Morrisson & Mc Kean – Batman, L’asile d’Arkham


Morrisson & Mc Kean - Batman, L'asile d'ArkhamCet album, dont le graphisme rebutant fait finalement sa force, nous plonge dans une bande dessinée d’ambiance au plus profond des personnages de la série Batman dans un huis clos superbe.

L’histoire convie Batman et le lecteur au sein de l’asile d’Arkham, qui vient de tomber aux mains de ses dangereux pensionnaires. L’asile Elizabeth Arkham, nommée d’après la mère de son fondateur, Amadeus Arkham, est situé non loin de Gotham City et réservé à l’incarcération des malades mentaux et des prisonniers qui requièrent un emprisonnement sous conditions médicales inhabituelles. Grant Morrison et Dave Mc Kean vont profiter de la rébellion au cœur de ce nid de psychopathes pour aspirer Batman dans un tourbillon de folie.

Au fil du récit on finit par se rendre compte qu’un homme qui s’habille en chauve-souris et qui est à ce point obnubilé par la justice a peut-être sa place à Arkham. De plus, à force de dormir avec les chiens on finit par attraper leurs puces et la folie des ennemis de la chauve-souris semble plus contagieuse que jamais.

A l’aide de flashbacks, et parallèlement à cette psychanalyse de Batman et de ses adversaires les plus aliénés (le Joker, Pile-ou-Face, le Chapelier fou, etc), Grant Morrison va retracer le parcours d’un Dr. Arkham lentement consumé par la folie. Une incursion dans le passé familial tragique du fondateur de l’asile, parsemée de symboles familiers (carte de jeu, chauve-souris) qui semblent prédire ce moment de folie qui surgit une soixantaine d’années plus tard.

On peut peut-être juste reprocher à l’auteur de nous confronter à trop de personnages dans cet endroit restreint. De nombreuses rencontres que Morrison n’a pas toujours le temps de développer en profondeur et qui risquent de perdre les néophytes en matière de Batman.

Au niveau graphisme, Dave Mc Kean, que je connaissais seulement au travers de son travail sur les couvertures de la série « Sandman », étale ici son style particulier sur tout un album. Mc Kean fait admirablement ressortir la démence dégagée par l’asile d’Arkham. Des personnages aux contours vagues, une colorisation en dehors des lignes, un découpage original et des planches qui respirent la folie, pour un tout qui désoriente et dégage un sentiment de psychose claustrophobe.

Bref, du grand art, qui visuellement nous entraîne au plus profond de la psychologie du personnage de Batman.

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