Archive pour Biographie

Phil Jackson – Un coach, onze titres NBA

Posted in Littérature with tags , , on 6 mai 2020 by Yvan

La philosophie du « Maître Zen » !

Phil Jackson - Un coach, onze titres NBAEtant fan de basket j’avais déjà repéré cette autobiographie de Phil Jackson depuis un bon bout de temps, mais c’est après avoir regardé les premiers épisodes de « The Last Dance » sur Netflix que je me suis enfin décidé à franchir le pas.

En suivant les pas d’un homme ayant remporté 2 titres NBA avec les New-York Knicks en tant que joueur et 11 bagues de champion en tant qu’entraîneur (6 avec les Chicago Bulls et 5 avec les Los Angeles Lakers), on plonge inévitablement dans les coulisses du Walhalla de tout fan de basket qui se respecte. Phil Jackson ayant côtoyé et dirigé des vedettes tels que Michael Jordan, Scottie Pippen, Dennis Rodman, Shaquille O’Neal et le regretté Kobe Bryant, on se délecte inévitablement des anecdotes qui parsèment cet ouvrage.

Mais, à l’inverse de « Bad as I wanna be » de Dennis Rodman (que j’ai lu il y a bien longtemps), ce ne sont pas les anecdotes et les aspects croustillants des coulisses de la NBA que celui que l’on a surnommé le « Maître Zen » choisit de mettre en avant dans cet ouvrage. Adepte de la philosophie bouddhiste, Phil Jackson explique en effet surtout les méthodes qui lui ont permis de gérer les égos des stars et d’exploiter tout le potentiel de seconds couteaux tels que Bill Cartwright, John Paxon, Derek Fisher ou Brian Shaw. Le résultat est un livre indispensable à tout fan de NBA et à tout coach de sports d’équipe.

Par contre, vu la qualité exécrable de cette traduction, je recommande vivement la version originale aux personnes capables de lire en anglais.

Un coach, onze titres NBA, Phil Jackson, Talent Sport, 352 p., 22€

Ils en parlent également: Bastien, Julien, Basket USA, Sens critique

Matz et Léonard Chemineau – Julio Popper

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, One-shots, Rue de Sèvres, [Accessible], [DL 2015] with tags , , on 18 juillet 2016 by Yvan

La conquête de la Patagonie par un aventurier méconnu !

Matz et Léonard Chemineau - Julio PopperCe one-shot signé Matz (Balles Perdues, Du plomb dans la tête, Le Tueur) et Léonard Chemineau (Les Amis de Pancho Villa) s’attaque à la biographie d’un authentique aventurier qui s’est emparé de la pointe sud de l’Argentine après avoir parcouru le monde de long en large.

C’est en 1886, au milieu de nombreux chercheurs d’or venu faire fortune en Patagonie que l’auteur choisit de nous raconter l’histoire de cet homme pas comme les autres qui, malgré son jeune âge, va faire de la Terre de Feu son royaume. Matz revient également, mais peut-être un peu trop brièvement, sur le parcours antérieur de cet ingénieur diplômé à l’École nationale des Ponts et Chaussées, né à Bucarest sous le nom de Iuliu et ayant roulé sa bosse aux quatre coins de la planète avant de s’installer en Patagonie.

Je ne connaissais pas l’histoire de cet homme dont Matz dévoile progressivement la personnalité. Si Julio Popper est charismatique et ambitieux, le lecteur a néanmoins du mal à s’attacher à cet explorateur qui est prêt à tout pour réaliser ses idées et qui finit par battre sa propre monnaie et créer des timbres à son effigie, avant de mourir très jeune dans des circonstances encore inexpliquées.

Graphiquement, Léonard Chemineau livre une nouvelle fois de l’excellent boulot, que ce soit au niveau des personnages ou au niveau des paysages sauvages, mais de toute beauté. Et je suis à nouveau assez fan de la colorisation.

