Archive for the Charles Burns Category

Charles Burns – Fleur de peau

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Intégrales, [DL 2005], [Sans super-héros] with tags on 9 février 2015 by Yvan

Trois récits de Charles Burns, écrits juste avant son chef-d’œuvre !

Charles Burns - Fleur de peauCe tome regroupe trois histoires indépendantes écrites juste avant Black Hole, mais qui sont néanmoins toutes reliées. Chaque récit débute en effet là où le précédent s’est arrêté.

C’est d’ailleurs Tony, le héros de Big Baby, qui nous présente le personnage principal de la première histoire, intitulée « Une vie de chien ». Le lecteur fait ainsi la connaissance de Dog Boy, un jeune homme aimable à la recherche de l’âme sœur. Sa quête n’est cependant pas très aisée car, suite à une transplantation cardiaque, il a tendance à se comporter comme un chien. Au fil des pages, cet homme-chien qui cherche à s’intégrer malgré ses différences et à trouver l’amour, s’avère de plus en plus attachant.

« Brûle encore », la seconde histoire, s’intéresse à Bliss Blister, jeune rescapé d’un terrible incendie qui a ravagé sa demeure familiale. Suite à ce « miracle », il devient prédicateur et leader de nombreux fidèles qu’il finit par préparer à la fin du monde. Cette histoire qui m’a fait penser à l’un des rôles interprété par Christopher Chance dans le deuxième tome de « Human Target », montre les dangers d’une foi aveugle et pointe du doigt le puritanisme américain et la mercantilisassions de la religion. Notons également l’allusion faite à Black Hole, lorsque l’un des personnages évoque la peste jeune.

Une fois le plat de résistance de cet album digéré, Charles Burns s’intéresse à un couple qui bat de l’aile. « Un mariage en enfer » raconte en effet l’histoire d’une jeune épouse modèle fort attachante, qui ne parvient cependant pas à consommer son mariage et qui s’inquiète également des absences répétées de son époux.

Le lecteur retrouve donc la noirceur et l’ambiance glauque des autres œuvres de l’auteur, mais également un brin d’humour délicieusement décalé et une touche de fantastique qui contribue à la bizarrerie des récits. Puis, il y a le plaisir de retrouver ce dessin noir et blanc somptueux, qui s’installe à chaque fois immédiatement au diapason de l’atmosphère étrange qui enveloppe chaque récit imaginé par le maître.

Un album qui n’a certes pas la puissance narrative de Black Hole ou ToXic, mais que tout amateur de Charles Burns se doit de lire.

Charles Burns – Johnny 23

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Le Dernier Cri, Trilogies, [DL 2010], [Sans super-héros] with tags on 27 décembre 2014 by Yvan

Une version pirate de Toxic !

Charles Burns - Johnny 23« Johnny 23 » propose une version pirate du fameux « ToXic », la dernière pépite imaginée par l’auteur du cultissime Black Hole.

Ce « bootleg » au format à l’italienne souple proposé par l’éditeur marseillais alternatif « Le Dernier Cri » est en fait chapeauté par l’auteur lui-même. Le tirage est limité à 2000 exemplaires et seuls les 500 premiers ont eu droit à une sérigraphie couleur inédite de Charles Burns.

À l’instar de l’ouvrage original, cette version alternative est à nouveau clairement influencée par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs. Il y a tout d’abord cette logique du cut-up qui est omniprésente dans la trilogie de Burns et qui est à la base de cette version pirate qui s’amuse à réutiliser les cases de l’album dans un nouvel ordre narratif. Ce nouveau découpage donne ainsi naissance à une nouvelle version, inédite du récit. Le lecteur retrouve certes les mêmes images récurrentes, qui renvoient au traumatisme du personnage central, mais le fait d’agencer le même matériel dans un ordre différent, permet d’offrir une interprétation différente de l’ensemble, voire un nouvel éclairage.

De plus, Burns a remplacé tous les dialogues des cases par un alphabet inconnu afin de reproduire l’expérience qu’il a vécu étant jeune, en lisant des albums de Tintin en Français, dont il ne comprenait pas les textes. Cette approche permet également au lecteur d’être absorbé par l’univers mis en place, sans pour autant parvenir à comprendre les dialogues.

Visuellement, les dessins sont cette fois-ci entièrement en noir et blanc et non en couleur, mais ça ne les rend pas moins impressionnants… au contraire.

