Archive pour Amérique latine

Michaël Mention – Les Gentils

Posted in Littérature with tags , on 18 février 2023 by Yvan

Le chemin de la vengeance !

Michaël Mention - Les Gentils« Les Gentils », c’est l’histoire de Franck Lombard, un disquaire passionné dont la vie s’est écroulée le jour où sa gamine s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Incapable de vivre avec l’idée que le coupable de la mort de sa fille puisse échapper à la justice, il part lui-même à sa recherche. Même si son seul indice est un logo Anarchie tatoué sur l’épaule du fautif, il est bien décidé à le retrouver…où qu’il aille !

« Les Gentils » c’est Michaël Mention, un auteur dont j’ai refermé le dernier roman, « Power », le poing tendu vers le ciel après 450 pages d’immersion en compagnie des Black Panthers dans le contexte politique et social particulièrement tendu des sixties. Changement de décor dans ce nouveau roman qui nous plonge en 1978, accompagné d’une playlist qu’un code QR permet de retrouver facilement sur Deezer. Une bande-son particulièrement rock, qui contribue à nous installer dans la bonne ambiance pour ce road-trip qui nous emmène sur le chemin de la vengeance.

« Les Gentils » est l’histoire d’une souffrance incommensurable, celle d’un père qui perd totalement pied, incapable de faire le deuil de sa fille tant que l’assassin ne sera pas puni. Partageant les pensées de cet homme débordant de haine et de vengeance, l’auteur invite à suivre sa descente aux enfers sur le rythme effréné d’une écriture dont il a le secret. Des chapitres très courts et des mots qui claquent sur une musique endiablée, pour un récit particulièrement immersif, impossible à lâcher.

« Les Gentils » est également une aventure rocambolesque qui est parvenue à mettre à mal mon esprit cartésien, qui affectionne surtout les intrigues plus structurées. En suivant les déboires de cet électron libre guidé par une vengeance de surcroît aveugle, j’ai donc régulièrement été confronté à des rebondissements parfois très/trop invraisemblables. M’accrochant au souffle de cet auteur dont j’affectionne particulièrement le style, de Paris à Marseille, en passant par la jungle amazonienne, j’ai finalement repris pied (et mon souffle) au cœur de la communauté agraire de Jonestown, où Michaël Mention conclut brillamment la destinée de son personnage, en rejoignant les faits historiques terribles qui ont frappé cette secte créée en 1974 par le révérend Jim Jones dans la région de Barima-Waini au Guyana.

Les Gentils, Michaël Mention, Belfond, 352 p., 20,50€

Elles/iels/ils en parlent également : Yvan, Aude, Collectif Polar, Mag, Nadia, Ma voix au chapitre

Luis Sepúlveda – Le vieux qui lisait des romans d’amour

Posted in Littérature with tags , , on 13 janvier 2021 by Yvan

Une fable écologique poétique !

Luis Sepúlveda - Le vieux qui lisait des romans d'amourCela faisait un petit temps que j’avais envie de découvrir cet auteur chilien décédé le 16 avril 2020, des suites du Covid-19. C’est chose faite avec ce premier roman, datant de 1988 et rendant hommage à son ami brésilien Chico Mendès, grand défenseur de la forêt amazonienne…et qui le paya de sa vie !

Le récit débute par la découverte d’un braconnier, tué par une femelle jaguar. Devenue enragée à la découverte de ses petits assassinés par ce chasseur blanc, elle représente dorénavant un grand danger pour tous les habitants du petit village équatorien d’El Idilio. Afin d’éviter un carnage, le maire sollicite l’aide d’Antonio José Bolivar, un vieux ayant jadis vécu parmi les Shuars et qui connaît la forêt et ses animaux mieux que personne…