Killoffer – Tel qu’en lui-même enfin

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, L'Association, One-shots, [Angoulême 2016], [DL 2015], [Sélectif] with tags , , on 15 février 2016 by Yvan

Une autobiographie autodestructrice !

Killoffer - Tel qu'en lui-même enfinLe titre de cet ouvrage annonce immédiatement la couleur et ceux qui connaissent un peu l’artiste ne s’étonneront probablement pas d’être invité à entrer dans sa peau.

Chaque planche de ce recueil, qui reprend les pages parues dans la revue mensuelle le Tigre entre 2010 et 2015, débute d’ailleurs par les mots « Killoffer en… », permettant notamment de découvrir l’artiste en Killoffer, mais surtout en enfer. Le garçon n’est en effet pas tendre avec lui-même et au bout de 108 pages d’autocritique et d’autoflagellation bien appuyée, il ne reste plus grand-chose de l’illustrateur adulé. Chaque saynète est servie sous la forme d’un gaufrier à huit cases, accompagné d’une illustration en page de gauche qui fait admirablement écho à la planche de droite.

Le gros problème, lorsqu’on s’enfile toutes ces histoires courtes qui contribuent à dresser le portrait peu reluisant de l’auteur, d’un seul coup, c’est que l’écœurement et la saturation finissent par être au rendez-vous. De plus, l’empathie éventuelle envers le personnage principal disparaît inévitablement au fil du récit. C’est même plutôt l’envie de sortir de la peau de cet homme dépressif et porté sur une boisson qu’il n’a pas forcément bonne qui augmente au fil des pages. C’est un peu dommage car ce trip narcissique est illustré avec une virtuosité incroyable et une maîtrise du noir et blanc assez impressionnante.

Arrivé à la fin de l’album, le graphisme donne donc forcément envie d’encenser l’artiste, mais le contenu autodestructeur me donne plutôt envie de lui mettre deux paires de tartes…

Kris et Vincent Bailly – Un sac de billes, Baby-foot (Tome 3)

Posted in BANDES DESSINÉES, Franco-Belge, Futuropolis, Guerre, Kris, One-shots, [Accessible], [DL 2014] with tags , , on 19 août 2015 by Yvan

Après la guerre…

Kris et Vincent Bailly - Un sac de billes, Baby-foot (Tome 3)Après avoir adapté « Un Sac de billes », classique de la littérature vendu à quelques 25 millions d’exemplaires et adapté au cinéma par Jacques Doillon en 1975, Kris (Coupures irlandaises, Le monde de Lucie, Notre mère la guerre, Les Ensembles contraires, Un homme est mort) et Vincent Bailly (Coupures irlandaises) s’attaquent à la suite de l’œuvre de Joseph Joffo en adaptant « Baby-Foot ».

Le lecteur retrouve le « petit » Jo, devenu adolescent dans le Paris d’après-guerre. Son exil terminé, l’adolescent veut profiter pleinement de la liberté qui s’offre à lui. Fasciné par les Etats-Unis des GI et de Charlie Chaplin et rêvant d’un avenir glorieux en tant que boxeur, bien loin du salon de coiffure familial, le jeune homme vit de petites magouilles et connaît ses premiers amours.

Si l’ambiance est beaucoup moins sombre que lors du diptyque précédent, ce quotidien d’après-guerre est également beaucoup moins passionnant à suivre. Le personnage de Jo est certes toujours très attachant, mais son quotidien fait de parties de Baby-Foot, de boxe et de magouilles s’avère tout de même légèrement moins intéressant à suivre. Néanmoins, cette chronique adolescente dans une capitale qui se remet progressivement de l’occupation est finalement assez plaisante à lire, surtout que le travail visuel de Vincent Bailly est toujours aussi agréable à contempler. Sa mise en couleur à l’aquarelle apportait déjà beaucoup de douceur à cette page sombre de l’Histoire relatée lors des deux premiers volets et sied parfaitement au ton plus léger de cette suite. Le comparse de Kris sur Coupures irlandaises parvient également à insuffler beaucoup d’expressivité aux visages et contribue à rendre ces adolescents particulièrement attachants.

