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Renaud Dillies – Betty blues

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, One-shots, Paquet, [Angoulême 2000-2005], [DL 2000 à 2005], [Grand public] with tags , on 20 février 2013 by Yvan

Un cousin éloigné d’Abélard ?

Renaud Dillies - Betty bluesBetty Blues est un road-movie qui invite à suivre les pas de Little Rice Duck, un canard qui gagnait sa vie en jouant de la trompette dans les clubs de jazz, mais qui a tout abandonné, même son précieux instrument, lorsque Betty, la femme de sa vie, est partie avec un autre homme.

Betty Blues est donc l’histoire d’un chagrin d’amour (de ceux qui donnent le blues) et d’une quête de soi. Le chemin de ce personnage extrêmement attachant qui décide de tout plaquer et de partir vers l’inconnu, à la recherche d’une nouvelle vie et d’une nouvelle flamme, est parsemé de rencontres et de réflexions sur le sens de la vie. Le lecteur y retrouve donc avec grand plaisir les ingrédients qui ont fait le succès d’Abélard.

L’histoire de ce pauvre petit canard trompettiste au cœur brisé, qui part à l’aventure sur les routes, effleure quelques thèmes universels, tels que l’amitié, l’environnement et l’appât de l’argent. Une mélodie dramatique, parsemée de moments philosophiques et poétiques, qui se révèle donc une nouvelle fois très touchante.

L’univers graphique de Renaud Dillies (Bulles & Nacelle, Abélard) joue une nouvelle fois un rôle très important dans le succès de cet album, tout comme les couleurs d’Anne-Claire Jouvray, qui accompagnent avec brio les émotions des différents personnages. Pourvu d’un découpage en gaufrier de six cases qui rend l’ensemble très accessible, ce récit invite à suivre des personnages aussi expressifs qu’attachants dans une ambiance très jazzy, qui se place au diapason du scénario.

Cette première partition de Renaud Dillies a d’ailleurs remportée le Prix du premier album au Festival d’Angoulême en 2004.

Une lecture commune que je partage (avec beaucoup de retard ayant mis du temps à tomber sur cet album) avec Mo’, OliV, Joëlle et Chtimie.

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Guy Delisle – Pyongyang

Posted in BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, L'Association, One-shots, [Angoulême 2000-2005], [Avancé], [DL 2000 à 2005] with tags , , on 16 mars 2012 by Yvan

Bienvenue en Corée du Nord !

Guy Delisle - PyongyangAprès avoir lu ses Chroniques Birmanes et ses Chroniques de Jérusalem, je me devais donc d’attaquer ce séjour en Corée du Nord en lisant « Pyongyang ».

La grosse différence par rapport aux deux ouvrages précités est que Delisle est encore célibataire lors de cette aventure plus ancienne. Alors qu’il accompagne son épouse en mission sur place pour MSF lors des récits plus récents, on le suit ici dans le cadre de son travail en tant que superviseur de dessin animé européen fabriqué à Pyongyang. Étant plus fan de sa vision du pays visité que de ses (més)aventures en tant que père au foyer, cette approche différente a déjà tout pour me plaire.

Dans « Pyongyang », Guy Delisle raconte les deux mois qu’il a passé dans un des pays communistes les plus fermés au monde. Voguant entre le carnet de voyage et une succession d’anecdotes, le récit permet de visiter le pays de l’intérieur. Le séjour très encadré de l’auteur n’offre certes qu’une vue assez limitée de la réalité, mais il demeure tout de même très instructif.

Au fil des pages, l’auteur se heurte régulièrement à ce régime totalitaire qui contrôle et surveille tout. Ce pays dirigé de main de fer par la dynastie Kim Jong va jusque dans le cerveau des gens en diffusant constamment une propagande mensongère destinée à glorifier le leader suprême et à diaboliser les autres pays, emmenés par les États-Unis. Après lecture de cet ouvrage, les images de ce peuple pleurant la mort de son bourreau fin décembre 2011 prennent tout leur sens.

