La mort et le retour de Superman


La mort et le retour de SupermanTout débute en 1992. Alors que les ventes de Superman en kiosque stagnent, DC Comics décide de relancer le personnage et de surprendre les lecteurs en bousculant la routine. La mort annoncée du principal héros de l’univers DC aura l’effet escompté, avec un fascicule, intitulé «La Mort de Superman», vendu à plus de quatre millions d’exemplaires et un regain d’intérêt pour le dernier des kryptoniens. A l’instar de la mort de Captain America dans Civil War, l’évènement fait la une des médias à travers le monde et demeure l’un des faits marquants dans l’histoire des comics. L’intégralité de cette saga qui s’étale sur tous les titres mettant en scène Superman est enfin reprise en version française dans cet Omnibus de près de 800 pages. Ce récit, signé Dan Jurgens, Karl Kesel, Jerry Ordway, Louise Simonson, Roger Stern et Gerard Jones au scénario et dessiné par Jon Bogdanove, Tom Grummett, Jackson Guice, Dan Jurgens et Mark D. Bright, est composée de trois parties distinctes: « La Mort de Superman » (paru en VF dans la collection Privilège de Semic), « Un monde sans Superman » et « Le retour de Superman ».

L’intrigue de « La Mort de Superman » se résume en deux lignes. Certes, la mort d’un super-héros d’un tel calibre n’est pas vraiment chose fréquente dans l’univers des comics, surtout qu’il ne s’agit pas d’un humain ayant quelques superpouvoirs, mais d’un extraterrestre quasi omnipotent et jugé indestructible. Le plus surprenant est probablement que les auteurs parviennent à leur fin sans utiliser de kryptonite afin d’ébranler leur héros. A la place, ils créent un vilain, sorti de nulle part, dont la tactique pour venir à bout de Superman est beaucoup moins élaboré que celles utilisés par la famille Luthor ou par les nombreux méchants qui se sont cassés les dents sur le plus grand héros de tout les temps. Pas de plans, pas de complot, pas de cailloux verts ou rouges, juste du rentre-dedans du début à la fin de l’histoire. Le scénario, axé sur le combat et usant d’un monstre sans origines, qui ne prononce pas un mot et qui ne justifie jamais ses actions ou motivations, est donc on ne peut plus basic. Pourtant, cet affrontement incessant dont l’issue est connue d’avance n’est pas vraiment lassant et a même un côté épique assez sympathique.

Après un premier volet d’une linéarité et simplicité extrême, la suite (« Un monde sans Superman » et « Le retour de Superman ») permet aux auteurs de montrer la réaction des proches de Superman tout en développant plusieurs intrigues parallèles concernant sa succession. L’acte héroïque d’autosacrifice fait donc place au deuil, aux regrets et aux souvenirs. Si le monde a perdu son héros et le Daily Planet un journaliste hors pair, Martha, Jonathan, Lana et Lois doivent combler un vide beaucoup plus grand. Tout en jouant sur l’aspect dramatique de la disparition du dernier fils de Krypton, cette deuxième partie donne surtout l’occasion à DC d’introduire de nouveaux personnages, tous prétendant, à des degrés divers, être Superman. A l’image d’Elvis, qui n’a jamais été plus vivant qu’après sa mort, des pseudo-supermen (Superboy, le Superman cyborg, l’Homme d’Acier, alias John Henry Irons, et l’Eradicator) viennent se mêler au bal du renouveau de DC. Au milieu de ces néo-héros, le lecteur n’a plus qu’à choisir le remplaçant qui lui convient le mieux. Si le scénario de cette suite est déjà plus élaboré, l’aspect conceptuel, qui consiste à faire périr un héros pour le faire réapparaître tel un gros lapin blanc sorti d’un chapeau par la suite, se fait tout de même fortement ressentir tout au long de cette saga visant surtout à ressusciter un protagoniste éditorialement proche du décès.

Au niveau du graphisme, malgré quelques illustrations qui marqueront les esprits, tels le corps gisant de Superman devant l’immeuble du Daily Planet ou la couverture du fatidique épisode #75 de Superman, le dessin ultra-classique manque souvent de personnalité. Mais malgré une intrigue audacieuse qui ne déborde pas d’originalité et un graphisme qui n’a rien de spectaculaire, « La mort et le retour de Superman » est un album imposant relatant la mort mythique d’un icône majeure de chez DC, que tout fan de Superman se doit de posséder.

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