Archive pour avril, 2021

Agnès Martin-Lugand – La Datcha

Posted in Littérature with tags , on 28 avril 2021 by Yvan

Un endroit magique !

31VVlqQw30L._SX195_« La Datcha » invite à suivre les pas d’Hermine, une jeune femme sans repères, cabossée par la vie, abandonnée dès l’enfance, qui croise par hasard la route de Jo, tenancier d’un hôtel provençal. Une vieille ferme restaurée, rebaptisée « La Datcha », où les vacanciers viennent certes se ressourcer, mais où elle va non seulement trouver un endroit où poser ses valises, mais également une véritable famille d’accueil…  

« La Datcha » c’est une auteure qui a l’intelligence d’effectuer un bond de vingt ans après le premier chapitre, dévoilant une héroïne mariée, mère de deux enfants et véritable pilier de l’établissement qui la accueilli. Entretenant le mystère au fil des pages, Agnès Martin-Lugand effectue ensuite de nombreux allers-retours dans le temps, levant non seulement le voile sur les évènements qui se sont déroulés durant ces vingt ans, mais révélant également des secrets enfouis bien plus profondément, datant d’avant son arrivée à la Datcha !

 « La Datcha » c’est un lieu charmant où j’ai adoré séjourner. Un hôtel à l’ambiance familiale dont je suis immédiatement tombé sous le charme. Un endroit qui sera même parvenu à me faire danser sur de la musique tsigane, mais où j’aurai tout de même pris du poids à force d’y manger de succulentes ravioles au pesto. C’est donc bel et bien lire qui me fait grossir !

« La Datcha » c’est une brochette de personnages attachants, voire inoubliables. Une véritable famille qui vous accueille les bras ouverts. De Hermine, jeune femme blessée en pleine reconstruction, à Jo et Macha, les propriétaires qui ont su insuffler de la magie à l’endroit, en passant par leur fils Vassili ou Charly, le cuistot de l’hôtel.   

« La Datcha » c’est la plume immersive d’Agnès Martin-Lugand, qui donne véritablement vie à ce havre de paix où il fait tellement bon de passer un peu de temps. Une narration débordante d’humanité qui vous lie aux personnages et vous invite à partager leurs émotions, le tout en abordant des thèmes sensibles tels que l’amour, l’abandon, la filiation et le deuil.

Comment ne pas vous recommander un roman dont la playlist sur Spotify débute par un titre de Janis Joplin et qui se referme avec le regret de quitter non seulement des personnages attachants, mais surtout un endroit qui continue de faire rêver après l’avoir abandonné : La Datcha !

La Datcha, Agnès Martin-Lugand, Michel Lafon, 344 p., 19,95€

Ils en parlent également : Stéphanie, Clem, Ladybooks, Rowena, Little pretty books, Petite étoile livresque, Karine, Virginie, Marion, Pascale, Anouk, Un livre dans la poche, Emmanuelle, Ninie, Mélodie, Angélique, Candice

Mathieu Menegaux – Femmes en colère

Posted in Littérature with tags on 25 avril 2021 by Yvan

20 ans de réclusion pour la victime ? #MeToo

41mbWE1zTPL._SX319_BO1,204,203,200_Derrière cette étrange couverture, qui me fait penser à celle de « La vie de Norman », l’excellente bande dessinée de Stan Silas, la femme en colère se nomme Mathilde Colignon. Agressée trois ans plus tôt par deux « hommes », elle s’est fait justice elle-même. En tant que médecin gynécologue, elle savait très bien où allait aboutir sa plainte et n’avait aucune confiance en la justice. Du coup, c’est elle qui se retrouve sur le banc des accusés, risquant vingt ans de réclusion pour acte de torture et de barbarie, face à deux agresseurs transformés en victimes.

« Femmes en colère » est un roman #MeToo qui se déroule aux Assises de Rennes en juin 2020 et qui débute à la fin du procès, à l’heure des délibérations. Le lecteur se retrouve en alternance dans le huis clos de la chambre des délibérations, où il assiste aux coulisses de ce procès d’assises, et dans la cellule de Mathilde qui, en attente du verdict, partage ses émotions et sa vérité.

