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Pat Mills et Joe Colquhoun – La grande guerre de Charlie, volume 2

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Ca et Là, Comics, DIVERS, Festival BD Angoulême, Guerre, Séries, [Angoulême 2012], [DL 2012], [En cours], [Sans super-héros] with tags , , on 9 mai 2012 by Yvan

La Der des Ders, vue par les tommies !

Pat Mills et Joe Colquhoun - La grande guerre de Charlie, volume 2Charley’s War est un chef-d’œuvre de la bande dessinée britannique, paru sous forme d’épisodes dans la revue britannique Battle entre 1979 et 1986. Excepté quelques épisodes publiés dans les magazines “Bengali” et “Pirates”, cette histoire réalisée par Pat Mills et dessinée par Joe Colquhoun n’avait pas encore réussi à franchir la Manche. Grâce au nouveau label Delirium, fruit d’une collaboration entre les éditions Ça et Là et 360 Media Perspective, c’est maintenant chose faite… et de bien belle manière !

Alimentée par des faits authentiques, ce récit qui traite de la guerre 14-18 invite à suivre les aventures de Charly Bourne : un jeune « Tommy » de 16 ans qui, en mentant sur son âge, se retrouve au front, à quelques jours de la terrible bataille de la Somme. Le fait de suivre les pas de ce jeune britannique un peu stupide, mais courageux et foncièrement bon, permet non seulement de plonger le lecteur dans le quotidien de la Première guerre mondiale, mais surtout de lui faire découvrir le point de vue anglais.

Après un premier tome, qui se déroulait entre les mois de juin et août 1916, le lecteur retrouve Charlie au milieu des horreurs du front. Courant dans les tranchées pour aller prévenir les lignes arrières qu’ils sont en train de pilonner leurs propres troupes, Charlie va découvrir que l’ennemi ne se trouve pas uniquement de l’autre côté du No Man’s Land. Du bombardement de leur camp par leur propre bombardier à la célèbre « field punishment No.1 », en passant par des officiers pourris, cette seconde intégrale dénonce l’injustice et l’inhumanité de certaines actions qui se déroulaient dans le camp des alliés.

Après les attaques au gaz du tome précédent, ce deuxième volet va mettre en avant une seconde arme inventée par l’être humain pour détruire encore plus et encore plus vite : les tanks. Pour les hommes, passer de l’insalubrité des tranchées au huis-clos suffocant de ces engins crachant le feu, n’est pas vraiment une promotion et les chances de survie toujours aussi minces.

Si le réalisme de ces scènes tirées de faits réels impressionne, c’est surtout l’humanité dégagée par cette œuvre qui fait mouche. Au sein de la Grande Histoire, Pat Mills invite en effet à découvrir les petites histoires de simples soldats. Multipliant les détails et les anecdotes, Pat Mills restitue la dureté du conflit avec grand brio. Le graphisme noir et blanc de Joseph Colquhoun fourmille de détails et contribue également à dépeindre le quotidien des tranchées avec énormément de réalisme.

L’une des meilleures bandes dessinées jamais écrites sur la guerre et un troisième volume prévu en octobre 2012.

Retrouvez cet album dans mon Top comics de l’année !

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Yoshihiro Tatsumi – Une vie dans les marges, Tome 2

Posted in BANDES DESSINÉES, Cornélius, Diptyques, Festival BD Angoulême, Manga / Manhwa, [Angoulême 2012], [DL 2011] with tags , , , , on 24 mars 2012 by Yvan

La naissance du Gekiga, vécue de l’intérieur !

Yoshihiro Tatsumi - Une vie dans les marges, Tome 2 Une vie dans les marges est un récit autobiographique qui revient sur la carrière de Yoshihiro Tatsumi et sur la naissance du genre Gegika. L’auteur aura travaillé près de douze ans sur cet ultime chef-d’œuvre édité par les Éditions Cornélius en deux tomes de plus de quatre-cents pages chacun.

