Archive pour Guerre

Jean-Claude Grumberg – De Pitchik à Pitchouk: Un conte pour vieux enfants

Posted in Guerre, Littérature with tags , , on 15 avril 2023 by Yvan

Des souvenirs en héritage !

Jean-Claude Grumberg - De Pitchik à Pitchouk : Un conte pour vieux enfantsAprès « Jacqueline Jacqueline », titre rendant hommage à sa femme Jacqueline, décédée le 4 mai 2019, dans lequel il invitait le lecteur à contempler le vide laissé par celle qui venait de le quitter après presque soixante ans de vie commune, et après l’excellent conte « La plus précieuse des marchandises », qui sera bientôt adapté au cinéma, Jean-Claude Grumberg propose un nouveau conte débordant de poésie, de tendresse et de tristesse.

En invitant le lecteur à suivre les pas de Rosette Rosenfeld, une vieille dame qui croise tout d’abord le Père Noël dans sa cheminée Napoléon III avant de se réveiller dans une maison de retraite en plein COVID, Jean-Claude Grumberg se faufile dans les méandres de la mémoire d’une personne âgée et nous emmène de Pitchik à Pitchouk sans véritable fil rouge. Il nous parle de la cheminée dans laquelle le Père Noël trimballe les rêves d’enfants, mais également des autres cheminées…celles qui transformaient des êtres numérotés en fumée. Cette page sombre de l’Histoire, celle qu’il faudrait pouvoir effacer, mais qu’on ne peut absolument pas oublier, pour éviter qu’elle se répète. Celle qui hante l’œuvre entière de l’auteur et qu’il enveloppe avec tant de délicatesse au cœur d’un conte construit sur l’horreur, chargé de tristesse, parsemé d’humour et porteur d’espoir.

« De Pitchik à Pitchouk » est une histoire qui a 80 ans, celle de vieux enfants, porteurs de la mémoire collective, qui se souviennent, incapables d’oublier. Piochant dans ce puit de souvenirs, empruntant le chemin de la mémoire, certes incertain et plus forcément cohérent, mais indéniablement touchant, bouleversant et surtout essentiel, Jean-Claude Grumberg suit un fil sans savoir où il mène. La voix d’une petite fille, sa nièce, vient d’ailleurs régulièrement le rappeler à l’ordre, au nom de la cohérence, mais finalement, peu importe, laissons le parler, il le fait si bien et aime tellement raconter des histoires, même s’il a du mal à les terminer.

Fils de déporté, chargé de souvenirs et porteur d’une histoire dont il se veut l’héritier, Jean-Claude Grumberg mêle passé et présent, témoigne et transmet, tout en abordant avec suffisamment de légèreté et énormément de respect des sujets douloureux et délicats, tels que la Shoah, la vieillesse, la solitude et le deuil. Après avoir rendu un superbe hommage à sa femme en écrivant « Jacqueline Jacqueline », il n’oublie d’ailleurs pas de saluer son ami Maurice Olender, éditeur décédé le 27 octobre 2022 à Bruxelles, qui lui non plus ne connaîtra pas la fin de cette histoire qu’il faut cependant raconter à tous les lecteurs, de 7 à 77 ans. Et quoi de mieux qu’un conte pour toucher un public aussi large, des plus jeunes enfants…au plus vieux. Ce conte est pour eux…pour vous, pour nous !

Merci Monsieur Grumberg !

De Pitchik à Pitchouk : Un conte pour vieux enfants, Jean-Claude Grumberg, Seuil, 160 p., 14€

Bernhard Schlink – La Petite-fille

Posted in Guerre, Littérature with tags , on 8 avril 2023 by Yvan

Les blessures profondes de l’Allemagne !

