Archive for the [Angoulême 2010] Category

Motorô Mase – Ikigami, Préavis de mort T10

Posted in Asuka, BANDES DESSINÉES, Manga / Manhwa, Motorô Mase, Séries, [Angoulême 2010], [DL 2012], [Terminées] with tags , on 20 août 2012 by Yvan

Le dernier préavis de mort !

Motorô Mase - Ikigami, Préavis de mort T10À l’inverse des tomes précédents, ce dernier volet ne fait qu’une victime de l’Ikigami.

C’est dans la première moitié de cet album que Fujimoto délivre le dernier préavis de décès de cette série. La victime qui n’aura plus que 24 heures à vivre se nomme cette fois Nakagami, un jeune policier de la brigade Kokuhan de la police de la prospérité nationale, qui est sujet à des débordements de violence et qui ne parle plus à sa mère depuis qu’il l’a frappée. Cette très bonne histoire permet notamment de s’interroger sur le fait de prévenir les proches de ceux qui recevront l’Ikigami.

La deuxième partie de l’album se concentre sur son personnage principal, Fujimoto, sur la loi de la prospérité nationale et sur les événements qui secouent le pays. L’auteur lève tout d’abord le voile sur le contexte géopolitique de ce pays allié du Japon qui doit faire face à l’ombre menaçante d’une guerre imminente, suite aux attaques de la Fédération. Les émeutes contre la Loi de Prospérité Nationale se multiplient également, poussant même Fujimoto à assumer ses opinions sur ce système absurde. Alors que l’on croyait notre héros à l’abri depuis le départ du « poste de surveillance idéologique », l’auteur nous réserve donc encore quelques rebondissements surprenants lors de ce final.

La présence d’une délégation japonaise, venue inspecter le fonctionnement de la loi de sauvegarde de la prospérité nationale, en vue d’une application éventuelle sur le sol nippon, permet également de concentrer ce dernier volet sur cette loi et de lever le voile sur les véritables motivations du gouvernement.

Si cette conclusion mêlant politique et suspens permet de clôturer cette excellente saga en dix tomes, certains rebondissements sont malheureusement un peu trop rapides et certains passages trop vite survolés. Mais malgré une conclusion un peu hâtive, la lecture de cette saga reprise dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2010 et recommandée par le Jury du Prix Asie-ACBD (Association des critiques et journalistes de Bande Dessinée), est fortement conseillée.

Notons finalement que Kazé propose également une version collector de ce dernier tome, limitée à 2000 exemplaires, contenant une figurine exclusive de Fujimoto.

Retrouvez d’ailleurs ce manga dans mon Top de l’année !

Frederik Peeters – Pachyderme

Posted in BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, Gallimard, One-shots, [Angoulême 2010], [DL 2009], [Sélectif] with tags , on 11 décembre 2011 by Yvan

Un labyrinthe narratif étonnant !

Frederik Peeters - PachydermeVoici un one-shot pour le moins surprenant.

Frederik Peeters invite à suivre les pas (et les délires) d’une femme qui se rend au chevet de son époux. En entremêlant passages oniriques et réalité au sein d’un univers déroutant, l’auteur suisse annihile tous les repères. Multipliant les flashbacks et les rencontres, toutes plus surprenante les unes que les autres (un chirurgien alcoolique dragueur, un agent secret bizarre, une défunte qui parle et des enfants qui ressemblent à des extra-terrestres, …), il s’amuse à perdre le lecteur dans un labyrinthe narratif étonnant, tout en le gardant happé par le récit. Perdu entre réel et imaginaire, se laissant embarquer par l’ambiance et par les états d’âme des personnages, le lecteur finit cependant par distinguer la réalité d’une femme qui veut quitter son mari et rêve de maternité.

Si les dialogues sont très réussis et le découpage parfaitement maîtrisé, le dessin détaillé et réaliste de Frederik Peeters parvient à nous plonger dans l’ambiance du début des années 50, tout en offrant un contrepoids réaliste au surréalisme du scénario.

Malgré de nombreuses qualités, je suis ressorti assez désarçonné de cette lecture qui ne semble pas vraiment compatible avec mon esprit très (trop) cartésien. Peut-être qu’une relecture s’impose ?