Alors certes, « Capitaine Sim n’est pas de notre galaxie… » mais la vision que Delisle propose de son monde est aussi édifiante qu’amusante. L’auteur offre un regard très détaché de ce pays qui rationne l’éclairage, mais qui ne lésine pas sur les monuments et les photographies représentant Kim Il-Sun. Usant d’un ton légèrement ironique, il parvient à dépeindre les situations avec humour, simplicité et justesse.

Le dessin minimaliste est d’une grande lisibilité et malgré son apparence ‘simpliste’, il parvient à distiller énormément d’informations, d’émotions et de non-dits. Quant au noir et blanc, il colle parfaitement à l’atmosphère froide et austère de cette ville sombre.

Si la visite du pays n’est pas conseillée, la lecture de cet ouvrage qui lui est consacré l’est bel et bien !

Marjane Satrapi – Poulet aux prunes

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Les derniers instants d’une vie pleine de fausses notes…

Marjane Satrapi - Poulet aux prunesÀ l’instar de l’excellent Persepolis, Marjane Satrapi livre un nouveau récit au parfum autobiographique et puise son inspiration dans son histoire familiale. L’auteure délaisse donc quelque peu l’Historique de l’Iran pour se concentrer sur celle de son oncle Nasser Ali Khan.

Situant son récit dans l’Iran des années 50, elle narre les derniers jours de ce grand musicien qui a perdu toute envie de vivre et décide de se laisser mourir. Au fil des pages de ce récit dont l’issue est connue d’avance, le lecteur découvre que la destruction de l’instrument de musique préféré de Nasser, n’est finalement que la goutte qui a fait déborder le vase.

Servi sous la forme d’un long flashback, le récit revient sur le passé de ce père de famille de trois enfants, livrant au lecteur les clés qui permettent de comprendre le désespoir qui pousse ce musicien à se laisser dépérir. Ce compte-à-rebours des 8 derniers jours de la vie permet donc de comprendre l’acte irraisonnable de feu l’oncle Nasser, le tout sur fond d’histoire iranienne.

La narration typique de Marjane Satrapi fait à nouveau mouche, distillant ce drame familial sous forme de conte et n’oubliant jamais cette petite touche d’humour qui permet de dédramatiser une histoire qui n’a pourtant rien de réjouissant à la base. Cette légèreté emplie de poésie se retrouve également au niveau du graphisme. Un style simple et naïf que l’on prend à chaque fois plaisir à retrouver en s’étonnant de son efficacité.

Retrouvez cet album récompensé du Prix du meilleur album au Festival d’Angoulême de 2005 dans mon Best Of du Festival d’Angoulême.

Marjane Satrapi - Poulet aux prunesLisez également l’avis sur K.BD !
WOMEN BD

Osamu Tezuka – Ayako

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Delcourt, Manga / Manhwa, Osamu Tezuka, Trilogies, [Angoulême 2000-2005], [DL 2000 à 2005] with tags , , on 11 mai 2011 by Yvan

La cruauté et l’injustice d’après-guerre !

Osamu Tezuka - AyakoLe premier tome de ce triptyque de Tezuka nous plonge dans le Japon d’après-guerre et nous livre une parallèle tragique entre un Japon qui souffre sous la domination américaine et une famille de riches paysans qui tente de conserver son honneur au lendemain de cette deuxième guerre mondiale.

D’un côté, on découvre un Japon en déclin, où licenciements, réformes, espionnage, grèves et meurtres politiques font la une des journaux. De l’autre, on découvre la famille Tengé qui sombre lentement dans le drame et l’horreur, afin de défendre pathétiquement sa notoriété.

La famille Tengé apporte une série de protagonistes aux caractères hétérogènes. Entre les traîtres, les meurtriers, les femmes violées et les enfants battus, Osamu Tezuka nous livre un récit plein de cruauté et de noirceur. Et au milieu de cet environnement abject, afin de mieux faire ressortir la cruauté et l’injustice (tout en sachant éviter les lourdeurs), il place une mignonne petite fille de quatre ans : Ayako !

En introduisant une enquête policière et une histoire d’espionnage à cette chronique familiale et sociale, Osamu Tezuka va encore augmenter l’intérêt de ce récit qui balance habilement entre réalité historique et fiction.

Mais, si, tout comme Jirô Taniguchi, Osamu Tezuka est un grand maître mangaka au niveau du scénario, il n’a clairement pas été à la même école de dessin. Heureusement on s’habitue vite à son dessin stylisé, qui n’entrave en aucun cas la lisibilité du récit.

