil, les maltraitances ou la maladie, le tout enveloppé d’une bonne dose d’amour familial et de sororité. Une belle vie donc, mais pas si facile que ça !

Ajoutez à cela de nombreuses références aux années 90 (ah, cette belle époque pleine de nostalgie !), ainsi que quelques clins d’œil à ses précédents ouvrages, dont un retour aux Tamaris, l’endroit qui m’avait fait découvrir Virginie Grimaldi dans « Tu comprendras quand tu seras plus grande », qui demeure mon roman préféré, et vous obtenez à nouveau un roman qui met de bonne humeur, tout en libérant quelques émotions au moment de le refermer.

Une belle vie, Virginie Grimaldi, Flammarion, 300 p., 20,90€

Elles/ils en parlent également : Mathilde, Karine, Stéphanie, Petite étoile livresque, Culture VSNews

Bénédicte des Mazery – L’intrus

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 10 mai 2023 by Yvan

Des adultes qui jouent à la poupée ?

Bénédicte des Mazery - L'intrusOutre les avis positifs, c’est surtout cette couverture intrigante, voire légèrement dérangeante, qui m’a attiré vers ce roman. Ce berceau vide titille en effet immédiatement la curiosité du lecteur et donne envie d’entamer la lecture au plus vite.

Dans ce thriller psychologique, Bénédicte des Mazery invite à suivre les déboire d’Elise, une femme de trente-cinq ans bien décidée à garder tout berceau vide car elle ne désire pas d’enfant et l’a d’ailleurs bien fait comprendre à son entourage. Le choc est donc énorme lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte de sept mois et demi, sans aucune possibilité de pouvoir encore avorter. Face à ce déni de grossesse qui la plonge dans le mutisme, ses proches décident de lui offrir un « Reborn Baby », une poupée en silicone plus vraie que nature qui fait fureur aux Etats-Unis et qui saura peut-être l’habituer à cette maternité imminente ?

À l’instar de « Celle qui criait au loup » de Delphine Saada, de « Un jour de plus de ton absence » de Mélusine Huguet ou encore « Le Dernier Sommeil de l’Ourse » de Sophie Jomain, j’ai de nouveau été incapable de m’attacher à cette mère dépourvue de fibre maternelle. Et si j’ai déjà du mal à accepter ces mères qui rejettent leur propre enfant, autant vous dire que j’ai eu encore plus de mal à accepter le fait qu’elle puisse lui préférer une poupée en silicone. Alors certes, ce reborn baby est utilisé par l’autrice comme sorte de catalyseur pour révéler les blessures enfouies des personnages, mais j’ai tout de même eu beaucoup de mal à adhérer au concept. Même si les pouvoirs thérapeutiques de ces reborn babies sont parfaitement expliqués, j’ai tout de même éprouvé pas mal d’incompréhension, voire même un certain malaise, à soudainement me retrouver au milieu d’adultes jouant à la poupée…

Le roman aborde certes beaucoup de thématiques intéressantes, tels que la maternité, le déni de grossesse, la dépression post-partum, le deuil, l’instinct maternel, le rôle du père ou l’impact d’une grossesse sur la relation mère-fille, mais il en fait peut-être un peu trop. Malgré cette avalanche de thématiques et des personnages pas vraiment attachants, les secrets familiaux enfouis au cœur des nombreux non-dits donnent néanmoins envie de découvrir la suite du récit, mais sans pour autant pouvoir parler de véritable suspens.

L’intrus, Bénédicte des Mazery, Plon, 288 p., 21€

Elles/ils en parlent également : Lison, Lise, Cindy, Julie, Mes p’tits lus

Cynthia Kafka – Contre vents et secrets

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 29 avril 2023 by Yvan

Résilience et secrets de famille !

Cynthia Kafka - Contre vents et secretsAprès avoir adoré « Je suis venue te dire » de Cynthia Kafka, je me suis laissé tenter par celui-ci, qui emmène ses lecteurs en Bretagne.

« Contre vents et secrets » invite à suivre les pas de Charlène, une trentenaire qui, venant de se séparer de son mari, se voit dans l’obligation de retourner vivre chez ses parents. Suite à l’accueil pour le moins glacial de ces derniers et la découverte d’une mystérieuse lettre datant de quelques mois avant sa naissance, Charlène décide de changer d’air, tout en allant lever le voile sur le passé de sa mère et sur ses propres origines…

À l’instar de « Je suis venue te dire », Cynthia Kafka livre une histoire de reconstruction qui alterne passé et présent, libérant progressivement une parole enfouie depuis trop longtemps, dévoilant des non-dits qui permettent enfin de tourner la page et comblant petit à petit ce vide affectif découlant de relations familiales construite sur trop de secrets et de silences…

« Contre vents et secrets » est également un voyage dépaysant qui invite à prendre l’air et à se resourcer sur une petite île bretonne qui accueille volontiers les naufragés de la vie. Tout comme Charlène, le lecteur se sent très vite chez lui au milieu de ces habitants qui forment une grande famille et où règnent l’entraide et la solidarité, bien loin des réseaux sociaux et du monde virtuel.

