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Denis Villeneuve – Incendies [2010]

Posted in CINÉMA & DVDs, Guerre, [2005 à 2010] with tags , , on 1 août 2012 by Yvan

Rompons le fil de la violence pour que plus rien ne brûle !

Denis Villeneuve - Incendies [2010]Incendies est l’adaptation cinématographique bouleversante de la pièce du dramaturge Wajdi Mouawad par le réalisateur canadien Denis Villeneuve.

Dès la scène d’ouverture, le ton est donné : des enfants orphelins sont tondus et préparés au combat sur fond sonore de « You And Whose Army » de Radiohead. Victimes ou futures bourreaux d’une guerre qui n’épargne personne ? Peu importe… car le mal semble fait !

Le véritable départ du film s’effectue cependant au Canada, où l’on découvre les jumeaux Marwan (Jeanne et Simon) qui, à la lecture du testament de leur mère, se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Afin de respecter les dernières volontés de leur mère, un voyage au Moyen-Orient s’impose, afin d’exhumer le passé douloureux de Nawal Marwan.

En jouant avec la chronologie et en découpant son récit en chapitres, Denis Villeneuve lève progressivement le voile sur les secrets de cette mère décédée après plusieurs semaines de mutisme. Jusqu’au twist final, le spectateur découvre les révélations fracassantes en même temps que les jumeaux et finit abasourdi par les nombreux uppercuts assenés par ce film coup de poing.

Cette approche elliptique intelligente, mêlant passé et présent, permet de suivre la quête des enfants dans la fournaise d’un pays du Proche-Orient défiguré par la guerre, tout en découvrant le destin tragique de leur mère. Cette quête familiale qui dévoile l’histoire d’une femme écrasée par le fanatisme religieux de son pays, permet également d’aborder la condition féminine à travers l’interprétation forte et bouleversante de Lubna Azabal. Si l’auteur ne donne pas de nom au conflit, il lui donne cependant un visage, celui d’une femme forte qui, tout comme les enfants, n’échappe pas à la cruauté de la guerre.

En situant l’action dans un pays imaginaire, le réalisateur canadien parvient à toucher à l’horreur intrinsèque du conflit tout en évitant tout parti-pris politique. L’universalité qui résulte de cette approche, permettra aux libanais, palestiniens, israéliens, syriens, chiites, chrétiens et musulmans de s’identifier au conflit, sans pour autant pouvoir émettre de réserves concernant sa réalité historique. Le résultat est un réquisitoire contre la guerre, qui invite à rompre le fil de la violence, pour que la violence n’engendre plus jamais la violence.

« Incendies » est un superbe film au message puissant, mais surtout un film bouleversant, poignant, percutant et troublant, dont on ne ressort pas indemne !

Juan José Campanella – El Secreto de Sus Ojos [2009]

Posted in CINÉMA & DVDs, [2005 à 2010] with tags , on 22 octobre 2011 by Yvan

Les dessous d’un meurtre crapuleux !

Juan José Campanella - El Secreto de Sus Ojos« El Secreto de Sus Ojos » (Dans ses yeux) est le film argentin de Juan José Campanella qui remporta l’Oscar du Meilleur film étranger en 2010, au nez et à la barbe d’Un prophète et « Le Ruban blanc ».

Le film raconte l’histoire de Benjamín Esposito (Ricardo Darin), un retraité qui décide d’écrire un roman sur une affaire qui l’a profondément marqué… il y a vingt-cinq ans de cela. On comprend vite que l’écriture n’est finalement qu’une excuse pour rouvrir cette enquête classée pour des raisons politiques et pour recroiser le regard de son ancien chef, la belle et brillante avocate Irene Menendez-Hastings (Soledad Villamil), dont il a toujours été secrètement amoureux.

Mêlant présent et années 70, le film joue avec les flash-backs pour revenir sur les détails de l’enquête et sur le contexte politique tendu de l’époque. Jouant avec le temps et les imperfections de la mémoire, reconstituant les faits et scrutant les souvenirs de chacun, le cinéaste tisse une intrigue à la recherche du meurtrier qui s’avère captivante de bout en bout.

Au-delà de ce « whodunit » prenant, le réalisateur se donne également suffisamment de temps pour approfondir la psychologie des différents personnages. Il livre ainsi non seulement un polar psychologique captivant, mais également une histoire très humaine mêlant amour, amitié, vengeance, obsession, justice… et regrets.

Si le film propose avant tout une enquête policière doublée d’une romance inaboutie, il jette aussi un regard critique sur l’une des périodes les plus sombres qu’a connues l’Argentine et s’attaque entre autre au système judiciaire corrompu de l’époque.

Un film intelligent, bien ficelé et prenant !

Académie des Oscars 2010
Oscar du Meilleur Film Etranger

Voici la bande annonce :

Alejandro González Iñárritu – Biutiful [2010]

Posted in CINÉMA & DVDs, Maladie, [2005 à 2010] with tags , on 8 septembre 2011 by Yvan

Un chef-d’œuvre profondément bouleversant !