À l’instar de « Un fils parfait », Mathieu Menegaux met en avant le combat de nombreuses femmes, impuissantes face à leurs agresseurs, et dénonce à nouveau les failles d’un système juridique français qui a tendance à se retourner contre les victimes d’abus sexuels. Au fil des pages, le lecteur découvre non seulement l’ampleur de la vengeance de Mathilde, mais également les actes immondes dont elle a été victime. À travers l’histoire de cette femme, Mathieu Menegaux invite à réfléchir sur une justice qui ne s’obtient pas uniquement dans les tribunaux, mais également dans les médias et sur les réseaux sociaux et donne surtout la parole à des femmes qui ont toutes les raisons d’être en colère tant que l’égalité n’est pas acquise.

Si vous aimez les procès, lisez également l’excellent « Article 353 du code pénal » de Tanguy Viel.

Femmes en colère, Mathieu Menegaux, Grasset, 198 p., 18€

Ils en parlent également: Yvan, Aude, Mes échappées livresques, Folavril, Lire et courir, Ecriturbulente, Voyages de K, Little pretty books, Geek-o-polis, Topobiblioteca, A la page des livres, Le temps de la lecture, Domi, Marine, Karine, Maman nature, Balades en livres, Hedwige, Mes p’tits lus, Plumes et pages, Je me livre, Petite étoile livresque, Little Coffee Book, Séverine, Virginie, Lili, Voyages au fil des pages, Catherine

Anjali Sachdeva – Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu

Posted in Littérature with tags on 21 avril 2021 by Yvan

Des nouvelles qui flirtent avec le conte

41V3iXK2C8L._SX195_Ce premier roman d’Anjali Sachdeva publié chez Albin Michel dans sa collection « Terres d’Amérique » est un recueil de neuf nouvelles toutes différentes les unes des autres, variant les genres et passant d’une époque à l’autre.

« Le monde la nuit » invite à suivre la solitude de Sadie, une jeune femme albinos hypersensible à la lumière qui, en attendant le retour de son mari, découvre une mystérieuse grotte dont les tunnels s’étirent sur des kilomètres. 

« Poumons de verre » raconte l’histoire d’Henrick van Jorgen, un danois émigré à New-York, handicapé par des poumons fragiles suite à un accident dans une aciérie, mais qui décide tout de même de suivre sa fille jusque dans un désert d’Egypte à la recherche d’un tombeau rempli de trésors.

« Logging Lake » invite à suivre Robert, qui après avoir rompu avec Linda, part en randonnée en montagne avec sa nouvelle flamme Terri.

« Tueur de rois » livre les derniers instants d’un écrivain aveugle accusé de régicide, qui dialogue avec sa muse.

« Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu », qui donne son titre éponyme au recueil, livre la vengeance ensorcelée et poignante de deux jeunes nigérianes enlevées par un mouvement islamiste, maltraitées, violées et mariées contre leur volonté.

« Robert Greenman et la Sirène » raconte l’emprise d’une sirène sur un marin, le tout sous l’œil attentif d’un immense requin blanc.

« Tout ce que vous désirez » propose une histoire d’amour entre une fille prisonnière de sa situation familiale et d’un employé de son père, condamné à travailler dans la mine du patriarche pour rembourser ses dettes de jeu.

Dans « Manus » les extra-terrestres sont au pouvoir et obligent les humains à remplacer leurs mains par des prothèses en acier.

« Les Pléiades » invite à suivre la destinée tragique de sept jumelles créées artificiellement par des experts en génétique, mais rappelées à l’ordre par Dieu…

N’étant pas forcément fan de nouvelles, ni de certains genres tels que la science-fiction ou le fantastique, je ne faisais à priori donc pas partie du public ciblé par ce roman. Si les récits plus réalistes et lorgnant plus vers le polar, tels que « Logging Lake » ou « Tout ce que vous désirez », sont parvenus à me séduire, c’était également le cas des autres histoires, même si elles étaient parsemées de vaudou, d’extra-terrestres ou de sirènes.

Il faut dire qu’Anjali Sashdeva, malgré son jeune âge et ce premier roman, s’avère d’ores et déjà une conteuse hors pair. Même si je n’étais pas toujours fan des chutes un peu trop ouvertes de ses nouvelles, j’étais chaque fois envouté par les mondes et les voyages qu’elle proposait. Mêlant poésie, mystères, inventivité et personnages aussi étonnants qu’attachants, elle livre des superbes récits qui flirtent avec le conte.

