Ignacio Minaverry – Dora


Journal intime d’une future espionne !

Ignacio Minaverry - DoraJ’étais totalement passé à côté de cet album publié par cette nouvelle maison d’édition : l’Agrume. C’est en le voyant parmi plusieurs sélections de fin d’année, que j’ai décidé de m’attaquer à ce récit d’Ignacio Minaverry, initialement publié en épisodes dans la revue argentine Fierro.

« Dora » raconte l’itinéraire d’une jeune fille discrète et indépendante, qui décide de devenir espionne et qui se lance même dans une chasse aux nazis. C’est en 1959, dans le Berlin Ouest de l’après-guerre, que le lecteur fait la connaissance de Dora Bardavid. Fille d’un père déporté et mort dans un camp dont elle héritera le prénom, elle est employée au Berlin Document Center, où elle classe les documents saisis aux nazis à la fin de la guerre. Le lecteur la retrouve ensuite en banlieue parisienne, à Bobigny, en tant que traductrice de manifestes politiques pour un groupe de jeunes communistes. Photographiant d’abord clandestinement plusieurs documents à l’aide d’un vieux Minox, elle se retrouve finalement embarquée pour Buenos Aires, sur les traces de Josef Mengele, le célèbre médecin nazi d’Auschwitz.

L’auteur livre tout d’abord la quête identitaire d’une fille de seize ans qui passe à l’âge adulte, mais mêle habilement la petite histoire à la grande. Grâce à son travail d’archiviste, Dora découvre en effet les dessous de la Shoah et se retrouve même confrontée à son douloureux passé familial en croisant la fiche du prisonnier 20.784, son père, parmi la comptabilité macabre des nazis. De l’organisation de la solution finale à la fuite des anciens nazis en Amérique du Sud, en passant par la situation politique de la France embourbée dans la guerre d’Algérie, l’ancrage historique est particulièrement bien intégré à cette histoire qui vogue entre le journal intime et récit d’espionnage.

Visuellement, le dessin sobre et élégant de l’argentin offre une grande lisibilité à l’ensemble. Le style ligne claire paraît fort classique, mais il est accompagné de cadrages originaux et d’insertions intelligentes d’éléments particulièrement didactiques, tel que l’organigramme d’un camp de concentration, les insignes des prisonniers des camps ou des fiches de renseignements de la Waffen SS. Des passages instructifs, qui font ressortir toute l’horreur et la minutie de la machine de guerre nazie et de sa solution finale.

Vivement la suite !

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7 Réponses to “Ignacio Minaverry – Dora”

  1. Pas tenté, même si ce noir et blanc me plait beaucoup.

  2. Cela ne correspond pas à ce que je cherche en ce moment mais c’est le genre de BD que je pourrai prendre plaisir à lire d’ici quelques temps donc je note !!

  3. Eh bien moi je suis emballée par l’idée, par l’histoire… Bizarrement, le dessin me convainc moins…

  4. je dirais même mieux, vivement la suite !
    (sympatique coïncidence cette lecture presque commune ce jour !)

  5. Curieuse coïncidence en effet. Je pensais d’abord qu’il s’agissait d’une lecture commune. OliV et toi êtes si enthousiastes que vous m’avez convaincue de lire ce roman graphique, bien que les histoires d’espionnage ne me plaisent pas particulièrement mais les histoires intimes bien davantage.

  6. Je dirais comme chez OliV : vivement l’intégrale que je lise tout ça d’une traite 😛

  7. […] On en parle sur les blogs : Littexpress, Vu des yeux d’OliBD, Une autre histoire, Sin City… […]

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