Archive for the [Angoulême 2014] Category

Fabcaro – Carnet du Pérou, Sur la route de Cuzco

Posted in 6 Pieds Sous Terre, BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, One-shots, [Angoulême 2014], [Avancé], [DL 2013] with tags , , on 20 novembre 2015 by Yvan

Bienvenue au Pérou… ou pas !

Fabcaro - Carnet du Pérou, Sur la route de GuzcoComme j’avais adoré le « Zaï zaï zaï zaï » de l’auteur, je me suis penché d’un peu plus près sur sa biographie et je suis tombé sur ce carnet de voyage, qui faisait d’ailleurs partie de la sélection du Festival d’Angoulême 2014. Après avoir pleuré de rire avec « Zaï zaï zaï zaï », je me suis dit que ça ne serait pas plus mal de tester cet auteur sur un autre terrain, que j’affectionne d’ailleurs beaucoup plus que le registre humour.

Ayant les ouvrages de Guy Delisle (Pyongyang, Chroniques de Jérusalem, Chroniques Birmanes) en tête et « Le Photographe » comme repère ultime, je m’attaque donc à ce voyage en Amérique du sud. De Lima à Cuzco, Fabcaro nous raconte son périple, relate les rencontres qu’il a faites et partage les coutumes de ce merveilleux pays… sauf, qu’après quelques pages, le lecteur remarque vite qu’il y a anguille sous roche. Fabcaro reprend certes tous les codes du genre, mais au fil des commentaires et des interventions diverses qui reviennent sur la création du carnet de voyage, le lecteur comprends vite que l’auteur n’a jamais mis les pieds au Pérou et que c’est plutôt Wikipedia au scénario. Cela commence par des péruviens qui ressemblent un peu trop à des mexicains (les remarques de sa fille m’ont bien fait rire), puis l’auteur s’empêtre totalement dans son mensonge. Ce périple imaginaire, qui passe constamment du carnet de voyage bidon à des scènes issu du quotidien de l’auteur, est donc foncièrement drôle et totalement décalé. Un beau pied de nez au genre !

Graphiquement, l’auteur adopte d’ailleurs un style plus réaliste et une bichromie bleu et noir, ce qui permet de rendre la supercherie visuellement très crédible (à part les sombreros mexicains bien entendu).

Très bon !

Ils en parlent également : David, Mo’, Lunch

Un carnet de voyage que je vous conseille: La Tentation

Hajime Isayama – L’attaque des titans

Posted in BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Manga / Manhwa, Pika Editions, Séries, [Angoulême 2014], [DL 2013], [En cours] with tags , on 10 février 2014 by Yvan

Un manga sélectionné au Festival d’Angoulême !

Hajime Isayama - L’attaque des titansCette série qui remporte un franc succès au Japon et qui compte également une version animée, fait partie de la sélection officielle du dernier Festival d’Angoulême. Il n’en fallait pas plus pour titiller ma curiosité…

Dès les premières pages, Hajime Isayama plonge le lecteur dans un univers post-apocalyptique prenant. l’Humanité a presque été entièrement décimée par des êtres gigantesques et les derniers survivants vivent entourés de hauts murs, dans la peur constante d’une nouvelle attaque des Titans. Lorsqu’un Titan démesuré, dont la tête dépasse largement cette muraille de cinquante mètres de hauteur, arrive aux portes de cette cité fortifiée à l’allure médiévale, la vie de ceux qui se croyaient à l’abri bascule…

Excepté quelques flashbacks qui viennent éclairer le présent sans toutefois révéler l’origine de ces êtres gigantesques dont on ignore presque tout, ce premier tome joue pleinement la carte de l’action. Les événements, souvent tragiques, s’enchaînent à grande vitesse, ne laissant quasi pas le temps au lecteur de souffler.

Si ce combat pour la survie du genre humain se déroule à un rythme effréné, le lecteur trouve tout de même le temps de s’attacher aux différents personnages. Outre le jeune Eren Jäger, héros téméraire qui semble incarner toute la détermination et l’espoir du genre humain, j’ai surtout apprécié la présence de sa « grande sœur » Mikasa. Mais les véritables vedettes de ce tome sont indéniablement les Titans, que l’auteur excelle à mettre en images. Avec leur physique disproportionné et ces bouches dignes du sourire du Joker, capables d’avaler les êtres humains comme des encas, les Titans font peur. Si les séquences d’action sont également très dynamiques, je ne suis cependant pas grand fan du dessin de Hajime Isayama.