Une suite sympa à lire !

Sandrine Revel – Glenn Gould, Une vie à contretemps

Posted in BANDES DESSINÉES, Dargaud, Franco-Belge, One-shots, [Accessible], [DL 2015] with tags , on 24 avril 2015 by Yvan

Une biographie sans fausse note !

Sandrine Revel - Glenn Gould, Une vie à contretempsN’étant vraiment pas fan de musique classique, je n’était à priori pas vraiment intéressé par cette biographie signée Sandrine Revel. L’auteure y raconte en effet la vie de Glenn Gould, virtuose du piano, mondialement connu pour son interprétation des Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach.

Le récit débute en septembre 1981, lorsque le célèbre pianiste est frappé par un AVC, et revient ensuite sur les grands moments de sa vie à travers ses propres souvenirs et ceux des proches qui viennent à son chevet. Ce va-et-vient non linéaire passe par les premières leçons de piano en compagnie de sa mère, par la signature de son premier contrat avec la Columbia ou par sa percée musicale en Russie. Mais, au-delà des nombreuses anecdotes qui ont marqué la vie du personnage, l’auteure cherche surtout à comprendre et à expliquer la nature même de ce musicien perfectionniste au possible. Des raisons qui l’ont poussé à abandonner les représentations publiques au sommet de sa gloire en passant par ses nombreux tics, Sandrine Revel brosse le portrait d’une personnalité complexe, d’un artiste dépressif, hypocondriaque et maniaque, à la recherche de l’interprétation parfaite.

Visuellement, le trait délicat et doux de l’illustratrice, merveilleusement rehaussé par une colorisation légère, réussit la prouesse de capturer la musique et l’âme du musicien. En suivant les mains de l’artiste sur les touches du piano, l’artiste parvient à retranscrire les émotions qui accompagnent chaque représentation du génie.

En évitant de nous proposer une biographie exhaustive barbante et en cherchant plutôt à plonger le lecteur dans l’univers musical et psychologique du pianiste, Sandrine Revel parvient à livrer un album qui sonne juste et qui n’est pas uniquement réservé aux mélomanes !

Bravo !

Nicolas Juncker – La Vierge et la putain : Elisabeth Tudor et Marie Stuart

Posted in BANDES DESSINÉES, Diptyques, Franco-Belge, Glénat, [DL 2015], [Grand public] with tags , , on 8 avril 2015 by Yvan

L’Histoire, narrée avec humour et intelligence !

Nicolas Juncker - La Vierge et la putain : Elisabeth Tudor et Marie StuartQuand Nicolas Juncker (D’Artagnan, journal d’un cadet, Immergés) sort une bande dessinée il vaut mieux se ruer dessus car la qualité est souvent au rendez-vous. Je ne suis pourtant pas fan de récits historiques, mais je n’ai pas vraiment hésité à me procurer ce diptyque retraçant le destin tragique de deux célèbres reines du XVIe siècle : Marie Stuart et sa cousine Elisabeth Tudor.

Personnellement, j’ai commencé par la Putain, Marie Stuart. Reine de France à l’âge de seize ans suite à son mariage avec François II et reine d’Ecosse de naissance, la belle et fougueuse jeune femme n’hésite pas à multiplier les conjoints afin de parvenir à ses fins. Catholique et prétendante légitime au trône d’Angleterre grâce à sa descendance directe avec Henry VII, elle doit cependant laisser ce titre à une Tudor prénommée Elisabeth. Grâce à la mort prématurée de nombreux prétendants au trône d’Angleterre, la bâtarde va en effet lui brûler la politesse et devenir la plus grande reine d’Angleterre. Protestante, froide et calculatrice, la Vierge refusera toujours de se marier et deviendra ainsi la dernière de sa lignée.

