Archive for the [Angoulême 2006] Category

Charles Burns – Black Hole

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Contrebande, Delcourt, Intégrales, K.BD, [Angoulême 2006], [Angoulême 2007], [DL 2006], [Sans super-héros] with tags , , on 23 mars 2010 by Yvan

Black HoleEn regroupant les 12 comics de la série Black Hole, parue en 6 volumes chez Delcourt pour la version française, cette intégrale, couronnée d’un Eisner Award en juillet 2006, rassemble plus de 10 ans de travail du génie graphiste qu’est Charles Burns.

Black Hole est un récit intelligent, intriguant et perturbant sur la marginalisation et l’exclusion, qui ausculte à merveille les malaises de l’adolescence dans une Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Une chronique de jeunes américains mal dans leur peau dans une petite ville frappée par « La crève » : une curieuse maladie sexuellement transmissible qui provoque d’étranges mutations. La parallèle avec l’Amérique contemporaine déclarant le sexe tabou et l’épidémie du sida qui sévit dans les années 80, n’est jamais loin et installe un certain malaise entre la fiction de l’univers de Burns et la réalité de notre société qui exclue la différence.

Burns utilise toute l’ambiguïté de ce mal-être adolescent qui, entre prises de conscience et découvertes sexuelles, trouve souvent une issue dans la drogue et la violence. Sans juger l’usage de drogues telles que l’herbe et le LSD, Burns va exploiter cette toxicomanie prisée pendant cette période aux Etats-Unis afin de développer un univers qui acquiert les allures d’un long trip artificiel.

Une impression qui se retrouve également dans le dessin flottant et tournoyant du maître. A l’aide d’un découpage incroyable et d’un style noir et blanc inimitable, Burns installe une atmosphère glauque et angoissante. Mais tout en faisant naître un mélange de pitié et de répulsion vis-à-vis des malformations progressives des personnages, ce graphisme réussi également à dégager un érotisme gênant lors des rencontres amoureuses reprenant de nombreux stéréotypes de films pubères.

Jouant sur le temps du récit à l’aide flash-backs, mêlant passé et présent et regroupant les différentes tranches de vies au fil des pages, l’histoire va lentement croître en intensité et en richesse, épaississant le mystère et augmentant la noirceur du récit pour une descente aux enfers qui atteindra inévitablement son apogée dans un bain de sang … contaminé.

Etrange dans sa conception, ce chef-d’œuvre angoissant a déjà contaminé d’autres ouvrages (comme « Le roi des mouches ») et devrait encore plonger beaucoup de lecteurs au paroxysme de l’horreur dans un sentiment de profond malaise.

Lisez également l’avis de David sur K-BD !

Canales & Guarnido – Blacksad

Posted in BANDES DESSINÉES, Dargaud, Franco-Belge, Séries, [Angoulême 2006], [DL 2005], [En cours], [Grand public] with tags , on 24 février 2010 by Yvan

blacksadUn nouveau polar noir avec John Blacksad, sur fond (périlleux) de nazisme et anti-communisme. Un polar classique à l’intrigue bien ficelée sur un rythme qui sait alterner avec brio les moments d’action et de respiration. Le fond, partagé entre le maccarthysme et la menace d’une guerre nucléaire, rend le scénario plus dense que lors des deux premiers tomes, mais d’un autre côté, la complexité pourrait en rebuter certains.

Le dessin, le découpage et le choix des animaux afin d’accentuer le caractère des personnages restent excellents. Guarnido avoue avoir eu du mal à choisir l’animal qui représente Hitler, mais Maus: Un survivant raconte oblige, c’est donc devenu un chat. Pour le reste on découvre un hibou en la personne de Otto Liebber, un coq pour le sénateur Gallo et un caïman pour le tueur. Dans un rôle secondaire et en sorte de guest star on prend plaisir à retrouver le journaliste furet Weekly et le commissaire berger allemand Smirnoff.

Les expressions et les mimiques des animaux sont utilisées à la perfection et les scènes d’action et de mouvements sont magistralement dessinées (le passé de Guardino chez Disney oblige). Quant à la voix off, qui dès le départ nous plonge dans ce polar noir, elle est utilisée avec grande maîtrise et humour.

On peut peut-être regretter qu’après avoir entremêlé avec dextérité une histoire d’espionnage, de détectives et d’amour sur fond de guerre froide et en développant habilement et en profondeur les relations humaines entre les personnages, l’intrigue se conclue plutôt brusquement sur deux pages.

Vivement le prochain !