Alejandro González Iñárritu - Biutiful C’est sans la complicité de Guillermo Arriaga, le scénariste de « Amours chiennes », « 21 grammes » et « Babel », qu’Alejandro González Iñárritu réalise son quatrième film.

Le cinéaste mexicain nous plonge dans les quartiers pauvres de Barcelone, à mille lieues des coins touristiques habituels. C’est là, dans les rues sombres des bas-fonds de la ville catalane, où immigrés clandestins et autres exclus de la société tentent de survivre dans des conditions insalubres, que le réalisateur invite à suivre la descente aux enfers d’un père de famille atteint d’un cancer de la prostate.

L’errance de cet homme rongé par la maladie au sein d’une société également très malade n’a absolument rien de réjouissant. Le film n’offre rien de vraiment beau à voir, mais a pourtant le mérite d’ouvrir les yeux, même si ceux-ci baignent souvent dans les larmes. D’une tristesse sans pitié, mais d’une beauté incroyable, « Biutiful » est véritablement porté par l’interprétation époustouflante de Javier Bardem. Il livre une performance poignante du premier au dernier plan de ce véritable chemin de croix et a d’ailleurs été récompensé du prix d’interprétation masculine au Palmarès du 63e Festival de Cannes.

Un chef-d’œuvre qui ne véhicule aucun espoir et qui abandonne le spectateur meurtri et épuisé d’avoir suivi les pas de cet homme qui traverse toutes les tempêtes de la vie, sans entrevoir le moindre rayon de soleil et en se dirigeant vers une mort inéluctable, mais presque salvatrice, reposante … biutiful !

Même la bande-annonce est poignante :

Félix Van Groeningen – De Helaasheid der Dingen [2009]

Posted in CINÉMA & DVDs, [2005 à 2010] with tags , on 3 juillet 2011 by Yvan

La merditude des choses…

Félix Van Groeningen - De Helaasheid der Dingen [2009]Adapté du best-seller de Dimitri Verhulst, ce film invite à suivre Gunther Strobbe, dont la (sur)vie au sein d’une famille marginale est rythmée par la glandouille, les bagarres d’ivrognes, l’obscénité, les beuveries et les visites régulières des huissiers et des services sociaux. Saura-t-il s’échapper de la destinée réservée aux Strobbe, sera-t-il un meilleur père où devra-t-il survivre au jour le jour en buvant sa paye pour oublier la veille, tout en sachant que le lendemain sera encore pire ?

Malgré la dureté de son existence, le jeune Gunther porte un regard tendre sur cet environnement qui semble pourtant le condamner à une marginalité certaine. Spectateur de la descente aux enfers quotidienne de ses proches, il se rend lentement compte qu’il doit absolument s’extraire de son milieu pour ne pas sombrer dans la même misère. Malgré l’amour qu’il porte à sa famille et malgré la liberté que lui confère cette vie en marge de la société, il réalise que cette vie l’entraîne inexorablement vers un avenir sans débouchés.

Le réalisateur belge Félix Van Groeningen parsème le parcours du jeune homme de scènes parfois drôles, voire surréalistes, mais également souvent émouvantes, comme ces derniers instants qu’il passe en compagnie de sa grand-mère. Mêlant cynisme et poésie, cette réflexion sur la capacité de l’être humain à s’extraire de son milieu s’avère finalement aussi attendrissante qu’impitoyable !

La vie se transmet de génération en génération, comme les bâtons d’une estafette interminable dont personne ne connaît la finalité et à laquelle on s’accroche dans la grande merditude des choses…

Festival du Film de Cannes 2009
Prix Art et Essai

Gilles Paquet-Brenner – Elle s’appelait Sarah [2010]

Posted in CINÉMA & DVDs, Guerre, [2005 à 2010] with tags , , on 20 mai 2011 by Yvan

Quand l’horreur du passé vient bouleverser le présent !

Gilles Paquet-Brenner - Elle s'appelait SarahTiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay, ce film de Gilles Paquet-Brenner s’attaque à l’une des pages les plus sombres de notre Histoire.

Ce récit qui débute par la rafle du Vél’d’Hiv’, met en scènes deux figures féminines, brillamment interprétées par Kristin Scott Thomas et par la petite Mélusine Mayance. La première joue le rôle d’une mère écrasée par un douloureux secret familial, mais bien décidée à aller au bout d’une quête de vérité pourtant éprouvante. La deuxième incarne une petite fille juive, déportée lors de la Seconde Guerre mondiale, qui s’accroche désespérément à une promesse qu’elle a faite à son petit frère.