Bref, un « Johnny 23 » qui ne s’adresse qu’aux fans de Burns… et j’en fais partie !

Charles Burns – Calavera

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Festival BD Angoulême, Trilogies, [Angoulême 2015], [DL 2014], [Sans super-héros] with tags , , on 25 novembre 2014 by Yvan

La conclusion du nouveau chef-d’œuvre de Burns !

Charles Burns - Calavera« Calavera » propose la conclusion de cette trilogie imaginée par l’auteur du cultissime Black Hole.

Cette nouvelle pépite signée Charles Burns est clairement influencée par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs. De la couverture du premier tome, ouvertement inspirée de « L’Étoile mystérieuse », à cette première scène de l’autre côté du miroir, visiblement tirée de l’album « Le Trésor de Rackham le rouge », en passant par ce personnage à la silhouette caractéristique, flanqué d’une houppette qui l’est tout autant et au nom d’artiste éloquent (Nit Nit, Tintin à l’envers), les références au petit protégé de Moulinsart sont légion. Pour son premier livre en couleurs, l’auteur s’approprie d’ailleurs également ce style ligne clair familier des tintinophiles, mais ne manquera pas de prendre le lecteur à contre-pied par la suite. Car, si aventure de Tintin il y a, ce sera dans la Quatrième Dimension ! Il devient en effet vite évident qu’en suivant les pas de Doug, Burns a bel et bien l’intention de nous emmener dans son monde à lui, d’évoluer vers un style visuel plus sombre et d’user de la puissance évocatrice de son dessin pour livrer des personnages plus inquiétants et d’ainsi dégager un sentiment de malaise profond au fil des planches.

« Calavera » met donc fin au trip halluciné de ce personnage qui a fini par trouver un semblant d’équilibre dans sa vie, mais qui se retrouve toujours hanté par des images du passé et par cette relation inachevée avec Sarah. Doug est donc plus âgé que lors des tomes précédents mais, malgré sa relation avec Sally, il semble tout de même avoir beaucoup de mal à passer à autre chose et à oublier certaines images traumatisantes du passé, qui viennent régulièrement perturber son sommeil. Le lecteur retrouve donc également Johnny, le double imaginaire tintinesque de Doug, qui poursuit son périple dans un univers onirique suffocant. Errant dans ce monde très étrange, il retrouve Suzy, l’une des femmes gestatrices de la Ruche qui était sur le point d’accoucher lors du volet précédent. Si les deux fils narratifs se font écho au fil des pages, ils abordent également les mêmes thèmes, dont l’angoisse de la paternité, l’avortement ou la fuite des responsabilités. Si cet univers fantasmé sert visiblement de refuge au personnage, il s’y retrouve néanmoins hanté par les mêmes images.

Construisant son récit sous forme d’ellipses, multipliant les allers-retours et proposant une narration très fragmentée, l’auteur s’amuse certes à brouiller les pistes, mais livre progressivement les clés de compréhension du récit. Passant d’un personnage alité et drogué aux souvenirs enfumés d’une relation avec une fille aux goûts artistiques glauques, sans oublier les flashs psychédéliques au sein d’un monde peuplé de créatures étranges, l’album entremêle habilement le quotidien, les rêves, les cauchemars, les fantasmes et les hallucinations de Doug. Burns prend un malin plaisir à faire disparaître les frontières entre fiction, réalité, passé et présent, comme en témoigne cette scène où Doug se voit lui-même en train d’observer une photo de Sarah ou lorsqu’il feuillette une bande dessinée des aventures de Nitnit, son alter ego tintinesque. Le lecteur appréciera également cette référence aux vieux romance comics des années 50/60, que l’auteur s’amuse à mettre en images dans le style de l’époque, et qui propose un nouvel écho à la vie de Doug. Ces différentes versions de Doug se superposent avec brio, proposant ainsi différents niveaux de lecture, tout en conservant une fluidité déconcertante.

Lors de cette conclusion, Charles Burns livre les pièces manquantes de ce puzzle narratif étonnant. D’abord déroutant, avant de devenir prenant, le récit se joue des repères spatio-temporels et permet à Burns d’aborder des thèmes qui lui sont chers, tels que l’enfantement, la prise de drogues, la filiation, le désir, les névroses , les relations amoureuses, le traumatisme de l’adolescence ou l’avortement. Arrivé au bout de cette quête identitaire de Doug, le lecteur ne peut que saluer le nouveau chef-d’œuvre de ce génie graphiste au style souvent imité mais jamais égalé.

