Takao Saito – Best 13 of Golgo 13


Takao Saito - Best 13 of Golgo 13C’est le poignet encore douloureux d’avoir lu ce pavé de 1.328 pages que je tape un avis sur ce best of dédié au tueur à gage culte japonais répondant au nom de Duke Tôgô, alias Golgo 13.

Ce personnage manga emblématique est assez méconnu chez nous, et cela malgré une brève apparition de Golgo 13 en France dans le magazine ‘Le Cri qui tue’ dans les années 1970, et malgré les nombreux clins d’oeil au personnage dans d’autres manga.

Ce seinen (aux nombreuses adaptations animées) du début des années 1970 est d’ailleurs toujours en cours de publication au Japon et compte déjà plus de 170 épisodes et près de 30.000 planches dessinées. Cela explique en partie le choix de Glénat de commencer par éditer un Best Of alors que le personnage n’est pas encore vraiment connu chez nous.

Ce James Bond du manga au visage menaçant et au regard de lynx, qui fut créé en 1969 par Saito Takao, est un tueur à gages glacial, impassible, impitoyable et infaillible. Cette version japonaise du fameux 007, dont rien que le pseudo fait fuir ses adversaires, a également un certain talent pour séduire les femmes et est implacable concernant le choix de l’arme nécessaire à éliminer sa cible. Et même si au fond il est assez sympa, Golgo 13 n’aime pas que l’on fouille dans son passé, qu’il préserve à tout prix et qui reste un mystère pour tout le monde.

Glénat nous livre ici le top-13 des lecteurs japonais dans le sens de lecture japonais et en commençant le récit par le numéro 13 de ce ‘hit-parade’.

13. Dans un trou d’aiguille (2,5/5)
Une histoire assez classique de détournement d’avion et de prise d’otages, mais avec un sniper hors du commun nommé Golgo 13. Un récit de 1971 qui se déroule aux States, au milieu du FBI et de la CIA. Le tout est bien rythmé et pourvu d’un dessin clair et de personnages bien typés, malheureusement le dénouement de l’intrigue entre Golgo 13 et le FBI laisse le lecteur sur sa faim.

12. Le géant blanc (3/5)
Un récit datant de 1973 et qui se déroule au Guatemala. C’est dans un décor peu commun pour un japonais que se déploie cette histoire déjà légèrement plus recherchée, mais toujours assez simple. On retrouve Duke Tôgô en cow-boy qui se fait engager par le front armé révolutionnaire, toujours avec cette froideur et ce détachement qui font ici un peu penser à Durango (surtout qu’il fait également facilement tomber la seule femme qu’il croise dans l’épisode).

11. La reine du crime (3,5/5)
Cet épisode datant de 1979 nous emmène à Londres, puis à New York, en passant par une chasse à l’homme en Alaska, pour terminer en Islande. On sent déjà plus de maturité dans ce scénario de la fin des années 1970, où Golgo 13 va devoir déjouer le plan diabolique de Madge Penrothe et de son complice américain, le major Erick. Comme dans l’épisode 13, le récit est très bien rythmé à l’aide d’un compte à rebours (la date de publication du roman).

10. Une seconde sur 36.000 (3,5/5)
Un épisode datant de 1994 et qui se déroule à la prison de la santé en France. Golgo 13 va se voir confronté à une mission trop difficile pour son corps et va donc avoir recours à des substances illicites pour parvenir à remplir cette nouvelle mission, qui trouve son origine dans une vengeance familiale.

9. Le soldat bionique (4/5)
Golgo 13 va être attiré dans un piège par l’un de ses clients afin de tester les capacités d’un soldat bionique dans la jungle du Cambodge. Comme dans le récit précédent, l’on va de nouveau avoir recours à des produits dopants afin d’augmenter les capacités physiques déjà impressionnantes d’un homme. Un récit de 1993 simple mais efficace et qui se termine sur une boucle intéressante après nous avoir servi un affrontement tactique captivant.

8. Eva, errant vers l’océan (3/5)
Un scénario de nouveau plus ancien (1974) et plus simpliste, où l’on va surtout suivre une autre tueuse professionnelle nommée Eva. Mais un tome qui a tout de même le mérite de nous dévoiler pas mal de choses concernant la personnalité de Golgo 13, et en particulier concernant son professionnalisme et son côté impitoyable.

