Nicolas Juncker – Immergés, Wilhelm Pelosi


Tensions à la surface de l’océan !

Nicolas Juncker - Immergés, Wilhelm PelosiTroisième volet de cette saga qui invite à suivre les 19 membres d’équipage d’un U52 allemand, en se concentrant à chaque fois sur celui qui donne son nom à l’album. Après un gros plan sur Günther Pulst et sur Oskar Kusch, c’est le dénommé Wilhelm Pelosi qui est donc au centre de ce nouveau récit à bord d’un sous-marin de la Kriegsmarine.

Cette troisième immersion dans le quotidien des sous-mariniers de la Kriegsmarine s’inspire d’un fait historique datant de 1942 : le torpillage du Laconia, un paquebot anglais rempli de civils, de gosses, de femmes et… de quelques 1800 prisonniers transalpins. Après avoir ajouté le navire britannique à leur palmarès, l’équipage allemand décide de récupérer les naufragés à son bord.

Durant quatre jours, Nicolas Juncker décrit les relations tendues entre rescapés et nazis, ainsi que la nervosité qui règne au sein même de l’équipage de cet U-boot allemand, obligé de rester en surface lors de cette opération de sauvetage et devenu du coup extrêmement vulnérable. Au milieu de cette cohue, l’auteur choisit à nouveau de s’intéresser à un membre d’équipage en particulier. Il décrit ainsi brillamment les états d’âme de Wilhelm Pelosi, un italo-allemand qui se retrouve ici face à la détresse de ses cousins du Sud. L’opposition entre la vision de son régime fasciste et ses propres convictions est parfaitement gérée, tout comme la désillusion qui en découle. Une nouvelle fois, l’auteur parvient à rendre ce personnage issu du mauvais camp, extrêmement attachant, démontrant ainsi que tous les allemands n’adhéraient pas forcément à la politique nauséabonde de leur leader.

Cet album excelle une nouvelle fois au niveau de l’ambiance. À l’intérieur du sous-marin, tout se déroule dans des espaces confinés et le graphisme accentue encore l’effet oppressant. Pas de grands angles ou de vues panoramiques ici, mais un alignement de petites cases qui semblent constamment trop étroites par rapport aux événements que l’on y voit. La mise en couleurs sombre est là pour ponctuer cette impression d’enfermement. Un environnement cloisonné qui pèse visiblement sur un équipage soumis à la loi de l’omerta. Le quotidien des sous-mariniers n’a en effet rien de reluisant, au milieu de la puanteur, du bruit et de cette ambiance oppressante. Les querelles sont d’ailleurs nombreuses et contribuent à pourrir le quotidien de l’équipage. Mais comme ce tome se déroule en grande partie à la surface de l’eau, le graphisme se veut pour une fois plus aéré, avec des vignettes qui s’étalent sur de plus grands espaces et une colorisation plus lumineuse qui invite à respirer l’air pur.

Malgré des planches plus ensoleillées, une grosse zone d’ombre vient cependant peser sur cette saga. La qualité n’étant pas toujours synonyme de succès dans ce marché du neuvième art en difficulté et en surproduction, il se pourrait effectivement que cet album soit le dernier de la série. Malgré des tomes qui peuvent se lire indépendamment des autres, il serait tout de même dommage de ne pas en apprendre plus sur les autres membres d’équipage et sur ce mystère qui pèse sur l’équipage et que l’auteur développait intelligemment en toile de fond.

Quoi qu’il advienne, vous devez absolument lire les trois tomes qui sont déjà parus. Vous pouvez même commencer par celui-ci !

Lisez également « D’Artagnan, journal d’un cadet » de Nicolas Juncker !

Retrouvez cette BD dans MON TOP 2011 !

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