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Seth – George Sprott

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Delcourt, One-shots, [Angoulême 2010], [DL 2011], [Sans super-héros] with tags , on 8 octobre 2011 by Yvan

Une très grande biographie fictive !

Seth - George SprottÀ l’instar de Wimbledon Green, Seth dresse à nouveau le portrait d’un personnage fictif. Il s’agit cette fois de George Sprott, présentateur de télé locale et explorateur arctique de renom, né en 1894 et décédé en 1975.

Multipliant les allers-retours et usant d’une narration fort dispersée, l’auteur livre le récit d’une vie et d’un homme rempli de contradictions. Au fil d’interviews de proches, de flashbacks, d’anecdotes, de documents et de multiples témoignages, le lecteur découvre les différentes facettes de cet homme qui fit certes rêver petits et grands, mais dont l’existence se révèle finalement assez solitaire et certainement pas sans reproches. À travers de nombreux petits récits, l’auteur dévoile un homme à la personnalité complexe mais profondément humaine.

Tout comme pour Wimbledon Green, Seth propose à nouveau un album aux dimensions peu courantes. Usant d’un ligne claire très lisible et d’une bichromie qui conforte le côté rétro du scénario, l’auteur propose un travail sobre et un album très grand format que vous aurez du mal à ranger dans votre bibliothèque.

Mais, malgré ces nombreuses qualités, je n’ai éprouvé que peu d’empathie envers cet homme qui n’a finalement rien d’extraordinaire.

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2010 !

Takashi Fukutani – Le Vagabond de Tokyo

Posted in BANDES DESSINÉES, DIVERS, Festival BD Angoulême, Intégrales, K.BD, Le Lézard Noir, Manga / Manhwa, [Angoulême 2010], [DL 2009] with tags , , , on 9 septembre 2011 by Yvan

Une critique sociale pour lecteurs avertis

Takashi Fukutani - Le Vagabond de TokyoCe premier tome est une sélection des meilleures histoires parmi les 663 épisodes que compte cette saga parue au Japon de 1979 à 1993.

Takashi Fukutani y narre les aventures de Yoshio Hori, un personnage réel qu’il a rencontré durant ses années de galère, et y intègre également plusieurs passages autobiographiques. Yoshio est un looser qui vit dans une piaule misérable de la Résidence Dokudami dans des conditions d’hygiène déplorables et qui s’accommode de petits jobs payés à la journée pour pouvoir ingurgiter une quantité quotidienne suffisante de nouilles lyophilisées et d’alcool. Mais ce marginal au grand cœur est également un véritable obsédé sexuel aux fantasmes débordants. Tout comme son anti-héros, l’auteur a également connu une existence en marge de la société lors de certaines périodes de sa vie, ce qui explique que les passages auto-biographiques s’intègrent parfaitement dans l’ensemble.

Abordé au premier degré, « Le Vagabond de Tokyo » s’apparente à un récit vulgaire à l’humour lourd, grossier et parfois scatologique. Mais derrière ce ton résolument comique et léger se dissimule une critique de la société japonaise des années 80. Derrière cet humour assez gras, l’on découvre alors une certaine sensibilité et une envie profonde de donner la parole aux laissés pour compte d’une société qui se contrefiche de ceux qui n’arrivent pas à se fondre dans la machine économique et qui errent le ventre creux entre deux jobs de fortune. Les témoignages issus de la propre vie de l’auteur ne font d’ailleurs qu’amplifier le réalisme de ce quotidien en marge de la société.

Les personnages hauts en couleurs et la crudité de certaines scènes réservent cette saga aux lecteurs avertis. Au milieu des travestis, des fétichistes pervers qui reniflent des petites culottes usagées, des provinciales qui cherchent un avenir dans la prostitution et d’un héros qui claque sa paie dans les bars à hôtesses, le lecteur baigne dans le vulgaire, le scabreux et l’érotisme chaud. Le dessin accompagne d’ailleurs ostentatoirement les nombreuses scènes salaces et n’hésite pas à jouer la carte du théâtral en multipliant les attitudes expressives à outrance de personnages déjà très caricaturaux.