7. Le syndrome Okinawa (2,5/5)
Un récit datant de 1996, plus axé sur la politique et la tactique militaire et qui manque cruellement de rythme dans la première moitié. Un récit qui n’est pas très passionnant, avec une apparition tardive et brève de Golgo 13 et qui consiste surtout à essayer de deviner qui a engagé Golgo 13. Côté dessin, on retrouve un président des Etats-Unis qui a les traits de Clinton.

6. Les dernières volontés de Mao Ze Dong (3/5)
Afin de réaliser les dernières volontés de Mao Ze Dong, trois chinois vont tenter de retrouver un homme qui a disparu vers l’âge de 4-5 ans. Un récit de 1981, où l’on va retrouver des personnages et des liens vers le onzième épisode de cet album (La reine du crime). Mais, surtout, un tome qui ouvre une piste vers le passé et l’origine de Golgo 13 et c’est certainement pour cette raison qu’il a été choisi par les lecteurs japonais.

5. Tir en sol majeur (2,5/5)
Un récit de 1986 de moins de 50 pages au scénario pas vraiment époustouflant. Un Golgo 13 toujours aussi précis, mais qui évolue ici au sein d’une mission plutôt décevante.

4. Agent pathogène, niveau 4 (3,5/5)
Enfin une histoire où l’on retrouve Golgo 13 dès les premières pages de l’histoire. Pas vraiment de mission pour Golgo 13 dans ce récit de 1995, si ce n’est de sauver sa peau face à une épidémie du type Ebola qui fait rage. Un récit excellemment rythmé par la rapidité de ce virus foudroyant.

3. Meurtre chez les Serizawa (3,5/5)
Deux policiers japonais tentent de résoudre le meurtre de la famille Serizawa. On découvre une enquête passionnante, mais au dénouement abracadabrantesque. Mais si ce récit de 1975 a tout de même été choisi par les lecteurs japonais pour figurer dans ce Best Of, c’est indéniablement parce qu’on va y flirter une nouvelle fois avec le passé de Golgo 13, tout comme dans l’épisode 6.

2. Opération Big Safe (3/5)
C’est un peu ennuyeux que ce récit de 1969 (la première histoire de ce manga je pense) se retrouve en fin d’album, car après 11 épisodes le lecteur connaît déjà bien Golgo 13, alors que les protagonistes de ce récit connaissent à peine son nom. C’est légèrement perturbant et l’on peut donc se demander pourquoi l’ordre chronologique des épisodes n’a pas été respecté dans ce recueil. L’image de Duke Tôgô frappant violemment une femme au visage en début de tome, ne devrait pas être inconnue en France, car elle fut utilisée en couverture du magazine ‘Le cri qui tue’ au début des années 1970.

1. Kensaku Azuma, le japonais (3,5/5)
Un récit de 1972 où l’on va à nouveau flirter avec le passé de Golgo 13 en suivant l’enquête du célèbre journaliste américain, Mandy Washington. Malheureusement, étant donné que la chronologie n’est pas respectée dans ce recueil, on a déjà appris pas mal de choses concernant le déroulement de cette enquête.

Bref, un livre de qualité, avec un papier suffisamment épais malgré le nombre de pages démesuré. Les scénarii sont assez simplistes en général, mais souvent bien rythmés, plutôt passionnants et pourvu d’une narration agréable.

Par contre, si j’ai un conseil à vous donner : c’est de ne pas respecter l’ordre de publication des épisodes, mais de les lire dans l’ordre chronologique (c.à.d. les épisodes 2, 13, 1, 12, 8, 3, 11, 6, 5, 9, 10, 4 et puis 7).

Le dessin est très clair et les personnages bien typés et facilement reconnaissables, ce qui donne une excellente lisibilité tout au long des 1.328 pages. Au niveau des décors, le récit n’est pas monotone non plus, car on voyage beaucoup et croise donc beaucoup de décors différents d’une histoire à l’autre.

A 1,5 eurocent la page, cette brique manga vaut donc le détour … si vous avez le bras solide.

Et si ce recueil connaît le succès qu’il mérite, Glénat pourrait même envisager la publication des choix de l’auteur, voire de l’éditeur japonais.

Laisser un commentaire