Archive pour Asie du Sud

Séjal Badani – La passeuse d’histoires

Posted in Littérature with tags , , on 11 avril 2021 by Yvan

Un intouchable extrêmement touchant !

157944108_10224066481947161_7863416558618138189_nHeureusement que quelques blogueurs avisés ont eu la bonne idée de mettre cette petite pépite dans leur top de l’année sinon je serais passé à côté.

Derrière cette superbe couverture et ce titre particulièrement alléchant, le lecteur emboîte les pas de Jaya, une journaliste new-yorkaise d’origine indienne qui est au plus mal après trois fausses couches et un mariage qui part en vrille. Lorsqu’elle apprend que son grand-père maternel, qu’elle n’a jamais rencontré, est sur son lit de mort, elle décide de se rendre à son chevet…

Une fois en Inde, ce récit qui se déroule sur plusieurs époques alterne les points de vue de Jaya et de sa grand-mère Amisha. La reconstruction de Jaya, qui se nourrit de son passé familial tout en découvrant l’origine de la relation difficile avec sa mère, ne laissera personne indifférent. Mais la destinée d’Amisha est encore beaucoup plus bouleversante car elle dresse le portrait d’une femme forte au cœur de l’Inde coloniale et nous éclaire sur la condition de la femme dans une société où les us et les coutumes servent surtout les hommes. Mais la destinée qui vous brisera véritablement le cœur est probablement celle de Ravi, le fidèle serviteur qui sert la famille depuis des générations et qui était devenu le principal confident d’Amisha. Victime d’un système de castes aussi révoltant qu’injuste, le destin de cet intouchable est celui qui vous touchera le plus…

« La passeuse d’histoires » est un roman historique qui évoque les tensions entre les Indiens et les Britanniques dans un pays en passe d’acquérir l’indépendance. C’est également une histoire d’amitié on ne peut plus belle et une histoire d’amour extrêmement forte. C’est surtout le portrait de femmes fortes, dévoilant des destins tragiques et démontrant la force des mots et des histoires…

Un coup de cœur !

La passeuse d’histoires, Séjal Badani, Charleston, 489 p., 22,50€

Ils en parlent également: Laure, Fanny, Petite étoile livresque, Célia, Knut, Douceur de lire, Le nez dans les bouquins, Nathalie, Christelle

Shilpi Somaya Gowda – Un fils en or

Posted in Littérature with tags , , on 17 mars 2017 by Yvan

Amour, traditions et immigration !

Shilpi Somaya Gowda - Un fils en orAnil Patel, le fils en or, vient d’une famille influente du Gujarat. Après avoir effectué des études de médecine en Inde, il est admis à suivre une formation dans un hôpital de Dallas aux Etats-Unis. Leena, son amie d’enfance connaît cependant un parcours moins doré. Fille d’un métayer, elle se retrouve mariée à un homme brutal qui convoitait uniquement sa dot et devient l’esclave de sa belle-famille…

Ce roman qui voyage entre les États-Unis et l’Inde invite à découvrir les différences culturelles à travers les yeux d’un fils de riches propriétaires terriens indiens, qui s’éloigne progressivement de sa terre d’origine sans pour autant parvenir à s’intégrer totalement dans son pays d’accueil.

Lors de son séjour en Amérique, Anil Patel devra en effet faire face au choc des cultures, aux préjugés et à un racisme parfois violent. S’éloignant progressivement de ses racines, il se forge une nouvelle identité et découvre le rythme infernal et l’univers impitoyable des hôpitaux. Le poids des coutumes demeure cependant parfois lourd à porter. Des appels téléphoniques réguliers de sa mère à ce rôle d’arbitre qu’il doit reprendre à la mort de son père, l’obligeant à régler les conflits entre les habitants de la région, Anil conserve le contact avec son Inde natale. Sans oublier Leena, qu’il n’a jamais su effacer de ses pensées… même s’ils n’appartiennent pas à la même caste.

Shilpi Somaya Gowda dresse ainsi un portrait remarquable de la société indienne, avec ses castes et ses traditions. À travers la destinée de Leena, il pointe également du doigt le système des dots et les mariages arrangés.

Malgré une fin légèrement trop brusque par rapport au rythme du reste du récit, cette histoire d’amour qui nous plonge dans les coutumes et les traditions indiennes, tout en se penchant sur le métier de médecin et en évoquant la difficulté pour les expatriés de s’intégrer, est un véritable coup de cœur.

Lecture vivement conseillée donc !

Fred Bernard – La patience du tigre

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Casterman, Ecritures, Franco-Belge, One-shots, [Accessible], [DL 2012] with tags , on 7 novembre 2012 by Yvan

A la recherche de la plus grande richesse au monde!

Fred Bernard - La patience du tigre« La patience du tigre » est le troisième volet des aventures de Jeanne Picquigny. Après La tendresse des crocodiles (Seuil, en 2003), où la belle aventurière partait à la recherche de son père au coeur de l’Afrique, et « L’ivresse du poulpe » (Seuil, en 2004), où elle partait à la recherche de son compagnon, Eugène Love Peacock, c’est un vieux meuble ramené de ce dernier périple à Cuba qui l’emmène sur la route des Indes.