Le premier tome, qui brossait le portrait d’Hiroshi Katsumi (qui n’est autre que l’auteur lui-même) lors d’une adolescence au sein d’une famille qui a du mal à joindre les deux bouts et en compagnie d’une frère aîné malade et jaloux, permettait surtout de découvrir les éléments fondateurs de la carrière de ce mangaka de renom. Ce deuxième volet montre un auteur qui peut enfin vivre de sa passion, mais qui continue de s’interroger sur la route qu’il doit emprunter. Au fil des pages, cet homme qui vit ses premiers émois amoureux continue de remettre son travail en question, peaufinant progressivement sa vision du manga.

L’aspect autobiographique de cette œuvre permet au lecteur de vivre l’avènement du mouvement gekiga de l’intérieur. Né de la passion d’une poignée de jeunes auteurs, ce nouveau genre qui privilégie des récits plus longs, plus réalistes et plus sérieux s’impose progressivement lors du boom qu’a connu le manga au Japon après la Deuxième Guerre Mondiale. Au-delà de la genèse du style gekiga, ce deuxième tome permet de découvrir la révolution du marché du manga lors des années 50-60, offrant ainsi un éclairage nouveau sur le monde de l’édition du temps des librairies de prêt. Mais ce qui fait toute la saveur et la force de cette rétrospective est le ton nostalgique qui se dégage de cette œuvre. Le regard de cet homme âgé, soixante ans après les faits, sur l’une des périodes les plus novatrices qu’ont connu le manga et le Japon, est empli de sagesse et de justesse.

Situé dans les années 50-60, le récit dresse également le portrait d’un Japon d’après guerre, en pleine reconstruction. Cette page d’Histoire relate en effet brièvement les événements culturels, politiques, sportifs et cinématographiques clés de ce pays en pleine mutation. Si cette œuvre est d’une grande richesse culturelle et historique, le trait limpide et la mise en scène forcément cinématographique de Yohihiro Tatsumi, rendent l’ensemble extrêmement lisible et digeste.

Récompensé par le Grand prix du prix culturel Osamu Tezuka en 2009 et par un Will Eisner Award en 2010, cette petite perle servira également de base à un film d’animation réalisé par Eric Khoo, dont voici la bande annonce :

Une œuvre didactique et captivante, indispensable pour les passionnés et incontournable pour les autres !

Retrouvez cet album dans mon Top Manga de l’année et dans mon Top du Festival d’Angoulême !

Yoshihiro Tatsumi – Une vie dans les marges

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Cornélius, Diptyques, DIVERS, Festival BD Angoulême, Manga / Manhwa, [Angoulême 2012], [DL 2011] with tags , , , , on 29 février 2012 by Yvan

La naissance du Gegika !

Yohihiro Tatsumi - Une vie dans les marges Une vie dans les marges est un récit autobiographique qui revient sur la carrière de Yoshihiro Tatsumi et sur la naissance du genre Gegika. L’auteur aura travaillé près de douze ans sur cet ultime chef-d’œuvre édité par les Éditions Cornélius en deux tomes de plus de quatre-cents pages chacun.

En brossant le portrait d’Hiroshi Katsumi, qui n’est autre que l’auteur lui-même, Yoshihiro Tatsumi lève le voile sur sa vie familiale et sur son évolution en tant qu’artiste. De parents qui ont du mal à joindre les deux bouts à ce frère aîné malade et jaloux, en passant par un certain Osamu Tezuka, le lecteur découvre les éléments fondateurs de la carrière de ce mangaka de renom.

Situé à Osaka, au début des années 1950, le récit dresse également le portrait d’un Japon d’après guerre, en pleine reconstruction et se remettant péniblement des conséquences la seconde guerre mondiale sous la tutelle des américains. Cette page d’Histoire est accompagnée d’une véritable révolution du marché du manga, que l’auteur invite à découvrir de l’intérieur. De son admiration pour Osamu Tezuka en passant par le gain de quelques concours de dessin qui permettent à la famille de sortir quelque peu la tête hors de l’eau, le lecteur découvre un genre qui part à la recherche de récits plus longs et plus sérieux et assiste à la naissance du Gegika.

