Romain Puértolas – La police des fleurs, des arbres et des forêts
Des morceaux dans la confiture !
N’ayant pas du tout aimé « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea », j’étais plutôt réticent à lire un autre roman de cet auteur. Mais, comme il s’attaque au polar, que les avis semblent positifs, que j’ai apprécié sa nouvelle dans « Ecouter le noir »… et que je suis d’une faiblesse rare, je me suis finalement jeté sur cet ouvrage au titre plutôt intriguant.
« La police des fleurs, des arbres et des forêts » se déroule en 1961, dans une petite bourgade bucolique où le crime n’a jamais sévi. Pourtant, le corps de Joël, 16 ans, vient d’y être découvert dans une cuve à confiture de l’usine du coin. Le corps ayant été découpé en morceaux, soigneusement répartis dans huit sacs des Galeries Lafayette, un inspecteur de la ville est dépêché sur place afin de démasquer au plus vite le coupable de ce crime odieux !
Probablement inconscient du fait qu’il jouait son avenir dans ma bibliothèque, Romain Puértolas se la pète dès les premières pages en promettant « une histoire policière pas comme les autres » et « un coup de théâtre final époustouflant qui remet tout le récit en cause ». Comme l’auteur était déjà dans la ligne de mire du chroniqueur impitoyable que je suis, j’étais forcément déjà au taquet avant d’entamer le récit, mais suite à cet avertissement débordant de prétention, j’ai carrément entamé la lecture muni d’une loupe, d’une hache parfaitement aiguisé et d’un cerveau en ébullition. Du coup, il ne m’aura pas fallu 30 pages et quelques tournures de phrase suspectes pour découvrir le pot aux roses…
Vous voyez déjà le soufflé retomber et la mayonnaise ne jamais prendre ? Et bien non, car même en ayant deviné la révélation finale, le récit demeure excellent. Si certains s’amuseront forcément à relire le roman après avoir découvert le pourquoi du comment, j’ai donc eu l’occasion de suivre cette enquête en me doutant certes de sa finalité, mais en m’amusant probablement encore plus que les autres des quiproquos et des pirouettes effectuées par l’auteur afin de garder le lecteur en plein brouillard tout au long de cette investigation.
Une des originalités de ce roman est sa construction majoritairement épistolaire. Les lignes téléphoniques du petit village ne fonctionnant plus suite à un violent orage, l’inspecteur se voit en effet contraint de partager les avancées de ses investigations par écrit à madame le Procureur de la République. Je dois bien avouer que cette correspondance sous forme de lettres est assez savoureuse.
L’autre point fort de ce polar atypique sont les dialogues absurdes entre les paysans et le citadin venu enquêter. Autant j’avais trouvé l’humour dans « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea » assez lourd, autant j’ai énormément apprécié la finesse de l’absurdité étalée tout au long des pages, insufflant beaucoup de légèreté au récit malgré un crime initial plutôt sordide. De plus, l’envie de découvrir l’identité et le mobile du coupable rendent ce roman particulièrement addictif.
Bref, un polar atypique, un peu dans la même veine que « Qui a tué l’homme-homard » de J.M. Erre, qui ne devrait pas uniquement plaire aux amateurs de polars !
Beaucoup aimé !
La police des fleurs, des arbres et des forêts, Romain Puértolas, Albin Michel, 352 p., 20,60€
Ils en parlent également: EmOtionS, Mes échappées livresques, Cannibal lecteur, Maud, Domi C Lire, Liseuse hyperfertile, Page après page, Petite étoile livresque, Girl kissed by fire, La marmotte à lunettes, Alex, Marc, Branchés culture, Collectif polar, Tomabooks, Les cibles d’une lectrice « à visée », La Papivore, Un livre un crayon l’addition, Djouzy, Catherine, Leslie-Fleur, Au chapitre, Nath
29 décembre 2019 à 12 h 41 min
C’est le 1er livre de l’auteur que je lis, mais mon ressenti est identique. Même quand on « sait », on passe quand même un très bon moment !
29 décembre 2019 à 16 h 39 min
je n’ai pas aimé « Le voyage du fakir…. » donc je n’ai pas tenté un autre roman de l’auteur 🙂
29 décembre 2019 à 20 h 10 min
Je n’avais pas aimé le fakir non plus… mais j’ai finalement bien fait de retenter ma chance avec cet auteur car j’ai passé un excellent moment de lecture 😉
30 décembre 2019 à 16 h 47 min
pourquoi pas? mais pas tout de suite,cela se bouscule au portillon 🙂
29 décembre 2019 à 18 h 37 min
Merci pour la mention ! 🙂 Par contre, je trouve que ce roman très différent de « Qui a tué l’homme-homard » dans la construction et pas du tout comparable niveau qualité. S’il faut comparer les deux, à mes yeux, c’est le roman de JM Erre qui l’emporte, sans hésitation !
29 décembre 2019 à 20 h 07 min
La similitude vient plus de cette envie de jouer avec les codes du genre en y ajoutant un côté absurde, mais je confirme pour l’homme-homard au niveau de la qualité 😉
30 décembre 2019 à 14 h 47 min
Je l’ai dévoré ce matin, le premier roman que je lis de cet auteur et vraiment très sympa.