Dennis Lehane – Le Silence

Posted in Littérature with tags , on 31 mai 2023 by Yvan

Une mère détruite mais inébranlable !

Dennis Lehane - Le SilenceLe silence durait déjà depuis 2017, mais après six ans d’absence revoilà Dennis Lehane aux manettes d’un polar noir bouleversant et intelligent, mêlant intrigue policière, racisme et drame familial sur fond historique.

S’inspirant d’une scène marquante de son enfance, l’auteur dont les ouvrages ont été adaptés par Clint Eastwood (Mystic River), Ben Affleck (Gone Baby Gone) et Martin Scorsese (Shutter Island) nous propulse à Boston en 1974. Dennis Lehane n’avait que neuf ans à l’époque où sa ville natale s’est retrouvé en pleine ébullition suite à la décision d’un juge fédéral qui, afin de favoriser la mixité, venait de décréter la déségrégation des écoles publiques de la région de Boston. Afin de briser les frontières entre des quartiers populaires majoritairement blancs et majoritairement noirs, les autorités ont en effet instauré un système appelé « busing », affrétant des bus pour transporter des élèves afro-américains dans les écoles exclusivement blanches et vice-versa.

C’est dans cette ambiance de révolte historique que Dennis Lehane invite à suivre les pas de Mary Pat Fennessy, une Irlandaise pur jus issue de la classe ouvrière du quartier irlandais de South Boston, qui ne voit pas cette nouvelle loi d’un bon œil et qui compte d’ailleurs aller manifester afin d’éviter que sa fille de dix-sept ans se retrouve quotidiennement dans un quartier peuplé de nègres. Et oui, l’héroïne de ce roman est une femme forte, élevée à la dure et affublée d’un caractère bien trempé, mais c’est également une irlandaise bagarreuse, portée sur la boisson et foncièrement raciste…comme la plupart des gens de sa communauté… même si cela n’est pas forcément une excuse valable.

Dennis Lehane nous plonge donc une nouvelle fois au cœur d’une communauté irlandaise de Boston pauvre, raciste, ségrégationniste et pas vraiment étrangère aux violences raciales qui font rage. Bourrée de préjugés transmis au fil des générations par cette communauté bâtie sur des liens familiaux, mafieux et communautaires forts, Mary Pat va progressivement prendre conscience des dangers de cet engrenage destructeur visant à entretenir une haine basée sur la différence, pour finalement incarner ce merveilleux cri de rage qui pousse à crier STOP au racisme !

« Appelez-les niaks, appelez-les nègres, appelez-les youpins, micks, métèques, ritals ou bouffeurs de grenouilles, appelez-les comme vous voulez, pourvu que vous leur colliez un nom quelconque qui enlève une couche d’humanité à leur corps quand vous les évoquez. C’est ça le but recherché. Si vous pouvez faire ça, vous pouvez faire en sorte que des jeunes hommes traversent des océans pour aller tuer d’autres jeunes hommes, ou vous pouvez aussi les faire rester ici chez eux, et leur faire faire la même chose. »

« Le Silence » est donc surtout une prise de conscience, un cri du cœur émanant d’un magnifique portrait de femme, qui invite à réfléchir sur les origines du racisme actuel aux États-Unis, à s’ouvrir au changement, à s’extraire d’un héritage ségrégationniste, à ne plus transmettre bêtement la haine de l’autre à la génération suivante car la misère sociale ne doit pas forcément aller de pair avec la pauvreté intellectuelle.

« Vous avez élevé une enfant qui pensait que haïr des gens parce que Dieu leur a donné une couleur de peau différente était quelque chose de normal. Vous avez autorisé cette haine. Vous l’avez probablement engendrée. Et votre gamine et ses amis racistes tels que vous, ont été lâchés dans le monde pareils à des putains de grenades bourrées de haine et de stupidité… »

Coup de cœur !

Le Silence, Dennis Lehane, Gallmeister, 448 p., 25,40€

Elles/ils en parlent également: Anthony, Pierre, Yann, Rose

Bernard Minier – Un œil dans la nuit

Posted in Littérature with tags , on 27 mai 2023 by Yvan

Excellent thriller sur fond horrifique !

Bernard Minier - Un œil dans la nuitPour la huitième aventure de Martin Servaz, son héros récurrent, Bernard Minier (« Sœurs », « La Vallée », « Une putain d’histoire ») emmène ses lecteurs dans l’univers sanglant du cinéma d’horreur, qui se voit subitement secoué par une série de crimes atroces.

Tout commence par la confession d’un mourant sur son lit d’hôpital, qui demande à un prêtre d’aller remettre une enveloppe en main propre à un homme qui vit retiré sur une île totalement isolée.

