Abolin & Pont – Où le regard ne porte pas


ouregardportepasSi on me demande quelles étaient mes dernières vacances à l’étranger, je pourrais facilement répondre Le voyage en Italie, Chute de vélo et ce tome de « Où le regard ne porte pas… » qui nous plonge dans un petit village côtier Italien au ciel bleu azur qui se fond au loin dans l’océan.

Ce parfum de vacances et du sud qui se hume de page en page, la quiétude de ce village de pêcheurs méditerranéen … on s’évade à tel point qu’en refermant le tome on s’étonne de ne pas retrouver les lunettes de soleil et le chapeau de paille que les auteurs on délicatement posés sur nous pendant ce fabuleux voyage.

LA COUVERTURE:
Il y d’abord la couverture qui déjà invite au voyage et à la rêverie. Ces deux enfants assis sur un rocher, suspendus dans le vide à la limite du monde réel, le regard porté sur les nuages et le rêve.

LE SCÉNARIO:
C’est à travers le regard des enfants qu’on entre dans l’histoire. Cette touchante histoire d’amitié entre quatre enfants nous projette dans l’insouciance de notre jeunesse. William, Lisa, Paolo et Nino sont nés le même jour et un étrange objet semble les unir inexorablement. Si les quelques scènes de paranormal (visions, flash backs mystérieux et cérémonies nocturnes) donnent forme à l’énigme de fond, elles ont également tendance à casser un petit peu le rythme méditerranéen de l’histoire.

Essayant de comprendre le lien qui les uni, le lecteur savourera chaque instant passé en compagnie de nos quatre amis, tout en partageant leurs rêves. Et c’est, profitant de cette sérénité et naïveté dans laquelle ils nous plongent, qu’Abolin et Pont vont nous prendre à revers, nous confrontant à la réalité de la vie, celle des adultes.

Tandis que tout semble unir les enfants dans cet album, les rapports entre parents y semblent diamétralement opposés. A peine arrivé, Alex se heurte au sectarisme, à l’inculture et à l’autarcie des autochtones, qui ne voient pas d’un bon œil l’arrivée du modernisme et du capitalisme et feront tout pour chasser l’envahisseur de cet endroit paradisiaque, sans même essayer de le comprendre.

Cette critique sociale contraste énormément avec l’innocence juvénile et la légèreté du reste du récit, sans pour autant sombrer dans le manichéisme. Cette alternance du scénario entre la sensibilité et la cruauté nous montre l’arrière du décor de cette jolie carte postale de vacances.

Les dialogues sonnent juste, le rythme colle parfaitement à la lenteur méditerranéenne et l’histoire est narrée avec beaucoup de précision. Mais c’est dans le non-dit et les silences que l’histoire prend toute sa profondeur, dans les attitudes, les regards et les émotions que l’authenticité du récit séduit.

LE DESSIN & LES COULEURS:
Les personnages aux traits joviaux et ronds ne laissent pas indifférent. Le dessin, les couleurs et l’éclairage des planches donnent la crédibilité nécessaire à la baignade du lecteur dans l’Italie du début du XXème siècle. Les couleurs éclatantes, claires, lumineuses, douces et chaleureuses caressent les sens du lecteur de cette ambiance méditerranéenne.

Voici un album dépaysant, touchant, profond, pourvu d’une intrigue mystérieuse et que vous pouvez, comme le titre le laisse présager, acheter les yeux fermés !

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