Nathalie Ferlut – Lettres d’Agathe


Ferlut lettres d'agatheInspiré d’une histoire vraie, Lettres d’Agathe raconte la relation difficile entre une enfant non désirée et sa mère.

La perception que l’on a du comportement de ses parents se modifie avec l’âge et c’est ainsi que petit à petit l’on commence à mieux comprendre leurs actions et leurs décisions. Mais que se passerait-il si la relation mère-fille était dépourvue de dialogues, et si au moment d’arriver à la maturité nécessaire pour comprendre des actions parentales traumatisantes, le parent en question n’était plus là, abandonnant l’enfant à ses incompréhensions ? Agathe se retrouve ainsi à la recherche du «Pourquoi ?» d’une enfance dépourvue d’amour maternel. Poussée par une envie de tourner la page, en quête de sérénité, Agathe va adresser de manière posthume trois lettres à sa défunte mère. Trois lettres retraçant son vécu et ses souffrances, de son enfance à l’âge adulte.

Tout débute par l’enfance d’Agathe : ignorée par sa propre mère, constamment punie, deux frères adulés par cette mère sans cœur et des liens affectifs inexistants. L’histoire d’une jeune fille qui doit grandir dans l’ombre de ses frères et dans l’indifférence d’une mère qui ne lui donna même pas de prénom. Vient ensuite les frustrations de cette fille devenue adulte. Une Agathe divorcée et indépendante, mais poursuivie par toutes ses années d’isolement, tourmentée par l’attitude injuste d’une mère dont elle n’arrive toujours par à comprendre les motivations. La dernière partie du récit va ensuite lever le voile sur une partie du secret familial à l’origine de cette relation aussi douloureuse qu’inexistante qu’elle a entretenue avec sa mère. Des révélations certes salvatrices, mais également accompagnées de beaucoup d’amertume, surtout dû au fait qu’elles arrivent si tardivement, tel une addition trop lourde à la fin d’un tête-à-tête trop silencieux.

L’histoire d’Agathe est sombre, pessimiste et triste, mais jamais larmoyante. Le graphisme en couleur directe a d’ailleurs tendance à atténuer le fond dramatique du récit. La narration est très efficace et contribue également à véhiculer les sentiments sans jamais tomber dans l’exagération. L’écriture en voix-off va également progressivement faire place aux dialogues lors de la partie plus contemporaine de l’histoire, allégeant ainsi le récit.

A l’instar du « Le journal de mon père », « Lettres d’Agathe » relate l’histoire d’une enfant qui, à titre posthume, va tenter de lever le voile sur une relation parentale pleine d’incompréhensions. Une œuvre splendide, qui vient s’ajouter à cette collection «Mirages» qui regroupe déjà des petites perles telles que « Fritz Haber » et Pourquoi j’ai tué Pierre.

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