Retrouvez d’ailleurs cet immense coup de cœur dans mon Top de l’année, ainsi que dans mon Top du mois.

Charles Burns – La Ruche

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Festival BD Angoulême, Trilogies, [Angoulême 2013], [DL 2012], [Sans super-héros] with tags , , on 22 décembre 2012 by Yvan

Bienvenue dans l’univers de Charles Burns…

Charles Burns - La RucheCette saga qui marque le retour de l’auteur du cultissime de Black Hole est clairement influencée par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs. De la couverture du tome précédent, ouvertement inspirée de « L’Étoile mystérieuse », à cette première scène de l’autre côté du miroir, visiblement tirée de l’album « Le Trésor de Rackham le rouge », en passant par ce personnage à la silhouette caractéristique, flanqué d’une houppette qui l’est tout autant et au nom d’artiste éloquent (Nit Nit, Tintin à l’envers), les références au petit protégé de Moulinsart sont d’ailleurs légion. Pour son premier livre en couleurs, l’auteur s’approprie d’ailleurs également ce style ligne clair familier des tintinophiles, mais ne manquera pas de prendre le lecteur à contre-pied par la suite. Car, si aventure de Tintin il y a, ce sera dans la Quatrième Dimension ! Il devient en effet vite évident qu’en suivant les pas de Doug, Burns a bel et bien l’intention de nous emmener dans son monde à lui, d’évoluer vers un style visuel plus sombre et d’user de la puissance évocatrice de son dessin pour livrer des personnages plus inquiétants et d’ainsi dégager un sentiment de malaise profond au fil des planches.

« La Ruche » poursuit donc le trip halluciné de ce personnage complètement déboussolé. Il y a tout d’abord la version tintinesque de Doug qui poursuit son périple dans un univers onirique suffocant. Abandonné au pied de La Ruche en fin de tome précédent, il se retrouve maintenant à l’intérieur, employé par une créature verte, et se lie d’amitié avec l’une des femmes sur le point d’accoucher d’on ne veut pas trop savoir quoi. Dans la réalité, l’auteur se concentre principalement sur la relation entre Doug et Sarah, deux adolescents qui se découvrent et se livrent au fil des pages.

Construisant son récit sous forme d’ellipses, multipliant les allers-retours et proposant une narration très fragmentée, l’auteur s’amuse à brouiller les pistes et accompagne brillamment les errances de ce héros à la dérive. Passant d’un personnage alité et drogué aux souvenirs enfumés d’une relation avec une fille aux goûts artistiques glauques, sans oublier les flashs psychédéliques au sein d’un monde peuplé de créatures étranges, l’album entremêle habilement le quotidien, les rêves, les cauchemars, les fantasmes et les hallucinations de Doug. Burns prend un malin plaisir à faire disparaître les frontières entre fiction, réalité, passé et présent, comme en témoigne cette scène où Doug feuillette une bande dessinée des aventures de Nitnit, son alter ego tintinesque. Les différentes versions de Doug se superposent avec brio et l’auteur ajoute encore une nouvelle couche en insérant une référence aux vieux romance comics des années 50/60, qu’il s’amuse à mettre en images dans le style de l’époque. Ce nouvel écho à la vie de Doug s’ajoute aux différents niveaux de lecture de cette saga qui intrigue tout en conservant une fluidité déconcertante.

Progressivement Charles Burns livre les pièces de ce puzzle narratif étonnant. D’abord déroutant, avant de devenir prenant, le récit se joue des repères spatio-temporels et permet à Burns d’aborder des thèmes qui lui sont chers, tels que la prise de drogues, le désir, les névroses, l’avortement et les découvertes sexuelles qui caractérisent le mal-être adolescent dans l’Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Oscillant entre rêve et réalité, ce deuxième volet abandonne son héros en compagnie d’une tête de mort et cela tombe bien car la conclusion de cette trilogie s’intitulera « Calavera ». En attendant, le lecteur, complètement étourdi et légèrement frustré d’être sorti de cet univers envoûtant avant la fin, devra s’armer de patience avant de pouvoir vivre la fin de ce nouveau trip artificiel proposé par ce génie graphiste au style souvent imité mais jamais égalé.