Bernhard Schlink - La Petite-filleUn soir, en rentrant de sa librairie, Kaspar retrouve sa femme noyée dans la salle de bains. Dans les papiers abandonnés par son épouse, Kaspar découvre qu’avant de fuir la RDA pour le rejoindre illégalement à l’Ouest en 1965, Birgit avait eu une fille, abandonnée de l’autre côté du Mur. Un secret bien gardé, qu’il décide d’aller démêler…

Derrière cette intrigue familiale qui tisse des liens particulièrement émouvants entre un grand-père et sa petite-fille par alliance, Bernhard Schlink réveille les vieux fantômes de l’Allemagne : celui de la RDA et de la réunification, mais également celui du régime nazi. Des blessures pas encore totalement refermées, comme en témoigne cette enquête mêlant brillamment un passé qui continue de diviser et un présent où l’idéologie nazie semble encore bien vivante…

Si beaucoup retiendront cette belle leçon d’histoire, je retiendrai surtout la relation émouvante entre un grand-père endeuillé et cette petite-fille endoctrinée par le milieu extrémiste dans lequel elle grandit. Un choc plein de tendresse entre deux générations qui vont tenter de se réparer au fil des pages. Lui, offrant sa sagesse, sa culture, son amour des livres, de la musique et de l’art à une adolescente élevée dans un environnement d’extrême droite très cloisonné. Elle, offrant un amour familial auquel il ne pensait plus avoir droit, ainsi qu’une jeunesse qui nous invite à revisiter les traumatismes de cette Allemagne sous un regard différent…

La Petite-Fille, Bernhard Schlink, Gallimard, 338 p., 23 €

Elles/ils en parlent également : Noémie, Pamolico, Lorenz, Nath

Mathieu Belezi – Attaquer la terre et le soleil

Posted in Guerre, Littérature with tags , , , on 16 novembre 2022 by Yvan

Une gifle de mots !

Mathieu Belezi - Attaquer la terre et le soleilAprès avoir déjà écrit une trilogie sur l’Algérie (« C’était notre terre », « Les Vieux Fous » et « Un faux pas dans la vie d’Emma Picard »), l’écrivain Mathieu Belezi remporte le prix littéraire « Le Monde » 2022 pour ce roman qui plonge les lecteurs dans les débuts violents de la colonisation française de l’Algérie en 1845.

« Attaquer la terre et le soleil », ce sont deux voix qui s’alternent et qui se font écho au fil d’un récit bouleversant et d’une puissance évocatrice incroyable.

D’une part, Séraphine Jouhaud, une femme colon venue de Marseille avec son mari, leurs trois enfants, sa sœur et son beau-frère. Des familles françaises venues peupler une colonie agricole vendue comme une terre promise par l’État, mais qui n’est finalement qu’un lopin de terre peu fertile, entouré de palissades qui les préservent d’une population hostile.

D’autre part, un soldat anonyme suivant aveuglement les ordres d’un capitaine sanguinaire venu apporter une prétendue « civilisation » aux autochtones, en imposant sa vision de la « pacification » à coups de baïonnettes, massacrant, pillant, violant et brûlant village après village.

Mathieu Belezi raconte la désillusion coloniale en étalant d’une part la cruauté des soldats et de l’autre la peur et la souffrance des colons. La famine, le manque d’hygiène, les ravages du choléra et du paludisme, la chaleur étouffante, les conditions de logement déplorables, les récoltes infructueuses, les animaux sauvages et la crainte de se faire décapiter par les yatagans affûtés de rebelles bien décidés à repousser l’envahisseur. Une bien belle histoire coloniale… dont personne ne ressort vainqueur.

Après avoir lu ce roman qui évoque régulièrement Dieu afin de traduire l’effroi des narrateurs, c’est à mon tour de le citer car, Mon Dieu, quelle claque cette narration ! Mathieu Belezi nous installe en effet au cœur des pensées de ses protagonistes, là où les mots ne sont pas encore dompté par la ponctuation et se retrouvent étalés sans majuscules au rythme effréné de pensées qui se bousculent à vive allure, restituant le chaos et la folie ambiante. Un roman écrit d’un souffle par un auteur qui invite le lecteur à retenir le sien, en l’immergeant dans l’absurdité et la bêtise humaine, et dont il ressort écœuré, bouleversé, en apnée, au bord du vertige et proche du KO.

Coup de cœur !

Attaquer la terre et le soleil, Mathieu Belezi, Le Tripode, 160 p., 17€

Elles/ils en parlent également : Aurélie, Guillaume, La viduité, Bruno, BigMammy, Manou, Papivore, Joëlle, Benjamin

Gilles Marchand – Le Soldat désaccordé

Posted in Guerre, Littérature with tags , on 26 octobre 2022 by Yvan

Un Grand Amour pendant la Grande Guerre !

