Tetsuya Toyoda – Undercurrent


undercurrentDepuis la réouverture des bains publics Tsuki No Yu, les rumeurs vont bon train. Suite à la disparition de son mari, il y a près de deux mois, Kanae avait décidé de fermer l’établissement. Si certains s’indignent qu’elle reprenne la gestion des lieux sans son époux, c’est surtout la hantise de ne pas savoir ce que Satoru est devenu qui préoccupe la jeune femme. Heureusement, l’arrivée de M. Hori, envoyé par le syndicat des bains publics pour l’aider dans sa lourde tâche, va lui apporter une petite lueur d’espoir. De plus, un détective privé, recommandé par une de ses amies, se lance sur les traces du disparu.

Cette première œuvre de Tetsuya Toyoda publiée en français invite le lecteur à suivre le quotidien de Kanae. Par le biais d’une tranche de vie pleine d’humanité, l’auteur livre l’histoire de cette femme qui, malgré le chagrin et l’incompréhension, va graduellement reprendre goût à la vie. Mais cette lente remontée à la surface fera également resurgir d’anciens démons qui ne manqueront pas d’intriguer le lecteur. Porté par un courant de sentiments, ce dernier se laisse baigner dans le présent de Kanae, tout en essayant de percer le voile que l’auteur laisse délibérément planer sur son passé.

Le travail livré sur les personnages secondaires est également remarquable. Il y a d’abord M. Hori, qui fait office de bouée de sauvetage et qui, au fil des pages, accompagne Kanae dans sa délicate remontée. Un homme discret qu’elle embauche pour l’aider à tenir ses bains publics, mais qui semble également torturé par des événements du passé. Il y a ensuite ce détective privé qui insuffle un peu de légèreté et d’humour au récit, tout en alimentant son côté polar. Le graphisme alterne un style assez classique, mais parfaitement maîtrisé, qui colle parfaitement à l’aspect intimiste de ce manga, et des passages se rapprochant de la peinture, qui restituent admirablement le côté trouble des souvenirs des protagonistes.

Undercurrent est un one-shot très touchant qui ne manquera pas de plaire aux fans de Taniguchi.

8 Réponses to “Tetsuya Toyoda – Undercurrent”

  1. au-delà de ça (pour les fans de Taniguchi), je trouve que l’on garde un souvenir de lecture très fort… longtemps après la lecture

  2. C’est bizarre, moi je vois plus de filiation avec une artiste comme Fumiyo Kouno (Pour Sanpeï, Le Pays des cerisiers…) que Taniguchi. Le dessin y est moins stricte, moins lisse (même si j’aime beaucoup le style très européen de Taniguchi ce n’est pas le souci).
    Il y a cette même capacité à toucher le lecteur par des petits détails, sans chercher à faire pleurer. Moi, j’ai vraiment apprécié cette finesse.

  3. Pour amener les lecteurs FB vers le manga, il vaut mieux dire que cela fait penser à du Taniguchi 🙂

  4. Pas faux 🙂
    Mais c’est agaçant on a l’impression qu’il n’y a que lui parfois 🙂 Surtout quand on évoque des choses un peu intimistes. Pour Undercurrent, Taniguchi ne m’a sauté aux yeux.

  5. Je pense qu’on peut rapprocher Toyoda de Taniguchi sur leur sobriété dans le dessin. Il me semble que Toyoda n’abuse pas de ces jeux de mouvements qui font la marque du manga habituellement.
    Sinon, c’est très touchant comme oeuvre.

  6. Moi, je ne vois pas le dessin de Taniguchi comme « sobre »… En effet, il n’abuse pas des codes graphiques du manga mais ce n’est pas pour ça que son dessin est minimaliste. Au contraire, ça regorge de détails, c’est hyper-réaliste. Pour moi, un dessin sobre, c’est un trait sans effet ni ajouts.
    Attention, je ne dis pas pas que je n’apprécie pas le dessin de Taniguchi (ah Le Sommet des dieux) mais de là à rapprocher son style graphique de celui de Toyoda…
    Après, sur le traitement narratif, oui, évidemment, c’est la même vague du manga « d’auteurs »…

  7. Quand je parle moi de sobriété, c’est sur les effets. Sur les mouvements qui explosent les pages. Sinon, je suis bien d’accord avec toi, Taniguchi n’a rien d’un dessin minimaliste. Mais il n’y a pas ce dynamisme propre au manga, ce qui me plaît d’ailleurs chez cet artiste…

  8. Les 2 styles ont un côté reposant, contemplatif et réaliste qui ne rebuteront pas le lecteur FB, comme d’autres manga savent si bien le faire 😉

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