« Le vieux qui lisait des romans d’amour » nous emmène donc au cœur d’une jungle fourmillant de dangers et de merveilles, afin d’y suivre les pas d’un septuagénaire plein de sagesse, obligé de mener une chasse qu’il aurait préféré éviter. Il ne faut que quelques pages pour s’attacher à ce personnage romanesque qui passe son temps à lire des romans à l’eau de rose au fond de sa cabane en bambou, afin d’échapper à la bêtise humaine…

En partageant le regard d’un vieux profondément humain, qui aime non seulement les romans d’amour, mais également la forêt amazonienne et ses défenseurs, Luis Sepúlveda livre un conte écologique dépaysant non dépourvu d’humour, qui dénonce la destruction systématique de la forêt amazonienne et l’annihilation progressive des populations indigènes.

Pour échapper à la bêtise des hommes, lisez des romans d’amour… ou cette fable écologique chilienne d’une grande justesse!

Le vieux qui lisait des romans d’amour, Luis Sepúlveda, Seuil, 128 p., 5,90€

Ils en parlent également : Natiora, Jean-Pierre, USVAL’ivre lecteurAux vents des mots, Cécile, Mangeur de livres, Delphine, Marie, Sabine

Stephen King – 22/11/63

Posted in Littérature with tags , , on 27 mai 2020 by Yvan

…et si JFK n’était pas mort ?

Stephen King - 22/11/63N’étant pas friand de science-fiction ou de récits horrifiques, je n’avais encore jamais lu de romans de Stephen King. Le garçon étant de surcroît adepte de récits assez volumineux, je n’avais pas vraiment envie de prendre le risque de lire une brique indigeste… Puis je tombe sur l’avis d’Yvan, qui inciterait même les imbéciles à changer d’avis… et qui le met dans ses deux livres de chevet… avec « Replay » de Ken Grimwood… Arrrrggggg !!!

« 22/11/63 » ne débute pas en 1963, mais en 2011, où Jack Epping découvre une sorte de faille spatio-temporelle au fond d’un restaurant, qui lui permet de remonter au 9 septembre 1958. Si vous êtes rapide de la calculette, vous aurez compris que le bonhomme devra choisir de rester cinq ans dans le passé s’il veut avoir une chance de pouvoir empêcher l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy par Lee Harvey Oswald, le fameux 22 novembre 1963 à Dallas.

Si cette uchronie revisite inévitablement le voyage dans le temps, elle invite surtout le lecteur à plonger dans l’Amérique des années 50 et 60. L’immersion est telle, que même un type comme moi, qui n’a jamais connu les sixties, a vécu ce road-movie empli de nostalgie. Cette relecture de l’Histoire américaine, parsemée de musique endiablée et menacée par une guerre froide omniprésente, s’avère très vite totalement jouissive. Passant de l’insouciance de quelques pas de danse sur « In the Mood » à la tragédie de Dallas, vécue comme si l’on y était, Stephen King rend ce voyage dans le temps réaliste au possible… Du grand art !

Outre du suspense, qui monte crescendo jusqu’au moment fatidique de cette image inévitablement gravée dans tous les esprits, Stephen King livre également de l’émotion à travers des personnages profondément humains et une idylle particulièrement touchante entre un homme de 2011 et une femme d’antan…

Un chef-d’œuvre que j’ai commencé en me disant « Oh, non… 938 pages ! » et que j’ai refermé en me disant « Oh, non… la dernière page ! ». Il ne me reste plus qu’à découvrir la série télévisée éponyme afin d’espérer pouvoir encore un peu prolonger ce voyage…

22/11/63, Stephen King, Albin Michel, 938 p., 25,90 €

Ils en parlent également : EmOtionS, Ma toute petite cultureEve-Yeshé, Cannibal lecteur, Livresque 78PaulineCarolivre, LillyEugénie, Vingtmillelivressouslesmers, Maêlle, La jument verte, NN math, C’line

Marcello Quintanilha – Talc de verre

Posted in BANDES DESSINÉES, Ca et Là, Franco-Belge, One-shots, [Avancé], [DL 2016] with tags , on 14 mars 2018 by Yvan

Une dépression autodestructrice !