Puis, il y a cette jeune étudiante en cinéma, Judith Tallandier, qui parvient à obtenir un entretien avec le cultissime Morbus Delacroix, réalisateur de célèbres films d’horreurs qui vit dorénavant reclus dans son antre au fin fond des Pyrénées.

Pour finir, il y a cet étrange meurtre sur un ancien décorateur de cinéma, retrouvé mort dans un hôpital psychiatrique près de Toulouse. Un homme torturé et assassiné qui va également mener le commandant Martin Servaz et son équipe sur les traces de Morbus Delacroix…autour duquel semblent planer de nombreuses rumeurs.

« Un œil dans la nuit » se déroule sur une semaine, de 21 juin au 28 juin, et invite à suivre plusieurs récits en parallèle qui s’entrecroisent au fil de chapitres courts et particulièrement bien rythmés. L’auteur ayant visionné plus de 200 films d’horreur pour se mettre dans le bain, rend ici hommage au genre en multipliant les références et les clins d’œil au cinéma d’horreur et en proposant une sélection de 150 œuvres à visionner en fin d’ouvrage.

Si ce fond horrifique ravira les geeks qui arborent fièrement des T-shirts de Freddy Krueger, il contribue surtout à installer une ambiance angoissante et sombre tout au long de ce thriller qui cueille le lecteur dès le prologue et l’abandonne sur un cliffhanger qui invite à prolonger le cauchemar.

Bernard Minier vous invite donc d’une part à découvrir un univers horrifique qui ne manquera pas de vous faire frissonner, mais il déroule surtout d’autre part un thriller haletant dont il est devenu maître du genre. Multipliant les rebondissements et mettant à mal ses personnages, il livre un récit impossible à lâcher et invite même à croiser Franck Sharko, l’enquêteur fétiche de Franck Thilliez.

Excellent !

Un œil dans la nuit, Bernard Minier, XO édition, 400 p., 22,90€

Elles/ils en parlent également : Yvan, Aude, Sonia, Thomas, Aurore, Mélanie, Petite étoile livresque, One more cup of coffee, Evasion polar, Une souris et des livres, CultureVSNews

Laurine Roux – Sur l’épaule des géants

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 24 mai 2023 by Yvan

Une saga familiale sur deux siècles !

Laurine Roux - Sur l'épaule des géants« Sur l’épaule des géants » est une saga familiale, celle des Aghulon, où les femmes portent des noms de fleurs, de Violette à Iris en passant par Églantine, Marguerite, Rose et Camélia, et où les chats sont philosophes et bavards.

C’est à travers l’arbre généalogique de la famille Aghulon que Laurine Roux invite les lecteurs à traverser le XIXe et le XXe siècle. Une revisite plutôt rocambolesque qui permet de croiser une belle brochette de personnages historiques, dont Pasteur et Picasso, mais qui passe également inévitablement par les deux guerres mondiales. Un enchaînement de péripéties qui se déroule sur un rythme effréné de la moitié du XIXe siècle à nos jours.

En livrant son récit sous forme de chapitres courts qui donnent à l’ensemble un air de feuilleton ancien, Laurine Roux a cependant eu du mal à me garder accroché à l’histoire. Ces immersions trop courtes, séparées par trop de petits sauts temporels, m’ont également empêché de m’attacher pleinement aux personnages, même si la répartie des chats philosophes m’a souvent fait sourire. Le langage volontairement désuet et les tournures de phrases trop recherchées, ont également contribué à accroître ce sentiment de distance et cette impression de me retrouver plutôt dans un rôle de spectateur. Du coup, même si j’ai passé un bon moment de lecture, je ne suis jamais totalement parvenu à rentrer dans l’histoire, me contentant de suivre les péripéties des protagonistes tout en admirant les gravures en noir et blanc d’Hélène Bautista qui viennent agrémenter le texte.

Sur l’épaule des géants, Laurine Roux. Editions du Sonneur, 384 p., 24 €

Elles/ils en parlent également : Joëlle, Aurélie, Julien, Geneviève, Jean-Paul, Zazy, Mots pour mots, Ce que j’en dis

Franck Thilliez – La faille

Posted in Franck Thilliez, Littérature with tags , on 17 mai 2023 by Yvan

Un polar mortel !

Franck Thilliez – La failleAprès l’excellent « 1991 », qui revenait sur les débuts du personnage fétiche de Franck Thilliez et qui constituait du coup une excellente porte d’entrée pour les néophytes, ce roman livre déjà la treizième aventure de Franck Sharko !

Cette enquête indépendante, qui peut éventuellement se lire indépendamment du reste, débute par la tentative d’arrestation d’un tueur nécrophile et va entraîner Franck Sharko et le reste de son équipe dans les tréfonds de la noirceur de l’âme humaine jusqu’aux portes de la mort… voire même au-delà !