Bref, tout comme pour « L’histoire des 3 Adolf », Osamu Tezuka nous livre une histoire prenante au sein d’une série au nombre de tomes réduit, mais au graphisme qui risque d’en rebuter plus d’un, même s’il est très lisible.

Je dois aussi avouer qu’au moment où Jiro Tengé et son père font apparaître un vieux goban pour jouer une partie de Go, j’avais envie de suivre la partie en entier, mais c’est certainement parce que je suis encore un peu accro à la série « Hikaru No Go« .

Notons également qu’en 2004, ce récit fut méritoirement nominé dans la catégorie «Patrimoine de la bd» à Angoulême.

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Ils en parlent également : Yaneck

Neil Gaiman – Sandman, La saison des brumes

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L’univers des songes continue de s’enrichir !

Neil Gaiman - Sandman, La saison des brumesC’est par ce quatrième tome que Delcourt a débuté la publication de cette excellente saga. Même si cette histoire peut se lire indépendamment des autres, le fait de ne pas respecter l’ordre de parution US est tout de même dommage à certains points de vue.

Dans ce tome, le façonneur de rêves doit en effet réparer une erreur du passé et retourner dans un endroit où l’on n’a pas encore oublié sa dernière intervention visant à récupérer ses pouvoirs après des décennies de captivité. Débuter cette histoire sans connaître l’histoire de Nada, cette mortelle qu’il condamna injustement aux Enfers dans un accès de colère, ou sans connaître le différent qui l’oppose à Lucifer et sans avoir préalablement goûté à cet univers d’une richesse incroyable, est tout de même un peu dommage.

Heureusement, ce quatrième volet débuté par une réunion de famille, qui permettra au néophyte de faire la connaissance des frères et sœurs de Morphée (Death, Destiny, Desire, Delirium, Despair et … c’est tout, car Destruction n’est pas là). C’est lors de cette réunion que Dream va entrevoir l’erreur qu’il a commise il y a déjà 10.000 ans et décide d’aller délivrer Nada du Royaume des Enfers.

La suite du récit propose donc une visite des Enfers en compagnie de Lucifer. Je conseille d’ailleurs à ceux qui ont apprécié ce petit tour du propriétaire de lire « Conte démoniaque » d’Aristophane. C’est ensuite une décision pour le moins surprenante de Lucifer qui va plonger Dream dans de sales draps. Ce dernier va en effet se retrouver en possession d’un objet qui va susciter de nombreuses convoitises. Sandman se retrouve alors confronté à de nombreuses délégations et émissaires venus de toutes parts afin de négocier la propriété de cet objet et il se retrouve des lors face à un choix très difficile.

Cette histoire démontre une nouvelle fois la capacité de Neil Gaiman à se nourrir de toutes sortes de mythologies afin de développer un univers d’une féerie et d’un onirisme rares. Le lecteur croisera ainsi des représentants du monde des Fées, les Parques, Caïn, des personnages issus de la mythologie nordique (Loki, Odin, Thor), égyptienne (Anubis) et orientale, des Démons et des humains chassés des Enfers, ainsi que des Anges. Aucun d’entre eux n’est épargné et tous sont dépeints de manière très humaine, l’auteur prenant grand soin de montrer leurs préoccupations, leurs faiblesses, leurs craintes et leurs défauts.

Au niveau du graphisme, l’alternance des différents dessinateurs nuit certes à l’unité graphique, mais dans un monde changeant comme celui du Rêve, cela ne dérange finalement pas trop de voir les personnages changer de visage, surtout que les dessins contribuent à faire ressortir toute l’étrangeté de l’univers sombre et lyrique imaginé par Neil Gaiman.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2004 !

Fred Bernard – La tendresse des crocodiles

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, K.BD, One-shots, Seuil, [Accessible], [Angoulême 2000-2005], [DL 2000 à 2005] with tags , , on 7 janvier 2011 by Yvan

Fred Bernard - La tendresse des crocodiles« La tendresse des crocodiles » est tout d’abord l’histoire d’une quête, celle d’une jeune femme bien décidée à retrouver son père, disparu dans les profondeurs de l’Afrique coloniale du début du XXe siècle. Accompagnée par Eugène Love Peacock, un guide porté sur la bouteille, Jeanne entame un voyage riche en découvertes, notamment la découverte de soi, des autres et d’un Continent Noir débordant de richesses et de mystères.