Une auteure à suivre, dont je suis d’ailleurs impatient de découvrir le véritable premier roman. 

Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu, Anjali Sachdeva, Albin Michel, 288 p., 21,90€

Ils en parlent également : Frédéric, Mélie, Nicolas

 

Andreas Gruber – 48 heures pour mourir

Posted in Littérature with tags on 18 avril 2021 by Yvan

Un enfant pas très sage qui tourne mal…

Andreas Gruber – 48 heures pour mourirCe polar de l’auteur Allemand Andreas Gruber démarre sur les chapeaux de roues en compagnie d’un tueur en série qui lance un compte à rebours après chacun de ses kidnappings.

« Si vous découvrez qui j’ai enlevé et pourquoi j’ai enlevé cette personne, elle restera en vie. Sinon, elle mourra. Il vous reste quarante-huit heures. »

Ce n’est pas vraiment l’envie de découvrir l’identité (prévisible) du coupable qui pousse le lecteur à tourner les pages, mais plutôt une course contre la montre prenante, ainsi que le besoin de savoir pourquoi le meurtrier agit de la sorte. L’auteur a beau multiplier les meurtres sordides, il porte également beaucoup d’attention à l’aspect psychologique de ce thriller porté par des personnages atypiques. J’ai personnellement beaucoup aimé le personnage de Marteen S. Sneijder, un profiler imbuvable aux répliques acerbes et à l’intelligence au-dessus de la moyenne, ainsi que son interaction avec la jeune policière munichoise qui cherche désespérément à capturer l’assassin de sa mère. Le fait d’avoir deux femmes (une policière et une psychologue) sur les traces du sérial killer et de se voir offrir plusieurs points de vue différents est également intéressant. Ajoutez à cela un scénario parfaitement rythmé et cette histoire de serial killer, certes assez classique, devient très vite haletante.

Un polar classique, mais de très bonne facture !

48 heures pour mourir, Andreas Gruber, Archipel, 400 p., 22€

Serena Giuliano – Mamma Maria

Posted in Littérature with tags on 14 avril 2021 by Yvan

La Dolce Vita !

515R9ESt7xL._SX195_Ce roman de Serena Giuliano invite à suivre les pas de Sofia, traductrice de romans, qui quitte Paris après une déception sentimentale pour revenir dans son village natal du sud de l’Italie. Au cœur de cette petite bourgade digne d’une carte postale, se situe le café tenu par la charismatique Mamma Maria. Si toute la communauté gravite autour de cet endroit à l’ambiance familiale et chaleureuse, certains habitués ne manquent jamais à l’appel. Lorsque Franco, l’octogénaire qui passe tous les matins, n’est pas au rendez-vous, Sofia sent immédiatement que quelque chose cloche…  

Si ce roman à deux voix permet de passer du temps en compagnie de Sofia et de l’incontournable Maria, il permet surtout de croiser de nombreux personnages foncièrement attachants, dont le trio de petits vieux qui vient chaque jour à la « scopa » au café, mais également cette migrante libyenne et son petit Mustafa qui, à l’inverse de quasi tous les autres, ne sont pas nés au village… une différence qui ne va pas plaire à tout le monde !

Ah, quel plaisir de pouvoir se retrouver en Italie malgré le confinement. On y resterait bien plus longtemps sur cette terrasse ensoleillée du bistrot de Maria, pour y boire encore quelques Limoncellos dans cette ambiance familiale typiquement italienne, en compagnie de cette sympathique tenancière débordante de sincérité et de tendresse.   

Un roman « Feel-good », sans surprises, mais qui invite à voyager tout en abordant la crise migratoire, le racisme, l’importance de la famille, la solidarité et la tolérance, en toute légèreté et toujours dans la bonne humeur. Allez, encore un petit Limoncello pour moi ! Et vous ?

Mamma Maria, Serena Giuliano, Cherche Midi, 240 p., 17€

Ils en parlent également: Maeve, Cannetille, Marie, Syboulette, Juju, Audrey, Maman Nature, Clem, Louise, Marine, Jennifer, Angélique, Gaelle, Delphine, Elodie, Tours et culture, Lola, Marie-Anne, Mélie, Sophie, Petite étoile livresque, Sandrine, Des mots aux livres, Little book on the library, Emi lit, Anaïs, Elora, Agathe, Karine, Emmanuelle, Virginie, Elsa, Sara, Djihane, Zagaducgsette, Orlane, Knut, Chacha, Fabienne (vidéo), Maman tu lis quoi?

