Amélie Antoine – Ne vois-tu rien venir ?


Quand l’école devient un enfer !

Amélie Antoine - Ne vois-tu rien venir ?Venant d’apprendre qu’elle souffre de diabète, Sarah compte bien garder cette information secrète en ce début d’année scolaire. Très populaire au sein du collège, elle tient à conserver son taux de popularité, ainsi que la mainmise sur ce troupeau d’amies prêtes à tout pour faire partie de sa bande. Lorsqu’elle repère une nouvelle élève un peu paumée, qui se tient à l’écart du reste, elle décide de détourner l’attention de sa propre maladie en pointant du doigt celle qui deviendra bien malgré elle le souffre-douleur de toute la classe… Orlane !

Sarah et Orlane ne sont pas des inconnues pour ceux qui ont déjà lu « Raisons obscures », roman dont je conseille d’ailleurs vivement la lecture. « Ne vois-tu rien venir ? » s’avère en effet être une sorte de réécriture de « Raisons obscures », proposant la même histoire mais sous un angle différent. Si la version précédente se concentrait principalement sur les tracas des parents, allant de soucis professionnels à des problèmes de couple, invitant les lecteurs à découvrir les détails annonciateurs du drame qu’Amélie Antoine laissait entrevoir dès les premières pages du récit, cette nouvelle version qui vise des lecteurs plus jeunes relègue les parents au second plan, propulsant les lecteurs au milieu du combat inégal entre cette harceleuse et sa victime… là où de nombreux drames se construisent, dans la cour de récré !

« Ne vois-tu rien venir ? » propose en effet un récit à deux voix, celle de Sarah, véritable star de l’école et peste de service, et celle d’Orlane, gamine passionnée de magie, qui aimerait bien devenir invisible au fil des pages, afin de pouvoir échapper aux persécutions des autres élèves. Cette descente aux enfers qui s’étale sur une année scolaire complète et qui conduit inévitablement au drame est entrecoupée de témoignages de ceux qui n’ont rien vu venir. Du corps enseignant aux parents, en passant par les autres élèves, tous viennent expliquer après les faits pourquoi ils n’ont rien vu, voire rien pu ou voulu faire.

« Ne vois-tu rien venir ? » est un récit insoutenable, qui remplit le lecteur d’un mélange de colère, d’impuissance, de frustration, d’écœurement et d’effroi au fil des pages et lui donne constamment envie de crier « STOP »… il faut absolument que le harcèlement scolaire cesse !

« Ne vois-tu rien venir ? » est un cri d’alerte indispensable, visant à sensibiliser les adolescents au harcèlement et invitant les témoins directs ou indirects à tendre la main à ces victimes, de plus en plus nombreuses, qui n’ont plus nulle-part où se mettre à l’abri au cœur d’une société où les réseaux sociaux amplifient encore ce fléau… un harcèlement scolaire qui se prolonge malheureusement loin en dehors des établissements scolaires, poussant de trop nombreux jeunes au désespoir. STOP !

Ne vois-tu rien venir ?, Amélie Antoine, Syros, 304 p., 15,95€

Elles/ils en parlent également : Maeve, Aude, Calypso, Mes p’tits lus, Café noir et polars gourmands, L’heure de lire

-> En Belgique, un numéro vert à destination des gens confrontés à une situation de tensions, conflits et/ou violences à l’école a été mis en place, le 0800 95 580, accessible du lundi au vendredi de 9h à 16h.

7 Réponses to “Amélie Antoine – Ne vois-tu rien venir ?”

  1. Il aurait sûrement sa place au CDI. Je ne pense pas que le harcèlement scolaire soit pire qu’avant. On en parle tant mieux. Difficile d’ailleurs d’écouter les ado et de démêler leurs histoires, j’admire les collègues qui ont investi le programme phare je n’ai pas eu ce courage. J’espère que tout le temps passé sur le sujet servira à ces jeunes à devenir des adultes avec des comportements plus respectueux des autres et d’eux mêmes.

    • Le harcèlement scolaire n’est peut-être pas pire qu’avant au sein de l’école mais le problème avec les réseaux sociaux et les jeunes hyper-connectés est que le harcèlement se poursuit en dehors de l’établissement scolaire 24h sur 24h…

  2. J’ai envie de l’envoyer à la prof de français de ma fille.

  3. Mon fils est dans un âge où le harcèlement peut vraiment le concerner, une de ses amies avec un handicap en a d’ailleurs fait les frais. Je suis contente quand des profs disent de lui qu’il a un côté gentlemen sur son cheval blanc (vu que pour tout le reste, son TDAH est apparement difficile à supporter en classe, je prends les compliments 😄) parce que lui monte au créneau. Pour autant, je n’ai pas la certitude qu’un jour, il ne prenne pas part à une curée sans agir ou pire, en rajoutant une couche. Du coup, comme j’ai lu et adoré raisons obscures, depuis le début des vacances, je négocie avec lui pour qu’il découvre cette version…

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