Derrière une lourdeur apparente, les éditions Le Lézard Noir proposent donc un album intéressant, mais particulièrement onéreux.

Takashi Fukutani - Le Vagabond de TokyoLisez également l’avis de Champi sur K.BD !

Camille Jourdy – Rosalie Blum, Au hasard Balthazar !

Posted in Actes Sud, BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Trilogies, [Accessible], [Angoulême 2010], [DL 2009] with tags , on 7 janvier 2011 by Yvan

Camille Jourdy - Rosalie Blum, Au hasard Balthazar !Suite et fin de cette merveilleuse trilogie signée Camille Jourdy, qui dépeint le quotidien morne de Vincent, trentenaire solitaire, étouffé par une mère omniprésente et possessive, jusqu’au jour où il croise une femme dont la vie semble tout aussi monotone : Rosalie Blum !

Alors que les deux premiers volets invitaient à suivre une même trame chronologique, mais en changeant de point de vue, celui-ci propose enfin la première confrontation entre Vincent Machot et Rosalie Blum. Alors que le premier opus montrait Vincent en train de suivre Rosalie afin d’en apprendre plus sur elle et que lors du deuxième volet le suiveur se retrouvait suivi, cette fin permet enfin de découvrir les raisons qui sont à la base de cette filature à deux points de vue et de lever le voile sur les mystères que l’auteure entretenait savamment depuis le début de cette saga. Cette conclusion permet également de recentrer les débats sur Rosalie Blum, qui se laissait encore voler la vedette par Vincent et Aude lors des deux tomes précédents.

A l’aide de personnages secondaires extrêmement attachants et de dialogues remplis d’humour, Camille Jourdy parvient à rendre les existences de Vincent et Rosalie intéressantes à suivre. L’histoire avance lentement, laissant au temps l’occasion de peser sur les personnages, accentuant ainsi leur mal-être et leur solitude. Et même s’il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose, l’auteure parvient à entretenir le mystère jusqu’à la fin de cette saga. Malgré des existences peu reluisantes, le ton demeure très léger et le mélange subtil de sensibilité et d’humour continue de faire mouche.

Le dessin se met entièrement au service du scénario, tandis que la colorisation aux tons pastels installe une ambiance bucolique apaisante, parfaitement adaptée à ce récit extrêmement attachant et rafraîchissant.

Indispensable !

Retrouvez cet album parmi les titres sélectionnés au Festival d’Angoulême 2010 !

Vehlmann & Kerascoët – Jolies ténèbres

Posted in BANDES DESSINÉES, Dupuis, Fabien Vehlmann, K.BD, One-shots, [Angoulême 2010], [Avancé], [DL 2009] with tags , on 13 avril 2010 by Yvan

Jolies ténèbresAvec « Jolies ténèbres », Fabien Vehlmann (Le marquis d’Anaon, Les cinq conteurs de Bagdad, Seuls) et le duo Kerascoët (Miss pas touche), alias Marie Pommepuy et Sébastien Cosset, livrent un conte de fée morbide inspiré par Marie Pommepuy.

Alors que le récit débute comme un joli conte enfantin, le lecteur se retrouve soudainement (et sans la moindre explication) en face du corps inanimé d’une fillette gisant dans la forêt. De ce cadavre en pleine putréfaction sortent Lire la suite

Rabaté – Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Futuropolis, One-shots, Pascal Rabaté, [Accessible], [Angoulême 2010], [DL 2009] with tags , on 9 avril 2010 by Yvan

rabaté« Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune » invite à suivre un personnage dépressif et saupoudre cette tranche de vie foncièrement triste d’humour et d’humanité.

Tenancier d’un magasin de farces et attrapes qui donne son nom au titre surprenant de ce one-shot, Patrick se nourrit d’antidépresseur et cultive son malheur depuis le départ de sa femme. Vendeur de rigolade et de dérision, sa vie n’a plus rien d’une farce et son quotidien n’est plus qu’une accumulation de tristesse. Et pourtant, au fil des pages Patrick va faire la rencontre d’une étoile de cirque qui va Lire la suite