Bendis & Maleev – Daredevil, Le Scoop [Deluxe]


daredevilVoici enfin la première intégrale consacrée au passage remarqué de Brian Michael Bendis et Alex Maleev sur la deuxième série régulière de Daredevil. Une collaboration de quatre années, riche de 56 fascicules, couronnée par deux Eisner Awards et une nomination dans la catégorie « Prix de la série » à Angoulême, qui aura marqué de manière indélébile l’histoire de ce personnage créé par Stan Lee et Bill Everett il y a plus de 40 ans et relancé par le talentueux Frank Miller à la fin des années 70. Initialement publiés dans les tomes quatre et cinq de la collection 100% Marvel, ces épisodes #26 à #37 marquent le début de l’intrusion des deux auteurs dans le quotidien pas toujours joyeux de ce personnage acculé au plus profond de son identité secrète et tentant de reconstruire une vie affective après la perte de ses grands amours.

En plaçant Matt Murdock face à la mafia new-yorkaise, Brian Michael Bendis (Powers, Torso, Jinx, Goldfish, Sam and Twitch, House of M) enfonce le diable rouge encore un peu plus dans l’univers sombre d’Hells Kitchen. «Le Scoop» n’est cependant pas un album baignant dans l’action, montrant un Daredevil combattant le crime, mais le récit d’un homme dont la carrière de super-héros est hypothéquée suite aux révélations d’un quotidien concernant son identité secrète. Mais l’auteur ne va pas se contenter de nous montrer un personnage extrêmement humain, essayant de (di)gérer cette intrusion brusque dans sa vie privée, il va également faire le procès de cette presse à scandale qui porte régulièrement atteinte au quotidien des vedettes, tout en intégrant le plus connu des reporters d’Hells Kitchen (Peter Parker alias Spiderman) à son récit.

La construction non-linéaire de la première moitié du récit, qui oblige le lecteur à voyager dans le temps afin d’expliquer les événements du début de tome, est parfois un peu perturbante. Par contre, Bendis, qui a parfois la mauvaise habitude d’abuser de dialogues, alterne ici avec brio omniprésence de bulles et excès de textes à des passages entièrement muets. A ce titre, le passage consacré à l’escapade d’un Daredevil extériorisant sa colère et ses émotions sous une pluie battante est absolument splendide. Côté graphisme, l’art ombragé d’Alex Maleev (Sam and Twitch) supplée d’ailleurs à merveille les pensées de Bendis et colle parfaitement à ce scénario empli de noirceur. Assisté par l’admirable travail de Matt Hollingsworth à la colorisation, le dessinateur contribue à livrer un album riche en émotions.

Affirmer que l’arc de Bendis et Maleev fait partie des incontournables de la saga Daredevil n’a plus rien d’un scoop après tant de louanges et de récompenses. Ce premier Marvel Deluxe permettra cependant aux retardataires de vérifier ce non-scoop.

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