Si l’attente depuis la dernière aventure de Jeanne fut longue, la publication de « Lily Love Peacock » (Casterman, en 2006), narrant la vie quotidienne de la petite-fille d’Eugène Love Peacock, aura contribué à faire patienter des lecteurs, qui se réjouiront d’ailleurs au passage de la réédition des deux premiers tomes de la saga en un seul volume chez Casterman.

C’est donc un « stippo », sorte d’antiquité aux multiples tiroirs secrets, qui sert de prétexte à ce nouveau voyage qui démarre en Angleterre pour finalement emmener les protagonistes sur les sommets de l’Himalaya au bout d’un périple de plus de 500 pages. Du Yorkshire, à la rencontre du père bibliophile d’Eugène, au fin fond de l’Inde, en passant par le site de Stonehenge ou la ville portuaire de Whitby, rendue célèbre par Bram Stoker, ce nouveau voyage proposé par Fred Bernard est à nouveau rempli de richesses.

Lors de cette chasse au trésor ultime, l’auteur démontre une nouvelle fois sa capacité à brosser des protagonistes d’une grande justesse, en seulement quelques cases. Le lecteur retrouve donc des personnages romanesques, mais surtout des femmes extrêmement sensuelles. Après Louise O’Murphy et Victoire Goldfrapp, lors des deux tomes précédent, c’est Pamela Baladine Riverside qui démontre que, huit ans plus tard, Fred Bernard comprend toujours aussi bien les femmes. Les autres personnages, hauts en couleurs, tels que le père Peacock, Timoty Python ou le Maharajah, ne sont évidemment pas en reste.

Outre des personnages singuliers et dotés d’une incroyable richesse, l’auteur propose des dialogues parfaitement ciselés, mêlant humour, poésie, sagesse et passion. Partageant les émotions et les sentiments de ses protagonistes avec brio, l’auteur invite surtout à partir à la découverte de contrées lointaines aux richesses abondantes. Tout au long de l’album, l’auteur prend le temps d’imprégner le lecteur de l’ambiance des Indes des années 20. Ce voyage dépaysant, mêlant aventure, psychologie, rêve et poésie, qui invite surtout à partir à la découverte de soi et des autres est, à ce titre, à classer auprès des meilleures aventures de Corto Maltèse.

Visuellement, le trait volontairement brouillon de Fred Bernard croque à nouveau les personnages et l’environnement avec une efficacité aussi redoutable qu’étonnante.

Retrouvez ce splendide voyage dans mon Top de l’année.

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Christian Lax et Jean-Claude Fournier – Les chevaux du vent, Seconde partie

Posted in Aire Libre, BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Diptyques, DIVERS, Dupuis, Franco-Belge, [Accessible], [DL 2012] with tags , on 22 août 2012 by Yvan

Périple historique sur le toit du monde !

Christian Lax et Jean-Claude Fournier - Les chevaux du vent, Seconde partieIl aura donc fallu attendre quatre ans pour connaître la conclusion de ce diptyque himalayen, de quoi mettre la patience d’un moine bouddhiste rudement à l’épreuve.

Le lecteur retrouve donc le massif himalayen, dans le Népal du XIXème siècle, sous le joug des colons britanniques et dont les frontières sont de plus en plus hermétiques. Le premier volet invitait à suivre le périple d’un père de famille, rongé par le remord d’avoir abandonné son fils sourd-muet à des moines bouddhiste afin qu’il puisse échapper aux brimades des autres enfants de son âge. Si cet album permettait à Lax d’aborder le rôle des pundits, ces espions cartographes qui font des relevés topographiques de la région pour le compte des anglais, la fin abandonnait le vieux Calay en bien mauvaise posture, capturé par la police locale. Le sort de sa famille n’était d’ailleurs guère beaucoup plus reluisant avec deux fils en dispute car il convoitaient la même femme, dont un finissait par s’engager comme militaire chez l’ennemi britannique.

Ce deuxième volet débute d’ailleurs par le retour du fils prodigue qui, constatant l’état de santé de sa mère et l’absence de son père, décide de déserter l’armée afin de se lancer sur les traces de son père et de son jeune frère bouddhiste. Le contexte historique demeure très intéressant et ce nouveau périple dans les montagnes du Népal est à nouveau parsemé de nombreuses embûches. Cette suite permet non seulement de retrouver le policier qui a traqué son père, mais également de faire la connaissance de Tashi Bhai, un vieil amchi qu’il sauve d’une attaque de brigands. Les personnages sont particulièrement attachants et portent véritablement ce récit très humain dont le thème principal est la famille. A travers la destinée de cette pauvre famille népalaise et d’un père de famille tourmenté par des choix nécessaires à la survie de son foyer, l’auteur livre donc une quête familiale touchante. Une histoire familiale qui contribue également à refléter le contexte géopolitique et culturel de l’époque : la colonisation britannique, le mode de vie des paysans himalayens, des frontières de plus en plus hermétiques, la culture et les traditions népalaises.

Visuellement, on retrouve Jean-Claude Fournier, cet ancien qui a dessiné Spirou pendant des années et qui nous surprend à mettre en image des paysages somptueux et des destinés émouvantes au sein d’un contexte historique ultra-réaliste. Il réussi parfaitement à adapter son style au sujet abordé par Lax et contribue à nous faire voyager à travers le temps, sur le sommet du monde.

Retrouvez cet album de la collection Aire Libre de Dupuis dans mon Top de l’année.

Ils en parlent également : Choco

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