Mais ce qui fait toute la saveur et la force de cette rétrospective est le ton nostalgique qui se dégage de cette œuvre. Le regard de cet homme âgé, soixante ans après les faits, sur l’une des périodes les plus novatrices qu’ont connu le manga et le Japon, est empli de sagesse et de justesse. Allez, viens t’asseoir ici petit, que papy te raconte la révolution qu’a vécu le manga dans un Japon en ruines… tout débute au milieu du siècle dernier, papy n’était qu’un adolescent, son frère était très malade et sa famille n’avait pas un radis. Le papy en question n’est autre que Yoshihiro Tatsumi et le récit de sa vie est passionnant. Un véritable chef-d’œuvre !

Si ce premier tome est d’une grande richesse culturelle et historique, le trait limpide et la mise en scène forcément cinématographique de Yohihiro Tatsumi, rendent l’ensemble extrêmement lisible.

Récompensé par le Grand prix du prix culturel Osamu Tezuka en 2009, par un Will Eisner Award en 2010 et par le Prix regards sur le monde au Festival d’Angoulême en 2012, cette petite perle servira également de base à un film d’animation réalisé par Eric Khoo, dont voici la bande annonce :

Une œuvre incontournable !

Retrouvez cet album dans mon Top Manga de l’année et dans mon Top du Festival d’Angoulême !

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Joe Sacco – Reportages

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Futuropolis, Guerre, One-shots, [Angoulême 2012], [DL 2011], [Sans super-héros] with tags , , on 20 février 2012 by Yvan

D’un drame humanitaire à l’autre en compagnie de Joe Sacco !

Joe Sacco - ReportagesDécoupé en six chapitres distincts, « Reportages » est un recueil d’articles réalisés par le célèbre journaliste BD pour la presse internationale. Connu du grand public pour ses reportages illustrés sur le conflit israélo-palestinien (« Palestine » et Gaza 1956) et sur l’ex-Yougoslavie (Gorazde), il aborde ici plusieurs crises qui ont eu lieu à travers le monde. Du Tribunal de La Haye aux troupes irakiennes, en passant par le conflit tchétchène, les immigrés africains de Malte, les laissés-pour-compte de l’Inde et la Palestine, Joe Sacco donne à nouveau la parole aux victimes de grands drames humains.

Optant pour une méthode journalistique identique à ses œuvres précédentes, il s’immisce au sein de la population, partage son quotidien, tout en enquêtant sur des événements du passé. Tout en décrivant la situation de la population, il revient sur les origines et le déroulement des drames en multipliant les témoignages. Si l’approche de Joe Sacco permet à nouveau de découvrir l’envers du décor et de partager la peine, la misère et le désarroi des rescapés sans jamais sombrer dans le pathos, cet album m’a cependant moins plu que les précédents.

Comme dans la plupart des recueils, la qualité des reportages est parfois inégale. Joe Sacco avoue d’ailleurs lui-même ne pas être fan de certains articles repris dans cet ouvrage. Il y a ensuite la brièveté de certains articles, qui ne permet pas toujours à l’auteur de livrer une analyse aussi fouillée que dans ses autres albums. Finalement, il y a l’aspect « déjà-vu » de certains passages (notamment le « Coup d’oeil sur Hébron ») pour ceux qui ont lu ses autres réalisations. Ce sont heureusement surtout les premiers articles qui souffrent de ces défauts, résultant en une très bonne deuxième moitié d’album. Si le travail de Joe Sacco peut certes toujours paraître un peu partisan, l’auteur assume pleinement ce parti-pris et s’en explique d’ailleurs de manière très intéressante lors de l’introduction.

La mise en images, qui ne se cantonne cette fois pas uniquement au noir et blanc, s’avère par contre toujours aussi efficace. D’un grand réalisme et particulièrement expressif, son dessin parvient à capter toute la cruauté et l’ignominie de ces grands drames humains.

Un ouvrage didactique et un travail journalistique méticuleux qui ravira surtout les fans de l’auteur.