John Wagner – A History of Violence

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Contrebande, Delcourt, One-shots, [Angoulême 2006], [DL 2005], [Sans super-héros] with tags , on 5 février 2010 by Yvan

History of violenceCe one-shot impeccable part d’un scénario plutôt simple, mais très cohérent et à la construction parfaite.

L’album, dont la tension monte crescendo, est divisé en trois parties. La première partie est consacrée à ce père de famille exemplaire qu’est Tom McKenna et qui semble se faire rattraper par un passé qui l’est moins. La deuxième partie va lentement nous plonger dans ce passé obscure et mettre à jour une vengeance vieille de vingt ans. Mais c’est dans la dernière partie que John Wagner (« Batman et Judge Dredd« ) va faire éclater cette violence qui sommeille depuis trop longtemps et qui va plonger le lecteur dans l’horreur.

Le trait hachuré de Vince Locke (« Sandman« ), dont je ne suis pas fan à la base, accentue encore la noirceur du récit et l’atmosphère malsaine qui pèse sur cette histoire où la violence et la vengeance font office de fil conducteur, transformant un père modèle en un tueur sans merci.

Sachant que ce one-shot date de 1995, la dernière case de la page 229 fait froid dans le dos quand on s’y attarde un peu, tant au niveau du graphisme qu’au niveau du texte.

Bref, un petit chef-d’œuvre noir dont je vais m’empresser d’aller voir l’adaptation cinématographique de David Cronenberg, avec Viggo Mortensen et Ed Harris, qui est sortie quasi en même temps que cette édition de Delcourt.

Pirus & Mezzo – Le roi des mouches T1

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Franco-Belge, Glénat, [Angoulême 2006], [DL 2005], [Sélectif] with tags , on 4 février 2010 by Yvan

Pirus & Mezzo – Le roi des mouches T1Derrière cette couverture assez sobre et intrigante se cache une véritable bombe au niveau scénario et graphisme. Si la couverture est orange, le contenu est bien noir: noir, dérangeant, glauque, malsain, envoûtant et parfois morbide.

Après « Lola Cordova », « Le roi des mouches » est mon deuxième trip sur papier de l’année 2005 : sexe, drogues et rock’n’roll. Mais à l’inverse de « Lola Cordova », dont le trip interplanétaire se situe en pleine fiction, ce trip se situe dans la réalité de notre monde et cela, même si on a du mal à localiser l’endroit. Les maisons, les vêtements, le style de la BD et le culte du déguisement font penser aux Etats-Unis, alors que les voitures et la monnaie utilisée font penser à l’Europe.

Sélectionné pour le prix du scénario à Angoulême 2006, cet album est composé de petites histoires qui peuvent se lire séparément. Les différents personnages se croisent au fil des histoires afin de former un tout très cohérent et abouti. On suit les délires quotidiens de jeunes paumés, bordés par l’ennui, les plaisirs artificiels, le sexe et l’alcool. Coincés dans la banalité de leurs existences, ils cherchent à s’enfuir via l’alcool, la drogue, les anti-dépresseurs et le sexe.

La narration à l’humour très noir tranche comme une lame de rasoir. Le cadrage (face caméra) ajoute un côté malsain et dérangeant à l’histoire. Le dessin fait fort penser à la série « Black Hole », les traits sombres et beaucoup de couleurs, mais sans tomber dans le criard. Le tout crée une osmose envoûtante qui se dégage de ce microcosme de personnages désoeuvrés et dépourvus de toute morale.

Très fort !

David Vandermeulen – Fritz Haber T1

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Mirages, Séries, [Angoulême 2006], [Angoulême 2011], [Avancé], [DL 2005], [En cours] with tags , , on 30 janvier 2010 by Yvan

David Vandermeulen - Fritz Haber T1Avec se premier tome d’une série qui devrait finalement en compter cinq (initialement trois), David Vandermeulen retrace les débuts de Fritz Haber (1868-1934), juif allemand et un des grands chimistes du siècle précédent.

On se retrouve en 1888 à Breslau pour le début de la biographie (1888-1906) d’un Fritz Haber bien décidé de faire carrière en Allemagne et que l’histoire remémorera comme l’inventeur du gaz moutarde et du Zyklon B et comme Prix Nobel de chimie en 1918.

Graphiquement on retrouve des vignettes splendides, grâce à une peinture aux tons sépia ensuite ‘délavée’ à l’eau de javel et qui donne l’impression de contempler de vieilles photos d’époque. Une impression de se retrouver au début du cinéma muet qui est renforcée par le sous-titrage des vignettes et l’intercalation de cadres noirs explicatifs.