C’est à travers les différents hommes qui les ont côtoyées tout au long de leurs vies que Nicolas Juncker nous raconte l’incroyable histoire de ces deux femmes que tout oppose. Excepté le fait d’avoir marqué l’Histoire de leur empreinte, dans un monde pourtant régi par les hommes, les deux prétendantes au trône d’Angleterre n’ont en effet quasi rien en commun. L’auteur parvient non seulement à relater la destinée des deux cousines avec humour, mais fait également preuve d’un sens du rythme surprenant au sein d’un genre qui a souvent tendance à multiplier les récits verbeux. De plus, multipliant les rebondissements, il retranscrit avec brio cette époque trouble, où manœuvres politiques et complots en tous genres ne laissaient pas souvent de place aux longs règnes.

Mais l’auteur fait encore plus fort en se livrant à un exercice de style tout à fait remarquable sur le plan de la construction narrative. Les deux biographies peuvent en effet se lire séparément et dans l’ordre de votre choix, mais elles peuvent également se lire parallèlement. Le récit d’Elisabeth Tudor débute en effet en prison tandis que Marie Stuart termine emprisonnée. Les deux récits se font ainsi constamment écho autour d’une double page centrale commune. Ce jeu de miroir inversé qui consiste à faire correspondre les cases, les dialogues et les situations tout au long du diptyque est absolument remarquable. Mais le plus étonnant est que le parfait parallélisme de cette structure en palindrome ne freine aucunement l’accessibilité de ce récit grand public. L’auteur ne livre donc pas un exercice réservé aux fans de l’OuBaPo, mais une construction narrative symétrique d’une fluidité rare.

Visuellement, le style dynamique et plein d’humour de Nicolas Juncker tranche avec le dessin ultra-réaliste qui accompagne habituellement le genre historique, mais permet de livrer ces biographies avec légèreté et de manière ludique et divertissante, sans pour autant y perdre au niveau de l’érudition.

Vous n’aimez pas les récits historiques ? Essayez donc celui-ci à la sauce Junker ! Un vrai bijou ! Intelligent, drôle et didactique !

Retrouvez d’ailleurs ce coup de cœur dans mon Top BD de l’année !

Eric Cartier – Route 78

Posted in BANDES DESSINÉES, Delcourt, Franco-Belge, Mirages, One-shots, [DL 2015], [Grand public] with tags , on 6 avril 2015 by Yvan

Un trip à travers les States en ’78 !

Eric Cartier - Route 78Route 78 est un récit autobiographique que nous livre Eric Cartier, une sorte de carnet de route basé sur les souvenirs de ce voyage qu’il a effectué avec sa compagne lorsqu’ils avaient une vingtaine d’années.

L’histoire débute par leur arrivée à New York en 1978, sans un radis en poche, mais avec le rêve de rallier au plus vite San Francisco et sa légendaire communauté hippie. Ce plongeon dans l’Amérique de la fin des seventies livre une belle tranche de vie, rythmée par des rencontres en tout genre et parsemée de moments mémorables et d’anecdotes pas toujours amusantes. Les deux amoureux arrivent en effet dix ans trop tard, à un moment où le Flower Power ne sent plus forcément la rose…

La galère débute dès le premier jour, où les deux tourtereaux doivent déjà passer la nuit à la belle étoile, dissimulés dans les buissons d’un parc. L’Amérique dont ils avaient rêvé ne semble pas vraiment au rendez-vous et la traversée du pays en stop pour rejoindre le pays des Beatniks va poursuivre le désenchantement. Au milieu des laissés pour compte de l’Amérique, les situations glauques sont souvent plus nombreuses que les moments de bonheur. Entre les vétérans du Vietnam, les anti-communistes, les rednecks et les junkies, les véritables hippies se font rares. Malgré les cafards, la dope, la misère et la violence, Eric peut heureusement se raccrocher à l’amour de sa vie. Si la confrontation avec la réalité des States de l’époque s’avère très dure, le voyage de ces deux idéalistes s’avère finalement très beau.

Visuellement, le trait semi-réaliste et dynamique de l’auteur, superbement rehaussé par la colorisation douce de Pierô Lalune, restitue à merveille l’ambiance de l’époque, de New York à San Francisco.