Le thème principal abordé par ce nouveau thriller machiavélique de Franck Thilliez s’avère en effet être la mort sous toutes ses coutures. De la définition même de la mort aux témoignages de ceux qui ont vécu une EMI (expérience de mort imminente), l’auteur explore les aspects juridiques, scientifiques et même parfois philosophiques de cette certitude qui nous attend tous, abordant au passage un sujet d’actualité qui prête à débat : la gestion de fin de vie…cette frontière entre la vie et la mort où le droit à l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique font inutilement souffrir tant de familles…

En emmenant Franck Sharko, Lucie Hennebelle, Nicolas Bellanger, Audra Spick et Pascal Robillard au plus proche de la mort, Franck Thilliez ne ménage pas ses personnages. Même si ceux-ci la côtoyaient déjà au quotidien au fil des enquêtes précédentes, il vont devoir encore franchir un palier lors de cette nouvelle aventure sombre, glaçante et particulièrement bouleversante.

En explorant les mystères du cerveau aux frontières de la mort cérébrale, Franck Thilliez va régulièrement frôler l’invraisemblance pour chaque fois retomber sur ses pattes grâce à des faits parfaitement documentés et rendus accessibles par un narrateur hors pair qui maîtrise toutes les ficelles du suspense et propose une nouvelle fois un roman impossible à lâcher !

Du grand art, sans aucune faille !

La faille, Franck Thilliez, Feuve, 504 p., 22,90€

Elles/ils en parlent également : Yvan, Aude, Sonia, Katia, Thomas, Culture VSNews

Virginie Grimaldi – Une belle vie

Posted in Littérature, Maladie, Virginie Grimaldi with tags , on 13 mai 2023 by Yvan

Une belle vie…pas si facile !

Virginie Grimaldi - Une belle viePour son dernier roman, l’autrice la plus lue en France, même par des hommes virils amateurs de polars sombres comme moi, nous emmène au Pays basque afin d’y assister aux retrouvailles d’Emma et Agathe Delrome, deux sœurs qui ne s’étaient plus vues depuis cinq ans et qui se retrouvent le temps d’une semaine de vacances dans la maison de leur grand-mère.

« Une belle vie » est un roman à deux temporalités, alternant un présent qui se déroule sur une semaine et un passé qui remonte jusqu’à la naissance de la cadette des deux sœurs. Un passé qui vient nourrir et éclairer les non-dits du présent et un présent qui sert à rattraper le temps perdu, tout en faisant brillamment écho à ce passé qui est à l’origine du lien tellement fort qui les lie, mais également des tensions qui les ont éloignées. Au fil des chapitres, Virginie Grimaldi déroule certes une belle vie, mais également parsemée d’obstacles et de moments douloureux.

Comme d’habitude, il est impossible de ne pas s’attacher aux personnages mis en scène par l’autrice. Les deux sœurs bien évidemment : l’aînée, prudente et protectrice, et Agathe, plus libre, mais également plus sensible. Mais il ne faudrait pas oublier la grand-mère, adorable, ou les personnages secondaires emmenés par ce vieux nourrissant les goélands sur la plage. S’asseoir en compagnie des personnages de Virginie Grimaldi, c’est la garantie de passer un bon moment !

Puis il y a cette plume « feel-good » de Virginie Grimaldi, accessible et drôle, qui achève de vous mettre de bonne humeur. Ceux qui la suivent sur les réseaux sociaux retrouvent le même boute-en-train à l’écriture, avec un sens de la répartie qui fait mouche et une autodérision à toute épreuve. Mais ne vous détrompez pas, malgré la légèreté du ton, Virginie Grimaldi ne manque pas d’aborder des thèmes plus sérieux, tels que la dépression, la bipolarité, le deuil, les maltraitances ou la maladie, le tout enveloppé d’une bonne dose d’amour familial et de sororité. Une belle vie donc, mais pas si facile que ça !

Ajoutez à cela de nombreuses références aux années 90 (ah, cette belle époque pleine de nostalgie !), ainsi que quelques clins d’œil à ses précédents ouvrages, dont un retour aux Tamaris, l’endroit qui m’avait fait découvrir Virginie Grimaldi dans « Tu comprendras quand tu seras plus grande », qui demeure mon roman préféré, et vous obtenez à nouveau un roman qui met de bonne humeur, tout en libérant quelques émotions au moment de le refermer.

Une belle vie, Virginie Grimaldi, Flammarion, 300 p., 20,90€

Elles/ils en parlent également : Mathilde, Karine, Stéphanie, Petite étoile livresque, Culture VSNews

Bénédicte des Mazery – L’intrus

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 10 mai 2023 by Yvan

Des adultes qui jouent à la poupée ?

Bénédicte des Mazery - L'intrusOutre les avis positifs, c’est surtout cette couverture intrigante, voire légèrement dérangeante, qui m’a attiré vers ce roman. Ce berceau vide titille en effet immédiatement la curiosité du lecteur et donne envie d’entamer la lecture au plus vite.