Un tome dynamique et une histoire prenante qui donne envie de connaître la suite !

Winshluss – In God we trust

Posted in BANDES DESSINÉES, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, One-shots, Requins Marteaux, Winshluss, [Angoulême 2014], [Avancé], [DL 2013] with tags , on 2 janvier 2014 by Yvan

In Winshluss I trust !!!

Winshluss - In God we trustÀ l’instar de Philippe Geluck avec sa « Bible selon le Chat » ou de Robert Crumb et son indigeste album « La Genèse », Winshluss s’attaque donc à une relecture de la Bible. Si le sujet a déjà été abordé maintes fois, l’envie de lire du Winshluss après l’incontournable Pinocchio est cependant trop grande pour pouvoir résister longtemps à cet ouvrage.

C’est St. Franky, patron des amateurs de houblon et de bandes dessinées, qui fait office de narrateur en accompagnant le lecteur dans les coulisses des saintes écritures. Découpant son album en plusieurs histoires courtes, Winshluss se moque de la religion chrétienne (ses vieux papes, ses prêtres pédophiles, …) et revisite les anecdotes bibliques les plus célèbres (la création, le péché originel, l’immaculée conception, la traversée de la mer rouge, la résurrection, le jugement dernier…).

En mettant en scène un Dieu porté sur l’alcool, un Jésus version looser adolescent qui cherche sa place divine, une Marie pas si prude que cela et un serpent réalisateur de films X dans le jardin d’Eden, l’auteur n’y va pas vraiment avec le dos de la cuillère. De la rencontre entre Dieu et Marie à la mort de Jésus, tout y passe. Si le running-gag des mains crucifiés de Jésus m’a bien fait rire (haha, le coup de la téquila boumboum), les passages dédiés à Conan le Barbare et à Superman (affrontant Dieu à Gotham City) m’ont surtout donné envie de voir Winschluss s’attaquer au plus vite au monde des comics/super-héros.

Si cette relecture anticléricale déborde à nouveau d’absurdité jouissive, tout en baignant dans un humour noir délicieusement corrosif, l’absence de fil rouge contribue à rendre l’ensemble moins structuré et moins abouti que l’inégalable Pinocchio. Visuellement, l’auteur multiplie à nouveau les styles graphiques, accentuant avec brio le ton irrévérencieux et provocateur de ses saynètes. L’édition très soignée des « Requins Marteaux » donne une allure presque biblique à l’ouvrage et les fausses pubs intercalées au milieu des histoires sont particulièrement réussies.

Couronné du prix du meilleur album à Angoulême avec « Pinocchio » en 2009, Winshluss est à nouveau nominé cette année avec « In God we trust », mais je pense que malgré les nombreuses qualités de l’album, il faudra cette fois un vrai miracle pour qu’il décroche à nouveau la palme.

Joseph Lambert, Annie Sullivan et Helen Keller

Posted in BANDES DESSINÉES, Ca et Là, Cambourakis, Comics, One-shots, [Angoulême 2014], [DL 2013], [Sans super-héros] with tags , , on 25 décembre 2013 by Yvan

La meilleure BD de 2013 !

Joseph Lambert, Annie Sullivan et Helen KellerJoseph Lambert s’attaque ici à un véritable monument. Adaptée au cinéma en 1962 (« Miracle en Alabama »), racontée en livres et même célébrée chaque 27 mai lors du « Helen Keller’s Day », tout le monde connaît l’histoire d’Annie Sullivan et d’Helen Keller outre-Atlantique.

« Annie Sullivan et Helen Keller » est l’histoire de deux femmes marquées par la vie. La première, une malvoyante au caractère bien trempé passe son enfance dans l’hospice malfamé de Tewksbury avant d’être envoyée à l’Institut Perkins, spécialisé pour les aveugles. La deuxième, une gamine sourde et aveugle, doit son salut à Annie Sullivan qui, en devenant sa préceptrice, la sortira petit-à-petit de l’ombre.

Tout au long de cet album de près de 90 pages, l’auteur raconte l’incroyable transformation de cette petite de six ans perdue dans le noir. Page après page, il pénètre son univers et accompagne avec brio l’éveil de cette enfant handicapée qui parvient progressivement à mettre des mots sur le monde qui l’entoure. En relatant l’histoire de ces deux femmes qui parviennent à communiquer en se touchant les mains au rythme du langage des signes, Joseph Lambert narre non seulement une merveilleuse histoire d’amitié, mais il permet surtout d’assister à l’éveil d’un esprit et à la naissance d’un véritable symbole à une époque où l’intégration des personnes handicapées est encore complètement taboue.