Si les deux héroïnes ne se rencontrent jamais physiquement, leurs destinées s’entremêlent inexorablement au fil des allers-retours proposés par l’auteur. Conjuguant passé et présent, le récit fait avancer en parallèle deux histoires qui se font brillamment écho. Tandis que l’une permet de découvrir l’horreur de la déportation à travers le regard d’une enfant, l’autre permet de nouer cette tragédie à l’histoire contemporaine de deux familles torturées par de lourds secrets.

Le réalisateur parvient à mêler ces deux histoires avec brio et à trouver le ton juste pour ce récit qui s’aventure régulièrement à la limite du larmoyant.

A voir absolument !

Yôjirô Takita – Departures [2008]

Posted in CINÉMA & DVDs, [2005 à 2010] with tags , on 24 avril 2011 by Yvan

Un film qui rend ses lettres de noblesses au métier de croque-mort !

Yôjirô Takita - Departures [2009]Encore un excellent film que je vous conseille vivement : Departures !

Ce film a beau venir du japon, sa thématique universelle (la mort) le rend accessible à tous et donc exportable à l’étranger, comme en témoigne d’ailleurs cette statuette de l’oscar du meilleur film étranger en 2009 que ce mélodrame japonais a méritoirement remporté.

L’histoire est celle d’un violoncelliste de Tokyo qui, suite à la dissolution de son orchestre, se retrouve contraint de partir à la recherche d’un nouvel emploi dans son village natal du nord-est du Japon. À la suite d’une petite annonce pas vraiment claire, le jeune homme se retrouve, malgré lui et à l’insu de ses proches, engagé comme croque-mort dans une entreprise de pompes funèbres. Au fil du temps, le dégoût initial et la honte envers ce métier peu respecté font place à la passion envers un rituel funéraire complexe et précis, qui se déroule en présence des familles et des amis du défunt. Le réalisateur transforme ce moment solennel en une chorégraphie silencieuse et extrêmement respectueuse qui permet aux proches de garder le meilleur souvenir possible du défunt. Le contraste entre ces gestes minutieux et les tensions qui déchirent des familles en cette période de deuil est admirablement rendu par Yôjirô Takita.

Ce nouveau métier et ce retour à la terre natale, permettent également à Daigo Kobayashi de faire le point sur sa vie et sur son passé familial. En préparant les corps pour le dernier voyage, il s’engage également dans un voyage initiatique à la découverte de soi-même et de ses proches. Cette renaissance à travers le prisme de la mort permet au réalisateur d’aborder les thèmes de la mort, de la famille et de l’amour avec tact, finesse, humour, élégance et grand respect.

Académie des Oscars 2009
Oscar du Meilleur Film Etranger

Awards of the Japanese Academy 2009
Meilleur Film
Meilleur Acteur (Masahiro Motoki)
Plus Belle Photographie
Meilleur Réalisateur
Meilleur Montage
Plus Belle Lumière
Meilleur Scénario
Meilleur Son
Meilleur Acteur dans un Second Rôle (Tsutomu Yamazaki)
Meilleure Actrice dans un Second Rôle (Kimiko Yo)

Festival International du Film de Montréal 2008
Grand Prix des Amériques

Adam Elliot – Mary & Max [2009]

Posted in CINÉMA & DVDs, [2005 à 2010] with tags , on 22 avril 2011 by Yvan

De la pâte à modeler très humaine !

Adam Elliot - Mary & Max [2009]Mon coup de coeur cinématographique du moment va au film d’animation intitulé Mary et Max, qui raconte l’histoire d’une correspondance entre une petite australienne de 8 ans et un new-yorkais célibataire de 44 ans atteint du syndrome d’Asperger. Le réalisateur australien Adam Elliot a lui-même entretenu une longue relation épistolaire avec un ami new-yorkais atteint de la maladie dont souffre Max dans le film, donnant au récit un aspect autobiographique qui explique sans doute la justesse de cette histoire d’amitié étalée sur 20 années.

Au fil du courrier on s’attache inévitablement à ses deux personnages en pâte à modeler, plus vrais que nature. Ces deux personnages extrêmement humains qui n’ont en commun que leur solitude, leur incapacité à se faire des amis et leur amour pour le chocolat, se lancent néanmoins dans un échange drôle, touchant, cynique, triste et parfois surréaliste, qui permet au réalisateur d’aborder des thèmes difficiles tels que l’alcoolisme, l’amour, la solitude, l’autisme, l’agoraphobie, la psychiatrie, l’obésité et la religion. Ce spectacle en pâte à modeler est dirigé de main de maître, avec énormément de justesse et beaucoup d’esprit.

Une histoire d’amitié et d’humanité, sans prétention mais pourtant géniale, que je conseille à tous ceux qui me permette de partager cette amitié rare, celle qui dure et traverse les aléas de la vie, la seule que l’on peut qualifier de vraie, celle que partagent Mary et Max !

Festival International du Film de Berlin 2009
Ours de Crystal – Mention Spéciale

Festival International du Film d’Animation d’Annecy 2009
Meilleur Film

Festival International du Film d’Animation d’Ottawa 2009
Grand Prix