 

Séjal Badani – La passeuse d’histoires

Posted in Littérature with tags , , on 11 avril 2021 by Yvan

Un intouchable extrêmement touchant !

157944108_10224066481947161_7863416558618138189_nHeureusement que quelques blogueurs avisés ont eu la bonne idée de mettre cette petite pépite dans leur top de l’année sinon je serais passé à côté.

Derrière cette superbe couverture et ce titre particulièrement alléchant, le lecteur emboîte les pas de Jaya, une journaliste new-yorkaise d’origine indienne qui est au plus mal après trois fausses couches et un mariage qui part en vrille. Lorsqu’elle apprend que son grand-père maternel, qu’elle n’a jamais rencontré, est sur son lit de mort, elle décide de se rendre à son chevet…

Une fois en Inde, ce récit qui se déroule sur plusieurs époques alterne les points de vue de Jaya et de sa grand-mère Amisha. La reconstruction de Jaya, qui se nourrit de son passé familial tout en découvrant l’origine de la relation difficile avec sa mère, ne laissera personne indifférent. Mais la destinée d’Amisha est encore beaucoup plus bouleversante car elle dresse le portrait d’une femme forte au cœur de l’Inde coloniale et nous éclaire sur la condition de la femme dans une société où les us et les coutumes servent surtout les hommes. Mais la destinée qui vous brisera véritablement le cœur est probablement celle de Ravi, le fidèle serviteur qui sert la famille depuis des générations et qui était devenu le principal confident d’Amisha. Victime d’un système de castes aussi révoltant qu’injuste, le destin de cet intouchable est celui qui vous touchera le plus…

« La passeuse d’histoires » est un roman historique qui évoque les tensions entre les Indiens et les Britanniques dans un pays en passe d’acquérir l’indépendance. C’est également une histoire d’amitié on ne peut plus belle et une histoire d’amour extrêmement forte. C’est surtout le portrait de femmes fortes, dévoilant des destins tragiques et démontrant la force des mots et des histoires…

Un coup de cœur !

La passeuse d’histoires, Séjal Badani, Charleston, 489 p., 22,50€

Ils en parlent également: Laure, Fanny, Petite étoile livresque, Célia, Knut, Douceur de lire, Le nez dans les bouquins, Nathalie, Christelle

Matthieu Biasotto – Blanche

Posted in Littérature with tags on 7 avril 2021 by Yvan

Un désir de maternité qui vire au cauchemar !

Matthieu Biasotto - Blanche

Ayant beaucoup aimé « Ewa », je m’étais promis de surveiller les parutions de cet auteur et je n’ai donc pas mis longtemps à ajouter ce roman signé Matthieu Biasotto à ma PÀL.

« Blanche » est l’histoire d’un désir de maternité qui prend progressivement des tournures malsaines, mais dont je vais éviter de spoiler le contenu. Au fil des pages, Matthieu Biasotto lève progressivement le voile sur le passé de Blanche et des personnages qui gravitent autour d’elle. Distillant les secrets des uns et des autres avec parcimonie, l’auteur multiplie les rebondissements et parvient à tenir ses lecteurs en haleine jusqu’à cet épilogue pour le moins surprenant.

Si j’ai dévoré les cent dernières pages à grande vitesse, j’ai trouvé la mise en place un peu longue, malgré des chapitres courts qui tentent d’accélérer le rythme de lecture. Les autres petits défauts de ce page-turner sont une intrigue un peu trop capillo-tractée à mon goût, ainsi que la difficulté d’éprouver de l’empathie envers les différents personnages… excepté la petite Lola, mais qui est un personnage plus que secondaire…

Bref, un bon petit polar, qui tient en haleine, mais je suis tout de même moins enthousiaste qu’après la lecture d’ « Ewa ».

Blanche, Matthieu Biasotto, Auto-édition, 462 p., 17€

Ils en parlent également : Sabrina & Christelle, Aurore, Evalya, Marie-Nel, Cathy, Myl&Une lectures