Le récit, raconté à la première personne, renforce encore la proximité avec cette héroïne, déjà fort attachante à la base. Les autres personnages, hauts en couleurs, ne sont pas en reste et Fred Bernard démontre une capacité à brosser des protagonistes d’une grande justesse, en seulement quelques cases. Il soigne également l’évolution psychologique de son héroïne, qui gagne en maturité et s’émancipe au fil des pages, ainsi que les relations entre les différents personnages. Cette femme courageuse et bercée par l’Afrique et ce guide fruste et alcoolique vont ainsi se découvrir au fil de l’aventure, le tout sur base de dialogues savoureux.

Mais la recherche de ce père disparu ne permet pas seulement de rencontrer des protagonistes intéressants, mais sert également de prétexte afin de partir à la découverte de contrées lointaines aux richesses abondantes. Tout au long de l’album, l’auteur prend le temps d’imprégner le lecteur de l’ambiance africaine. Car le cœur du récit est bel et bien un voyage et la découverte de l’Afrique : son immensité, ses mystères, sa culture, ses croyances, sa chaleur, sa nature, ses fauves, ses dangers, ses guides et ses explorateurs fous.

Le trait volontairement brouillon de Fred Bernard croque les personnages et l’environnement tropical avec grande efficacité. Alors qu’un dessin colorisé aurait permis de faire ressortir toutes les couleurs et la beauté de l’Afrique, ce graphisme noir et blanc n’impose rien et laisse au lecteur le soin de composer sa propre palette de couleurs en interprétant les parfums et les ambiances distillées par l’auteur.

Un album subtil et dépaysant, mêlant aventure, psychologie, rêve et poésie, à classer auprès des meilleures aventures de Corto Maltèse.

Malgré des allures de one-shot, une deuxième aventure de Jeanne Picquigny a également été éditée par Seuil (mais est malheureusement plus difficile à trouver), ainsi qu’un album publié chez Casterman (« Lily Love Peacock »), narrant la vie quotidienne de la petite fille d’Eugène Love Peacock.

Lisez également l’avis de Mo’ sur K-BD !

Daniel Clowes – David Boring

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Cornélius, One-shots, [Angoulême 2000-2005], [DL 2000 à 2005], [Sans super-héros] with tags , on 6 janvier 2011 by Yvan

Daniel Clowes - David BoringAprès avoir lu « Le rayon de la mort » et « Wilson », je pensais tout doucement à me ranger définitivement parmi les personnes qui ne raffolent pas du style de Daniel Clowes. Suite à la lecture de ce one-shot, je vais néanmoins devoir revoir ma position.

Pourtant, comme son nom l’indique, David Boring n’est pas un personnage forcément intéressant. Comme souvent chez Clowes, le héros n’est pas vraiment attachant, légèrement en marge de la société, quelque peu névrosé et pas vraiment prédisposé à devenir le sujet principal d’un album. L’auteur va cependant exploiter à merveille la banalité apparente de son personnage. Le fait de vivre sa propre vie de manière tellement détachée et désintéressée, va rendre cet individu intéressant. Tout comme les autres personnages de ce récit, David Boring va lentement dévoiler une psychologie assez complexe, qui sert admirablement ce récit glauque à l’ambiance malsaine.

Mais, Daniel Clowes parvient surtout à développer une véritable intrigue, chose que j’avais tendance à lui reprocher dans ses autres récits. Alors qu’on pense initialement suivre le quotidien minable d’un adolescent branché sur le sexe, l’auteur surprend en proposant de nombreux rebondissements. On passe ainsi de la vie privée de David Boring à une histoire de meurtres, en passant par une histoire d’amour et une histoire de fin du monde, sans oublier un huis-clos familial sur une île désertique.

Le dessin simple et réaliste de Clowes est toujours un peu figé, mais il sert parfaitement l’ambiance malsaine et mystérieuse entretenue tout au long du récit.