Annie Ernaux – Le jeune homme
Revivre sa propre jeunesse !
Jusqu’à ce que « La Grande Librairie » sur France 5 lui consacre une émission entière, je n’avais encore jamais rien lu d’Annie Ernaux. Si François Busnel a l’art de savoir titiller l’envie des lecteurs, c’est cependant la petite phrase notée en exergue de son quatorzième roman qui m’aura définitivement donné envie de le lire :
« Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues »
À elle seule, cette petite phrase résume également la raison d’être de chacun de mes avis car tant que n’ai pas écrit de chronique, je ne considère pas la lecture comme terminée.
Ce court récit autobiographique d’à peine quarante pages raconte la liaison d’Annie Ernaux avec un jeune étudiant de Rouen dans les années 1994-1997. Alors âgée de cinquante-quatre ans, elle entame une relation amoureuse controversée avec un jeune homme de vingt-cinq ans, qui lui permet de « revivre » son passé. Ce jeune amant lui donne non seulement l’occasion de rejouer des scènes de sa jeunesse, mais lui ouvre également la porte vers ce milieu populaire dont elle est issue. Un retour en arrière qui ravivera également le souvenir particulièrement marquant de cet avortement clandestin qu’elle a subi en 1963. C’est d’ailleurs au moment où elle commencera l’écriture de cet événement clé de sa vie (« L’événement »), qu’elle mettra un terme à la relation avec ce jeune homme qui aurait finalement pu être son enfant…
« Il m’arrachait à ma génération mais je n’étais pas dans la sienne. »
Si ce récit d’Annie Ernaux touche à l’intime, il raconte également l’universel. En relatant sa vie, Annie Ernaux écrit également la vie. Alliant simplicité et densité, elle va à l’essentiel du vécu, tout en offrant sa vision de la société et en défendant la condition féminine. Comme quoi, il ne faut pas forcément plus de quarante pages pour parvenir à partager un histoire forte.
Le Jeune Homme, Annie Ernaux, Gallimard, 48 p., 8€
Elles/ils en parlent également: Matatoune, Quentin, Céline, Chantal, Marine, Lire au lit
18 Mai 2022 à 15 h 15 min
j’ai lu des ressentis lus partagés sur ce dernier ouvrage d’une autrice que je n’ai apprécié que récemment…. Peut-être faut-il de la maturité, du vécu pour apprécier son style, son dépouillement pour aller à l’essentiel…. En tous les cas je pense que je le lirai comme j’ai envie de lire tous ses autres ouvrages et en particulier sur son travail d’écrivaine avec Les cahiers noirs 🙂
19 Mai 2022 à 7 h 07 min
Bonjour Mumu ! Il faut lire Annie Ernaux ! Quel style ! Je te conseille tous ses romans…bises !
19 Mai 2022 à 7 h 24 min
Nous sommes d’accord….. Belle journée à toi 😉
19 Mai 2022 à 9 h 05 min
Petite précision après vérification il ne s’agit pas des Cahiers noirs mais de L’atelier noir 🙂
19 Mai 2022 à 11 h 00 min
Je n’aurais retenu que « noir » donc ça passe quoi qu’il arrive 🙂
19 Mai 2022 à 10 h 58 min
Je pense en effet également que cela aide d’être soit vieux (pour le vécu), soit une femme (pour le côté assez féministe) pour mieux apprécier ce roman… vu que je suis un homme est que j’ai apprécié je te laisse tirer la conclusion qui s’impose 🙂
18 Mai 2022 à 19 h 09 min
Belle chronique pour ce court roman. Merci pour le lien 🙂
19 Mai 2022 à 10 h 58 min
Merci 😉
19 Mai 2022 à 7 h 06 min
J’ai lu quasi tous les romans d’Annie Ernaux et ai toujours été fan. Récemment ses prises de position politiques m’ont déroutée, en grnde partie car je n’aime pas mélanger les domaines et les déballages inopinés d’opinion lol…je pense que je lirai celui-ci lorsqu’il sortira en poche. Merci pour cette chronique ! Je te conseille vivement ses premiers romans…belle journée !🌸🦋
19 Mai 2022 à 10 h 59 min
Merci, je vais jeter un œil à ses précédents 😉