Gilles Marchand - Le Soldat désaccordéDans les années 1920, un ancien combattant français rentré manchot de la guerre s’est donné pour mission de rechercher les soldats dont on a perdu la trace durant la « der des ders ». Parmi les enquêtes qui lui tiennent particulièrement à cœur, il y a celle que lui a confié une certaine Mme Joplain : retrouver son fils Émile, qui n’est jamais revenu de la guerre…

Le narrateur de ce roman livré à la première personne est un poilu dont on ignore le nom, qui, après avoir perdu quatre années de sa vie, sa main gauche et de nombreux compagnons d’armes dans l’enfer de 14-18, nous ramène sur le champ de bataille, à la recherche de pistes permettant de retrouver les nombreux disparus de la guerre. Une recherche de témoignages qui nous ramène dans les tranchées, entouré de corps mutilés, de sang, de boue et d’explosions…un massacre dont certains sont revenus, mais jamais indemnes… hantés à jamais par l’horreur de la première guerre mondiale.

Heureusement, au milieu de cette boucherie sans nom, l’enquêteur découvre qu’Émile Joplain était un poète qui écrivait chaque jour à sa bien-aimée, une paysanne alsacienne qu’il avait juré d’épouser après la guerre. Cette magnifique histoire d’amour, aussi grande que la guerre qui la dévore, apporte un brin de lumière au cœur des ténèbres… à l’image de cette « Fille de la Lune », apparition onirique, venue réconforter les soldats tombés dans le « no man’s land »… un peu de poésie dans ce monde de brutes !

Celui qui parvient à distiller cette beauté au cœur de l’horreur, d’une plume poétique et délicate, parsemant son récit de personnages attachants aux noms particulièrement musicaux, se nomme Gilles Marchand. Un auteur lourdement armé de mots qui font toujours mouche, rendant hommage à cette génération sacrifiée sur l’autel de la guerre, tout en invitant à réfléchir sur certaines aberrations de ce conflit, dont le sort des alsaciens…

Le soldat désaccordé, Gilles Marchand, Aux Forges de Vulcain, 207 p., 18 €

Elles/ils en parlent également : Kitty, Anthony, Audrey, Alexandre, Lily, Christophe, Aurélie, Olivia, Céline, Pierre, Patricia, Serial lectrice, Yoda Bor, La page qui marque, Nicole

Luca Tahtieazym – Les roses du marais

Posted in Guerre, Littérature with tags , on 1 octobre 2022 by Yvan

Un polar rural noir !

Luca Tahtieazym - Les roses du maraisLe récit débute en 1935 en compagnie d’Agathe, une jeune femme de vingt et un ans qui rêve de pouvoir quitter son petit bled de Bourgogne. Lorsque son père parle de la marier à Achille Boisseleau, un homme qui a le double de son âge, l’enthousiasme n’est initialement pas trop au rendez-vous, jusqu’au moment où elle croit comprendre qu’il habite Venise…

La Venise dont il est question n’étant pas italienne, Luca Tahtieazym nous plonge dans les marais de Poitevin, dans un roman de terroir où les hommes cultivent la terre. Achille Boisseleau étant cultivateur de mogettes, l’auteur installe une ambiance rurale qui sent bon le travail, la sueur et la terre. L’amour et les grands voyages dont Agathe rêvait tombent donc légèrement à l’eau et le lecteur aurait facilement pu s’embourber dans cette atmosphère champêtre monotone et ennuyeuse, s’il n’avait pas été réveillé par un coup de pioche pour le moins surprenant qui permet très vite de revigorer ces roses du marais.

Luca Tahtieazym n’est donc clairement pas venu nous parler d’amour et de jardinage, mais nous livre un récit choral assez sombre qui nous parle certes d’amour, mais également de secrets, d’amitié, de solitude, de trahisons, de la guerre et voire même d’émancipation en gardant l’esprit assez large.