Joe Sacco - ReportagesRetrouvez cet album dans mon Top du Festival d’Angoulême !

Ils en parlent également : Mo’

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Guy Delisle – Chroniques de Jérusalem

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, K.BD, One-shots, Shampooing, [Accessible], [Angoulême 2012], [DL 2011] with tags , , on 17 février 2012 by Yvan

Une année en Terre Sainte !

Guy Delisle - Chroniques de JérusalemAprès avoir raconté ses séjours en Chine (« Shenzhen »), en Corée (« Pyongyang ») et au Myanmar (« Chroniques Birmanes »), Guy Delisle offre un aperçu de l’année qu’il a passé à Jérusalem. À l’instar de Chroniques Birmanes, le lecteur suit donc les pas de ce père de famille qui accompagne son épouse en mission sur place pour MSF. On est donc bien loin du travail d’investigation de Joe Sacco dans l’excellent Gaza 1956, mais plutôt dans un récit de voyage. Certains pourront d’ailleurs s’étonner du manque de connaissance préalable de cet homme qui débarque comme un touriste dans cet endroit où il va pourtant passer toute une année. L’auteur d’origine québécoise rappellera d’ailleurs avec humour qu’il n’est pas Joe Sacco.

Si ce côté « Jérusalem pour les nuls » peut décevoir les fans de véritables BD reportages, l’accumulation d’anecdotes partagés par cet expatrié a cependant tout pour plaire. Même si, par rapport aux « Chroniques Birmanes », il se concentre un peu moins sur ses (més)aventures en tant que père au foyer, Guy Delisle se « contente » tout de même de donner un aperçu de sa vie quotidienne en tant que simple accompagnateur et homme au foyer. La curiosité de l’artiste aidant, l’ouvrage distille certes des informations intéressantes sur Jérusalem et sur ses habitants, mais d’un point de vue souvent très ‘touristique’. Malgré ce côté ‘spectateur distant’ un peu frustrant, la lecture s’avère néanmoins très agréable, emplie d’humour et d’autodérision. Le dessin décalé est d’une grande lisibilité et malgré son apparence ‘simpliste’, il parvient à distiller énormément d’informations, d’émotions et de non-dits.

Le dessinateur de BD divise son long séjour familial en douze chapitres, un par mois passé en Terre Sainte. De son arrivée en Israël à son départ, en passant par la découverte des richesses historiques de la ville et des communautés juives, musulmanes, orthodoxes et chrétiennes, l’auteur partage ses découvertes avec humour. S’il met un peu de temps à trouver ses marques, il finit par appréhender la complexité et l’absurdité des lois qui régissent le pays. Au fil des balades et des rencontres dans les différents quartiers de la cité millénaire, l’ouvrage devient un peu plus engagé et beaucoup plus intéressant. Chaque passage de l’autre côté du mur de séparation, chaque franchissement de check-point, chaque interdiction renforce son point de vue sur le conflit israélo-palestinien et rend ce partage plus captivant.

Mais, à l‘inverse des œuvres de Joe Sacco, celle-ci donne envie d’y aller…

Retrouvez cet album qui a reçu le Fauve d’or dans mon Top du Festival d’Angoulême !

Guy Delisle - Chroniques de JérusalemLisez également l’avis à plusieurs mains de K.BD !

Ils en parlent également : OliV’

Pat Mills & Joe Colquhoun – La grande guerre de Charlie

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Ca et Là, Comics, DIVERS, Festival BD Angoulême, Guerre, Séries, [Angoulême 2012], [DL 2011], [En cours], [Sans super-héros] with tags , , on 4 janvier 2012 by Yvan

La Der des Ders, vue par les tommies !

Pat Mills & Joe Colquhoun - La grande guerre de CharlieCharley’s War est un chef-d’œuvre de la bande dessinée britannique, paru sous forme d’épisodes dans la revue britannique Battle entre 1979 et 1986. Excepté quelques épisodes publiés dans les magazines « Bengali » et « Pirates », cette histoire réalisée par Pat Mills et dessinée par Joe Colquhoun n’avait pas encore réussi à franchir la Manche. Grâce au nouveau label Delirium, fruit d’une collaboration entre les éditions Ça et Là et 360 Media Perspective, c’est maintenant chose faite… et de bien belle manière !