Bref, une adaptation osée de la triste biographie d’un homme dont l’histoire aimerait ne pas trop se souvenir. Un homme poussé par son ambition de faire carrière et délaissant sa famille, un homme tourmenté par ses racines et dont David Vandermeulen décrit ici les débuts à l’aide d’un tome graphiquement superbe. Un tome qui pourrait bien être précurseur d’un petit chef-d’œuvre.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2011 !

Andreyko – Les enquêtes de Sam & Twitch T1

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Contrebande, Delcourt, One-shots, [Angoulême 2006], [DL 2005], [Sans super-héros] with tags , on 27 janvier 2010 by Yvan

Sam & twitchAprès avoir lu les six excellents tomes de « Sam and Twitch« , édités chez Semic, c’est très logiquement que je me m’attaque à « Sam and Twitch (Les enquêtes de)« , édité dans la collection Contrebande de chez Delcourt. Sam et Twitch sont des personnages créés par Todd McFarlane dans les pages de la série Spawn. Cet album s’attaque en fait à la seconde série spin-off de Spawn dédiée aux deux détectives : « Casefiles: Sam et Twitch ».

Alors que les intrigues de la première série des deux héros de Todd McFarlane étaient signées Brian Michael Bendis (« Torso« , « Powers« , « Daredevil », « Goldfish« , « Jinx« ), c’est Marc Andreyko (coscénariste de Bendis sur « Torso« ) qui prend l’intrigue de l’histoire principale à son compte.

Dans Squelettes, c’est le passé de Sam Burke qui resurgit et le mêle à une sombre histoire se déroulant dans les plus hautes sphères de la politique américaine. Les deux inspecteurs intègres de la police de New York que tout oppose, Sam Burke et Twitch Williams, continuent d’être l’intérêt majeur de cette excellente série que tout amateur de polars se doit de lire. Ils sont vraiment attachants dans leur ténacité à vouloir élucider des événements qui les dépassent. Les deux se connaissent parfaitement, se complètent, s’apprécient et se font confiance.

Un autre élément important à noter dans cette nouvelle aventure est l’absence de fantastique, qui permet à Marc Andreyko de se concentrer sur le polar pur et dur, tout en abordant des sujets de société comme l’homosexualité et les relations familiales. L’histoire principale va en effet mettre en avant les méfaits d’un père prêt à tout pour asseoir la carrière politique de son fils, tandis que le court récit qui clôture l’album s’attaque à la relation entre Sam Burke et son frère. Une deuxième histoire de Steve Niles (« 30 jours de nuit« ) très plaisante, qui contribue à développer la psychologie de Sam Burke. Un autre point fort de ce tome (et de la série en général) est d’ailleurs la justesse des dialogues. Une narration drôle et percutante qui permet un développement psychologique fouillé de ses personnages, tout en s’autorisant par moments quelques touches d’humour bien dosées.

Graphiquement, j’ai initialement un peu regretté la colorisation des albums Semic et ces pages plus agréables au touché. Mais finalement, le dessin noir et blanc à l’aspect granuleux de Paul Lee contribue à l’ambiance polar pur et dur de cette histoire. Une ambiance bien sombre et un équilibre somptueux entre rebondissements et psychologie.

Excellent !

Lax – l’Aigle sans Orteils

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, Dupuis, Franco-Belge, K.BD, One-shots, [Accessible], [Angoulême 2006], [DL 2005] with tags , , on 24 janvier 2010 by Yvan

l'aigle sans orteils laxQuand on entend les plus anciens dire que le Tour de France, ce n’est plus comme avant on a souvent du mal à comprendre. C’est vrai, on a vu des images en noir et blanc à la télé, des anciennes photos d’époque, mais souvent on ne reconnaît aucun de ces héros des générations précédentes du tour.

Cette BD à le mérite de donner un côté humain à cette époque et de nous en rapprocher, en nous faisant vivre (et en couleur s.v.pl) l’ambiance du Tour de France avant la première guerre mondiale tout en donnant un visage humain aux participants.

Et c’est vrai qu’après lecture il faut bien se dire que « Le tour, ce n’est plus comme avant » … et l’on en viendrait presque à regretter cette époque que l’on n’a pas connue. Plus qu’un récit sur le vélo, l’Aigle sans Orteils est aussi un récit très humain sur le courage, la volonté, la montagne, merveilleusement dessiné et mis en couleurs.

Lax - l’Aigle sans OrteilsLisez également l’avis à plusieurs mains de K.BD !