Si la première partie nous est contée par Agathe, l’auteur se glisse dans la peau de trois autres personnages au fil des trois chapitres suivants. Le second narrateur est un vagabond engagé par Achille, qui devient le contremaître du domaine du Grand Mazureau et son plus fidèle ami au fil des pages. Un homme rustre, mais travailleur, auquel on n’a aucun mal à s’attacher. Le troisième point de vue est plus surprenant car c’est celui du chien Monhjette, qui a certes vu tout ce qui se déroulait sur le domaine, mais dont les préoccupations canines sont assez différentes de celles des hommes, permettant assez de dévoiler certains événements sous une perspective assez originale. Après ces trois premiers chapitres livrés à la première personne, qui permettent de s’installer au plus proche des personnages, l’auteur nous abandonne en compagnie d’Achille, qui vient apporter la dernière pièce à l’édifice.

A travers la vision de ces quatre protagonistes, Luca Tahtieazym invite à suivre la vie d’Achille sur plusieurs décennies, de l’entre-deux-guerres à l’après-guerre, en passant par l’occupation. Malgré une fin que j’avais malheureusement vu venir longtemps à l’avance, j’ai passé un excellent moment de lecture en compagnie d’un auteur dont je découvre la superbe plume et dont j’ai particulièrement apprécié l’humour corrosif bien sombre.

Un roman qui baigne dans une ambiance rurale à la Franck Bouysse, saupoudré d’un humour noir digne de la série « Donjon Zénith », qui ravira les amateurs de polars et probablement même les lecteurs qui ont la main verte, l’auteur allant jusqu’à proposer quelques conseils de jardinage judicieux.

Beaucoup aimé !

Les roses du marais, Luca Tahtieazym, AFNIL, 284 p., 15,90€

Elles/ils en parlent également : Valmyvoyou, Sonia, Caroline, Martine, Séverine, Bookcritics, Capucine, Cha, Anne, Lana, Sagweste, Léona, Sophie, Véronique, Céline, Gabrielle, L’instant des lecteurs, Cyrielle, Evalya, Khiad

Colum McCann – Apeirogon

Posted in Guerre, Littérature with tags , , on 3 août 2022 by Yvan

Conflit israélo-palestinien : combat… pour la paix !

Colum McCann - ApeirogonL’Apeirogon est une figure géométrique abstraite au nombre infini de côtés, que l’auteur irlandais utilise comme métaphore afin de mettre le doigt sur les multiples facettes du conflit israélo-palestinien. S’inspirant d’une amitié réelle entre un père palestinien et un père israélien qui ont tous deux perdu leur fille à dix ans d’intervalle, Colum McCann partage leurs espoirs de paix tout en restituant toute la complexité de cette cohabitation impossible, constamment nourrie par la haine et la violence.   

Rami Elhanan est juif israélien. Bassam Aramin musulman palestinien. Smadar avait treize ans lorsqu’elle a été tuée par un kamikaze palestinien qui s’est fait exploser dans son dos. Abir avait seulement dix ans lorsqu’elle est morte touchée à la tête par une balle en caoutchouc tirée par un soldat israélien de 18 ans. Au-delà de la colère et de la vengeance, les deux pères vont s’unir dans le deuil et militer au sein des Combattants pour la Paix dans l’espoir d’une coexistence pacifique entre ces deux peuples qui entretiennent un quotidien fait de peur et de souffrance.  

En partageant l’histoire d’amitié et la lutte pacifiste de ces deux pères endeuillés et partisans de la paix, Colum McCann montre l’unique voie qui permettra de sortir de cet engrenage sanglant, tout en restituant ces petits détails du quotidien qui entretiennent continuellement ce climat de peur et de haine. Des Israéliens qui vivent dans le peur de l’attentat, espérant que le destin épargnera leurs proches à chaque nouvelle explosion, aux Palestiniens qui doivent accepter les restrictions de leur liberté tout en gardant leur calme lors des fouilles corporelles arbitraires et des interminables files aux nombreux check-points, l’auteur pointe du doigt un quotidien oppressant et particulièrement explosif.  