Alimentée par des faits authentiques, ce récit qui traite de la guerre 14-18 invite à suivre les aventures de Charly Bourne : un jeune « Tommy » de 16 ans qui, en mentant sur son âge, se retrouve au front, à quelques jours de la terrible bataille de la Somme. Le fait de suivre les pas de ce jeune britannique un peu stupide, mais courageux et foncièrement bon, permet non seulement de plonger le lecteur dans le quotidien de la Première guerre mondiale, mais surtout de lui faire découvrir le point de vue anglais.

Si ce premier tome, qui se déroule entre les mois de juin et août 1916, commence de manière assez décontractée, sur un ton plutôt humoristique, les horreurs du front ne tardent pas à rattraper ce jeune volontaire. Du sacrifice souvent inutile de milliers d’hommes à l’insalubrité des tranchées, en passant par les snipers, les attaques au gaz et les ordres irréfléchis, Pat Mills montre les horreurs de cet affrontement et dénonce l’atrocité et l’injustice de tous ces meurtres.

Si le réalisme de ces scènes tirées de faits réels impressionne, c’est surtout l’humanité dégagée par cette œuvre qui fait mouche. Au sein de la Grande Histoire, Pat Mills invite en effet à découvrir les petites histoires de simples soldats. Des sentiments de « Papy », venu venger ses deux fils morts au combat, à la folie de « Solitaire », traumatisé par les atrocités de la guerre, en passant par les lettres envoyées par Charlie à sa famille, l’auteur soigne le développement psychologique de ses personnages.

Le graphisme noir et blanc de Joseph Colquhoun fourmille de détails et contribue également à dépeindre le quotidien des tranchées avec énormément de réalisme.

Bref, ruez-vous sur cette série prévue en une dizaine de tomes, à raison de deux titres par an, car c’est du tout bon !

Retrouvez cet album dans mon Top comics de l’année et dans mon Best of du Festival d’Angoûleme!

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Gilles Rochier – TMLP

Posted in 6 Pieds Sous Terre, BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, One-shots, [Angoulême 2012], [Avancé], [DL 2011] with tags , on 28 décembre 2011 by Yvan

Gilles Rochier rebobine la cassette d’un drame… social

Gilles Rochier - TMLP TMLP (Ta mère la pute) est un acronyme qui symbolise l’ambiance pesante qui règne dans ces cités où certaines mères doivent recourir à la prostitution afin de boucler les fins de mois difficiles. Le sujet est bien évidemment tabou parmi les habitants des quartiers et si tout le monde est au courant, personne n’en parle…

Né en 1968, Gilles Rochier est l’un des premiers pensionnaires de ces banlieues parisiennes qui virent le jour début des années 70. C’est par petites touches qu’il revient sur certains passages de son enfance. Partageant des bribes du quotidien de mômes pas forcément méchants, il revient sur le contexte d’un drame qui a marqué sa jeunesse. Des parties de foot sur les terrains vagues des cités aux vols à la supérette locale, en passant par quelques bastons, l’auteur pointe du doigt des petits riens insignifiants du quotidien de ces jeunes banlieusards. Au fil des pages et des quatre cents coups, la tension qui règne devient néanmoins palpable. Une atmosphère pesante, capable de transformer une querelle anodine autour d’une cassette audio en une tragédie qui poussera Gilles Rochier à produire ce one-shot.

Visuellement, cet album n’a rien de chatoyant. Le dessin ne cherche jamais à séduire, mais va à l’essentiel, tout comme cette colorisation peu reluisante, qui oscille entre un gris couleur béton et un marron boueux. Un graphisme sans fioritures qui colle parfaitement au sujet.

Un très bon one-shot, que vous pouvez également retrouver dans mon best of de la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2012 !

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Gilles Rochier - Ta mère la puteLisez également l’avis à plusieurs mains de K.BD !