Vehlmann & Kerascoët – Jolies ténèbres


Jolies ténèbresAvec « Jolies ténèbres », Fabien Vehlmann (Le marquis d’Anaon, Les cinq conteurs de Bagdad, Seuls) et le duo Kerascoët (Miss pas touche), alias Marie Pommepuy et Sébastien Cosset, livrent un conte de fée morbide inspiré par Marie Pommepuy.

Alors que le récit débute comme un joli conte enfantin, le lecteur se retrouve soudainement (et sans la moindre explication) en face du corps inanimé d’une fillette gisant dans la forêt. De ce cadavre en pleine putréfaction sortent de petits êtres qui vont, tant bien que mal, tenter de s’organiser pour survivre. C’est pour le moins surprenant !

Ce petit peuple représente-t-il des morceaux de la personnalité de cette fille qui vient de décéder ? Quoi qu’il en soit, de cette petite communauté hétéroclite vont lentement émerger les nombreuses individualités. Au fil des pages, égoïsme, orgueil, méchanceté, indifférence, cruauté et autres mauvais penchants de la fille vont réduire la part d’humanité et plonger le récit dans l’horreur. Déjà dans « Seuls », Fabien Vehlmann mettait en scène un groupe d’enfants privés d’adultes et tentant de s’organiser, mais ici il pousse la barbarie et l’horreur beaucoup plus loin, tout en conservant le côté enfantin et magique du récit.

Ce contraste se retrouve également au niveau du graphisme avec d’un côté, un dessin qui pourrait faire croire que cet album est destiné à un jeune public, et de l’autre, la brutalité et l’horreur (souvent suggérées) du récit.

Mais, malgré l’originalité indéniable de ce one-shot sombre et féerique et les nombreux sentiments qui envahissent le lecteur lors de la lecture, allant de l’émerveillement au dégoût, le côté trop ouvert du récit est quand même un peu dommage. Vehlmann a d’ailleurs souvent tendance à laisser quelques portes ouvertes à ses récits, mais ici il laisse la quasi totalité de l’interprétation, de l’origine et de la conclusion au lecteur. Ce côté «meuble IKEA» qui oblige le lecteur à faire la majeure partie du boulot m’a quand même un peu dérangé au final.

Un conte horrifique surprenant, voire magistral, mais qui manque quand même cruellement d’explications.

Vehlmann & Kerascoët - Jolies ténèbresLisez également l’avis de Lunch sur K.BD !

2 Réponses to “Vehlmann & Kerascoët – Jolies ténèbres”

  1. Mais quel bonheur de débattre (sur bdgest par exemple), sur les sens réels de cette oeuvre….

  2. […] mais je vous avais bien prévenu au début qu’il n’y avait pas de demi-mesure ! Yvan se range plutôt du côté de Mo’. S’il ne remet pas en cause l’effet de […]

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