Marcello Quintanilha - Talc de verreAprès « Tungstène » – Fauve d’Or du polar au festival d’Angoulême 2016 – Marcello Quintanilha propose un nouveau one-shot qui se déroule au Brésil mais, cette-fois, parmi les classes supérieures de ce pays aux inégalités si criantes.

Ce thriller psychologique invite à suivre les pensées de Rosângela, une femme qui a tout pour être heureuse : un compte en banque bien rempli, une belle voiture, une famille de rêve, une enfance souriante et un cabinet de dentiste (offert par son père) dans un quartier chic de la ville. Tout l’opposé de sa cousine : pauvre, sans emploi, divorcée, un père alcoolique, un quartier sordide… mais une joie de vivre et un sourire à toute épreuve. C’est d’ailleurs ce sourire radieux qui va finir par obnubiler Rosângela, au point de remettre en cause son propre bonheur et sombrer dans une dépression qui s’intensifie chaque fois qu’elle pense à sa cousine.

Malgré une vie de rêve, cette femme qui a tout pour être comblée, tombe progressivement dans une spirale autodestructrice. Le lecteur suit donc la lente descente aux enfers de cette héroïne qui perd progressivement pied. Le portrait dressé par Marcello Quintanilha se situe à la limite de l’étude psychiatrique et la narration en voix-off permet de suivre le cheminement mental de cette femme au plus près. Le procédé narratif peut surprendre au début, mais le fait d’entrer dans le cerveau de Rosângela afin d’y capter ses émotions à haute voix s’avère toutefois d’une efficacité rare. Cette petite voix qui la fait douter de tout prend progressivement le dessus et la fait chavirer dans une folie particulièrement destructrice. Son dessin noir et blanc, d’un trait fin et réaliste, accompagne d’ailleurs avec brio ce ballet de sentiments.

Très bon !

Corentin Rouge et Louise Garcia – Rio, Les yeux de la favela (Tome 2)

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Glénat, Séries, [DL 2016], [En cours], [Grand public] with tags , , on 21 novembre 2016 by Yvan

Une favela au bord de l’explosion !

Corentin Rouge et Louise Garcia - Rio, Les yeux de la favela (Tome 2)Avec ce deuxième tome Corentin Rouge et Louise Garcia proposent la suite de cette excellente série prévue en quatre tomes, qui se déroule dans les favelas de la ville de Rio de Janeiro.

Si le premier volet de ce thriller social invitait à suivre deux enfants livrés à eux-mêmes depuis que leur mère avait été assassinée par un flic véreux à qui elle servait d’indic, cette suite a l’originalité de se dérouler dix ans plus tard. Suite à leur adoption par un couple de riches Américains, Rubeus et Nina vivent dorénavant dans le grand luxe. Si cette dernière semble s’être bien habituée à sa nouvelle vie, Rubeus a néanmoins plus de mal à se débarrasser de son côté « sauvage », au plus grand dam de ses parents adoptifs.

Malgré les dix années qui se sont écoulées, Rubues semble toujours hanté par son passé et par cette étrange malédiction qui pèse sur sa famille, tandis que les tensions au sein de la favela continuent encore de s’accroître. L’enlèvement de Nina, afin de faire chanter ses parents, pourrait ainsi bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase… surtout qu’il n’en faut pas plus pour que Rubeus renoue avec ses origines, avec ses anciens amis devenus membres de gangs et avec un flic corrompu qui ne l’a visiblement pas oublié…

Ayant grandi à Rio, Louise Garcia continue de dépeindre une capitale brésilienne on ne peut plus réaliste. Dans ces quartiers les plus démunis, où le quotidien est fait de violence, de misère, de corruption, de prostitution et de trafiques en tous genres, les gamins des rues doivent faire preuve d’inventivité et de courage pour survivre. Pointant du doigt les injustices et les inégalités qui divisent la société brésilienne, elle livre un récit empli de violence, qui gagne en noirceur au fil des tomes.