En dressant le portrait d’une héroïne mal dans sa peau et d’une femme en quête de vérité, Cynthia Kafka livre non seulement une histoire de résilience, mais surtout des personnages attachants que l’on prend plaisir à côtoyer, tout en découvrant leurs secrets.

Même si j’ai préféré « Je suis venue te dire », j’ai passé un moment de lecture très agréable et particulièrement dépaysant, qui donne non seulement envie d’aller faire un tour en Bretagne, mais également de continuer à lire les récits de Cynthia Kafka.

Contre vents et secrets, Cynthia Kafka, L’Archipel, 304 p., 19€

Elles/ils en parlent également : Audrey, Mathilde, Lily, Elora, Salomé, Laeti, Ladybooks, La lectrice dyslexique, Petite étoile livresque

Manon Fargetton – A quoi rêvent les étoiles

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags , , on 5 avril 2023 by Yvan

Briser la solitude !

Manon Fargetton - A quoi rêvent les étoilesDans ce roman divisé en plusieurs actes, livré sous forme de pièce de théâtre, Manon Fargetton s’inspire de la « théorie des six degrés de séparation » de l’écrivain hongrois Frigyes Karinthy, selon laquelle chaque personne sur la planète peut être reliée à n’importe quelle autre par une chaîne de six relations individuelles. Cette théorie qui détermine le nombre de personnes nécessaires pour relier deux parfaits inconnus date de 1929, une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas encore…

« A quoi rêvent les étoiles » invite donc à suivre cinq inconnus qui n’ont rien en commun, excepté un profond sentiment de solitude. Il y a Titouan qui reste cloîtré dans sa chambre, entouré de ses maquettes de Lego et s’échappant du monde réel à travers des jeux vidéo en réseau. Il y a Luce, inconsolable depuis la mort de son mari. Alix, passionnée de théâtre, rêvant d’intégrer une école à Paris afin de couper les ponts avec un père trop omniprésent. Gabrielle, la prof de théâtre d’Alix, incapable de se lier à un homme de peur de perdre sa liberté. Puis il y a Armand, le père trop protecteur d’Alix…

Au fil des pages, ce roman choral va s’atteler à lier ces nombreuses solitudes en empruntant les chemins du hasard et cette théorie qui invite à relier des inconnus. En entremêlant les destins de cinq personnages que tout sépare, Manon Fargetton va progressivement les sortir de l’isolement, utilisant les technologies existantes pour tisser des liens foncièrement humains qui ne manqueront pas de réchauffer le cœur des lecteurs.

Dressant le portrait de personnages foncièrement attachants, des cinq acteurs principaux aux nombreux rôles secondaires, emmenés par un Breizh Bob omniscient, « A quoi rêvent les étoiles » vous invite à manger des crêpes et à tisser des liens… un bien beau programme !

A quoi rêvent les étoiles, Manon Fargetton, Gallimard Jeunesse, 400 p., 17€

Elles/ils en parlent également : Anaïs, Jade, Clem, Anne, The Hungry Skater, Madalina, Papillon littéraire

Cynthia Kafka – Je suis venue te dire

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags , on 8 mars 2023 by Yvan

Le dernier rendez-vous d’un père avec sa fille !

Cynthia Kafka - Je suis venue te direAyant repéré « Contre vents et secrets » de Cynthia Kafka dans un top de fin d’année, je me suis mis à la recherche de l’ouvrage mais comme j’avais uniquement noté le nom de l’auteure, je me suis finalement retrouvé avec celui-ci entre les mains. Une erreur donc…qui après lecture, ne s’en avère finalement pas du tout une !

Celle qui est venue dire dans le titre se nomme Rose, une jeune femme de vingt-huit ans qui en a gros sur la patate au moment où elle regagne sa ville natale après dix ans d’absence. Elle compte d’ailleurs bien saisir cette dernière opportunité qui s’offre à elle, d’enfin pouvoir dire ses quatre vérités à ce père démissionnaire, à qui elle avait tourné le dos, mais qui vient d’être admis en soins palliatifs…

En alternant passé et présent, Cynthia Kafka raconte d’une part le retour de Rose à Chantilly et ses derniers moments en compagnie de son père, tout en invitant d’autre part à découvrir le passé de cette héroïne qui a non seulement perdu sa mère à l’âge de quatre ans, mais qui s’est également progressivement éloignée de ce père qui a choisi de noyer son chagrin dans l’alcool, délaissant totalement sa fille.