Retrouvez ce comics dans mon Top du Festival d’Angoulême et dans MON TOP de l’année !

Charles Burns – Big Baby

Posted in BANDES DESSINÉES, BD du mercredi, Charles Burns, Comics, Cornélius, Intégrales, [DL 2000 à 2005], [Sans super-héros] with tags on 25 juillet 2012 by Yvan

Attention c’est du Burns !

Charles Burns - Big BabyPour la plupart des gens qui ont lu son chef-d’œuvre Black Hole, Charles Burns est un véritable dieu. Du coup, tout ce qu’il a un jour produit vaut inévitablement le détour. J’avais donc une bonne raison pour m’attaquer à ce gros bébé publié par les éditions Cornélius.

Big Baby est un recueil de quatre histoires qui mettent en scène le petit Tony Delmonto, un garçon à l’apparence assez singulière qui est de surcroît passionné par les récits horrifiques. Ceux-ci nourrissent non seulement son imaginaire, mais influencent également assez bizarrement son quotidien, comme en témoignent ces quatre histoires :

Dans « Big Baby » Tony s’amusent encore assez gentiment avec des petits soldats, qu’il s’amuse à mettre en face d’un dinosaure. Si ces quelques pages démontrent déjà qu’il a de l’imagination, c’est « La malédiction des hommes-taupes » qui nous plonge véritablement dans l’univers du maître Burns. L’auteur y met en scène un homme particulièrement jaloux, qui tente l’impossible pour prendre sa femme la main dans le sac. Mais, il n’est pas le seul à surveiller la maison de près, car, la nuit venue, à travers la fenêtre de sa chambre, son voisin Tony voit également des choses étranges dans son jardin. Voilà, Burns vient d’ouvrir bien grand la porte de l’étrange et il poursuit de plus belle avec les deux récits suivants. Dans « La peste jeune » c’est la babysit de Tony qui semble victime d’une étrange maladie venue de l’espace, tandis que dans « Le club sanglant », c’est le fantôme d’un petit garçon qui perturbe la colonie de vacances à laquelle participe Big Baby.

Alors certes, cet album n’est sans doute pas aussi indispensable que l’incontournable Black Hole, mais à travers ces récits empreints d’onirisme cauchemardesque et de fantastique, Charles Burns (ToXic) s’amuse à pointer les travers de la société américaine du doigt et plonge le lecteur dans une Amérique des fifties, délicieusement névrosée. Ce récit intelligent, intriguant et perturbant n’est évidemment rien sans le graphisme divin de Burns. Ce dessin noir et blanc qui installe une atmosphère glauque et angoissante tout au long du récit, se place une nouvelle fois au diapason des histoires et confirme que Charles Burns est bel et bien un dieu ! Chacune de ses œuvres est donc une véritable bénédiction…

bd du mercredi Allez découvrir les autres BDs du mercredi sur le blog de Mango !

Charles Burns – ToXic T1

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Cornélius, Trilogies, [Angoulême 2011], [DL 2010], [Sans super-héros] with tags , on 11 novembre 2010 by Yvan

Tintin au pays de Burns !

Charles Burns - ToXic T1Dans la pénombre, une houppette bleue apparaît. Lentement et complètement déboussolé, Doug se réveille avec un pansement sur le crâne. Au loin, Inky, son chat noir – pourtant mort depuis plusieurs années – se tient devant un trou béant. Étonné, le jeune homme se lève et suit le félin de l’autre côté du mur de briques. Là, un décor étrange, fait d’inondations, de décombres et d’humanoïdes bizarres, s’offre à lui. Bienvenue dans l’univers de Charles Burns

Publié simultanément aux États-Unis sous le titre de « X’ed Out » et clairement influencé par l’œuvre d’Hergé et de William S. Burroughs, ce premier tome de « ToXic » marque le retour de l’auteur du cultissime « Black Hole« . De cette couverture ouvertement inspirée de « L’Étoile mystérieuse » à cette première scène de l’autre côté du miroir, visiblement tirée de l’album « Le Trésor de Rackham le rouge », en passant par ce personnage à la silhouette caractéristique et au nom d’artiste éloquent (Nit Nit, Tintin à l’envers), les références au petit protégé de Moulinsart sont légion.