Visuellement, Corentin Rouge livre à nouveau une prestation remarquable. J’avais déjà apprécié son travail sur le très bon « Juarez » et son style réaliste et énergique fait à nouveau mouche, que ce soit au niveau des personnages, des scènes d’action ou du découpage.

Bref, un deuxième volet qui confirme tout le bien du tome précédent et que vous retrouverez donc dans mon Top BD de l’année.

Lisez également l’excellente saga « Cuervos » !

Matz et Léonard Chemineau – Julio Popper

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [Accessible], [DL 2015] with tags , , on 18 juillet 2016 by Yvan

La conquête de la Patagonie par un aventurier méconnu !

Matz et Léonard Chemineau - Julio PopperCe one-shot signé Matz (Balles Perdues, Du plomb dans la tête, Le Tueur) et Léonard Chemineau (Les Amis de Pancho Villa) s’attaque à la biographie d’un authentique aventurier qui s’est emparé de la pointe sud de l’Argentine après avoir parcouru le monde de long en large.

C’est en 1886, au milieu de nombreux chercheurs d’or venu faire fortune en Patagonie que l’auteur choisit de nous raconter l’histoire de cet homme pas comme les autres qui, malgré son jeune âge, va faire de la Terre de Feu son royaume. Matz revient également, mais peut-être un peu trop brièvement, sur le parcours antérieur de cet ingénieur diplômé à l’École nationale des Ponts et Chaussées, né à Bucarest sous le nom de Iuliu et ayant roulé sa bosse aux quatre coins de la planète avant de s’installer en Patagonie.

Je ne connaissais pas l’histoire de cet homme dont Matz dévoile progressivement la personnalité. Si Julio Popper est charismatique et ambitieux, le lecteur a néanmoins du mal à s’attacher à cet explorateur qui est prêt à tout pour réaliser ses idées et qui finit par battre sa propre monnaie et créer des timbres à son effigie, avant de mourir très jeune dans des circonstances encore inexpliquées.

Graphiquement, Léonard Chemineau livre une nouvelle fois de l’excellent boulot, que ce soit au niveau des personnages ou au niveau des paysages sauvages, mais de toute beauté. Et je suis à nouveau assez fan de la colorisation.

Corentin Rouge et Louise Garcia – Rio, Dieu pour tous

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Glénat, Séries, [DL 2016], [En cours], [Grand public] with tags , , on 25 mai 2016 by Yvan

Survivre dans les favelas de Rio !

Corentin Rouge et Louise Garcia - Rio, Dieu pour tousA l’instar de l’excellente saga « Cuervos », Corentin Rouge et Louise Garcia proposent une série prévue en quatre tomes, qui se déroule dans les favelas de la ville de Rio de Janeiro.

Le premier volet de ce thriller social invite à suivre deux enfants livrés à eux-mêmes depuis que leur mère a été assassinée par un flic véreux à qui elle servait d’indic. Ayant grandi à Rio, Louise Garcia dépeint une capitale brésilienne on ne peut plus réaliste. Dans ces quartiers les plus démunis, où le quotidien est fait de violence, de corruption, de prostitution et de trafiques en tous genres, les gamins des rues doivent faire preuve d’inventivité et de courage pour survivre. Le fait de dépeindre ces injustices et ses inégalités à travers le regard de deux enfants particulièrement attachants rend le récit encore plus intéressant. Sans parler de cette touche de fantastique qui intrigue inévitablement en fin d’album…

Visuellement, Corentin Rouge livre à nouveau une prestation remarquable. J’avais déjà apprécié son travail sur le très bon « Juarez » et son style réaliste et énergique fait à nouveau mouche, que ce soit au niveau des personnages, des scènes d’action ou du découpage.

Un excellent tome que vous pouvez d’ailleurs retrouver dans mon Top BD de l’année !