Les progrès d’Helen sont entrecoupés de flash-backs qui permettent de revenir sur l’enfance traumatisante d’Annie et de mieux comprendre son comportement et son raisonnement en tant qu’instructrice.

Dans cette Amérique conservatrice, l’apprentissage de ces deux femmes normalement condamnées à vivre à l’écart, est racontée en toute simplicité, sans verser dans le larmoyant. Visuellement, le dessin peu attrayant de Joseph Lambert, découpé dans un format gaufrier de seize cases par planche, ne donne pas forcément envie de se plonger dans l’album. Son choix graphique pour représenter l’univers d’Helen est cependant magistral. Plongé dans l’obscurité dès la première page, le lecteur accompagne la petite dans ce périple qui la mène mot après mot vers la lumière. Au fil de ses progrès, les cases deviennent moins sombre et son monde commence à prendre forme. L’auteur parvient ainsi à faire passer toutes les émotions ressenties par cette petite fille aveugle, sourde et muette qui était perdue dans un océan d’obscurité avant qu’on lui tende la main.

Mon coup de cœur de 2013 !

Retrouvez d’ailleurs ce one-shot dans mon Top de l’année, dans mon Top du mois, dans mon Top du Festival d’Angoulême, ainsi que parmi les dix albums sélectionnés dans la catégorie « Meilleur album » des BDGest’Art.

Matt Fraction et David Aja – Hawkeye, petits coups

Posted in BANDES DESSINÉES, Comics, Festival BD Angoulême, Panini, Séries, [Angoulême 2014], [Avec super-héros], [DL 2013], [En cours] with tags , , on 22 décembre 2013 by Yvan

Me voilà fan de Hawkeye !

Matt Fraction, David Aja et Javier Pulido - Hawkeye, petits coupsSuite aux apparitions de Hawkeye dans l’univers cinématographique sous les traits de Jeremy Renner, Marvel a décidé de lancer une nouvelle série mettant en scène son archer et a confié à Matt Fraction la lourde tâche de remettre le héros sur le devant de la scène.

Le principe de cette saga est de proposer des petites histoires plus ou moins indépendantes qui se concentrent sur la vie quotidienne du simple mortel Clint Barton et non sur les exploits de l’Avenger, Matt Fraction propose ainsi une approche intéressante du personnage et livre une saga très à part dans l’univers super-héroïque.

Ce personnage dépourvu de super-pouvoirs est immédiatement très attachant et le lecteur s’amuse à suivre ses galères quotidiennes : aider un voisin à affronter l’ouragan Sandy, brancher son magnétoscope, gérer des ex qui continuent de se mêler de sa vie ou affronter les mafieux qui gèrent le quartier de Brooklyn dans lequel il vit de manière très modeste… Rien de particulièrement super-héroïque donc, mais des aventures très terre à terre qui fonctionnent à merveille. L’idée d’intégrer Kate Bischop, l’Hawkeye des Young Avengers, au récit est également bien vue car les deux forment un duo très intéressant, même quand ils affrontent l’ouragan Sandy chacun de leur propre côté.

Si le récit permet de découvrir les faiblesses du personnage, loin de sa vie de super-héros et avec beaucoup d’humour, il faut également applaudir la narration, qui est d’une efficacité et d’une originalité redoutable. Du découpage des épisodes en petits morceaux qui se jouent habillement de la chronologie de l’histoire en passant par ce dernier épisode muet qui met en scène le chien de Clint, l’auteur s’essaie à des procédés narratifs très intéressants. L’inventivité graphique de David Aja se place d’ailleurs très vite au diapason de cette narration qui multiplie les allers-retours. L’espagnol, qui collaborait déjà avec Matt Fraction sur Iron Fist, multiplie les trouvailles sympathiques et insuffle beaucoup de dynamisme à ses planches tout en leur donnant un côté rétro qui fait penser aux comics des années 70. Les dessins de Steve Lieber, Francesco Francavilla, Jesse Hamm et Annie Wu, venus remplacer David Aja sur deux des six épisodes, sont également très réussis. Les couleurs pastels et très violettes de Matt Hollingsworth viennent sublimer l’ensemble.

Après un excellent premier tome, ce deuxième volet qui reprend les épisodes #6 à #11 de la saga US confirme tous les points positifs de cette série : un héros foncièrement humain, une narration intelligente et une série addictive que tout amateur de comics se doit d’intégrer dans sa collection !

Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top de l’année, ainsi que dans mon Top du Festival d’Angoulême !