Pour son premier livre en couleurs, l’auteur s’approprie d’ailleurs également ce style ligne clair familier des tintinophiles, mais ne manquera pas de prendre le lecteur à contre-pied par la suite. Car il devient vite évident qu’en suivant les pas de Doug, Burns a bel et bien l’intention de nous emmener dans son monde à lui, d’évoluer vers un style visuel plus sombre et d’user de la puissance évocatrice de son dessin pour livrer des protagonistes plus inquiétants et d’ainsi dégager un sentiment de malaise profond au fil des planches.

Construisant son histoire sous forme d’ellipses, multipliant les allers-retours et proposant une narration très fragmentée, l’auteur s’amuse à brouiller les pistes et accompagne brillamment les errances de ce héros à la dérive. Passant d’un personnage alité et drogué aux souvenirs embrumés d’une soirée Punk-Art en compagnie d’une fille aux goûts artistiques glauques, sans oublier les flashs psychédéliques au sein d’un monde peuplé de créatures étranges, l’album entremêle habilement le quotidien, les rêves et les hallucinations de Doug. D’abord déroutant, avant de devenir prenant, le récit se joue des repères spatio-temporels et permet à Burns d’aborder des thèmes qui lui sont chers, tels que la prise de drogues, la violence et les découvertes sexuelles qui caractérisent le mal-être adolescent dans l’Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Oscillant entre rêve et réalité, ce premier volet de « ToXic » abandonne le lecteur complètement étourdi et légèrement frustré d’être sorti de cet univers envoûtant avant la fin de ce nouveau trip artificiel proposé par ce génie graphiste au style souvent imité mais rarement égalé.

Retrouvez ce comics dans MON TOP 2010 !

Charles Burns – Black Hole

Posted in BANDES DESSINÉES, Charles Burns, Comics, Contrebande, Delcourt, Intégrales, K.BD, [Angoulême 2006], [Angoulême 2007], [DL 2006], [Sans super-héros] with tags , , on 23 mars 2010 by Yvan

Black HoleEn regroupant les 12 comics de la série Black Hole, parue en 6 volumes chez Delcourt pour la version française, cette intégrale, couronnée d’un Eisner Award en juillet 2006, rassemble plus de 10 ans de travail du génie graphiste qu’est Charles Burns.

Black Hole est un récit intelligent, intriguant et perturbant sur la marginalisation et l’exclusion, qui ausculte à merveille les malaises de l’adolescence dans une Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Une chronique de jeunes américains mal dans leur peau dans une petite ville frappée par « La crève » : une curieuse maladie sexuellement transmissible qui provoque d’étranges mutations. La parallèle avec l’Amérique contemporaine déclarant le sexe tabou et l’épidémie du sida qui sévit dans les années 80, n’est jamais loin et installe un certain malaise entre la fiction de l’univers de Burns et la réalité de notre société qui exclue la différence.

Burns utilise toute l’ambiguïté de ce mal-être adolescent qui, entre prises de conscience et découvertes sexuelles, trouve souvent une issue dans la drogue et la violence. Sans juger l’usage de drogues telles que l’herbe et le LSD, Burns va exploiter cette toxicomanie prisée pendant cette période aux Etats-Unis afin de développer un univers qui acquiert les allures d’un long trip artificiel.

Une impression qui se retrouve également dans le dessin flottant et tournoyant du maître. A l’aide d’un découpage incroyable et d’un style noir et blanc inimitable, Burns installe une atmosphère glauque et angoissante. Mais tout en faisant naître un mélange de pitié et de répulsion vis-à-vis des malformations progressives des personnages, ce graphisme réussi également à dégager un érotisme gênant lors des rencontres amoureuses reprenant de nombreux stéréotypes de films pubères.

Jouant sur le temps du récit à l’aide flash-backs, mêlant passé et présent et regroupant les différentes tranches de vies au fil des pages, l’histoire va lentement croître en intensité et en richesse, épaississant le mystère et augmentant la noirceur du récit pour une descente aux enfers qui atteindra inévitablement son apogée dans un bain de sang … contaminé.

Etrange dans sa conception, ce chef-d’œuvre angoissant a déjà contaminé d’autres ouvrages (comme « Le roi des mouches ») et devrait encore plonger beaucoup de lecteurs au paroxysme de l’horreur dans un sentiment de profond malaise.

Lisez également l’avis de David sur K-BD !