Au-delà du récit de ces deux pères, Colum McCann livre un roman hybride, kaléidoscopique et fragmenté, parsemé de digressions et de sauts temporels, collant parfaitement au titre de l’ouvrage et à la complexité du conflit qu’il tente d’éclairer. Du dernier repas de François Mitterrand à la migration des nombreux volatiles qui survolent Jérusalem chaque année, en passant par des digressions historiques, philosophiques, musicales, poétiques, géographiques, politiques ou religieuses, l’auteur multiplie les angles d’approche et parsème son ouvrage d’anecdotes et de micro-récits qui font toute la richesse de ce roman.

Divisé en 1001 chapitres, clin d’œil aux célèbres contes des mille et une nuits, numérotés de 1 à 500 puis de 500 à 1, avec une double section à 500 qui constitue le cœur du récit, « Apeirogon » est un roman exigeant, singulier, instructif et nécessaire, d’une richesse et d’une justesse incroyable.

Apeirogon, Colum McCann, Belfond, 512 p., 23€

Elles/ils en parlent également : Maeve, Mumu, Anthony, Kitty, Eve, Cannetille, Charlotte, Michel, Eléonore, Folavril, Jean-Pierre, Sabine, Mélanie, Diacritik, Baz’art, Sandrine, Brice

Madeline Martin – La librairie des rêves ensevelis

Posted in Guerre, Littérature with tags , on 20 juillet 2022 by Yvan

Le pouvoir des mots en période de guerre !

Madeline Martin - La librairie des rêves ensevelis1939. À l’aube de la seconde guerre mondiale, Grace Bennett et sa meilleure amie quittent la province pour s’installer à Londres. L’espoir de pouvoir y profiter de l’effervescence de la capitale et d’y décrocher un job de rêve chez Harrods tombe cependant vite à l’eau. Si l’annonce de bombardements imminents vient d’une part contrarier leurs plans festifs, le poste rêvé de vendeuse dans un établissement prestigieux se transforme d’autre part en emploi dans une petite librairie de quartier poussiéreuse, tenue par un vieil homme bourru. La guerre gronde et les rêves s’envolent…

L’intrigue de ce roman de Madeline Martin fait un peu penser à « La voleuse de livres » de Markus Zusak, dont la jeune héroïne réconfortait également les habitants en lisant des romans à voix haute au fond d’un abri souterrain lors des bombardements aériens, tout en décrivant la souffrance et les privations des citoyens allemands durant la seconde guerre mondiale.

Le quotidien décrit par l’autrice n’est donc pas celui du peuple allemand, mais celui des habitants de la capitale anglaise durant le Blitz, qui passent une grande partie de leur temps dans des sous-sols et des abris anti-aériens afin d’échapper aux bombardements ennemis. Restituant parfaitement l’ambiance de cette période qui fait terriblement écho aux événements qui se déroulent actuellement en Ukraine, « La librairie des rêves ensevelis » plonge le lecteur dans le Londres de 1940, marqué par le black-out, l’envoi des enfants à la campagne, les rationnements, les refuges anti-aériens, les maisons calfeutrées et la destruction totale de certains quartiers.

Outre l’immersion réussie dans ce Londres dévasté par la guerre, Madeline Martin souligne également le pouvoir des mots durant cette page sombre de l’Histoire. Se découvrant progressivement une passion pour la littérature, Grace va non seulement pouvoir s’évader de l’horreur ambiante en plongeant dans des romans, mais elle va de surcroît contribuer à remonter le moral des habitants de son quartier en lisant à haute voix durant les périodes de confinement dans les abris anti-aériens.

Sans atteindre la profondeur de « La voleuse de livres » de Markus Zusak, « La librairie des rêves ensevelis » propose une lecture finalement assez facile et légère malgré le sujet de fond plutôt sombre. Un bon moment de lecture en compagnie de personnages attachants, avec un petit faible pour Mr Evans, le libraire plutôt revêche qui cache finalement un homme meurtri au grand cœur !  

La librairie des rêves ensevelis, Madeline Martin, Charleston, 304 p., 22,50€

Elles/ils en parlent également : Lily, Petite étoile livresque, Anouk, Sophie, Jessica, A la page des livres, Aurélie, Pascale, Cléo, Laure, Elodie, Ladybooks, Vie de livres