Fabien Velhmann et Eric Sagot – Paco les mains rouges, La grande terre

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Dargaud, Diptyques, Fabien Vehlmann, Festival BD Angoulême, Franco-Belge, [Accessible], [Angoulême 2014], [DL 2013] with tags , on 18 décembre 2013 by Yvan

Plongée dans l’enfer du bagne de Cayenne !

Fabien Velhmann et Eric Sagot - Paco les mains rouges, La grande terreCette histoire prévue en deux tomes emmène le lecteur dans l’enfer du bagne de Cayenne, où le jeune instituteur Patrick Comasson, dit Paco, a pris « perpétuité en Guyane ».

Narré sous forme de lettres à une fiancée qui ne viendra même pas lui dire au revoir lors de son départ en bateau vers cette voie de garage où l’espérance de vie moyenne est de cinq ans, « Paco les mains rouges » offre donc une plongée dans le monde des bagnards. Malgré l’environnement paradisiaque de l’endroit où sont emmenés les taulards, l’auteur propose un huis-clos particulièrement sombre.

En invitant à suivre les pas de Paco dès son embarquement pour la Guyane, Fabien Velhmann livre un récit très humain. La narration en voix-off du principal intéressé permet de partager l’évolution et les émotions du personnage tout au long de cette descente aux enfers. Des règlements de compte aux viols, en passant par les trafics en tous genres, l’auteur dévoile cet univers carcéral ultra-hiérarchisé de l’intérieur, sans épargner aucun détail sordide au lecteur. Malgré un itinéraire plus privilégié, qui va lui permettre de survivre plus longtemps que la moyenne, Paco doit tout de même s’endurcir et s’adapter au fur et à mesure de cette horrible expérience. En sombrant également dans la violence, « Paco la Pâquerette » deviendra ainsi très vite « Paco les Mains-Rouges », un meurtrier qui tente d’augmenter ses chances de survie tout en partageant ses douleurs, ses sentiments et ses secrets au fil du récit.

Visuellement, le graphisme très épuré d’Eric Sagot restitue parfaitement l’ambiance de l’époque, tout en proposant une atmosphère particulièrement sombre qui s’installe immédiatement au diapason du scénario.

Un très bon album que vous retrouverez dans la sélection officielle du dernier Festival d’Angoulême et parmi les dix albums sélectionnés dans la catégorie « Meilleur album » des BDGest’Art.

Ils en parlent également: Mo’, Jérôme, Choco, Belzaran

bd du mercredi Allez découvrir les autres BDs du mercredi sur le blog de Mango !

Jacques Ferrandez – L’étranger (d’Albert Camus)

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Gallimard, One-shots, [Accessible], [Angoulême 2014], [DL 2013] with tags , on 13 décembre 2013 by Yvan

L’insensibilité est un crime…

Jacques Ferrandez - L'étrangerAprès avoir adapté l’Hôte, une nouvelle tirée de L’Exil et le Royaume, Jacques Ferrandez s’attaque à une œuvre encore plus célèbre d’Albert Camus : L’Etranger.

Le récit tourne autour d’un personnage pour le moins singulier, auquel il est initialement difficile de s’attacher. Meursault est en effet un jeune homme assez déroutant, qui aborde les évènement de manière trop distante et sans aucune émotion. L’histoire débute lorsqu’il apprend le décès de sa mère, mais il ne pleure pas à l’enterrement et au lieu de porter le deuil, il va se baigner à la plage, rencontre une femme et l’emmène voir un film de Fernandel au cinéma. Plus tard, lorsqu’il est arrêté pour avoir commis un meurtre, la société le jugera surtout pour ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère et non pour son véritable crime. L’insensibilité de cet « étranger par rapport à la société où il vit » ne facilite certes pas l’empathie envers le personnage, mais permet à l’auteur de mettre brillamment en scène l’absurde.

Visuellement, les aquarelles restituent à merveille cette Algérie de l’entre-deux-guerres que l’auteur affectionne tant. En dessinant le magasin de chaussures Roig de ses grands-parents, Jacques Ferrandez glisse même un clin d’œil familial au sein de cette Algérie natale dont il retranscrit parfaitement l’ambiance caniculaire. Des paysages ensoleillés à l’atmosphère plus sombre, mais toujours aussi étouffante, de cette cellule de prison, il livre donc également un sans faute au niveau visuel.

Retrouvez cet album dans mon Top du Festival d’Angoulême 2014.

Ils en parlent également : Noukette, Jérôme