Dans ce thriller psychologique, Bénédicte des Mazery invite à suivre les déboire d’Elise, une femme de trente-cinq ans bien décidée à garder tout berceau vide car elle ne désire pas d’enfant et l’a d’ailleurs bien fait comprendre à son entourage. Le choc est donc énorme lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte de sept mois et demi, sans aucune possibilité de pouvoir encore avorter. Face à ce déni de grossesse qui la plonge dans le mutisme, ses proches décident de lui offrir un « Reborn Baby », une poupée en silicone plus vraie que nature qui fait fureur aux Etats-Unis et qui saura peut-être l’habituer à cette maternité imminente ?

À l’instar de « Celle qui criait au loup » de Delphine Saada, de « Un jour de plus de ton absence » de Mélusine Huguet ou encore « Le Dernier Sommeil de l’Ourse » de Sophie Jomain, j’ai de nouveau été incapable de m’attacher à cette mère dépourvue de fibre maternelle. Et si j’ai déjà du mal à accepter ces mères qui rejettent leur propre enfant, autant vous dire que j’ai eu encore plus de mal à accepter le fait qu’elle puisse lui préférer une poupée en silicone. Alors certes, ce reborn baby est utilisé par l’autrice comme sorte de catalyseur pour révéler les blessures enfouies des personnages, mais j’ai tout de même eu beaucoup de mal à adhérer au concept. Même si les pouvoirs thérapeutiques de ces reborn babies sont parfaitement expliqués, j’ai tout de même éprouvé pas mal d’incompréhension, voire même un certain malaise, à soudainement me retrouver au milieu d’adultes jouant à la poupée…

Le roman aborde certes beaucoup de thématiques intéressantes, tels que la maternité, le déni de grossesse, la dépression post-partum, le deuil, l’instinct maternel, le rôle du père ou l’impact d’une grossesse sur la relation mère-fille, mais il en fait peut-être un peu trop. Malgré cette avalanche de thématiques et des personnages pas vraiment attachants, les secrets familiaux enfouis au cœur des nombreux non-dits donnent néanmoins envie de découvrir la suite du récit, mais sans pour autant pouvoir parler de véritable suspens.

L’intrus, Bénédicte des Mazery, Plon, 288 p., 21€

Elles/ils en parlent également : Lison, Lise, Cindy, Julie, Mes p’tits lus

Cynthia Kafka – Contre vents et secrets

Posted in Littérature, Virginie Grimaldi with tags on 29 avril 2023 by Yvan

Résilience et secrets de famille !

Cynthia Kafka - Contre vents et secretsAprès avoir adoré « Je suis venue te dire » de Cynthia Kafka, je me suis laissé tenter par celui-ci, qui emmène ses lecteurs en Bretagne.

« Contre vents et secrets » invite à suivre les pas de Charlène, une trentenaire qui, venant de se séparer de son mari, se voit dans l’obligation de retourner vivre chez ses parents. Suite à l’accueil pour le moins glacial de ces derniers et la découverte d’une mystérieuse lettre datant de quelques mois avant sa naissance, Charlène décide de changer d’air, tout en allant lever le voile sur le passé de sa mère et sur ses propres origines…

À l’instar de « Je suis venue te dire », Cynthia Kafka livre une histoire de reconstruction qui alterne passé et présent, libérant progressivement une parole enfouie depuis trop longtemps, dévoilant des non-dits qui permettent enfin de tourner la page et comblant petit à petit ce vide affectif découlant de relations familiales construite sur trop de secrets et de silences…

« Contre vents et secrets » est également un voyage dépaysant qui invite à prendre l’air et à se resourcer sur une petite île bretonne qui accueille volontiers les naufragés de la vie. Tout comme Charlène, le lecteur se sent très vite chez lui au milieu de ces habitants qui forment une grande famille et où règnent l’entraide et la solidarité, bien loin des réseaux sociaux et du monde virtuel.

En dressant le portrait d’une héroïne mal dans sa peau et d’une femme en quête de vérité, Cynthia Kafka livre non seulement une histoire de résilience, mais surtout des personnages attachants que l’on prend plaisir à côtoyer, tout en découvrant leurs secrets.

Même si j’ai préféré « Je suis venue te dire », j’ai passé un moment de lecture très agréable et particulièrement dépaysant, qui donne non seulement envie d’aller faire un tour en Bretagne, mais également de continuer à lire les récits de Cynthia Kafka.

Contre vents et secrets, Cynthia Kafka, L’Archipel, 304 p., 19€

Elles/ils en parlent également : Audrey, Mathilde, Lily, Elora, Salomé, Laeti, Ladybooks, La lectrice dyslexique, Petite étoile livresque