« Je suis venue te dire » est donc le récit d’une relation, voire même d’une confrontation, entre un père et sa fille. À l’instar de Marie-Sabine Roger dans « Dernière visite à ma mère », Cynthia Kafka narre un ultime rendez-vous entre deux êtres qui souffrent d’un vide affectif rempli de non-dits. Une dernière occasion de libérer une parole enfouie depuis trop longtemps, une sorte d’exutoire qui permettra d’enfin tourner la page et de se reconstruire. Mais comment trouver les réponses tant désirées lorsque, arrivée au chevet de son père, elle constate que ce dernier est incapable de communiquer autrement que par quelques clignements d’yeux ?

« Je suis venue te dire » est donc l’histoire d’une reconstruction, celle de Rose, arrivée débordante de rancœur, espérant enfin trouver la paix intérieure qui lui permettra d’avancer. C’est également le récit d’un retour aux sources, qui renoue avec le passé et réveille des souvenirs enfouis, invitant souvent à les regarder sous un nouvel angle, avec le recul nécessaire.

« Je suis venue te dire » est également un récit d’amitiés, de personnages attachants qui se retrouvent après tant d’années et qui vont s’entraider et se rapprocher au fil des pages. Tout comme Rose, le lecteur finit par se sentir bien en compagnie de sa mamie, de sa tata et de cette amie d’enfance tellement solaire, dorénavant infirmière, qui illumine les soins palliatifs de sa bonne humeur.

Si vous aimez les romans “feel good” qui abordent des sujets aussi délicats que douloureux avec autant de légèreté que de justesse, tels que savent si bien le faire Virginie Grimaldi, Marie Pavlenko (« Je suis ton soleil », « Un si petit oiseau »)  ou Anna McPartlin (« Les derniers jours de Rabbit Hayes », « Du côté du bonheur »), n’hésitez pas et foncez !

Je suis venue te dire, Cynthia Kafka, L’Archipel, 304 p., 18€

Elles/ils en parlent également : Elodie, Anaïs, Ma voix au chapitre, Lettres et caractères

Virginie Grimaldi – Il nous restera ça

Posted in Littérature, Maladie, Virginie Grimaldi with tags , on 13 mai 2022 by Yvan

De très belles rencontres !

Virginie Grimaldi - Il nous restera çaOuvrir un roman de Virginie Grimaldi c’est comme s’inscrire sur un site de rencontres. Si certains nieront l’avoir fait, le taux de réussite des personnages que Virginie Grimaldi fait défiler devant vous est pourtant proche des 100%. Essayez, vous verrez ! Personnellement, je n’ai de nouveau refusé personne dans ce nouveau roman. Jeanne, la vieille de 74 ans qui vient de perdre son mari et cherche à louer une chambre pour s’en sortir financièrement : hop, je prends ! Même sa petite chienne Boudine, moi qui ne suis pas très canin : hop rencard et dîner croquettes ! Chaque rencontre est un véritable coup de cœur dans ce roman !

Derrière ce titre qu’elle emprunte à un album de Grand Corps Malade, Virginie GrimaldiLes possibles », « Et que durent les moments doux », « Quand nos souvenirs viendront danser », « Tu comprendras quand tu seras plus grande », « Il est grand temps de rallumer les étoiles », « Chère Mamie au pays du confinement ») nous raconte l’histoire d’une colocation improbable entre trois personnes cabossés par la vie. Outre Jeanne, septuagénaire qui se retrouve subitement veuve, le lecteur fait la connaissance d’Iris, 33 ans, et de Théo, 18 ans, deux malmenés par la vie, qui cherchent désespérément un endroit où loger et qui se retrouvent subitement sous le même toit que Jeanne.

Progressivement, les trois colocataires qui s’étaient construit une carapace au fil des ans, s’apprivoisent et divulguent les secrets qui les empêchent d’avancer dans la vie. Ce roman choral qui dévoile graduellement ses personnages en leur donnant alternativement la parole, le temps de chapitres très courts qui dynamisent la lecture, aborde également des thèmes forts tels que la vieillesse, le deuil, l’isolement, l’alcoolémie, la violence conjugale ou la précarité. Des sujets profonds abordés avec beaucoup de justesse, de tendresse et d’humour.

Un coup de cœur parsemé de très belles rencontres qui m’ont régulièrement fait passer du rire aux larmes.

Il nous restera ça, Virginie Grimaldi, Fayard, 390 p., 22€

Elles/ils en parlent également : Rowena, Karine, Aude, Petite étoile livresque, Culture VS News, Lily